Va donc, eh! Banane…
Le nombrilisme est la gloire de l’inhumanité humaine. Depuis Montaigne, on sait enfin décrire l’humain, particulièrement la connerie humaine. Elle fait la fortune des uns, elle est le génie des autres, elle est aussi un puits sans fond de bétises. Pourtant le monde est pessimiste, l’atmosphère des jours est noire et les nuits blanches de cauchemars. L’angoisse se vend bien, l’optimisme non. Les médias ne parlent que des vainqueurs, mais c’est souvent miracle de gagner. En fait tout le monde perd, c’est la finalité de l’activité humaine. Fidèle à moi-même, j’ai résolu, après quelques verres de Battida de Coco (hips!) de vous écrire quelques conneries complémentaires, rien de moins qu’une narration de la vie sous un angle syncrétique qui vous déroutera si ceci est votre première lecture.
A quoi reconnaître une véritable connerie ? Qu’est-ce qu’un non-évènement bidon ? Comment sort-on du crétinisme ambiant quotidien pour peser aussitôt lourdement sur celui-ci ? Y a t’il quelques choses de commun entre l’émergence d’une imbécilité et l’apparition œufs de Pâques à Noël ? Pourquoi les vrais cons ont-t-ils le charisme de beignets réchauffés ? En une phrase ; comment l’histoire humaine bifurque-t’elle de l’état de salades vers celui de loukoums ?
Autant de questions noires qui vont maintenant hanter vos nuits blanches. Je vais m’évertuer à éclairer l’intérieur de vos boîtes craniennes avec humanisme et érudition, mais surtout avec passion, avec la faconde et l’inventivité dans la narration qui me rapprochent parfois du poète ou de l’oracle. Mon décodage de la connerie des beaufs-boeufs se veut un soutien à la compréhension de notre époque bouleversée et bouleversante, dont la richesse m’émeut jusqu’à l’érection, tout comme le rameau s’élance de la tige… faisant surgir l’imprévisible ou la nouveauté apparaît.
C’est que l’hypermédiatisation de la non-actualité-spectacle me pose des problèmes de con-science. C’est qu’on a souvent plus que l’impression qu’on est dans une situation parce qu’on l’a dit dans le poste et écrit dans les feuilles de choux ou ne naissent pas les vraies réalités. Un évènement qui n’est pas spectacle, n’est pas un évènement. Aristote a répondu à cette question angoissante au IV ième siècle avant Jésus Christ qui n’a jamais existé. Pour Aristote, l’essence (qui n’existait pas à cette époque) du spectacle, c’est la terreur et la pitié. Rien d’autre à dire !
Et la barbarie de ces prises d’otages, de ces décapitations filmées et diffusées sur le Web ? A rapprocher de ce qui s’est passé à l’école de Beslan, en Ossétie. C’est de la barbarie, en effet, que de mettre à mort des groupes d’enfants, mais n’oublions jamais que nous avons fait beaucoup mieux en Occident. 14-18, 40-45, Hiroshima et Nagasaki, la Shoah… Nous ne sommes pas des non-barbares, nous sommes les barbares majeurs du XXième siècle ! Par ailleurs, le massacre des innocents est dans notre culture, il figure dans les textes soi-disant sacrés. L’immolation des enfants se faisait à Carthage en sacrifice au dieu Baal. L’homme est le seul animal avec le rat, à perpétrer le meurtre dans sa propre espèce.
Mais il y a un progrès, une évolution de l’humanité, notre société fait l’éloge de la connerie qui est devenu un art. L’art d’être totalement con, mais aussi l’art de prendre les autres pour des cons. Des plus cons que soi, bien entendu, mais qu’entendent encore les rois de la masturbation des masses ? Le progrès qui résulte de cette jouissance molle, c’est que nous sommes scandalisés par le massacre de nos innocents, mais pas innocents de nos massacres envers les autres… Comment voulez-vous extirper la connerie qui est ancrée au plus profond de notre imbécilité lorsque, regardant benoitement le “Journal” de 20 heures de TF1, on a vu et entendu il y a quelques années, le grand patron de cette chaîne télévisuelle française expliquer dans une interview hallucinante, que les programmes diffusés par “sa” chaîne n’étaient destinés qu’à préparer mentalement les spectateurs à capter les messages publicitaires….
Dans quel paysage culturel vivons-nous ? Depuis lors, les cons (et connes) qui regardent les conneries “à la télé” savent qu’ils (et elles) sont les esclaves de la télévision… Mais, abrutis par la connerie, qui pourra encore rompre ses chaînes…? Se déchaîner….en se déchaînant sur la bêtise… Ce qui a suivi cette interview fut une ode à la déshumanisation… C’était une suite d’image, une jeune fille blonde, une fausse belle, le nez en trompette, la joue rose, l’oeil absent, un côté cochon de lait, un côté porcelet, avec la petite voix mécanique d’un Pokémon à pile. La fille s’appelait Britney Spears. Elle était chanteuse de salle de bain, et aux dernières nouvelles elle serait maintenant chanteuse de bains-douches. Elle donnait une interview (TF1 aime les interview) en chiquant, en faisant plein de nœuds dans sa bouche et des moues de petit porcelet … et elle répondait à un journaliste avec tout cet aplomb que donne une profonde stupidité. A une question sur la politique américaine en Irak, elle n’a pas froncé les sourcils, elle n’a pas cessé de chiquer, elle a juste dit ; “Un peuple doit être derrière son président“. C’était de la bétise. D’imaginer cette créature toute rose derrière George W. Bush confinait à la zoophilie ! Plus tard la p’tit cochonne a voulu montrer qu’elle avait beau, d’un point de vue artistique, tenir plus de la praline d’aéroport que de Marylin Monroe, elle n’en savait pas moins ce que c’était que la révolte… Alors, à l’issue d’un concert un peu chiant avec Louise Ciccone (une star déclinante des années quatre-vingt qu’on connaissait à l’époque sous le nom mégalomaniaque de Madonna), les deux fifilles se sont roulés une pelle.
Hou! Les vilaines. Une pelle comme ça, c’était encore moins d’avant-garde qu’un petit-suisse. C’était un peu triste à voir. On sentait pourtant que c’était important pour elles d’avoir roulé une pelle en public, et tout et tout, et que le monde s’était contenté de bailler un grand coup (le même bâillement lorsque Janet Jackson a montré un sein un peu mou sous les projecteurs)… Après ça, d’ailleurs, Louise a encore changé de nom, de Madonna elle est passée à Esther et elle est partie avec Marla Maples, l’ex-femme de Donald Trump, en Israël sur les traces des cabalistes… Démonstration voulant que c’est quand on s’ennuie ferme qu’on commence à être grossier… “Va donc, eh, banane“… Voilà, ça va beaucoup mieux !