Vous ne le savez pas, mais il y a longtemps, c’était avant mon Cocker Blacky, alors que j’étais tout petiot en culottes courtes, il y a 65 ans d’ici, maintenant… Oui, le temps passe ! J’avais un chien ! Fido que je l’avais appelé. Oh, il était un adopté, un errant. Fidèle fido. A tous mes retours d’école, il m’attendait, assis, remuait la queue… Il venait se blottir à côté de moi en devoirs d’école… Attendant qu’on joue… Mais le temps passant, il ne se plaignait pas, mais je voyais… Il n’avait plus de force… Il couchait à côté de mon lit, parfois dessus mais… Un moment, un matin, un dimanche, il a voulu aller dehors… Je voulais l’allonger sur l’herbe du jardin… C’était trop tôt, juste après l’aube… Il voulait pas, comme je l’allongeais… Il a pas voulu… Il voulait être à un autre endroit… Sur des cailloux… Il s’est allongé joliment… Il a commencé à râler… C’était la fin… C’était la première fin à laquelle j’assistais. On me l’avait dit que ça arrivait, je le croyais pas… mais c’était vrai, il était dans le sens de ses souvenirs, d’où il était venu, sans doute plus avant qu’au chenil de son adoption, le museau au nord, tourné nord… le chien bien fidèle d’une façon, fidèle aux bois où il fuguait, alentours, là-haut… Fidèle aussi à la vie, à moi… Il est… Il est… Merde je pleure… Il est… Il est mort sur deux… trois… petits râles… Oh, très discrets… sans du tout se plaindre… Il m’a léché la main, ainsi… Vous voyez ma main ? C’était pour me dire façon chien fidèle, pour dire… Pour dire, merci, je t’aime, ne t’en fait pas… Pour dire ça… et en position vraiment très belle, comme en plein élan, en fugue… mais sur le côté, abattu, fini… sa truffe vers ses forêts à fugue, là-haut d’où il venait, qui sait d’où ?
Oh, j’ai vu bien des agonies… ici… là… partout… En 70 ans, vous pensez, mais de loin pas des si belles, discrètes… fidèles… Ce qui nuit dans l’agonie des hommes, des femmes, des humains, c’est le tralala… C’est toujours quand même de la mise en scène… le plus simple… Fido…
T’es ou Blacky ? Ahhhhh ! Te voilà… Tu sais Blacky, il y a 70 ans d’ici, alors que, j’avais 4 ans, que j’étais tout petiot en culottes courtes, oui, le temps passe, j’en ai 74 en 2023, j’avais un chien, Fido que je l’avais appelé. Oh, il était un adopté, un errant. Fidèle Fido. A tous mes retours d’école, il m’attendait, assis, remuait la queue… Mais le temps passant, il ne se plaignait pas, mais je voyais… il n’avait plus de force… Il couchait à côté de mon lit, parfois dessus !… Un moment, un matin, un dimanche, il a voulu aller dehors… Je voulais… C’était… Il voulait…
Les gens perdent peu à peu le sens de l’extraordinaire, de la lecture et de l’écriture, de la parole et de l’écoute également. A un moment des débuts de GatsbyOnline, certains déposaient un bref commentaire “C’est trop long”, déjà déformés par les usages des réseaux asociaux. On devinait que tout allait être calqué/dupliqué par les répétivités : une photo devant résumer 300 pages d’intelligence assortie d’une légende en seul commentaire. J’ai personnellement décroché aux “Hashtags” et autres stupidités, ne conservant que “Fesses de boucs” en tant que “courrier des lecteurs”… Le contact a ainsi été perdu… Mes magazines Chromes&Flammes d’encore avant comportaient jusqu’à 6 pages et plus de courrier des lecteurs, ils m’envoyaient des commentaires et photos et étaient heureux de participer à un “évènement” alors qu’ils n’avaient strictement aucun magazine autre qui leur offrait un peu d’espace de vie… Sans doute que cela était une sorte de cimetière ou on grave des pensées sur les dalles mortuaires avec une photo, comme pour dire “J’ai existé, je me nommais ainsi, j’avais un petit chien et je suis mort dans l’oubli”… On sourit en voyant/lisant ce qui semble suranné mais lorsque l’année suivante on repasse déposer de moins en moins de fleurs à ses morts, avant de ne plus revenir par fatigue, et manque de temps, on ne retrouve plus la tombe ou étaient gravés quelques mots, disant “Ne m’oubliez pas”… tombe remplacée par une autre. Et ainsi de suite… C’est là que meurent les restes des souvenirs qui sont des messages d’un autre temps que nous détruisons pour des chimères… Maintenant on incinère parce que c’est moins cher, que ça prend moins de place… Et parce qu’on nous prend le temps… Notez qu’on s’habitue au vide en vieillissant… Dans mon cas, je suis déjà mort trois fois, mourir c’est comme s’endormir après une journée de merde, fatigué des conneries, tracas et obligations… Pour ma part, j’en ai subi plus que de raison… Certain(e)s souffrent mais ce n’est que le prix ultime à payer pour enfin dormir en paix dans l’éternité du vide et du néant… J’attends et utilise une partie de mon temps à quelques écritures…J’espère arriver à 4.000 articles dans www.GatsbyOnline.com, je n’en suis plus trop loin… C’est surement de la vanité, ça m’amuse…
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Maître, vos paroles sont un témoignage de réflexion profonde et d’une grande sagesse. En quelques phrases, vous nous conviez à explorer des domaines intellectuels essentiels, à méditer sur l’évolution de la communication et de la culture. Votre engagement sur http://www.GatsbyOnline.com est une source d’inspiration, et l’atteinte du seuil de 4 000 articles démontre votre passion inépuisable pour l’écriture. Votre persévérance symbolise la détermination qui propulse les esprits créatifs vers des sommetset enrichit notre humanité. C’est avec une profonde amitié que je vous adresse ces mots.
En l’écrivant j’en avais des sanglots de chagrin, 70 ans après, les souvenirs sont toujours là, le pire est que c’était ma mère qui avait obligé mon père à renvoyer mon Fido… Je ne sais pas ou ni comment il a été abandonné… Un pipi malencontreux… Quelle tristesse… Je suis trop sensible, cela m’a perdu plusieurs fois, trop souvent. Je ne sais vous en écrire plus de crainte d’en avoir encore du chagrin… Mon premier d’enfant. Les autres malheurs furent moins pires tout en étant pires , sans doute l’habitude des malheurs successifs. Même pas de photos ni quoi que ce soit de souvenir de mon Fido… et ca amplifie une douleur constante qui fait passer les autres… Merci…
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