Seul dans le noir…
Je me réveille dans le noir total en essayant de retrouver mes esprits…
Que c’est t’il passé ?
Qu’est ce que je f… içi.
Tout seul.
Dans le noir.
La panique me prend litterralement.
Ou est ma lampe ?
Je ne l’ai pas dans la main.
Je cherche dans les poches de ma veste.
Elle n’y est pas.
Plus la moindre trace.
Ni de mon jack Daniels.
Je suis con je l’ai déjà fini.
C’est probablement lui qui m’a conduit jusqu’içi d’ailleurs.
J’hurle de toute ma terreur dans un premier temps.
J’appelle mes faux-amis en gueulant.
Ils ne répondent pas.
Je ne tarde pas a admettre qu’il n’y a plus personne içi a par moi.
Ils m’ont abandonné pour me laisser crever.
Merde je savais que ça devrait m’arriver un jour.
Je connais cette terreur absolue qui fait secrètement fantasmer tout les claustrophiles.
La situation la plus horrible que je n’ai jamais envisagé, je me la prend en pleine gueule.
Et c’est surement bien fait.
Dans mes conneries j’avais déjà dit toutes les vérités imaginables à moultes personnes et failli provoquer des blessures involontairement volontaires.
Putain de Jack Daniels.
Tu m’a bien eu cette fois.
Bon il faut que je me ressaisisse.
Sortir d’içi par tout les moyens évidement.
Autour de moi, rien de visible.
Aucune idée de l’endroit ou je peut bien être.
Je cherche à taton le mur, car c’est la seule possibilité qu’il me reste.
Au lieu de le trouver, je m’explose le coude dessus, me faisant hurler de douleur en plus de la peur.
Je vais mourir içi c’est certain.
Un etre humain ne peut pas sortir vivant d’un environnement aussi hostile.
Trop de ferrailles.
Trop de murs.
Trop de noir et trop de chemin.
Définitivement pas assez de sorties.
Une cuve d’eau rouillée sera surement ma sépulture.
Cette idée me terrorise, c’est de loin la plus angoissante de toutes.
Je m’imagine un court instant l’effet que peut procurer une telle chute dans ce liquide horrible, l’effet que pourrai produire l’ingestion de ce liquide… et surtout l’horrible sensation de n’avoir rien pour m’accrocher dans toute cette obscurité humide et croupie.
Couler dans cette immonde merde rougeâtre puis faire une tentative vaine de remonter a la surface.
Le cœur s’emballant me forçant a expirer, puis pour la dernière fois inspirer.
Je ne dois pas penser à ça.
Pas maintenant.
Je dois me ressaisir et tenter ma chance, c’est ce que je vais faire.
Je ne sais même pas ou je suis et n’ai aucun moyen de me repérer dans tout ce merdier.
Perdu.
Pris au piège dans ce monde ou même les rats ne s’aventurent plus.
Je continue de hurler.
La résonnance de mes cris laisse sous entendre la grandeur du lieu dans lequel je me trouve.
Cette sensation d’immensité me glace le sang.
Puis cette réverbération décroissante laisse place au silence le plus total, le plus inaudible qui soit.
Pas de bruit, pas de vie ?
Je suis confronté au néant, à l’infiniment noir.
Je n’ose pas essayer de le concevoir, c’est impossible, une telle chose ne peut pas exister.
J’ai maintenant peur de crier tellement cette idée d’être perdu dans le néant m’est insupportable.
Il faut que j’alerte les gens, mais j’ai l’intime conviction que je court un danger à me faire remarquer.
Après tout je ne suis peut être pas seul içi.
Dans une situation comme celle-ci, toutes les peurs internes ressurgissent.
Mais il faut que je me secoue.
Que je prenne mon putain de courage à 2 mains et que je me bouge.
Je me colle au mur pour essayer de prendre conscience de mon environnement.
Malgré le fait que tout a l’air immense, je suis dans un espace ultra confiné.
Je commence à marcher lentement en longeant le mur, essayant de repérer chaque fois avec un pas d’avance le trou qui pourrait s’y trouver.
Cette technique a l’air de convenir.
Bam, je me cogne à ce que je pense être une vieille porte rouillée.
Plus de peur que de mal.
Je réalise que je suis encore bourré.
Cela n’est peut être pas un mal.
Au moins l’alcool m’empèchera de trop psychoter.
Je passe diffiçilement cette foutue porte et comprend d’après mes souvenirs que je dos être arrivé dans un tunnel.
La marche va être diffiçile à partir de là, mais au moins, il n’y a pas de cuve au milieu du tunnel.
Je place mes pieds sur les rebords du sol pour éviter de trébucher sur les dalles fracturées du milieu.
La sortie est peut être au bout du tunnel.
Je sens la moisissure visqueuse des murs s’agglutiner sur mes mains et probablement mes vétements.
Je sais qu’elle est blanche, j’en ai déjà été recouvert tant de fois…
J’avance sans trop de problème majeur, mon cerveau s’est momentanément mis en mode automatique.
Même si la marche est lente, je ne réfléchis pas, tout mes mouvements sont les mêmes, mon environnement est toujours pareil, répétitif, hypnotique, j’essaie de m’accrocher à l’aspect positif que peut générer cette impréssion que tout tourne en boucle.
Au moins ça n’est pas encore la mort.
Je ne peut pas dire combien de temps s’est écoulé, le temps ne compte plus dans le néant.
Tout est identique dans le noir, même le temps.
Je ne vois rien et ce n’est pas l’alcool qui va arranger les choses.
Je constate sans trop de surprise qu’il n’y a vraiment aucune adaptation possible des yeux dans le noir total. Je n’ai même pas besoin de les laisser ouvert.
Aucune importance, il n’y a rien a voir.
Cette état procure en moi des perceptions presques inconnues jusque là, j’ai l’illusion d’avoir l’impression de deviner les obstacles dans ce noir.
Cet état commençerait-il à me plaire ?
Bam, je crie de douleur et reviens à la réalité.
Une porte du même type vient de stopper ma progression et relancer mes sanglots.
Mon coude commence à me faire terriblement souffrir.
Mes muscles sont affaiblis.
L’oxygène manque dans les tunnels.
Combien de temps cela va-t-il encore durer ?
C’est clair que je ne pourrai plus tenir très longtemps, mentalement et physiquement.
Ma tête tourne en continu dans ce néant.
J’ai de nouveau cette sensation d’aura malveillante tout autour de moi, comme s’il fallait que je me cache. Quelque chose içi me veut du mal.
Je continue d’avançer malgré ma terreur instinctive et comprend vite que je suis à la fin du tunnel.
La sortie ?
Je n’y pensais même plus.
La confusion gagne mon esprit, je ne sais plus exactement si je rêve ou si j’hallucine, ce moment de ma vie a l’air totalement détaché de celle-ci.
Mais j’ai au moins la certitude d’être encore en vie, peut importe la réalité des évènements.
D’un coup je repère quelque chose d’inattendu…, un rayon de lumière.
Presque soulagé je me précipite dessus comme si c’était la sortie… et la crise de folie me regagne lorsque je comprend qu’il n’ya aucune échappatoire içi.
Je m’effondre et hurle du plus fort que je peux.
Horrible sensation de savoir l’extérieur à un mètre de soi sans pouvoir y accéder.
Surtout lorsque ma vie en dépend.
Je commence a fatiguer.
Je suis usé.
Je ne trouverai jamais cette putain de sortie.
C’est presque humainement impossible.
De toute façon je faibli progressivement depuis un bon moment.
Je crois que je dors mais n’en suis même pas certain.
Un grondement étrange me tire légèrement de ma torpeur mais je continue à végéter.
Je ne sais pas si c’est réel.
Je me redresse et essaie de rétablir ma gorge pour appeler à l’aide.
Je crie une ou deux fois mais bien vite la peur me regagne.
J’ai l’impression d’une présence ni humaine, ni animale, ni vivante.
Ce bruit sourd ne fait que s’accentuer.
Etant donné qu’il ne peut y avoir de vie içi, mon esprit ne peut concevoir qu’une présence surnaturelle.
J’ai l’impression d’être entouré de fantômes.
C’est exactement l’endroit propice pour ce genre de pensée.
Ma terreur augmente en cadence avec le bruit des spectres, je sais que je ne suis pas seul même si il n’y a personne.
Quelque chose m’accompagne et me suit depuis le début.
Quand il n’y a personne d’autre pour communiquer, les objets et les endroit prennent une toute autre signification.
Merde je suis foutu !
La panique me fait partir dans la première direction devant moi et je me cogne violement contre un mur.
Je réalise alors que je ne me sent pas capable de quitter ce brin de lumière sacré pour retourner affronter l’obscurité.
Mais si je reste auprés de ce brin de lumière à attendre qu’on vienne me chercher, mes chances de survie sont déjà plus mince.
Ce brin de lumière est traitre.
Il n’est là que pour me tenter.
Ils ne m’auront pas de cette manière là !
Bon je dois reprendre conscience de mon environnement.
Je suis de nouveau dans un tunnel mais lequel ?
Je n’en sais rien.
Je suis peut être déjà passé par içi.
Cet endroit est un vrai labyrinthe.
Je fait demi tour et par conséquent repasse devant le brin de lumière.
Je ne le contemple qu’un court instant.
Maintenant fini de penser il faut marcher… et c’est ce que je fais.
Je marche sans réfléchir à ma vie.
La seule chose d’importante c’est de trouver la sortie.
J’essaie seulement de me rappeller les différents dangers, à savoir les cuves à l’entrée de chaque salle, les affreuses armatures en fer rouillé que je ne pourrai jamais traverser dans le noir.
Si jamais je me cassais la gueule là dedans, je serais salement amoché.
Mais pas d’armature à l’horizon.
Seulement des tunnels et du noir.
Soudain à force d’avançer à taton, je repère ce qui me semble être un endroit à peu près connu.
Une bifurcation sur la droite.
Je n’ose pas y croire, donc je continue mon chemin initial.
Et là…, l’élément capital pour ma survie intervient.
La deuxième bifurcation sur la droite.
Je marche de plus en plus vite.
Je ne vois rien mais je fonce.
Tout ceci a trop duré.
Je me cogne.
Ca y est j’arrive.
J’ai l’impression d’avoir dévellopé un nouveau sens, basé sur le ressenti et l’apréhension, un sens qui aurait remplacé la vision.
Car mes yeux ne me servent plus à rien depuis un bout de temps.
Je sais ou je vais à présent.
L’hostilité du lieux ne gache en rien cette conviction.
J’arrive dans un tunnel qui semble monter.
Je suis de plus en plus impatient.
Je vois enfin un peu de lumière au fond…
J’avance de plus en plus vite, mais je constate aussi que je ne vois plus la lumière.
Bam, je me prend le mur en pleine face.
La ça fait vraiment très mal.
Quel con.
J’ai en face de moi ce que je cherchais depuis le début de mon calvaire.
Le rayon lumineux me transperce le regard, je n’y suis plus habitué.
Mes yeux peuvent enfin recommencer à fonctionner.
Même si je suis couvert de moisissure et de boue, rongé par les écchymoses et les égratignures, je me sens incroyablement en bon état comparé à ce qui aurait du se produire.
J’ai l’impression d’avoir gagné contre l’impossible, je hurle toute ma rage et ma satisfaction.
Je cours presque.
Les premiers mètres sont incroyables de liberté.
Je ressens un sentiment d’extase presque religieux, c’est d’ailleurs le premier jour de ma vie ou j’ai l’intime conviction qu’une force supérieure me protège, me permet d’accomplir des choses réellement impossibles grâce a l’instinct de survie, je crois même pendant un instant que dieu existe.
Evidement cette pensée absurde s’estompera avec le temps.
– Votre ticket de parking, monsieur… me lance un personnage habillé comme un amiral de la marine Luxembourgeoise….
Je m’execute par politesse.
Je me casse.
Je rentre chez moi.
Je veux dormir.
Il est 4 heures du matin.
Dans quelques jours je retournerai là-bas pour essayer de comprendre ce qui vient de se passer.
En vain, mais ça je ne le sais pas encore.
Un mystère planera éternellement autour de cette affaire.
Qu’est devenue ma lampe ?
Je ne le saurai jamais.
Tout est imaginable, c’est pour ça que je ne préfère pas trop cogiter.
Mettre ça sur le compte de l’alcool une fois de plus.
Ca n’est pas grave car même si cette expérience est la pire connerie de ma vie, son dénouement en restera sûrement le plus bel exploit.
Bon, mais c’est pas tout ça, mais il faut que j’aille récupérer ma bagnole dans ce f… parking !