1939 Déco-Liner Zephyr Sedan…
J’étais nu sur le lit en train de me bâfrer de chips paprika avec la distinction d’un phacochère nihiliste pendant qu’une migraine incompréhensible me cisaillait l’hypothalamus dans un hôtel tout ce qu’il y a de généralement décevant…, quand “ils” m’ont (enfin) téléphoné l’heure et le lieu de notre rendez-vous…, en me disant toutefois que, comme la fin de mon dernier texte ressemblait à du Zola réécrit par Nietzche, “ils” espéraient que le texte que je projetais d’écrire sur leur 1939 Déco-Liner Zephyr Sedan serait d’une autre trempe…
J’ai bafouillé un “Hipsss” pour toute réponse et j’ai terminé mon Mojito abandonné sur le rebord de la table de nuit, tiède depuis déjà un bon moment ! (le Mojito, pas la table de nuit)…
C’est-à-dire que ça n’allait pas très bien.
J’étais seul mais, de mémoire, il n’y aurait eu que le contraire, capable de me surprendre…
Les draps pêle-mêle au pied du lit témoignaient bien d’une présence quelconque à un moment donné, mais rien ne pouvait l’affirmer avec certitude, encore moins le démontrer de manière indiscutable.
Mes souvenirs en la matière avaient à peine plus de crédibilité que la fois où j’étais persuadé d’avoir vu mon ancienne institutrice dans une salle de billard enfumée un soir de grand désarroi… souvenir qui vient à point nommé enrichir les divagations hallucinées que je vous déballe maintenant… avec cette réminiscence débile et complètement fausse par simple démarche absurde… qui caractérise certains de mes écrits…
J’étais fatigué comme on peut l’être à force de plier bagage tous les trois jours comme un fugitif qui n’avait rien fait de répréhensible ou presque…, fatigué de donner des rectangles en papier en échange de biens et de services qui s’avéraient souvent inutiles…
J’étais démotivé par toutes sortes de projets existentiels considérés par l’ensemble de l’humanité comme hautement fondamentaux, refusant le travail par principe, me déplaçant en permanence en Excalibur, méprisant l’humain par réflexe lucide… et conservant un seul rêve latent, celui d’arriver un jour à penser à autre chose qu’à rien…
J’étais également inapte à toute réflexion profonde me concernant, puisqu’il n’y avait pas matière à analyser ou à extraire quoi que ce soit de mon génie…
Un exutoire néantisant de cinquième catégorie tel que l’observation flasque d’un Kustom-Kar par une fenêtre curieusement propre se trouvait ainsi considéré par mon jugement tortueux comme étant l’ultime trouvaille comportementale.
Mon statut vital ne dépassait guère celui d’un distributeur de cigarettes pour prostituées camées à la sortie d’épiceries nocturnes.
Le suicide ne figurait pas dans ma liste d’options immédiates, j’avais encore un peu d’argent qu’il aurait été illogique de ne pas dépenser stupidement…, j’avais encore un objectif d’ordre relationnel qui occupait par défaut mes comas éveillés malgré ma déprimante fragilité… et surtout, j’avais décidé que si le choix me revenait, je préfèrerais mourir noyé dans les eaux pétillantes (Swepppppsss, ça pétille) du lac de Genval…
Ca n’avait pas plus de sens que le reste de mes acquis mentaux… et je crois que c’est en vertu de cela que j’y voyais un signe du destin ou du vertige humain général.
A force de fantasmer sur MON concept concernant les autos électriques, j’avais quasiment réussi à atteindre mon but…, il ne me restait plus qu’à arrêter d’écrire à n’importe qui, là où en arrivent les plus perspicaces, les nuits sans intérêts, pour que ma prétention au titre de rénovateur de l’inhumanité automobile n’ait pas l’air injustifiée… et je pensais bien qu’échouer à cette obtention était désespérément dans mes cordes.
Michel Houellebecq aurait très bien pu entrer dans ma chambre avec son air de lémurien diaphane et se serait assis à côté de moi en jetant un œil brillant et passionné sur mon style syntaxique que ça ne m’aurait pas enlevé le désir intense de scruter le plafond pendant de longues heures à la recherche d’un faux espoir en quelque chose.
Pour être factuel, il ne me restait que l’espoir en rien.
Je ne savais même plus dans quel ordre je me devais positionner mes idées sur l’échiquier planétaire, quelles pièces pouvaient passer par-dessus les autres ou si c’était à mon tour de jouer.
Ce qui était évident chez l’adversaire fantôme qui hantait mes nuits blanches et qui lui donnait un avantage certain dans cette partie très déséquilibrée, c’était la présence d’une stratégie rodée qu’il mettait en place avec une sérénité qui ne pouvait qu’exacerber mon fatalisme.
D’autres l’auraient fait et peut-être à juste titre, mais je n’avais pas vraiment ni le courage ni l’envie véritable de verser cinquante centilitres de Mojito tiède sur le clavier de mon ordinateur portable, de jeter l’argent aux automobilistes qui passaient et d’envoyer encore une fois par lâcheté absolue un message vil et blessant à certains internautes avant de prendre un dernier verre.
Alors je me suis levé sans attendre que la vie fasse quelque chose pour moi… et je suis allé inspecter l’engin….
Le Déco-Liner Zephyr Sedan est un Hot-Rod façon Kustom-Kar-Delivery servant à transporter la Déco-Scoot, une Harley Sportster traitée façon Chopper-Kustom…
C’est simple à pleurer, c’est d’ailleurs ce que je fais en tapotant ces lignes…
Ces deux engins ont été présentés à la Bonhams & Butterfield Motor Auction du 9 Mai 2009 au Quail Lodge à Carmel, Californie où la plus haute enchère a atteint 100.000 dollars…, montant qui a été rejeté comme étant trop faible par leur propriétaire : Terry Cook.
La voiture et le vélo sont restés en vente depuis-lors sans encore trouver d’amateur éclairé…
Les graves acheteurs intéressés peuvent téléphoner aux USA au 00 1 908 876 9100.
La construction du Déco-Liner Zephyr Sedan a demandé trois ans, c’est la réalisation d’un rêve de Terry Cook, habitant à Long Valley dans le New Jersey.
Le châssis a été conçu par Gary Brown, la voiture et le vélo à moteur Harley ont été construits en 6 mois, mi-2008 dans un “marathon-thrash” par Gary et Dylan Brown et Robert Winningham de Brown’s Metal Mods à Indianapolis.
Cook a réussi à faire rentrer une Harley Sportster’92 à l’intérieur de la voiture selon une conception de l’artiste Frank Nicholas, ce qui a nécessité l’utilisation de la traction sur les roues avant afin d’éliminer un arbre de transmission et obtenir ainsi une hauteur minimum du plancher arrière.
Pour la suspension arrière Gary a choisi un système de sacs gonflables Air Ride Technologies provenant de chez Fat Man Fabrications.
Tout ces détails et noms sont authentiques, mais je suis certain que vous n’en avez strictement rien à f…
Pourtant, certains d’entre-vous osent m’écrire que je devrais être plus techniquement explicatif dans mes descriptions…, ce à quoi je réponds que je n’en ai rien à f… moi-même…
Ce qui devrait mettre fin à ce débat qui par ailleur n’a jamais vraiment débuté, raison supplémentaire de le cloturer…
Une longue rampe entrainée par un moteur électrique qui fait tourner une longue vis filetée “sans-fin“, abaisse le vélo Harleytisé pour l’amener à l’intérieur… ou à l’extérieur !
Cook estime que cette voiture présente un nouveau concept à la mode Rodding : le concept de la bicyclette Harleytisée dans une voiture !
Selon lui, c’est une bouffée d’air frais dans un autre monde vicié et ennuyeux !
Terry Cook est un junkie s’enorgueillissant des travaux des regrettés Jacques Saouchik et Guiseppi Figoni qui doivent se retourner dans leurs tombes…
Un autre homme impliqué dans ce projet a été Denny Jamison d’Automotive Hammer Art sité dans Gasoline Alley à Indianapolis, qui a construit le Chopper-Kustom ’92 Harley Sportster, dénommé Déco-Scoot, peint en RM Carizzma perle et violet nacré.
Aucun passant n’a éclaté les vitres de Déco-Liner en envoyant une solution détonnante ficelée à un pavé.
C’est sans nul doute la preuve que ces deux engins plaisent au public…
Je vais peut-être descendre faire un micro-trottoir pour en avoir confirmation !
Je tomberai avec un peu de chance sur un disciple de la secte Moon qui verra en moi un grand potentiel d’adorateur du bulbe de cèpe et je passerai les prochaines années en kimono à chanter les louanges d’une entité quelconque en jouant du tambourin en queue de file pendant les processions quotidiennes de prières spontanées aux esprits élémentaires.
Que voulez-vous que je vous dise de plus sur ces deux engins ?…
Ca me fait pleurer de rire alors que j’ai plutôt envie de pleurer tout court.
C’est sûrement un des effets thérapeutiques de l’écriture ou un système défensif disposant d’un générateur de camouflage en mauvais état de marche.
Certains auteurs détaillent avec style le programme accompagnant la fin d’un texte, à savoir aller aux putes, se bourrer la gueule ou chier de façon prospère…
Je vais continuer à surveiller les alentours de la gare depuis mon perchoir dans l’attente d’un évènement dénué du moindre intérêt afin de pouvoir vous en faire un exposé détaillé prochainement.
Voilà, ce sera tout pour ces premières réflexions du cru hautement réalistes, vous pouvez me croire sur écrit.
Si vous prenez un billet pour la Californie suite à cette lecture, je ne vous en voudrais pas, je vous demanderais simplement de me laisser en paix, fatigué d’attendre ce qui n’arrive jamais.
Bien aimable à vous.
Il est bien peu aisé d’écrire en travaillant, ne serait-ce que trente-cinq heures chacune des quarante-sept semaines, le tout élevé à la puissance annuelle, car il est avéré que les révolutions terriennes ne s’ajoutent pas mais se multiplient par elles-mêmes, en tout cas si l’on en croit le faciès de la gardienne de l’hôtel ou je suis descendu, gardienne que j’aurai le plaisir de vitrioler du regard dès demain lors de mon départ ostentatoirement méprisant et naturellement agressif.
Il est certain qu’écriture et activité professionnelle jumelées font rarement bon ménage ; pour preuve, on constatera que les scripts lucides ne concrétisent que rarement une activité autre que celle qui revient à pilonner les rotules de leurs contemporains à coups de masse de chantier tout en insérant de nombreux pipe-lines dans leurs orifices corporels…, bienheureux hommes réalistes qu’ils sont…
Le travail est un phénomène originellement accidentel entretenu depuis ces temps reculés par des personnages avides et malveillants qu’il aurait fallu droper nus depuis un transport aérien de troupes au milieu d’un champ d’oliviers grecs durant la saison chaude des sangliers et autres bouquetins locaux afin qu’ils parviennent finalement, au bout de quelques mois d’errance douloureuse – oserai-je dire homérique -, à admettre que leurs prophétisations sinistres étaient tout à fait sans fondements (Je tiens à m’insurger ici-même de l’orthographe consternant et abusif du terme ‘prophétisassions’, encore un méfait de linguistes peu inspirés qui devraient subir une sanction similaire à celle de leurs tristes collaborateurs cités un peu plus haut. Ce ‘t’ devra donc être considéré par les hordes de profanateurs à la solde des rampantes valeurs ataviques comme étant le porte-drapeau de mon indignation littéraire ainsi que l’usufruit de mon âme impitoyablement contestataire et belliqueuse envers ses dépôts de Pivotiens analement encombrés. Et je suis encore bien trop indulgent)…
On trouve bien évidemment des illustrations notables de récits néo-réalistes faisant mention de ce principe largement modelé donc et ce, à des degrés divers.
Certains essayent d’y voir un prétexte et d’autres – à l’instar d’un glorieux compatriote exilé au pays du trèfle – y décèlent une légitimité à écrire.
Opposition drastique s’il en est entre les méritants de lauriers à triple étage culminant au faîte de l’encéphale et de compteurs à gaz vigoureusement enfouis dans la tempe car si le sujet est vaste, l’aspect notoirement bêlant de ce que l’on peut péniblement en survoler et maladivement en lire l’est aussi et plus démesurément encore… (Notez l’usage outrancier de notre ami et confrère l’adverbe. Nonobstant une récurrence délibérée, son effet de dynamisme larvé reste néanmoins indispensable à toute construction syntaxique d’ordre majeur se voulant et devenant de fait, toute inhérence conservée au talent et à l’instinct scriptural du stratège malicieux juché sur sa chaire lettrée et positionnant ses bataillons à la mesure synaptique des mélopées wagnériennes qu’il affectionne, d’un style dénué de retenue quelconque ainsi que de toute modestie qui serait ici d’un goût absolument douteux et inadapté à l’éloquence reconnue dudit commandeur)…
Fréquenter cet univers immonde peuplé d’hommes et de femmes qui ne sauraient plus en être vraiment, ne vous rapportera qu’agacement exacerbé et dévalorisation spontanée dès lors qu’une ignoble tant que stridente sonnerie matinale, vous rappellera à l’ordre de vos insurmontables erreurs passées au centre purulant desquelles vos doigts légitimement fébriles signant en bas de votre acte de décès intellectuel mais que vous avez voulu assuré face à l’engeance démoniaque comme une affligeance obtenue par combinaison génétique innommable…, qui ose à présent se poser en employeur de votre négligeable personne…, tiennent une place dont la prépondérance n’est, fatalement et misérablement pour vous, même plus à démontrer.
De manière large et englobant synthétiquement les denses et non moins admirables développements antérieurs, si jamais la circulation vasculaire de votre cervelet à l’image de celle de votre bulbe rachidien demeure suffisamment élevée pour permettre une appréhension de ce niveau, vous comprendrez donc qu’effectuer un travail de catégorie non-littéraire simultanément à une charge aussi monumentale et prioritaire que la description chronique des sens et de leurs opposés, revient à s’amputer de la cuisse à l’étau de menuisier en tentant d’extraire le bloc de marbre rose qui pointe inévitablement à équidistance de vos sourcils dont la délicatesse de l’expression est sans le moindre débat à ce sujet, comparable à la grandeur de la posture du Yorkshire nain déféquant sur la promenade longeant le littoral de la ville de Boulogne-sur-Mer par une bourrasque polaire alors que Madeleine Fripard, octogénaire tracteur de cabas roulants expérimentée et abonnée des premiers jours à Gala, dont votre niche pestilentielle est bourrée jusqu’à la gueule, joue de son poignet grêle pour vous décoller les vertèbres cervicales à l’aide de faibles mais néanmoins répétitifs coups sur votre laisse écossaise, froissant dans le même geste votre fameux pull boudinant en patchwork Jacquard…
Un second volet quelque peu éloigné des affres suicidaires spasmodiques qui n’a pas pour but de mettre en avant mon aspect lunatique et exhaustivement martelé à la perforeuse… mais plutôt, et vous conviendrez aisément de la primauté de sens induite à son endroit…, la désastreuse prolifération de l’élément professionnel au cœur des priorités psychiques… et donc par extension porteuse d’une logique tant évidente que limpide, sa responsabilité indéniable pour ne pas dire grossièrement flagrante concernant l’attraction vers le bas subie par les aspirations déjà hautement abyssales des bipèdes nous environnant.
Voilou…, j’ai tenté de vous décrire au mieux ces deux engins totalement éloignés de mon concept électrique, je suis au bout… et à bout…
En vous remerciant…, bonsoir.