Pourquoi “GatsbyOnline” ?
Parce que “Gatsby”, tout court, était déjà déposé…, parce que “GatsbyMagazine” l’était aussi…, parce que “Gatsby le magnifique” était déjà écrit….
Je plaisante là…
Pourquoi appeller ce site “GatsbyOnline”, alors que le titre original, “The Great Gatsby”, comporte un adjectif qualificatif assez clairement identifié ?
Si je voulais me démarquer en évitant l’épithète “magnifique”, l’éventail des possibles était vaste: Le Grand Gatsby (littéral)…, L’Immense Gatsby (mégalo)…, Gatsby l’énorme (mode).., Gatsby le grandiose (lyrique)…,Le Fastueux Gatsby (littéraire)…, Gatsby le gigantesque (ampoulé)…
Gatsby, au bas du “must”, tu promènes tes insomnies…
Gatsby, coté factice, mais ce n’est qu’un alibi…
Dans les palaces passent tes jours et des nuits…
Mais rien n’efface l’ennui…
Oh ! Gatsby, oui sans amour, la vie n’est plus qu’un hobby…
Gatsby, comme un touriste tu te promènes dans ta vie…
Gatsby, au bout d’la piste, t’as plus l’ombre d’un ami…
Dans les palaces passent tes jours et des nuits…
Mais rien n’efface l’ennui…
Oh ! Gatsby, ta vie n’est plus qu’un voyage de nostalgies…
Gatsby, au bas du “must”, tu promènes tes insomnies…
Gatsby, y’a plus personne, plus que l’argent qui te sourit…
Dans les palaces passent tes jours et des nuits…
Mais rien n’efface l’ennui…
Oh ! Gatsby, oui sans amour, la vie n’est plus qu’un hobby…
Gatsby c’est toute une histoire devenue symbole en littérature…
On aime généralement Scott Fitzgerald pour de mauvaises raisons.
Parce qu’il est devenu célèbre très jeune et fréquentait des riches, parce qu’il incarne la génération perdue, parce que sa femme était la plus belle hystérique de New York, parce qu’il buvait trop et plongeait, en smoking ou en voiture, dans des piscines de la Côte d’Azur.
Parce qu’il voulait couper en deux un garçon de café pour faire rire Zelda.
Parce qu’il est un écrivain facile à lire, charmant et triste, dont les livres ne sont ni longs ni prétentieux.
Parce qu’il est mort jeune à Hollywood.
Parce qu’il a eu la présence d’esprit d’affirmer que “toute vie est bien entendu un processus de démolition” à la fin de la sienne.
Bref, on aime Francis Scott Fitzgerald parce qu’il est le premier romancier de l’ère spectaculaire : il s’est toute sa vie, qu’il l’admette ou non, arrangé pour faire coïncider sa vie et son œuvre…, il a fixé les nouvelles règles du jeu à l’époque médiatique : un écrivain, ce n’est plus quelqu’un qui se contente d’écrire des livres, c’est quelqu’un qui tente de réduire la distance entre sa personne et ses livres.
Ce qui n’est pas pareil du tout.
Depuis Fitzgerald (mais on pourrait aussi commencer cette phrase par “depuis Dumas” ou “depuis Hugo”, dans le domaine de l’autopromotion, les Français n’ont de leçons à recevoir de personne), on a l’habitude de juger la qualité d’un auteur autant aux aspects publics de sa vie privée qu’à la singularité de son œuvre.
On sait tous en 2012 que Proust a perdu… et à plate couture, son combat contre Sainte-Beuve : plus aucun écrivain ne sera jugé exclusivement sur son texte.
Cette mauvaise nouvelle, on pourrait la baptiser “la faute à Fitzgerald”, qui paradoxalement reste l’un des meilleurs stylistes en prose du XXe siècle, le plus fin, le plus imagé, le plus fragile aussi.
Il écrivait pour la même raison qu’il buvait : parce qu’il était trop sensible pour mener une vie normale.
Voilà pourquoi, quand on vous parle de Scott Fitzgerald, c’est toujours pour montrer des jolies photos en noir et blanc datant des Années folles, ou raconter des soirées où il dansait le charleston avec Dorothy Parker dans la fontaine d’Union Square, ou ses beuveries avec Hemingway au Dingo Bar, rue Delambre, à Paris, entre les deux guerres.
Fitzgerald s’endormait tous les soirs en appuyant sur son cœur pour qu’il cesse de battre.
Il y a du grandiose, du dramatique… et même du “Gatsbien”, dans la vie de l’auteur de Gatsby le Magnifique.
Gatsby le Magnifique est un des rares romans qu’on a fini par savoir par cœur : par exemple, sa dernière phrase : “Car c’est ainsi que nous allons, barques luttant contre un courant qui nous ramène sans cesse vers le passé”.
Tout l’art de Fitzgerald est dans la manière de congédier l’angoisse, de ricaner très fort pour ne pas répondre aux questions qui fâchent.
Hilarant et tragique, ce fêtard trop vulnérable avait tout prévu de son destin.
Il a lucidement bâti sa légende.
Fitzgerald est à la fois acteur et spectateur de son désastre.
Il a tout calculé : son mariage, ses voyages, ses amitiés, sa réussite… et peut-être même sa déchéance.
Il contrôlait trop bien son image par ses écrits, pour que sa littérature ne finisse pas par devenir la dictature de son existence.
Il a tout détruit avec allégresse, à commencer par lui-même : “On doit vendre son cœur”, conseilla-t-il à un jeune écrivain.
Au fond, l’écriture a joué à Scott Fitzgerald le même tour que la créature monstrueuse du docteur Frankenstein : elle lui a échappé.
Il a été dépassé par sa propre création.
Quand il s’en est aperçu à cause de “La fêlure”, un article paru dans le magazine Esquire en 1936, il était déjà trop tard.
Il n’achèvera pas son “Le dernier Nabab”.
Il n’y a pas de deuxième acte dans la vie, il n’y a pas de retour possible pour les génies les plus tendres.
Les romans sont un engrenage, ils peuvent vous broyer.
Fitzgerald est un modèle d’écrivain mais il ne faut surtout pas l’imiter si l’on veut avoir la moindre chance d’être heureux…, il faut simplement le lire.
Et cela, franchement, à l’heure tardive où j’écris ces lignes, je ne sais pas du tout si c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle !