Un opéra exceptionnel…
Leur duo avait déjà enfanté des débats d’esprits d’un équilibre idéal entre théatre et musique, il a récidivé avec un spectacle exceptionnel.
Les anges ont survolé le web toute la journée jusqu’au lendemain aux petites heures de l’aube.
Entre metteurs-en-scène anonymes et chefs d’orchestre débiles, le web a trouvé sa longueur d’onde et son dynamisme magique.
Les actrices de cet opéra en un acte, se sont toutes élançées en volutes passionnelles dans une forme éblouissante, ivres de jeux ou chaque détail trouvait son écrin, caressant les sens, ne les couvrant jamais.
Sans trahir l’opulence de la partition, pas plus que le raffinement de la langue, cet opéra a recréé le bonheur perdu dans un humanisme qui a réveillé la totalité du Web.
Mon bonheur s’est abreuvé de cette direction d’actrices dans une scénographie d’une légèreté des plus suggestives.
Rien ne s’est démontré, ne s’est appuyé, jusque dans les moments de farce, dans une sorte de grâce chorégraphiée.
Prélude à la lucidité de l’âge, au temps qui fuit, à la conscience de “l’éphémérité” des choses qui submergeront tous et toutes, les textes publiés ont été d’une rare beauté retenue.
Hélas, le rideau est ensuite retombé sur le petit monde intriguant et vénal qui grouille devant les claviers d’ordinateurs éreintés de tant de vaines passions.
Le second acte prévu pour peu, finira de mettre l’ordonnance en pagaille et permettra la disparition des toiles de l’illusion.
Ce sera le méli-mélo de cette farce qui catalysera les émotions dans un chassé croisé de messages, frôlements d’émois, doutes qui fissurent les illusions bientôt perdues.
Que de subtilités en un éclair de nuit étoilée sur des écrans d’ordinateurs devenus neigeux d’imaginaires.
J’ai fermé le placard à clef, fatigué.
Ce soir, j’ai reçu quelques amis venus spécialement pour un moment unique, un moment d’émotion tel, que les broutilles sont sans intérèt.
Il y avait Jacques, le grand Jacques, Georges, l’immense Georges, et Serge toujours pareil à lui mème.
Ils m’ont dit que les orages sont les cris d’amours perdus.
Nous avons donc écouté un orage, parce que c’était le seul disponible à ce moment.
Le vent puissant qui accompagnait l’orage a emporté Gilbert.
Gilbert on ne l’écoutait plus, ses poèmes chantés on les avait peut-être trop entendus, mais pas vraiment écoutés.
Alors, avec Jacques, Georges et Serge plus quelques autres qui se cachaient par pudeur, j’ai réécouté tous les poèmes de Gilbert.
Les enchères de sa vie avec son monsieur Pointu, ses émois d’amour avec Nathalie, ses conseils, sa solitude qui n’existait pas, et dieu qui était mort.
On a bu un chocolat, et on a pleuré, pas dansé….
L’orage n’a fait que passer, le vent est tombé…
Lorsque j’ai ouvert les yeux, Jacques, Georges, Serge et tous ceux et celles qui étaient cachés pudiquement, étaient partis.
Je me suis levé, j’ai jeté la clef du placard vers le ciel en criant “pourri” à dieu qui n’existe pas plus que la solitude de Gilbert…
La clef n’est pas retombée.
Gilbert Becaud à rejoint Jacques Brel, Georges Brassens, Serge Gainsbourg et bien d’autres qui nous montrent la voie pour plus tard…