Qu’est ce que l’Amour ?
Quand on tapote le mot “amour” sur un moteur de recherche, on obtient un peu plus de 200 millions de résultats…, en revanche, quand on écrit le mot “sexe”, n’apparaissent “que” 114 millions de “propositions”.
Contrairement aux idées reçues, l’amour est plus important que le sexe : tout le monde veut être amoureux, tout le monde veut aimer et être aimé.
Premier constat : l’amour, un état émotionnel extrêmement puissant, est universel et a toujours existé : L’amour est une forme de gestion de la matière, car la vie est apparue progressivement par interaction des molécules qui se sont reconnues par affinité.
Aujourd’hui, on peut avancer que l’amour et le sexe (que je confonds toujours), comme d’ailleurs tout ce qui ressort du domaine de la vie, est une affaire de chimie : le but de l’amour est très simple et consiste à relier les êtres entre eux.
Les premières théories sur l’amour ont été élaborées par Platon, c’est lui qui a le mieux compris le désir amoureux qui est la fonction du manque et la fonction du corps désirant, en le résumant dans cette phrase célèbre : “Ce qu’on n’a pas, ce qu’on n’est pas, ce dont on manque, voilà les objets du désir et de l’amour”…, effectivement, plus simple, on ne peut pas !
Mais comment tombons-nous amoureux ?
Scientifiquement parlant, nous tombons amoureux quand les deux hormones de l’amour, la dopamine et l’ocytocine, sont libérées dans le cerveau.
– La dopamine est au cœur des systèmes désirants qui vont commander les structures du cortex (un tiers du poids de notre cerveau) impliquées dans le circuit de la récompense.
Ce circuit, essentiel pour notre survie, favorise les comportements fondamentaux : manger et boire, notamment, il nous incite aussi à répéter les expériences agréables : c’est la cible privilégiée du sentiment amoureux, de l’excitation sexuelle et… des drogues.
– L’ocytocine est l’autre hormone impliquée dans le circuit de la récompense, elle est synthétisée par l’hypothalamus et sécrétée par l’hypophyse située à la base du crâne…, en grec, elle signifie “accouchement rapide” car elle accélère et facilite le travail d’accouchement.
Les récentes découvertes scientifiques ont prouvé que l’ocytocine se libère aussi lors des caresses, des contacts sexuels et de l’orgasme avec, à la clé, des sensations de bien-être, de relaxation et d’attachement à l’autre.
Cette hormone est une molécule très importante dans la socialisation, elle renforce le sentiment de confiance en soi vis-à-vis des autres.
Si l’ocytocine intervient dans l’attachement entre les deux partenaires, elle intervient forcément dans la fidélité au sein d’un couple, on peut donc avancer que c’est l’hormone de la monogamie mais aussi de l’adultère.
Les hormones sexuelles ne se préoccupent pas de la morale chez les humains, la fidélité est d’ailleurs exceptionnelle, c’est un exploit…, selon certaines études, il y a 80 % de cocus !
La fidélité est une construction mentale qui repose sur l’engagement personnel du couple…., en amour, c’est donc le cerveau qui est l’outil et il ne faut pas le priver de l’aliment.
Pour entretenir la flamme, je n’ai qu’un seul conseil à donner : faites l’amour, faites l’amour, faites l’amour !
Mais pas à tort et à travers, bien entendu.
Quand on est bien dans sa peau, le désir reste intact…, l’art d’aimer est synonyme d’art de vivre…, il se cultive au quotidien et fait appel à la gestion économique du plaisir et du désir. L’amour et la sexualité nécessitent un certain contrôle, si, a priori, l’amour est très simple, il est toujours unique, mais chaque personne a sa définition de l’amour, pour trouver l’âme sœur, il faut chercher quelqu’un (sic !) qui a la même vision.
Les mots “je t’aime” doivent avoir la même signification pour les deux partenaires…, chacun bâtit son histoire d’amour selon sa personnalité et ses aspirations.
Ainsi, certains rêvent d’un conte de fées ou d’un amour “hollywoodien”, d’autres souhaitent vivre une sorte de “roman policier” avec de l’action et des émotions fortes (sic !).
Il y a aussi ceux qui sont en quête d’un amour business ou d’une affaire de gros sous, les scénarios varient à l’infini.
La meilleure recette pour que l’amour rime avec toujours c’est donner de l’amour à la fois par les sentiments mais aussi matériellement en respectant et cultivant l’autonomie de l’autre, en pratiquant le “phénomène Michel-Ange” : le sculpteur disait qu’il taillait petit à petit un bloc de pierre pour arriver à la forme idéale, enfermée à l’intérieur.
Cette théorie suggère que nous avons besoin d’un sculpteur habile qui nous aide à découvrir notre moi idéal, autrement dit la personne que nous aspirons à être.
Chacun change et évolue tout au long de la vie, chaque partenaire suit le même cheminement, il faut le respecter et l’encourager dans cette voie-là, il faut donner de l’oxygène à l’autre.
L’amour, de plus, ne tombe pas du ciel, il demande des efforts, émotionnels, physiques et financiers.
La pub, le cinéma et les livres nous donnent une mauvaise image de l’amour.
Il faut découvrir ou se nichent les bonnes serrures, mais c’est à chacun/chacune de trouver les bonnes clés !
L’état amoureux peut être repéré par des symptômes caractéristiques :
– La focalisation de l’attention d’abord, quand l’autre est là, plus rien ne compte, cette attention exclusive s’accompagne d’une recherche de fusion, lorsqu’il/elle est absent(e), l’être aimé survient dans la tête de l’amoureux/amoureuse sous forme de pensées intrusives, c’est la deuxième caractéristique de l’état amoureux.
– Un autre signe est l’exaltation, on est heureux, on déborde d’énergie, comme si on était en transe…
– L’idéalisation est un autre trait marquant de l’état amoureux, l’être aimé est paré de toutes les qualités, ses défauts gommés, ses points positifs hypervalorisés, on dit que l’amour rend aveugle, c’est sans doute un peu vrai : le sentiment amoureux ne sert pas à comprendre autrui : mais à vivre avec lui.
Tout n’est pourtant pas merveilleux, l’amour se traduit aussi par des symptômes de manque lorsque l’être cher est absent.
La moindre contrariété peut aussi conduire à un brutal accès de désespoir générant inquiètude, jalousie, recherche d’indices de l’amour de l’autre…
L’amour désigne un sentiment d’affection et d’attachement envers un être, un animal ou une chose qui pousse ceux qui le ressentent à rechercher une proximité physique, spirituelle ou même imaginaire avec l’objet de cet amour et à adopter un comportement particulier.
En tant que concept général, l’amour renvoie la plupart du temps à un profond sentiment de tendresse envers une personne, toutefois, même cette conception spécifique de l’amour comprend un large éventail de sentiments différents, allant du désir passionné et de l’amour romantique, à la tendre proximité sans sexualité de l’amour familial ou de l’amour platonique et à la dévotion spirituelle de l’amour religieux.
L’amour sous ses diverses formes agit comme un facteur majeur dans les relations sociales et occupe une place centrale dans la psychologie humaine, ce qui en fait également l’un des thèmes les plus courants dans l’art.
Le verbe français “aimer” peut renvoyer à une grande variété de sentiments, d’états et de comportements, allant d’un plaisir général lié à un objet ou à une activité (j’aime le chocolat…, j’aime danser…, j’aime la Corvette)… à une attirance profonde ou intense pour une personne (Roméo aime Juliette) ou plusieurs personnes (Il aime les femmes).
Cette diversité d’emplois et de significations du mot le rend difficile à définir de façon unie et universelle, même en le comparant à d’autres états émotionnels.
Le mot français “amour”, comme le verbe “aimer” qui lui est relatif, recouvre une large variété de significations distinctes quoique liées.
Ainsi, le français utilise le même verbe pour exprimer ce que d’autres langues expriment par des verbes différents : “j’aime Lorenza qui aime sa lapine Bibi-d’amour” et “j’aime les côtes-à-l’os et ma mère qui aime les gâteaux au chocolat”… par exemple (alors qu’en anglais, on dira respectivement “to love” et “to like” et, en espagnol, “querer” ou “amar” et “gustar”).
On constate aussi une telle variété pour le mot “amour”, dans la pluralité des mots désignant l’amour.
Les différences culturelles dans la conception de l’amour redoublent donc la difficulté d’en donner une définition universelle.
Le substantif “amour” a néanmoins une extensionmoins large que le verbe “aimer” : on parlera rarement, par exemple, d’amour des sucreries, même si l’on dit les aimer.
Le sens du verbe “aimer”, qui peut aussi exprimer l’amitié, ou plus simplement une affection pour quelque chose qui est source de plaisir, est donc plus large que celui du mot “amour”.
Bien que la nature ou l’essence de l’amour soit un sujet de débats, on peut éclaircir plusieurs aspects de cette notion en s’appuyant sur ce que l’amour n’est pas.
En tant qu’il exprime un sentiment fort et positif, on l’oppose communément à la haine, voire à l’indifférence, la neutralité ou l’apathie.
En tant que sentiment, plus spirituel que physique, on l’oppose souvent au sexe ou au désir sexuel.
En tant que relation privilégiée et de nature romantique avec une personne, on le distingue souvent de l’amitié, bien que l’amitié puisse être définie comme une forme d’amour… et que certaines définitions de l’amour s’appliquent à une proche amitié.
L’amour désigne un fort attachement affectif à quelqu’un ou à quelque chose.
S’il renvoie souvent, dans l’usage courant, aux relations humaines et plus précisément à ce qu’une personne ressent pour une autre, l’amour peut néanmoins aussi être impersonnel : il est en effet possible de dire qu’une personne éprouve de l’amour pour un pays, pour la nature, ou encore pour un principe ou un idéal, si elle lui accorde une grande valeur et qu’elle s’y sent très attachée.
De même, on peut ressentir de l’amour pour un objet matériel, un animal ou une activité, si l’on entretient des liens affectifs forts ou étroits avec ces objets (ou qu’on s’identifie à eux). Lorsque l’amour d’un objet devient exclusif, voire excessif ou pervers, on parle de fétichisme ou d’idolâtrie.
L’amour entre les personnes, quant à lui, est un sentiment généralement plus intense qu’un simple sentiment amical ou affectueux.
Il peut cependant se présenter sous différentes formes et à des degrés d’intensité divers, de la simple tendresse (quand on dit aimer les enfants) au désir le plus ardent (chez les amants passionnés).
Ainsi, l’amour entre les membres d’une même famille n’est pas le même qu’entre des amis ou au sein d’un couple d’amoureux.
Quand il est ressenti avec une grande intensité et qu’il exerce un fort pouvoir érotique (ou une attirance sexuelle), on parle d’amour passionnel ou de passion amoureuse, utilisant souvent l’image de la flamme ou de la brûlure pour décrire l’effet qu’il exerce sur les sens et l’esprit.
Quand cette passion provoque une identification si étroite avec une personne qu’elle tend à unifier les deux amants, on parle d’amour fusionnel.
L’apparition plus ou moins subite de l’amour passionnel est décrite dans la langue courante comme un dessaisissement (tomber amoureux, coup de foudre), provoquant chez celui qui l’éprouve des comportements destinés à séduire l’être aimé et visant à obtenir la réciprocité de cet amour, qui s’exprimera le cas échéant par des actions et des gestes amoureux, parmi lesquels les caresses, les baisers et les rapports sexuels, ces derniers étant désignés dans plusieurs langues par l’expression “faire l’amour”…
Ces pratiques et ces gestes sont en partie culturels et peuvent faire l’objet, tout comme l’étude des interdits liés à l’amour, d’une approche anthropologique ou sociologique.
Outre les différences culturelles dans les pratiques liées à l’amour, les idées et les représentations sur l’amour ont également beaucoup changé selon les époques.
L’amour platonique, l’amour courtois et l’amour romantique sont ainsi des conceptions distinctes et apparues à des époques précises de l’Histoire…,il existe aussi un certain nombre de désordres psychiques liés à l’amour et étudiés par la psychologie, comme l’érotomanie ou le narcissisme.
Certaines formes d’amour sont par ailleurs perçues comme des perversions ou des déviances (paraphilie), telles que la pédophilie (attirance sexuelle pour les enfants) et la zoophilie (attirance sexuelle pour les animaux).
De telles “amours” peuvent être étudiées aussi bien par la psychologie que par les sciences humaines et sociales.
À cause de la nature complexe et difficile à saisir de l’amour, les discours sur l’amour se réduisent souvent à des clichés, que l’on retrouve dans un certain nombre de dictons sur l’amour, depuis la phrase du poète Virgile : “L’amour triomphe de tout” (omnia vincit amor), jusqu’au célèbre : “L’amour rend aveugle”…, mais plus philosophiquement cette définition est la plus humaine “Aimer, c’est se réjouir du bonheur d’autrui”…
Dans l’histoire, la philosophie et la religion (ainsi que la théologie qui lui est liée) ont beaucoup médité sur le phénomène amoureux, source constante d’inspiration pour les arts plastiques, littéraires et musicaux.
La psychologie, au siècle dernier, a renouvelé les réflexions sur le sujet, ces dernières années, des sciences telles que la biologie, la neurologie et les neurosciences, mais aussi la zoologie et l’anthropologie, ont amélioré notre compréhension de la nature et de la fonction de l’amour.
Le terme amour recouvre quatre sentiments distincts de la Grèce antique : l’éros, la philia, l’agapè et la storgê.
– La philia se rapproche de l’amitié telle qu’on l’entend aujourd’hui, c’est une forte estime réciproque entre deux personnes de statuts sociaux proches, elle ne pouvait exister à l’époque qu’entre deux personnes du même sexe, du fait de l’inégalité entre les sexes, c’est une extension de l’amitié.
– L’éros désigne l’attirance sexuelle, le désir…, dans la pensée platonicienne, il est parfois vu comme l’une des passions néfastes que produit l’épithumia (ou appétit), mais aussi comme une divine folie qui est la cause des plus grands biens pour les hommes, cependant il pouvait se mêler à la philia à travers la pédérastie, qui liait un amant d’âge mûr (éraste) à un jeune aimé éromène.
– L’agapè est l’amour du prochain, une relation univoque que l’on rapprocherait aujourd’hui de l’altruisme, il se caractérise par sa spontanéité, ce n’est pas un acte réfléchi ou une forme de politesse mais une réelle empathie pour les autres qu’ils soient inconnus ou intimes…, dans la tradition chrétienne des pères de l’Église (j’ai eu une éducation Jésuite à St-Luc durant mes études d’architecte), ce mot est assimilé au concept de charité, bien que celui-ci soit plus proche d’une relation matérielle établie avec des personnes en souffrance…, alors que l’agapè originel ne revêt pas cette connotation morale de responsabilité devant une autorité divine.
– La storgê décrit l’amour familial, comme l’amour, l’affection d’un parent pour son enfant.
Les relations amoureuses aux États-Unis, selon leur type, s’exprimaient dans les années 1960 par trois mots : “love”, le sentiment amoureux ; “sex”, les rapports sexuels sans préjuger des sentiments, présents ou non ; et “fun”, le simple échange de relations intersexe allant du simple flirt à des relations plus poussées, mais sans intention d’engagement ni d’une part ni de l’autre.
Sur le plan psychique, la psychanalyse considère que les premières relations parents-enfants sont déterminantes dans l’esprit d’une personne et de sa perception de l’amour.
Les relations mère-fils ou père-fille, notamment, sont particulièrement marquantes.
Les relations parents-enfants sont généralement déséquilibrées : le parent répond aux besoins de l’enfant qui lui ne répondra quasiment jamais aux besoins affectifs de chacun de ses parents, basiquement les enfants sont égoistes…, l’amour de l’enfant est captatif et celui des parents oblatif.
En grandissant l’enfant apprend à plus ou moins rééquilibrer ces relations, et l’apprentissage peut échouer à tout moment, et devenu adulte il en gardera un manque de maturité s’il n’en prend pas conscience et gardera une perception de l’amour plus ou moins blessée.
Les relations de ses parents entre eux sont également importantes dans la construction de cette idée de l’amour.
L’amour peut être perçu essentiellement comme la quête d’un manque, lorsque la notion oblative ne s’est pas développée.
L’amour apporté à un individu ou un objet naîtrait par ce qu’il apporte à un individu ou est susceptible de lui apporter.
Aimer ne serait autre qu’une façon inconsciente d’avouer sa propre impuissance à l’autonomie pour un besoin particulier à un moment donné : besoin d’aimer ou besoin de se sentir aimé ne serait autre qu’un besoin égoïste, qu’une attente de la personne qui pourrait combler les manques immatériels ou matériels qu’elle ne serait pas capable de satisfaire par elle-même.
Par exemple, en Occident, le besoin d’un enfant entraînerait le besoin d’une compagne ou d’un compagnon à nos côtés, besoin qui nourrit un sentiment d’amour ou de besoin d’amour pour la personne attendue pour concevoir cet enfant… d’ou les drames relationnels et financiers lorsque cet échaffaudage de sentiments et besoins échoue lorsqu’un des deux “ex-amoureux” part.
La réalité psychique du besoin d’enfant réside plus dans un besoin de sécurité motivé apparemment par le bien de l’enfant : le nourrir et l’accompagner vers l’âge adulte.
Mais cette attitude, apparemment généreuse, sous-tend en fait un désir caché chez certains parents d’être accompagné vers la vieillesse.
Dans ce type de situation, aimer ou dire je suis amoureux(se), n’est qu’une façon inconsciente de dire : “j’espère que la personne pour laquelle j’éprouve des sentiments amoureux m’apportera les choses que j’attends d’elle”.
Tant qu’il est senti chez la personne aimée la présence des choses attendues de sa part, le sentiment perdure, mais si la personne aimée perd ou ne dispose pas d’une partie de ce que l’autre attend, le sentiment d’amour s’estompe ou s’éteint.
Lorsque ce sentiment s’estompe, il n’est pas rare d’entendre : “Nos deux chemins se sont séparés”…, “mes besoins ont changé”…, “nous n’avons pas suivi la même route”…, etc.
À ce moment, la personne qui se sent “en danger” peut être sujette à des crises d’anxiété.
La personne quittée peut y être plus ou moins indifférente ; si tel n’est pas le cas celui qui est “abandonné” aura probablement un sentiment de tristesse, de jalousie, de colère ou même de haine…
Zoologiquement, la vie et le comportement sexuels de l’homme présentent de nombreux points communs avec ceux des autres primates et plus généralement avec l’ensemble des mammifères.
L’observation de l’espèce la plus proche de l’homo sapiens, le chimpanzé nain du Congo ou bonobo (Pan paniscus), ainsi que celle des autres grands singes, suggère que l’amour ne serait qu’une forme évoluée de phénomènes existant déjà chez nos cousins sous forme atténuée.
Physiologiquement, le coït tel qu’il est observé chez l’homo sapiens ne diffère guère de l’accouplement chez les grands singes.
En revanche, la séquence amoureuse, des premières approches, de la séduction jusqu’à l’accouplement, semble avoir évolué parallèlement à l’hypertrophie du cortex cérébral dont a été dotée notre espèce au cours de son évolution récente.
Les aptitudes à l’idéation, l’imagination, l’anticipation et à la stratégie qui en résultent ont complexifié le processus à l’extrême.
L’attachement durable, la formation de couples relativement stables s’observe également chez nos cousins, mais sans atteindre la diversité des comportements individuels, la durée, et le rôle fondamental de l’imaginaire constatés dans la vie amoureuse humaine.
Un autre facteur qui distingue l’humain des singes, avec d’énormes conséquences, est la disponibilité quasi constante de la femelle humaine à l’accouplement, ce qui n’existe pas chez les autres mammifères.
Les zoologues se sont en outre intéressés à l’avantage concurrentiel, du point de vue de l’espèce, que donne l’amour tel qu’il se manifeste chez l’homme.
Il apparaîtrait comme nécessaire à la sécurisation du couple durant la période d’extrême vulnérabilité des jeunes, elle-même suivie de la phase de développement de l’intelligence d’un adulte, moments qui, rapportés à leurs équivalents chez les espèces proches, sont extrêmement longs.
En outre, les comportements sexuels se manifestent de manière extrêmement variable chez les animaux…, d’un point de vue évolutif, la grande variété des comportements amoureux influencerait la diversité des espèces.
Les études animales de l’attachement ont montré que les différents types d’attachement (filial, romantique, fraternel, amical, pour un animal, un habitat, un milieu ou pour un objet) ont des bases neurobiologiques en partie communes.
Chez l’Homme, l’attachement “romantique” met en jeu globalement les mêmes régions cérébrales, ainsi que certaines structures impliquées dans les récompenses.
L’attachement “romantique” dépendrait, au moins en partie, du contexte socioculturel…, en effet, il est observé que dans les sociétés où l’activité érotique se déroule simplement et quotidiennement, l’attachement romantique est moins marqué et plus “apaisé” que dans les passions et les extases sentimentales de l’amoureux occidental : “qui soupire comme une fournaise”…, pour un impossible idéal romantique.
Plusieurs auteurs ont souligné la ressemblance entre certains aspects de la passion amoureuse (altération de l’état mental, exaltation de l’humeur, pensées intrusives de l’objet aimé…) et certains troubles psychiques (observés par exemple dans les troubles bipolaires et obsessionnels-compulsifs).
En schématisant, il semblerait que la mise en jeu du système des récompenses, facteur primordial de la sexualité humaine, induise une “dépendance” à l’objet/être “aimé” qui conduit à des états de “manque” lorsque cet objet/être est inaccessible.
Ces états psychiques intenses provoqués par les passions amoureuses sont à l’origine, non seulement d’accomplissements remarquables dans les arts, la poésie et la littérature (ce qui m’a poussé à écrire des lettres d’amour “fabuleuses” ainsi que des romans d’amour)…, mais également de bouleversements individuels (tentative ou simple envie de suicide, crimes passionnels…) ou sociaux (selon la légende, la guerre de Troie fut provoqué en raison de l’enlèvement d’Hélène par le prince Pâris, qui fut subjugué par sa beauté extraordinaire)…
Le lien originel est la première histoire d’amour, une continuation de quête à toutes les histoires amoureuses convoitées.
L’attachement sexuel présente dès la naissance une activité neurophysiologique qui se maintient dans l’enfance pour déborder physiquement sur l’âge adulte avec l’afflux d’hormones provoquant des réponses physiologiques à l’adolescence.
Les histoires d’amour sont des éléments émotionnels dans le processus cérébral, un prolongement du lien maternel, car dès la naissance, un rapport à la mère fondé sur la recherche de plaisirs sensoriels se crée…, avec ce premier rapport hédoniste, l’enfant au cours de son développement se bâtit ce que l’on peut appeler un “bassin attracteur” : il intègre petit à petit ses satisfactions premières et va passer sa vie à rechercher chez les autres des stimuli analogues.
La famille est un lieu riche en relations amoureuses : amour conjugal, amour maternel, et de manière plus générale, parental, amour filial, fratrie.
L’importance de l’affection des membres d’une même famille entre eux est illustrée par l’émotion vécue dans les grands évènements tels qu’une naissance, un mariage, un succès, une épreuve, un accident, un décès.
L’amour ne diffère pas fondamentalement dans les diverses cultures humaines, les parades de séduction restant à la base les mêmes en Afrique, en Orient, en Europe ou en Amérique du Nord.
C’est plutôt l’attitude à l’égard du désir féminin, dont la répression est fréquente dans beaucoup de sociétés, qui change de forme extérieure…, un abandon de soi permet la délivrance ou l’expression d’un aboutissement à autrui.
Le comportement sexuel varie fort peu suivant les diverses sociétés humaines, les modes de séduction, de contacts, les parades et les expressions faciales ne présentent que des différences mineures et très extérieures.
L’Europe n’a plus le monopole de la représentation massifiée du comportement amoureux ; pourtant, les deux grandes industries cinématographiques du monde, occidentale et indienne, montrent de manière saisissante le caractère uniforme des représentations collectives de la sexualité dans des cultures différentes, a fortiori sachant que ces deux cinémas ont chacun une aire d’influence qui va bien au-delà de leurs sphères géographiques propres.
Les films indiens sont depuis longtemps projetés dans tous les cinémas du Moyen-Orient et du monde arabe, tandis que le cinéma occidental a depuis longtemps fait la conquête du Japon et de la zone d’influence chinoise.
Néanmoins certains détails comportementaux sont culturellement acquis.
Le baiser avec la langue, par exemple, qui semble naturel en Occident, en Chine, dans le monde arabe, en Inde (civilisations ô combien expertes en matières de raffinements érotiques, du fameux Kâmasûtra, écrit par le brahmane Vâtsyâyana vers le début de l’ère chrétienne aux contes des mille et une nuits)…, était inconnu en Afrique subsaharienne avant l’arrivée des Européens.
L’éthnolinguistique, l’anthropologie linguistique et les études en traduction mettent en question la démarche anthropologique qui consiste à analyser le rapport entre l’homme et l’amour dans diverses langues-cultures.
L’amour est alors représenté en termes métaphoriques, mais les cadres et les configurations métaphoriques diffèrent en anglais, français et tchèque…, toutefois, si on va au-delà de la langue et on entre dans le discours, on ne peut maintenir le modèle d’un individu qui incarne sa culture et sa langue, car les individus adoptent, adaptent et résistent les cadres culturels qu’ils trouvent dans la langue qui n’est que le modèle qui est entretenu par les discours et par les “stratégies discursives“.
L’amour se négocie en langage… et souvent les locuteurs résistent ou rejettent les métaphores conceptuelles selon lesquelles l’amour serait “fusion”, le “centre” ou le “but” de la vie…, sans oublier que l’humour ne cesse d’innover à partir de paradigmes traditionnels, la vulgarité aussi…
Internet a toutefois modifié quelque peu les relations amoureuses dans le monde en facilitant les contacts à distance.
De nombreux couples issus de continents différents se sont formés grâce à ce nouveau média…
Paradoxalement, l’acte le plus naturel du monde (la reproduction) tout comme certaines fonctions corporelles (la défécation) sont accompagnés chez l’Homme d’interdits sociaux visibles au niveau du langage et du comportement, il existe dans toutes les sociétés humaines des tabous relatifs à ces fonctions : par exemple l’Homme est le seul animal qui se réunit en groupe pour manger mais, dans certaines cultures, s’isole pour déféquer…, de même, l’acte sexuel se fait de préférence dans l’isolement (l’amour en groupe est considéré comme déviant).
Le langage est lui-même empreint de ces valeurs morales qui distinguent ce qui est “propre” de ce qui est “sale”.
De tous temps, la plupart des religions ont considéré comme nuisible pour la vie de l’individu le fait de vouloir satisfaire toutes les pulsions sans critères de limite (libertinage, célibat, abstinence) ou au contraire pour en faire le centre de leur philosophie dans certaines sectes (le gourou s’adjuge toutes les femelles du groupe).
Le langage distingue ainsi dans sans doute toutes les langues du monde plusieurs niveaux pour désigner la copulation : poétique (union), vulgaire (baiser et une infinité d’autres termes), médical-scientifique (coït), etc.
Quelques exemples d’euphémismes évitent d’être trop explicite : par exemple les expressions trop explicites “faire du sexe”, (to have sex)…, sont peu employées et la préférence va à “faire l’amour”, (to make love) qui sont également sans équivoque.
Il est cependant encore préférable d’éviter la formulation directe pouvant souvent être inadmissible par certains en disant “coucher avec quelqu’un”, (to sleep with somebody) en anglais, (mit jemandem schlafen) en allemand…, alors qu’il n’est bien sûr pas question de dormir.
Au même titre, s’aimer, (en allemand sich lieben) reste ambigu et peut désigner autant le sentiment que l’acte charnel.
Le choix du partenaire résulte en fin de compte d’un équilibre subtil entre l’attirance consciente ou culturelle (goûts communs, littérature, musique, niveau de langage, richesse, comportement social, etc.) et l’attirance inconsciente ou naturelle (physique, odeur, sentiment de sécurité, etc.)…, il est naturel d’exprimer métaphysiquement ses envies, désirs et besoins.
L’amour a toujours été un thème de prédilection dans l’histoire de la peinture et de la sculpture, par la représentation de situations amoureuses ou par la symbolique ou l’allégorie, faisant intervenir des personnages mythologiques.
Certains thèmes ou personnages mythologiques ou historiques reviennent :
– Éros (ou Cupidon), dieu des amours profanes, est souvent représenté dans des scènes comme sujet principal, ou comme personnage secondaire pour évoquer la présence symbolique de l’amour. Enfant ou adolescent espiègle et capricieux, ailé et portant un arc avec lequel il tire des flèches d’or dans les cœurs humains, ce qui leur apportent amour et désir d’amour. Les scènes les plus représentées sont : l’amour d’Éros pour Psyché, Éros l’enfant turbulent désarmé par sa mère Aphrodite, la victoire de l’amour sur les œuvres humaines (voir la célèbre version du Caravage) ou la lutte entre l’amour profane et l’amour sacré.
– Aphrodite (ou Vénus), déesse de l’amour, mère de Éros/Cupidon, inspire souvent les peintres, notamment pour l’épisode de sa naissance. Elle apparaît au monde déjà adulte, nue et sortant de la mer : les versions de Botticelli (cf. La naissance de Vénus), Cabanel, Fantin-Latour ou Bouguereau comptent parmi les plus célèbres.
– La vie amoureuse tumultueuse de Zeus/Jupiter a également fait l’objet de nombreuses représentations : l’enlèvement de Léda, d’Europe ou de Ganymède sont parmi les thèmes les plus souvent traités.
– Les grandes histoires d’amour de l’histoire ou de la littérature comme Tristan et Yseult, Roméo et Juliette, Ulysse et Pénélope et bien d’autres ont été traitées en peinture, surtout dans les périodes romantiques (préraphaélisme, romantisme, etc.).
Par ailleurs, nombre de scènes amoureuses de la vie quotidienne des hommes ont été représentées, depuis la cour faite à l’être aimé au drame amoureux, en passant par le baiser langoureux ou le libertinage.
L’art poétique et le roman sont, avec la chanson, quelques-uns des moyens de prédilection de l’expression verbale de l’amour.
À travers les âges, la littérature a reflété des tendances de l’amour, des divinités mythologiques à l’amour réaliste de notre époque.
A noter (en passant) que le français présente une curiosité grammaticale : le mot “amour” est ordinairement au masculin au singulier, mais souvent au féminin au pluriel (Un amour mort / Des amours mortes).
Je continue…, j’en suis presque au bout…
Principe fondateur du Christianisme, les sociétés judéo-chrétiennes sont fortement marquées par cette notion religieuse de l’amour.
L’amour est un des facteurs qui peuvent pousser un individu à avoir la foi en son Dieu…., la théologie est la spécialité qui traite de ce sujet.
L’amour du prochain se définit comme une force intérieure qui pousse un individu à rechercher la paix et à la partager avec les autres.
Le désir d’amour se traduit par celui d’être avec l’autre ou les autres, celui d’accepter de recevoir et de donner, celui de dialoguer, de vivre avec, de comprendre, d’accompagner, etc.
Dans les bouddhismes Mahayana et Vajrayana (bouddhismes vietnamiens, chan, zen, lamaïsme), l’Amour est l’une des quatre qualités d’être que le pratiquant doit développer, l’un des “Quatre Infinis” ou “Quatre Incommensurables” : l’amour, la compassion, la joie et l’équanimité.
Les tibétains définissent l’amour comme un souhait du bonheur de l’autre… ; la compassion, comme un souhait de cessation de la souffrance de l’autre… ; la joie, comme une participation à son bonheur… ; l’équanimité comme le fait d’être attentif de façon semblable à tout être et toute chose sans établir un attachement privilégié.
Tout pratiquant du bouddhisme Mahayana doit souhaiter la boddhicitta (l’esprit d’éveil) : souhaiter obtenir l’éveil ou les qualités spirituelles pour le bien des êtres… et ultimement, libérer définitivement les souffrances humaines.
Karuna (sansk.), est traduit par “compassion” en français et “loving-kindness” en anglais, une activité d’attention aimante envers l’autre.
Au Tibet, la compassion est décrite comme l’attitude de la mère attentive face à ses enfants.
Dans le bouddhisme Mahayana, d’une façon générale, la compassion, ou “amour-tendresse” est à développer conjointement à la sagesse (compréhension de la nature réelle, objective des phénomènes, philosophie du non-soi, etc.) !
La sagesse permet de s’affranchir de l’idée du soi, donc de toute tendance égotique ou narcissique, en cela, elle participe à l’émergence d’une “compassion infinie”.
De même, la sagesse exige une grande compassion pour être actualisée : l’extinction de l’illusion du soi, pour les bouddhistes, exige une infinie dévotion, une immense abnégation.
Aussi, pour les bouddhistes du Tibet, sagesse et compassion (ou “amour-tendresse”) se développent l’un l’autre jusqu’à conduire le pratiquant dans une “Terre pure” de boddhisattva, c’est-à-dire jusqu’à l’actualisation du potentiel humain d’amour, de joie, de compassion et d’équanimité.
Dans le bouddhisme ancien, selon l’enseignement du Bouddha, cette vision de l’amour n’apparaît pas.
Le Bouddha insiste surtout sur le détachement qui conduit à la suppression du désir, et donc au bonheur durable (cessation de la souffrance : nirvana).
Ce n’est qu’entre les I° et IVe siècles après J.-C. qu’émergera le bouddhisme Mahayana pour lequel l’action de compassion et d’amour envers l’autre prime sur l’ascèse et la méditation.
Pour les bouddhismes issus des développements du Mahayana et du Vajrayana, amour, joie et compassion ne sont pas des émotions mais de véritables qualités d’êtres.
Les émotions telles la colère, la jalousie, la peur, l’avidité, l’orgueil, passion, ne sauraient durer, elles sont passagères et proviennent de l’attachement et du désir.
Au contraire, l’amour, la joie et la compassion peuvent se développer infiniment et sans être nécessairement dépendantes d’un objet ou de la présence d’un être.
Le pratiquant peut les porter en lui, les développer infiniment et au-delà de tout attachement.
Pour en finir (double sens) : pour l’islam, l’amour est d’abord concrétisé dans le cadre du mariage, absolument pas en dehors…
Voilou…, de nombreuses personnes abordent une relation, consciemment ou inconsciemment, en pensant que l’amour est un sentiment reposant sur une attraction physique et émotionnelle qui se manifeste spontanément et comme par magie, lorsque le riche Prince charmant ou la divine Princesse éternellement belle apparaît… et qui se désintègre tout aussi facilement, quand la magie n’est plus là…, lorsque le Prince charmant doit revenir aux bases humaines quasi “préhistoriques” : aller chasser le mammouth pour subsister avec sa belle… qui s’angoisse en se regardant dans le miroir…
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