Œuvres-d’art ou escroqueries intellectuelles ?
Un vulgaire urinoir proposé à l’origine dans une exposition comme une grosse farce (il ne s’agissait en fait que de ridiculiser le snobisme de certains “amateurs d’art” new-yorkais) va aboutir finalement à la valorisation inattendue de l’objet…, qui va être dupliqué à une dizaine d’exemplaires (ce qui est une totale sottise puisque ces urinoirs restaient exactement identiques aux urinoirs industriels toujours fabriqués et commercialisés…, mais détournés de leur fonction par l’ajout d’une copie de la signature !), valeur qui, du coup, va s’en retrouver largement multipliée (il n’y a pas de petits profits !), au point que l’un d’entre eux sera vendu en 1999 pour la somme hallucinante de… 1,677.000 million d’euros (prix d’un urinoir d’usine d’origine : environ 300 euros)…
A la fin des années 1960, le dit objet avait été reconnu “comme œuvre d’art”, ce qui pose la question : Comment et sur quels critères un objet peut-il recevoir officiellement le label d’œuvre d’art, une appellation qui, en l’occurrence fut même reconnue par les tribunaux ?…
Le fait, pour un certain Pinoncelli, d’avoir pissé dans l’un de des urinoirs-œuvres-d’art, lors d’une exposition…, ce qui ne semble a priori pas tellement illogique…, a été sanctionné en appel par une peine de prison de trois mois avec sursis ! Est-il donc possible d’accorder ainsi de la valeur à n’importe quoi ?
Et quel sens faut-il alors donner au mot “valeur” ?
De plus, que penser des capacités intellectuelles du ou des juges qui ont condamné Mr Pinoncelli, ainsi que celles de “l’irresponsable” dirigeant le musée se ridiculisant à exposer cette pissotière dans une salle d’exposition, alors qu’elle devait tout naturellement se trouver dans les toilettes !
Le mot “valeur” comprend beaucoup d’acceptions parmi lesquelles on retiendra : 1° – en économie, le prix selon lequel un objet peut être échangé ou vendu ; 2° – en importance, le prix attaché à quelque chose, la valeur sentimentale par exemple ; 3° – en caractère, ce qui est valable, ce qui produit l’effet voulu. Une œuvre dite “d’art” devrait, forcément, avoir un rapport, si ténu puisse-t-il être, avec l’art. L’art pouvant être compris, ce qui en est quand même le sens le plus courant, comme : 1° – la création d’objets spécifiques destinés à produire chez l’homme un état de sensibilité et d’éveil plus ou moins lié au plaisir esthétique ou, plus généralement, l’ensemble des disciplines artistiques consacrées à la beauté ou à l’expressivité des lignes, des formes ou des couleurs, appelées aussi “beaux-arts”; 2° – l’ensemble des moyens, des procédés, des règles intéressant une activité ou une profession (l’art de la guerre, l’art culinaire, etc.), voire ce qu’on appelait autrefois familièrement “la belle ouvrage”.
En vertu de ces critères, quelle valeur peut-on alors accorder à une voiture peinturlurée, fusse-t-elle l’avoir été par Andy Warholl…, ou à une toile monochrome de Klein, ou à une peinture sans peinture, à savoir un carton noir dans un encadrement blanc, dénommé :“objet d’art”, réalisé par Malevitch et “valant” plus de 50,000.000 million d’euros !
Les plus grands musées et les plus grandes collections seraient-elles donc pleines d’objets totalement dénués de valeur ? Car ces choses produsenit-elles l’effet escompté en éveillant notre sensibilité ou en provoquant en nous une véritable extase sur le plan esthétique ?
Nous inspirent-elles quelque chose, sinon un immense dégoût tant il est déplaisant de se faire prendre pour un imbécile ? Et, parce que, après tout, c’est tout de même ce que nous attendons le plus souvent lorsque nous allons dans un musée voir des œuvres d’art, pouvons-nous raisonnablement trouver ça : beau ? La question se pose de la même façon à propos du peintre américain d’origine russe Marcus Rothkowitz dit “Mark Rothko”, homme pourtant extrêmement cultivé qui aimait la musique, la littérature, la philosophie et la mythologie grecque.
Après des études à la Lincoln High School de Portland, puis à l’université de Yale, il deviendra professeur de dessin pour enfants en 1929 et fondera, en 1934, l’Artist Union de New-York ; mais il est connu aujourd’hui dans le monde entier et reconnu comme un immense artiste pour des choses comme ça :
Absence totale d’émotion, aucune recherche d’ordre esthétique comme on pourrait pourtant en attendre dans l’harmonie des couleurs ou la recherche de justes proportions dans la composition.
Peut-on seulement qualifier cela de “belle ouvrage” ?
Y a-t-il performance au niveau de la réalisation technique ?
Pour ma part, comme le petit garçon du conte d’Andersen : “Les habits neufs de l’empereur”, je m’obstine à crier qu’il n’y a pas d’habit du tout !!!!
Et c’est totalement à poil que l’empereur se pavane !
Et pourtant Rothko figure maintenant dans les plus grands musées : A la Tate Gallery à Londres (ci-dessus) :
Et au centre Pompidou de Paris avec l’horreur ci-dessus :
Alors, totalement dénuées de valeur les œuvres de Rothko ?
Certainement pas puisque ayant au moins une valeur marchande considérable, son “Hommage à Matisse” de 1953 ayant été vendu en novembre 2005 pour l’incroyable somme de 22,500.000 millions de dollars !
Son chef-d’œuvre (par le prix obtenu) étant ce “magnifique” (sic !)”Centre blanc” (ci-dessous) daté de 1950 et acheté 72,800.000 millions de dollars par l’émir du Qatar en mai 2007 !
On aurait pu en acheter des pots de confiture d’abricot pour ce prix !
D’ailleurs, près de 72,800.000 millions de dollars, ça vous évoque quelque chose ?
Au cours de ce matin, cela représente 53.885.069,24 € ce qui, avec un SMIC net actuel à 1.037,53 € par mois, représente le salaire net d’un smicard pendant… 4.328 ans !
Pour autant qu’il ne dépense strictement rien…, faute de quoi il lui faudrait presque 10.000 ans pour y arriver ! C’est de bon ton d’éplucher les rémunérations, toujours jugées excessives des chefs d’État, des ministres, des élus, des sportifs de haut niveau ou des grands patrons.
Mais on ignore généralement les sommes absolument vertigineuses dépensées au nom de l’Art (avec un grand A pour un tel prix !)…
Il y a là comme une giffle assénée à tous les humains, il y a là un tel mépris des hommes…
Et tout ça pour une peinture grotesque qui n’apportera strictement rien de positif à l’humanité, qui n’aidera aucun malade, aucun pauvre, qui ne servira jamais à rien d’autre qu’à être exposée pathétiquement dans un musée !
Comment en arrive-t-on là ? Dans le cas de Rothko, la chance viendra d’un certain Duncan Philips qui, dans les années 1950, lui achètera plusieurs tableaux et lui consacrera une salle entière de sa collection, ce qui, soit dit entre nous, était le rêve de Rothko qui, en toute modestie, souhaitait que les visiteurs ne soient pas perturbés par d’autres œuvres que les siennes. L’essentiel était fait.
Il fallait encore envelopper la merde dans un joli paquet cadeau et justifier l’impossible…
Ca, ce fut le rôle de la critique, grassement payée en retour. Des horreurs de Rothko, les médias vont expliquer que : “Craignant que la peinture moderne américaine ait atteint une impasse, Rothko a été immédiatement attentif à l’exploration de sujets différents des scènes naturelles et urbaines ; des sujets qui allaient complèter son souci croissant de la forme, de la spacialité et de la couleur”…
Certes !
Cause toujours Alfred ! Hostile à l’expressionnisme de l’Action Painting, Rothko va prétendre inventer une nouvelle façon, méditative de peindre (sic !) que le critique Clement Greenberg définira comme le “Colorfield Painting” composé de champs colorés… : “Dans ses toiles, Rothko s’exprime exclusivement par le moyen de la couleur qu’il pose sur la toile en aplats à bords indécis, en surfaces mouvantes, parfois monochromes et parfois composées de bandes diversement colorées. Ainsi, atteint-il une dimension spirituelle particulièrement sensible”…, l’avantage d’une telle affirmation étant… qu’elle ne voulait rien dire ! En tout cas, grâce à Duncan Philips qui, suite à tout cela découvrira des acquéreurs milliardaires et divers politiciens défenseurs des “beaux-arts”…, tout heureux d’investir dans l’art… avec ses multiples retours en dessous de table…, les années 1960 seront pour Rothko la période des grandes commandes publiques (Ah ah !) et privées sous prérexte du développement de ses idées sur la peinture (gag !)… Victime d’un anévrisme de l’aorte, Mark Rothko est décédé en 1970, pile-poil au bon moment pour qu’on fasse croire qu’il était un mythe et qu’on évite trop de questions fiscales… Mais, outre le glauque et le sordide…, l’épisode Rothko a le grand mérite de bien situer le problème de la création artistique dont la seule valeur reconnue fut désormais celle du système mis en place pour que des gens désireux de l’utiliser… retirent de grands profits pour acquérir de soi-disant “oeuvres-d’art”…. L’art, du coup, a pris une tout autre dimension : il est devenu objet spéculatif… et la seule chose qui intéresse depuis chez un artiste est, non son talent, mais… : sa cote et son “return” ! Que voilà un sujet intéressant, car, en art, toute personne honnète pourrait s’attendre à voir les enchères se porter sur des valeurs sûres, des Rembrandt, Vinci, Rubens ou autres Vermeer…, encore qu’il n’en traîne que peu sur le marché.
Là est l’explication… : Pourquoi attendre et perdre un temps considérable à dénicher des vraies oeuvres-d’art avec peu de “return”, alors qu’on peur créer un artiste de haut vol, voire “son” artiste de très haut vol… et en tirer tout le profit !
Afin que vous ayez une idée juste sur quoi on spécule, sachez que ce cher Rothko fait un malheur dans les ventes publiques depuis quelques années ! Parmi les meilleures ventes entre mai 2003 et mai 2007, on compte, toutes galeries confondues, pas moins de six œuvres “majeures” vendues à des prix exorbitants.
Jugez-en : – le 14 mai 2003, vente chez Christie’s à New-York d’une toile de Rothko intitulée “n° 9” pour un prix de 16,359.000 millions de dollars (ci-dessous à gauche) :
– le 9 novembre 2004, vente chez Sotheby’s à New-York d’une toile de Rothko intitulée “n° 6” pour un prix de 17,368.000 millions de dollars (ci-dessus à droite) :
– En 2005, vente chez Christie’s à NEW-YORK d’une toile de Rothko intituée “Hommage à Matisse” pour un prix de 22,416.000 millions de dollars :
– Le 15 mai 2007, vente chez Christie’s à New-York d’une toile de Rothko intitulée : “Centre blanc”, pour un prix de 72,840.000 millions de dollars (ci-dessous) :
– le 16 mai 2007, vente chez Christie’s à New-York d’une toile de Rothko sans titre pour un prix de 22,440.000 millions de dollars :
– Le même jour, toujours dans la vente chez Christie’s à New-York, une seconde toile de Rothko, également sans titre, pour un prix de 26,920.000 millions de dollars :
Soit, en quatre ans de ventes aux enchères publiques, six toiles de Rothko pour un prix total de… 178.343.000 dollars !!! A l’évidence, l’abondance soudaine de l’offre n’a fait en rien baisser la cote !
Quoique, le “return” étant moindre, et les milliardaire de plus en plus nombreux…, Rothko a fait maintenant place à Jeff Koens, Wim Delvoye et d’autres !
Luc Ferry n’avait certainement pas tort d’affirmer : “Du coup, une blague de Duchamp comme l’urinoir, vaut un Vermeer et un monochrome de Klein un VanGogh” ! Je n’ai pas encore trouvé trace de ventes de monochromes de Klein… et Van Gogh se vend encore plutôt bien.
En revanche, je rappelle qu’un exemplaire de la latrine de Duchamp s’est vendu, en 1999, 1.677.000 euros alors que la meilleure vente d’un Vermeer fut réalisée chez Sotheby’s à Londres avec “Jeune femme assise devant un virginal”, pour un prix de 30 millions de dollars, soit : 22,289.000 millions d’euros !
Mais, ce Vermeer est un tout petit tableau de 22 x 20 cm (même pas une feuille DinA4), qui ne figure pas parmi les œuvres majeures du maître de Delft…
Alors, toutes proportions gardées, n’oubliez pas qu’il s’agit, d’un côté, d’un petit Vermeer de 1670 et, de l’autre, d’une porcelaine à usage sanitaire vendue moins de 300 euros dans le commerce ! Et que, à 22 millions d’euros, cette petite merveille de Vermeer ne vaut guère plus que deux ou trois bandes de couleurs imprécises de Rothko ! D’ailleurs, Rembrandt n’est guère mieux loti avec son “Jacques le Majeur” vendu chez Sotheby’s à New-York le 25 janvier 2007 pour environ 18 millions d’euros !
Je suggère donc qu’on ne parle plus du “marché de l’art”, mais du marché de “l’ingénérie fiscale”…