Sympathy For The Devil…
Le fait de n’avoir rien branlé pendant 40 ans, à te souvenir qu’avant d’il y a longtemps, tu te tapais des nanas dégueulasses et perdais ton temps dans des clubs de bouseux aux godasses puantes…, toutes choses qui ont pourri ta vie mais qui te faisaient planer…, ça te f… la mélancolie… et, si ça transpire de ton gras, t’as une façon de ne rien dire de tes souvenirs autrement qu’avec une gouaille que seuls les prolos peuvent avoir…
Waouwwww, tu l’encaisses de plus en plus mal-souvent, avoue… depuis que tu t’es casé avec ta marmaille et une dame qui n’a plus rien de la beauté fatale et crapuleuse d’un temps révolu…
Via ta TV tu fréquentes toute une série de miséreux qui sont persuadés d’avoir réinventé un genre qui n’est que du burlesque…, car, comme à chaque fois dans ces cas là, une cohorte de suiveurs débarquent… et pour t’extirper d’une existence morne à tes yeux…, tu te payes, en plus, le luxe de te taper régulièrement des crises de panique… et tu désagrèges tes maigres économies pour t’acheter des packs de bières et des joints…
Le décor est planté, ça fait peur…, ne manquent que les grattes et la “musication-loose” d’un album de country en fond sonore, avec la voix complètement ravagée d’un cow-boy cancéreux en phase terminale qui ânonne : “Well, I went to buy myself a handgun / Why you think man, to shoot down everyone / So you better running star / But I spent all my money on this cracked out piece of shit called the bass guitar“…, le genre ou on a l’impression que ce héros, dans sa chambre, est pris d’une soudaine envie de jouer de la guitare, ses potes se chargeant de gueuler comme des cochons derrière : “To the lost boys in a lost town / To the lost girls in the lost and found / I’ll find you out when you hit the ground / Don’t stop moving baby dance around“…
Je caricature les fresques de ta putain de vie avec du vomi plutôt qu’avec des larmes…, oui…, l’alcool triste t’aide à vivre tes soirées de merde…, mais tout comme les lecteurs et surtout lectrices internautes adhèrent obligatoirement, vu que le misérabilisme est souvent balayé par le coté joyeux des choses faites avec trois bout de ficelles, tu te laisses aller et tu fredonnes : “Where we going what we doin’ this night / I feel drunk already maybe drink got spiked / But more likely of the like that I’m just a lightweight / Well I don’t care man I’ve been drunk forever / And look at the lady she be shady but we maybe / shed said get the fuck out man you seem to be so plastered“…
C’est criant de vérité cette description d’un quotidien de gars bourrés jusqu’à l’os : “So who the fuck are we ? Just the boys in the city / It’s all been done before and we do it again so / We’ll back I’m sure next week sitting in the bar you know”…, c’est pourtant de haute volée comparé à ce que l’on peut nous servir habituellement ces temps-ci…, même que c’est pas inhérent à la volonté des popus qui sifflent connement en se frottant le cul dans leur baignoire…, alors qu’on ne devrait pas résister de leur filer un briquet pour qu’ils se fassent sauter la tête pleine d’alcool…, dans le délire le plus complet…, quoique ça ferait presque peur de se retrouver avec un jet de degueuli dans un univers parallèle !
Quand je dis que rares sont les merdeux pouvant moderniser de grands classiques sans tomber dans le maniérisme stérile et au final bien vain…, on me répond que je ne suis plus tout jeune, que je suis vieux jeu, que j’ai fait mon temps en arrivant (enfin) à 68 ans depuis le 16 mai…, vieux débris moi ?
Mais Bordel…, avant…, la vie, tout comme le rock, ce n’était pas une bande de jeunes qui gueulaient dans un micro en grattant un max de 4 notes sur des guitares non branchées…, c’était se la péter grâââââââve au volant d’une TR3 ou d’une Jaguar E-Type voire d’une Mustang en faisant semblant de tirer la gueule, façon Gainsbarre…, on dansait le sourire aux lèvres en tentant de draguer la jolie blonde du fond de salle, on faisait le tour des fripiers pour trouver LE blouson en cuir, pour trouver LE vinyle de Rockabilly, la musique la plus dansante et furieuse du monde, celle qui incarnait le Swing, la transgression, loin des tentatives immondes d’aujourd’hui où le matraquage a remplacé le talent et les acrobaties sur guitare…, laissez les vinyles tout comme les vieux cons finir leur vie en paix, bordel !
Pourtant, à écrire tout ceci…, j’ai le sentiment de me téléporter dans ma jeunesse…, c’est assez incroyable…, c’est dingue de pouvoir écrire ce que l’on pense en direct sur le web, alors que plus jeune, il me fallait passer par un atelier de compo qui œuvrait avec des linotypes à plomb…, puis sur des presses d’imprimerie gigantesques…, avant de couper et brocher les feuilles pour en faire des livres et/ou magazines qu’il fallait transporter dans toutes les librairies d’Europe… ou les gens venaient chercher “un autre ailleurs” et pour qui mes mag’s représentaient un renouveau.
C’était le temps des chromes, des flammes, des sorties cheveux au vent, le bon temps, où des voitures ressemblaient encore à de vraies voitures, où la vraie transgression était de faire la bringue entre potes et non de se dynamiter avec de la drogue…, un temps où l’on pouvait baiser à tout va sans risquer de chopper le Sida (à la rigueur une bonne chaude pisse pour les malchanceux)… et comment ne pas avoir des fourmis dans les pieds alors qu’on n’avait pas les oreilles encrassées par la merde qu’on nous sert aujourd’hui…, d’ailleurs on avait tous le sourire !
Je n’ai plus vraiment la force et la possibilité de gigoter debout, mais me passer une ou deux galettes au hasard entre deux verres d’alcool, le soir, me fait réellement le plus grand bien…, en ruminant sur de belles années qui disparaissent peu à peu de ma mémoire, comme si j’étais possédé…, maintenant, la vie perd son esprit de fête et de joie qui transpirait des corps…, ça devient presque morbide, beaucoup trop de choses sont purulentes de dégoût et de relents en tout genre, les gens virent dans la dépression totale, la tristesse… ils ont des visions négatives et désabusées en errant entre les immeubles sales des villes surpeuplées, implorant un besoin urgent de drogue…, atterrant !
Pas étonnant que les jeunes d’aujourd’hui bloquent leurs facs, vu comment leur cerveau est liquéfié par la merde ambiante, en attente d’une progéniture qui va leur tomber dessus au détour de coïts hasardeux dont ils ne peuvent se passer…, l’avenir semble très sombre, en attendant je vais relancer ma vie…
On parle souvent du rapport de force/fusion homme-machine dans l’art…, que se soit dans le cinéma (Blade Runner, Terminator, Tetsuo…), la littérature (Asimov, Philip K dick and co…) ou bien sur l’animation (Le grand Lain, Gunnm, texhnolyze)…, j’illustre donc ici mes errements textuels avec un tout autre rapport de force/fusion femme/bagnoles-à-la-con…, parce qu’il est de plus en plus loin le temps prospère, les sourires à chaque coin de rue, les saltimbanques pleurant leurs mélodies pour seules plaintes, les enfants courant dans les champs, s’amusant à faire tinter leurs carillons et clochettes…, les parents berçant la famille entière au coin du feu en laissant courir leurs doigts sur le piano de la chaumière…
Les doigts courent maintenant sur des manches d’épées…, les bras ne moulinent plus pour récolter du blé mais pour trancher des têtes, on rebascule dans les conflits, les guerres, on se prépare même sous prétexte de sauver les nazis d’Ukraine, à une troisième guerre mondiale, la plus grande bataille que l’on ait connu…, on serre les rangs, on regarde au loin, on touche le soleil avec le doigt d’honneur… et on hurle : “On crève de tout, les temps sont durs, y a plus de sous, plus d’emplois, on délocalise, on sur-fiscalise…, mais il faut qu’on donne fissa 50 milliards de notre argent, de nos taxes, de nos impôts, de nos retraites et de l’éducation de nos gosses à l’Ukraine”…
Intérêts politiques, pécuniaires ou simple envie de tuer, rien n’explique pourquoi les peuples s’embrasent…, pourquoi la colère gronde-t-elle après des années si paisibles, le calme entraîne la tempête, on reprend les hommes des foyers…, on enrôle n’importe quel gamin ayant la force de tenir une branche, si jeune soit-il…, les insoumis seront de toute façon irrémédiablement écartelés…
On marche en rang, on chante, on se soutien, on se porte, jusqu’au premier champ de bataille, il faut courir vers la mort…, le ton est donné, la trompette résonne, sonnant le glas d’une existence encore trop tranquille pour les plus jeunes…, c’est le coup de massue et l’explosion…, les corps qui volent, les têtes qui roulent, la rage, les hurlements, le but est clair : détruire toute âme qui vive !
On déambule sur le chemin du fort, la tête haute, les yeux embués de larmes… on regarde la lune prendre de l’ampleur dans un ciel ombrageux…, beaucoup se taisent, glacés par tant d’excès…, mais certains fanfaronnent…, alors que dans le recueillement, les faciès restent stoïques, la ronde tourne, mais tous tremblent et certains tombent à genoux devant tant de sublime…, le vieux sage, même les yeux fermés, il voit : les champs de bataille, les amis tombés, les trahisons, les coups d’éclats…, il voit…, alors il explique, tire un bilan de la situation…, de sa voix grave et posée…, même les plus sceptiques sur la bonne santé mentale du prêcheur écoutent, se taisent.., car le moment impose le respect.
Il est temps de repartir…, planter l’estocade finale dans une entité déjà bien entamée, pour que la victoire soit totale, il faut user d’une botte secrète pour terminer dans la furie furieuse : se transformer en monstres, faire preuve de brutalité extrême, s’abandonner à la sauvagerie, à la frénésie, à la démence…, jusqu’à ce que le sol, n’étant plus qu’un entassement de viscères, de tripes et de crânes défoncés, on lâche les armes… et on s’en retourne discrètement vers ses foyers, marchant timidement dans ce magma…
Pourquoi avoir illustré ce texte avec des mélopées des Rolling-Stones ?
J’sais plus finalement, j’suis parti en couille, un dérapage, une longue chute désincarnée, du sexe à la sur-pression en seulement quelques lignes pour te pousser à lire sans nécessairement comprendre cette chronique avortée, une mélasse qui doit te donner l’impression de revivre mille fois une vieille mélancolie post-coitale, entre sperme et larmes, le mental écrasé par la solitude, mélangeant échos drogués et bruits d’une ville qui s’éveille après avoir passé une soirée à te démonter la tronche et baiser dans les chiottes pour oublier tes problèmes qui reviennent avec violence dès que tu poses un pied dans la rue…, un retour à la réalité déformé par l’alcool et les opiacés.
Je suis bien au delà de la zone rouge, bien plus loin que le point de non-retour, je suis là ou je ne m’y attend pas moi-même, y a comme un ras-le-bol…
Ce n’est qu’un rappel violent de ce que tu as tenté de fuir, avant d’abandonner et finir par marcher au radar pendant des mois en te disant qu’à un moment tu finiras bien par oublier…, mais que nenni…, ma longue complainte désincarnée va graduellement te tordre le cœur dans une boucle espiègle tournant sur elle même ad vitam aeternam, tu arriveras encore à faire la fête, peut être…, mais vidé de toute énergie, à bouger comme un putain de robot sans âme…, une longue chute sans fond, dans le gris…, pas le noir hein…, le gris, froid, métallique, sans chaleur ou rébellion…