Quelqu’un en chaque personne…
J’arrive à un point où j’ai plus de choses à éditer qu’à présenter, quoique parfois c’est l’inverse et que je m’y perds…, donc tout cela, évidemment, complique considérablement “les choses”, car au final, et en théorie, alors que je tourne en rond, tout tourne rond, quoique déjà, un peu, en rond…, beaucoup d’autres choses tournent carré…, obligeant à arrondir les angles pour aplanir les difficultés…
Mais justement, on dirait bien qu’il y a des personnes à qui mon opiniâtreté dans le circulaire pose un problème… et c’est injuste !
Alors bouclons la boucle, qu’en pensez-vous ?
Je vais vous parler de quelqu’un, je vais aussi par ce biais parler à quelqu’un…, parce que je n’aime pas la tournure que prennent les choses, parce que tout ça devient mesquin et stupide, et ne ressemble en rien à la quadrature du cercle !
Je ne cherche qu’harmonie, sans faire le mâle à personne, même celles qui le demandent en chœur…
Surtout qu’à d’autres moments, c’est le silence qu’elles exigent, ces personnes !
Pourtant personne c’est une non identité qui se lit comme le symbole d’une identité…, personne n’est personne…, mais une personne revendique d’être quelqu’un, qui peut être n’importe qui tout en étant une personne définie qui peut n’être personne…
Si on est quelqu’un on ne nait pas quelqu’un en étant personne sauf si on est quelqu’un que personne ne connait et qui n’est donc personne tout en étant quelqu’un…
C’est l’art de faire culpabiliser quelqu’un sans jamais se risquer à viser une personne, puisque personne ne peut revendiquer être quelqu’un sans être une personne…
Est-ce que j’ai seulement envie de le savoir ?
Et vous ?
Personne ne pourra m’objecter que je connais trop de personnes capables de me torturer encore la cervelle sur le pourquoi du comment.
Quand personne ne dit ce qui tourmente les personnes, je considère que rien ne les tourmente.
Je sais bien que tout le monde n’a pas le don de mettre des mots exacts sur des sentiments complexes, mais à défaut, il faut au moins essayer…
Les personnes se subdivisent en deux catégories, les mâles et les femelles…, qu’on nomme les hommes et les femmes par déférence… et dans cette masse de chairs (et d’os), chaque catégorie se subdivise en sous-catégories, constituant un ensemble de personnes, ce qui revient au même.
Reconnaissons que c’est là un inéluctable échec récurrent, car chaque sous-catégorie de chaque catégorie, quoique chacune destinée à s’emboiter dans les autres et aussi entres-elles et inversement (certains et certaines trichent), taxent les autres de mauvaise volonté, d’égoïsme, de tiédeur… et autres malveillances fantasques et tragiques.
Le moyen d’en sortir, hélas, trois fois hélas, c’est de ne jamais prendre quiconque au sérieux, et d’abandonner à tout un chacun/chacune, l’entière responsabilité de ses caprices.
Je ne connais pas d’autre moyen, pour garder un minimum, l’esprit serein, face à l’hystérie générale des personnes, quelle que soit la forme délicate ou grossière qu’elles choisissent de prendre dans un contexte défini qui semble généralement indéfini dans la masse indéfinissable censée nous définir…
Mais laissons-là ce sujet, ou plutôt abordons-le autrement.
Par un exemple, tiens…
Prenons une situation absurde, comme ça, au hasard, pour le simple plaisir de la discussion philosophique…
Faire semblant de ne pas regarder quelqu’un, c’est somme toute facile, nous sommes d’accord ?
Il suffit simplement de ne pas le regarder dans les yeux, d’effectuer un panoramique sur lui comme s’il était un meuble ou un élément du décor, sans s’y attarder, sans le fuir non plus, c’est-à-dire en ne lui accordant aucune importance, aucune considération particulière.
Mais faire semblant de ne pas voir quelqu’un ?
Voilà qui est beaucoup plus dur.
Parce que la personne est là, dans votre champ de vision, qu’instinctivement vous la voyez et vous la reconnaissez, mais il faut lui donner l’impression qu’elle n’existe pas !
Et là, je suis désolé de l’écrire aussi crûment, mais on atteint des sommets dans le ridicule…
Parce que physiquement, d’abord, c’est impossible.
L’œil est pétri de réflexes, une petite étincelle d’un quart de seconde suffit à vous trahir, surtout auprès d’un observateur méticuleux comme moi.
Ensuite, le masque facial demande bien du travail.
Il faut, modeler son visage de manière à ce qu’il soit totalement fermé, inexpressif, glacé et ce, même lorsque l’on a face à soi quelqu’un qui vous raconte ou vous écrit une histoire drôle, ou rit lui-même de ce qu’il vient de dire ou d’écrire (et se trouve du coup gêné et étonné de votre impassibilité façon Monsieur Spock).
Il faut donc que le regard soit fixe, vrillé à l’interlocuteur, durant un certain laps de temps, évidemment trop long pour être naturel.
Tout cela crée sur le visage une tension, parfois un léger tremblement si vous êtes vous-même en train de parler.
Et vous offrez alors à la personne que vous voulez éviter la révélation des titanesques efforts que vous faites en son honneur.
Car oui, pourquoi le cacher ?
Etant quelqu’un qui se veut différent des autres en une époque ou tous les quelqu’uns du monde veulent être des personnes sans identité particulière, préférant ne pas avoir de particularité particulière…, particulièrement lorsque les personnes ne veulent être personne tout en revendiquant malgré-tout être quelqu’un…, je suis honoré que l’on fasse tant d’efforts pour moi.
Je n’en demandais pas tant…
Comment ne pas me sentir flatté de voir que chacun d’entre-vous a une attitude juste envers moi, pour moi ?
Comment ne pas me sentir important aux yeux de chaque personne, tout en me sentant indigne même de cette importance ?
Comment ne pas avoir conscience que tant de comédie pour simuler l’indifférence, dans son climax le plus absolu, prouve définitivement que l’on n’est pas indifférent à personne ?
Néanmoins, un mystère demeure dans cette peu glorieuse stratégie : pourquoi s’obstiner à faire tant d’efforts, alors que généralement, personne n’en fait pas, démontrant, par divers regards intrigués, appuyés, hostiles ou fascinés, que je ne suis pas quelqu’un d’invisible, ni un total inconnu en la demeure ?
Certains hésiteront sûrement une seconde à me dire bonjour, un soir…
Et si nous parlions aussi, après tout, en tant que quelqu’un d’invisible, je puis tout me permettre, n’est-ce pas, puisque je n’existe pas vraiment… de mon ébaubissement devant divers ataviques réflexes…
Notez bien cependant que je ne m’en formalise pas outre mesure.
Parfois quand je relis certaines choses que j’écris, j’imagine que cela se voit moins que d’autres, mais cela est assez classique… et je m’y suis habitué.
Je peux même trouver suffisamment de romanesque à la situation pour y puiser quelque émotion d’ordre littéraire.
Je suis par contre nettement plus gêné d’être un sujet de conversation et d’en arriver même à être une source d’angoisse ou de colère, surtout lorsque je n’ai expressément rien dit ou écrit de justifié… et que je ne cherche pas le moins du monde à incarner cela.
Je suis très gêné aussi qu’en dépit de cela, on s’évertue à vouloir me faire comprendre, faute d’avoir le courage de me le dire en face…, que je ne représente rien ni personne, alors qu’hélas, je vois bien que je représente quelque chose ainsi que des personnes, même s’il n’y a au final qu’une seule personne qui manifeste de l’indifférence, et qu’elle le fait de manière si caricaturale que je serais presque tenté d’en rire si ça ne me concernait pas directement !
L’amour rend aveugle parfois, et je revendique ma part de cécité, mais ce n’est peut-être pas inutile de s’en souvenir.
Tant qu’on y est, cela me gêne aussi que des personnes me regardent dans un endroit public en sachant probablement qui je suis, ce que j’écris et ce que je fais là, alors que je ne les connais pas.
Il y a, parmi les personnes qui me fixent intensément certaines personnes qui cherchent à s’assurer de mon inexistence définitive à leurs yeux, pour me punir sans doute de mon manque de discrétion, ce qui m’agace, je le reconnais, car c’est fort éloigné de mes aspirations profondes qui m’obligent à être toujours inspiré !
Je rappelle à toutes fins utiles… et parce que j’ai tendance à penser qu’il ne faut pas laisser des tensions s’installer, même entre des personnes qui ne se connaissent pas :
– que je suis exactement au courant de mon degré de visibilité et qu’il est assez vain de vouloir me convaincre du contraire….
– que je déplore tout autant que les intéressés que mon travail ou ma présence soit un sujet de discorde ou de malaise, même si j’ai tout de même le droit d’aller ou non, me semble-t-il, ou je veux…
Sachant cela, peut-être vaudrait-il mieux crever l’abcès, mais très logiquement, je laisse aux personnes irresponsables et gênées de ma personne…, l’initiative d’une discussion entre personnes responsables…, mais je leur laisse tout aussi bien la liberté de se défiler la queue entre les jambes, car il faut savoir préserver toutes les sensibilités…, étant quelqu’un qui accepte la critique et qui est ouvert aux reproches ou aux demandes particulières.
Si quelqu’un (d’autre) serait dérangé ou gêné par mes écrits, il me semble essentiel qu’il me le fasse savoir.
Ce qu’il ou elle pourra m’écrire/me dire demeurera strictement confidentiel et secret entre personnes revendiquant chacune être quelqu’un de censé, j’en fais ici même le serment.
Mes écrits qui posent (peut-être ?) problème, sont ma philosophie, en règle générale, quoique je n’ai pas de règle générale ni particulière.
C’est peut-être difficile à comprendre dans un milieu où chacun/chacune n’existe qu’en fonction du regard des autres personnes, où tout le monde cherche en permanence à se valoriser, où chaque personne est en quête permanente d’un réseau à agrandir ou d’un projet à vendre.
Je comprends très bien cette mécanique vieille comme le monde, j’ai même joué le jeu à une époque, mais mes préoccupations actuelles sont d’un autre ordre !
Je veux juste faire “quelque chose” de beau et de grand dans ma vie (ce qui ne veut rien dire car ça reste indéfini), quelle qu’en soit la finalité.
Toi, oui, toi… qui m’as lu jusqu’ici, j’ai du mal à croire que tu ne puisses pas comprendre cela.
Et si tu es bien la personne que je pense, alors tu es bien mal placée pour me reprocher de prendre mes rêves pour la réalité, parce que tu sais très bien que c’est comme cela qu’on réalise parfois ses rêves…
Tu peux m’en vouloir pour bien des choses, mais tu ne peux pas me reprocher d’y croire, et d’essayer d’y donner corps de la seule manière qui me soit donnée.
Alors je te pose cette question, cette unique question : à ma place, dans cette même situation, avec un cœur comme le mien, que ferais-tu, toi ?
Je m’adresse à toi en tant que personne, mais en réalité dans la virtualité du web, je m’adresse à toi en généralité d’un ensemble de toi formant un tout de vous…
Limpide, n’est-il pas ?
Le sujet est clos, du moins publiquement.
Je n’y reviendrai plus.
J’estime que j’ai écrit ce que j’avais à dire.
Libre aux personnes concernées de faire de même au moment qu’elles jugeront le plus opportun.
Libre aussi à elles de demeurer dans le mutisme.
A chaque personne de faire ce qu’il y a lieu de ne pas faire.
Ce choix-là ne m’appartient pas, il n’appartient à personne…