Tout réinventer : La mode & la manière Chromes&Flammes !
Tout réinventer plutôt que se lamenter du temps qui passe et des convenances obligées… Il suffit d’oser démontrer que ce qu’on tente de nous vendre n’est que convenances surannées ancrées dans le consumérisme général d’exploitation des convenances… L’émergence de la Kulture Chromes&Flammes fin des années 1970 se devait d’être associée à un style de vie, une manière de paraître et d’agir, en d’autres termes, cette Kulture, pour la saisir durablement, eut-il fallu souligner la dimension transgressive qui lui était associée. La stylistique des Hot Rod’s a généré dans un premier temps de la stupeur et de l’inquiétude, non pas du public qui en redemandait à chaque mois de parution, mais des créatifs de la mode et de la publicité. Soit-elle de l’esthétique des objets quotidien, des autos et motos, mais aussi des vêtements, de l’écriture, bref du style dans sa totalité, ils en avaient crainte et ne savaient pas comment la maîtriser.
Sur ce point, seule la Saga filmographique MadMax à su saisir une part d’un rejet des convenances et du style, mettant en scène toute la symbolique des Hot Rod’s, Rat Rod’s, Street Machine’s., Chopper’s et des nananas bandatoires ainsi que des mecs qui osent tout sans limites… Le décalage entre le look ordinaire des créations artistiques de la mode tournée vers le profit facile tel que vendre cher en occident des produits réalisés dans des pays pauvres pour réaliser des profits à 1.000 % et celui, travaillé, de certain(e)s issu(e)s du public, a fait apparaître que l’inventivité réelle avait été détruite pour conserver l’acquit facile érigé en faux exemple du vrai sens de la vie. L’inventivité marginalisée et honnie a perduré en se déplaçant vers de nouvelles manières de se mettre en scène, en réinventant l’innovation et la modification de l’apparence rassemblées sous l’appellation “Bodmods” récupérée par le mouvement Punk.
Or l’histoire du mouvement Punk est à la fois l’histoire du regard qui a été porté sur ce qui émergeait venant d’une jeunesse insolente et l’histoire de sa mise en spectacle comme une greffe sur le rock, auquel il fournissait une énergie nouvelle spectaculaire bousculant les codes de l’apparence et ouvert aux possibles du corps modifié selon une logique du bricolage et de l’auto-réalisation (le DIY, Do It Yourself) performative qui s’affirme… Cette histoire est récente. Elle s’ouvre dans le dernier quart du siècle précédent (les années Chromes vont de 1979, date de la création de C&F, à 2001 date de la manipulation de masse avec l’écroulement des tours WTC à New-York, pour avoir le prétexte de redéfinir les frontières du monde occidental en créant une guerre envers l’Irak qui n’avait rien à y voir), ce qui va opérer une bascule vers une humanité déconstruite/reconstruite et expérimentée selon des modalités nouvelles.
C’est le moment du basculement vers un néant en reconstruction impossible qui a contribué à tracer les perspectives de diverses modifications contemporaines parmi les plus radicales, mais aussi parmi les plus ordinaires. Comment une stupide opération d’autodestruction programmée destinée à broyer le Moyen-Orient et s’accaparer du pétrole à finalement été le départ d’un autre basculement qui n’est que la révolte des amoindris se rendant compte qu’en se regroupant ils pouvaient s’opposer à l’Occident pétri de mensonges et de contre-vérités… Ce fut fulgurant et a impulsé un courant durable aux ramifications variées, sur une palette allant de la production artistique au combat politique, en passant par la mode et le style de vie ? Cet article rassemble une série d’hypothèses. Chacune d’elles pouvant être discutée isolément.
En les rassemblant, je compte cependant dessiner un projet d’exploration de ce que les années Chromes ont fait, notamment en soulignant l’émergence de pratiques impensables il y a peu auparavant. Une Kulture qui s’est par ailleurs affranchie du populaire dont elle est issue. J’ai été surpris par la spontanéité des réactions et la générosité de mon lectorat arrivant dans un renouveau informatique de ChromesFlammes/GatsbyOnline/SecretsInterdits. La folle perspective de contribuer à écrire ma propre histoire et de la situer dans une histoire collective explique sans doute cet engouement. Le projet numérique est ambitieux puisqu’il vise une autre manière de publier une histoire par celles et ceux qui l’ont faite, qui l’ont éprouvée, pour qui elle est une partie de leur vie, un style de vie, une attitude face aux pouvoirs et aux institutions.
C’est également ambitieux car cela vise à saisir le style ChromesFlammes comme une réalité culturelle, donc historique, qui dépasse la scène éditoriale pour irradier le monde de l’art, de la création et même de l’action politique. Les témoignages, les archives visuelles (photos, fanzines, films) recueillis dans une section adéquate contribuent à croiser des histoires singulières et à rassembler un corpus dispersé. Dans ce travail, je m’attache à la généalogie et aux mutations dans leurs apparence, leurs représentations, leurs pratiques et postures. L’enjeu consiste à en tracer une histoire. En France, la faillite du Groupe Hommel et de ses magazines “papier” est symbolique, de même que l’inutilité relative des ruines de la collection d’automobiles accumulée grâce à l’affairisme et à la dépossession des contributeurs qui ont été largués dans les caniveaux des emplois précaires… Triste référence…
A l’inverse, quand Chromes&Flammes est arrivé, c’était plein d’énergie, c’est ce qui va construire une Kulture, un espace underground duquel va sortir du nouveau, qui sera objet de discussions, l’identification n’étant pas un objectif en soi, plutôt un point de départ, la volonté de repérer un moment-pivot pour saisir ce qui s’est joué en France à partir du dernier quart du xx e siècle… Penser ce moment, observer ce qu’il a produit et ce qu’il a enclenché du point de vue de la Kulture participerait ainsi à la compréhension des modifications contemporaines. L’idée consiste donc à découvrir le passage qui irait de la rébellion à la singularisation des vêtements “bodmods” les plus divers qui illustrent cet article… Pour ce, je suis allé jusqu’au bout de l’âge de ceux qui ont acheté les premiers Chromes&Flammes en librairie, il y a un demi siècle, qui ont comme moi 3/4 de siècle dans, et sur, leur corps…
Ben oui, afficher ses 75 ans n’est pas ordinaire lorsque même les Stars de ciné se cachent… D’où l’idée d’une mode excentrique mettant les couleurs en avant… Tout cela se développait peu à peu dans l’underground à partir du milieu des années 1990. La part importante investie dans les pratiques de déconstruction des apparences convenues est en effet l’une des premières choses qu’il fallait présenter. De nombreuses personnes interrogées sur leur parcours m’ont spontanément fait part de leur reconnaissance, certaines d’entre elles continuant d’ailleurs à se définir ainsi ou à recourir à des éléments de la Kulture Kustom et Hot Rods, notamment pour ce qui est du DIY (Do It Yourself) caractéristique de l’éthos… J’aurais pu écrire : “d’anciens lecteurs de Chromes&Flammes”, mais cela se discute, notamment au nom de l’adhésion au slogan “Chromes&Flammes un jour, ChromesFlammes toujours”…
Il suggère une incorporation durable au “politiquement incorrect”. Pour saisir l’impact de cette culture, il faut sans doute partir de ce moment explosif dont le souffre (et le souffle) se perpétue encore. Partir du “Chromes&Flammes Show de Paris porte de Versailles”, mais ne pas y rester, car la Kulture “Chromes” ne s’y réduit pas plus que pour le “Dragster-Festival-Chromes&Flammes” qui a eu lieu début des années’80 sur le circuit des 24 heures du Mans. Diffusant des manières d’être et des arts de faire spontanés, ainsi que des façons de paraître, des visions du monde, une philosophie, c’est-à-dire une esthétique et une éthique, ils allaient tout bousculer en France puis, très vite dans toute l’Europe, car Chromes&Flammes a atteint rapidement 500.000 exemplaires mensuels en 5 langues/éditions. (Il est possible de discuter de la contribution des États-Unis et de l’Angleterre à la genèse C&F qui s’appelait alors TopWheels.)…
Une analyse très fine des connexions entre les éditions C&F diffusée dans les pays de l’Est jusqu’en Russie et la version américaine “Top Wheels”, comparée aux C&F du continent Européen reste possible, mais ce qui importe surtout, c’est de voir ce qui s’est constitué à partir et autour, mais aussi déplacer le regard et le porter également vers celles et ceux qui les lisaient à 500.000 exemplaires mensuels, et qui s’identifiaient dans l’underground de la subculture. Il faut également attirer l’attention de l’influence stylistique de Malcom Mac Larren et de Viviane Westwood sur le look Kustom de manière immédiatement diversifiée et transgressive, manifestation d’une attitude antisociale mais de présentation “Klassieuse” telle que les illustrations le présente, volontairement à destination des plus du trois-quarts de vie déjà utilisés…
Et puis, il faut aussi saisir l’impact de la médiatisation de ces vieux fous et folles notamment à partir de leur passage à la télévision américaine et qui font scandale sur le plateau quoique applaudis par Donald Trump et Elon Musk, un bref épisode télévisuel, les look’s “Chromes” causant un choc national conduisant à la suppression de l’émission. Par ailleurs, l’impact des suiveurs et des suiveuses réunis est aussi à évaluer sur la diffusion de l’imagerie anticonformiste, troublant l’ordre de l’apparence lisse, en rupture avec tout ce qui se fait. L’influence se fait sentir au niveau de la transgression qu’elle produit, d’une part sur le plan esthétique, ensuite sur le plan philosophique, enfin à celui de l’apparence. Une des hypothèses que je fais sur l’émergence d’un style “Chromes” en France réside dans la diffusion des looks qui pourraient permettre l’identifcation à une mouvance rebelle du troisième âge…
Le style “Fuck you” deviendrait une signature. La transgression s’opère avant tout par la volonté de ne ressembler à rien de ce qui existe et de se démarquer des styles existants : hippies, rockers, mods, skinheads, ploucs, politiques et militaires etc. Cette démarcation se construit sur la volonté de produire une apparence à soi, mais une apparence qui ne laisse pas indifférent. L’outrance accroche le regard… Si tous les “ChromesFlammes” ne sont pas dans cette mise en scène d’eux-mêmes, celles et ceux qui adoptent ce look transgressif sont ceux qui vont être médiatisés. Par les vêtements, le maquillage, les coupes de cheveux, tout cela adoptant une manière stylisée de dire “Allez-vous faire foutre”, sans avoir besoin d’ouvrir la bouche. C’est alors l’expression d’une nouvelle manière de dire “Fuck you” qui se disséminerait de manière rhizomique, entretenant des apparences, des attitudes, des modes de vie.
Ce premier pas en avant consiste à se constituer une apparence aussi singulière que dérangeante vis-à-vis de l’extérieur mais hautement valorisante en regard de la sophistication apportée. Les blousons de cuir noir qui incarnaient les mauvais garçons depuis les années 1950 qui finissaient par se hérisser de clous et se bardaient de chaînes, les colliers de chien, les ceintures à clous et les bracelets de force, les vêtements déchirés croisés avec les accessoires de la communauté fétichiste et SM, les Doc Martens, le maquillage outrancier, les cheveux hérissés, décolorés-colorés, le crâne rasé en partie pour former une iroquoise ou une mohawk, mais aussi les cadenas en guise de bijoux ou les épingles à nourrice passées dans les joues ou les oreilles, les tatouages encore, voire les scarifications… ne sont, avec le style “Chromes”, plus de mise.
Il s’agit bien d’en finir avec un monde de préciosités et de s’opposer à la société qui essaie toujours d’imposer sa discipline. Inventer son look constitue une tendance. Dans cette rupture se situe aussi le jeu les jeux de chevelure très colorées pour les femmes comme pour les hommes. Ce sont tout d’abord les cheveux hérissés façon souvenirs de Richard Hell, John Rotten Lydon, Sid Vicious et Billy Idol. Mais au-delà que c’est ici présenté par des vieux et vieilles, c’est un look de jeunesse, voire un look adolescent qui permet d’afficher ostensiblement son appartenance à un mouvement High-Class hors normes et son rejet de l’ordre social. Néanmoins, ce look se perpétuerait auprès d’un certain nombre d’actrices et d’acteurs interrogés qui ont tous des Hot Rod’s dans leur garage… C’est l’opposé du nihilisme désenchanté conduisant à légitimer les excès d’alcool et de drogue et du pas de futur…
C’est la vie dans l’instant, le corps dans la défonce à l’alcool, la colle, l’héro, le trichlo, tout ce qui se snife, s’injecte, se fume. “Snifn’glue” est d’ailleurs le titre d’un des plus célèbres fanzines punk anglais créé par Mark Perry en 1976. Mais le No Future peut se lire autrement. Les modifications de l’apparence qui ont émergé depuis la sous-culture punk peuvent cependant se comprendre comme un appel au désordre, un jeu qui vise à la fois à communiquer cette différence comme signe d’affirmation de soi (preuve de singularité) et en même temps comme expression d’une identité collective. Le sens du style sous-culturel, c’est avant tout de communiquer une différence et d’exprimer une identité collective. La stylistique punk est passée en effet d’une façon de manifester un rejet des codes sociaux à une appropriation de certains de ses symboles par la mode.
Le moment “Chromes” serait donc un moment instituant. Son énergie contenue dans ses capacités d’initiatives, son rejet des conventions et des circuits institués, son agressivité face aux pouvoirs établis, y compris “merdiatiques” ont surpris toutes celles et tous ceux qui observaient Chromes&Flammes de loin et qui, pour la plupart, ne prenaient pas du tout la mesure de ce qui se jouait jusqu’à la fin des années 1980 avec la délation su Groupe Hommel envers Chromes&Flammes afin de favoriser Nitro… Quand c’est venu, on n’y a certainement pas prêté l’attention nécessaire. Et pourtant, cet acte de guerre a laissé des traces par sa médiatisation, sa mise en scène et les récits qu’il a produits. En faits et réalités, cela m’a poussé à diffuser dans le monde entier (500.000 exemplaires mensuels en 5 langues) mais à m’orienter vers la presse numérique avec SecretsInterdits en cobaye qui a affolé les compteurs.
Le second temps du mouvement fut la généralisation du tout numérique après un bref essai d’un an pour voir si la faillite du Groupe Hommel laissait place à un renouveau de l’édition “papier”... Ce n’était pas le cas… Ce second temps intervient très rapidement et a produit les icônes que sont le trio trois en un ChromesFlammes/GatsbyOnline/SecretsInterdits, un passage de l’inventivité à la stylisation qui engendre la signification d’une attitude rebelle et apparemment antisociale mais de fait politiquement incorrecte affichant une posture d’insoumission, voire de rébellion se démarquant de l’uniformisation stylisée des apparences, rechignant à adopter une stylistique qui se normalise. Les pratiques concrètes vont alimenter non seulement l’imaginaire du “cyberpunk” mais aussi les fictions post-apocalyptiques de “New York 1997” à “Mad Max”, contribuant à initier une représentation des possibles.
Cela ouvre des perspectives visant à modifier, à éprouver les fiction pour les rendre réelles pour s’y ancrer d’une personnalité d’imagination et de rejet des normes préétablies produisant également des images imprimant une manière d’être et de paraître y compris dans la représentation politique dans l’économie et le culturel. Néanmoins, les itinéraires empruntés par une attitude, une philosophie, un “fuck you” fédérateur, s’exprime par divers moyens, malgré la diversité des trajectoires, des apparences et des pratiques. Ce que j’explore, c’est aussi comment l’énergie créatrice, l’injonction à oser, se retrouve dans l’art, la production artisanale, ce qui ouvre aux connexions dans les loisirs qui d’une certaine manière s’articulent à un autre axe de réflexion, celui de… Pfffffffffffffffffff ! Je stoppe cet articmle… Venez… Abonnez-vous de suite… Un euro seulement… Il y a 4.500 articles qui vous attendent !