1940 BMW 328 Kamm Coupé…
Le lac de Côme se trouve en Lombardie, dans le nord de l’Italie, cette zone balnéaire haut de gamme connue pour ses paysages spectaculaires est adossée aux contreforts des Alpes…, le lac a la forme d’un Y renversé avec trois fines branches qui se rejoignent à la station balnéaire de Bellagio…
A l’extrémité de la branche sud-ouest se trouve la ville de Côme, avec son architecture de la Renaissance et un funiculaire qui rejoint la ville de montagne de Brunate…, le lac de Côme, au printemps est chaudement recommandé : douceur du climat, calme clapotis de l’eau, vent frais dans les cyprès.
La Villa d’Este, au bord du lac de Côme, a vu passer la fine fleur de l’aristocratie européenne des cent cinquante dernières années, vite rejointe par les plus grandes stars d’Hollywood…, sports de plein air, balade en bateau et en automobile, découvertes, ici la vie ressemble au cinéma… et la lumière hésite entre les chefs-d’œuvre de Luchino Visconti et Gatsby le Magnifique…
La majesté du lac et le charme de la petite ville de Côme font le reste…, c’est l’endroit rêvé pour marcher dans les pas des couples de légende : Rita Hayworth et Orson Welles, le duc et la duchesse de Windsor, ou encore Onassis et la Callas…
C’est Tolomeo Gallio, un cardinal de 38 ans, protecteur du royaume de Hongrie qui fit construire la villa en 1568…, la Villa d’Este doit son nom et la splendeur de ses jardins à Caroline de Brunswick-Wolfenbüttel, épouse du prince de Galles, le futur George IV d’Angleterre…, elle devint propriétaire de la villa en 1814 et l’aima tellement qu’elle ne devint jamais reine que de ce bord de mer d’eau douce…
Devenue hôtellerie en 1873, la villa ajouta à sa tradition aristocratique une riche clientèle américaine…, depuis, malgré quelques mauvaises passes, les puissants n’ont plus quitté les lieux.
https://www.villadeste.com/
La Villa d’Este ménage ses effets…, le vaste hall d’entrée et son double escalier magistral révèlent une enfilade vertigineuse de salons…, la terrasse et ses mosaïques dominent le lac…, dans des vases, partout, des bouquets de chrysanthèmes jaunes et blancs…
La piscine est comme posée sur le lac…, à cet endroit-là du monde, la lecture d’un journal imprimé sur du papier a encore du sens, c’est d’ailleurs l’activité principale de ceux qui bronzent le matin… de ceux/celles qui peuvent débourser 10.000 euros pour une nuit (d’amours)…
En avril 2010, j’étais là, à mon tour, à rêver de bonheurs interdits et de quiétudes ouatées, cherchant du regard un fantôme du passé, lorsque, soudain, entre les murs crème et terre de sienne de la vénérable demeure, un vrombissement majeur a interrompu ma quiétude matinale.
Du garage de la Villa d’Este autant que du passé, est sorti un véhicule argenté à l’allure et au bruit menaçant : une BMW 328 Kamm Coupé de 1940…
Peu de temps après, elle était suivie par un autre bolide extrapolé du roadster 328, la type “Mille Miglia” originale qui remporta, en 1940 également, la célèbre course sur route ouverte entre Brescia et Rome, soit mille milles, aux mains de Huschke von Hanstein et Walter Baumer…, au nez et à la barbe des Alfa Romeo qui avaient à peu près tout gagné depuis 1927.
La victoire allemande de 1940 ans et les 100 ans de la firme italienne en 2010 : toujours concurrentes, les deux marques s’étaient retrouvées à la Villa d’Este du 23 au 25 avril 2010, au centre du Concorso d’Eleganza qui est un peu à l’automobile ce que les défilés sont à la haute couture…, sauf qu’ici, ce sont surtout les véhicules historiques qui brillent de tous leurs chromes, toutes plus belles les unes que les autres, toutes à ressortir miraculeusement sur le gazon frais tondu des luxuriants jardins de la Villa d’Este.
Exposées autour d’un platane géant, au moins deux mètres de diamètre au tronc, elles représentaient les symboles esthétiques d’une époque.
Si les Bentley 8 litres et Mercedes-Benz 710 SS des années d’avant la “dernière” guerre mondiale, visaient juste le confort, la performance, l’assise d’un statut social, sans se préoccuper de la masse ou de l’aérodynamisme, c’était un autre temps…
Ensuite les lignes se sont fluidifiées, comme celles de la Packard 1507 ou de la Lancia Astura 4 (une merveille d’équilibre, les ailes avant et arrière se répondant admirablement) ou encore de la championne toutes catégories du genre, la Talbot-Lago de 1938, à la forme dite “en goutte d’eau”, comparable à la Bugatti Type 57 SC Atlantic présentée au Concours 2009 par Ralph Lauren.
Puis la crise (quelle crise ? Celle de 29, pardi !), est passée par là, faisant du rendement une priorité.
Ces préoccupations aérodynamiques ont eu des effets notoires, particulièrement sur base de la même BMW 328 : la Kamm Coupé, due à Wunibald Kamm, affichait un coefficient de pénétration dans l’air (Cx) de 0,25, pour 0,35 à la version Touring Coupé.
A la même époque s’est développée la tendance roadster, voitures sportives légères, rapides, agiles, représentées par les Alfa Romeo 6C 1750 et 1500 GS, MG K3 Magnette, et la BMW 328, une réussite technique, sportive et commerciale des années 1930 chez BMW…, le carton plein avant la traversée du désert suite au conflit mondial.
BMW a ainsi posé son empreinte sur l’histoire automobile et la course des Mille Miglia en 1940 en plaçant quatre 328 dans le top six (1e,3e,5e et 6e)…, les 328 ont installé BMW parmi le gratin des constructeurs, sa polyvalence a fait briller la marque sur tous les terrains avant-guerre.
Le constructeur ne s’est donc pas privé de commémorer ce moment historique à Villa d’Este puis aux Mille Miglia avec une édition spéciale de la Z4, limitée à 99 unités…, son histoire était récente, il lui fallait un modèle hors normes pour marquer son territoire : la 328 sera celui-ci.
En 1936, BMW n’était pas encore le constructeur renommé et respecté d’aujourd’hui lorsqu’il a présenté le prototype de la 328 en juin 1936…, sur le plan technique tout d’abord le cabriolet bénéficiait des avancées du constructeur, l’ingénieur Fritz Fiedler venait de mettre au point le 6 cylindres 1L9 de 80 chevaux associé à une transmission manuelle quatre rapports.
C’était la première fois qu’un moteur recevait une culasse en alliage léger, montée en série avec des soupapes en tête en V…, la 328 recevait également un châssis à structure tubulaire.
Les lignes du cabriolet furent confiées au dessinateur Kurt Joachimson…, d’origine juive il fut rapidement rejeté dans l’ombre au profit de d’un certain Fiedler, à qui l’on attribuera longtemps le design de la 328.
Légère, maniable et puissante, la 328 Roadster va se tailler d’emblée une place de choix sur le marché allemand…, sa polyvalence et son prix raisonnable vont la propulser en tête des ventes, elle va ainsi devenir le fer de lance de BMW… et jusqu’en 1940, 464 exemplaires seront produits.
Cette réussite commerciale va se prolonger sur la piste et connaître son apogée en 1940 aux Mille Miglia.
Aujourd’hui les BMW 328 sont très recherchées par les collectionneurs ; les enchères organisées lors des Sporting Classics de Monaco le 1er mai 2010, ont vu un roadster Bügelfalte 1937 changer de propriétaire pour la somme de 4.38 millions d’euros.
Pendant la seconde Guerre Mondiale ce roadster avait appartenu à Albert Speer avant d’être saisi par les Russes.
A la villa d’Este et sur les bords du lac de Côme, le mot du week-end d’avril 2010, c’était “Kamm Tail”, ou “Kamm Back”, ou encore “K-Tail”…, en français ça donne “Queue de Kamm”, mais je trouve que ça ne sonne pas terrible…, sauf sexuellement, mais ce double sens, quoique bienvenu…, laisse en bouche un goût de Suchis peu en phase avec le luxe affiché jusque dans les strings…
Pour commencer, il faut que je vous parle d’un type qui s’appelle Paul Jaray, un Hongrois qui avait décidé d’étudier l’aérodynamisme des bagnoles…, il faut dire qu’à l’époque c’était pas triste, on ne produisait que des cubes surélevés… et les considérations de résistance à l’air n’étaient venues à l’esprit de personne, à tel point que ces voitures étaient plus aérodynamiques en marche arrière qu’en avant !
Leurs formes carrées généraient d’énormes turbulences derrières elles, qui retenaient littéralement les autos comme sous l’effet d’un aspirateur géant…, problème, cette forme impliquait un arrière extrêmement effilé, pas très pratique, car long et peu logeable.
Bref, en 1922 Paul Jaray breveta sa solution miracle : une voiture en forme de goutte d’eau, inspirée des avions, sur laquelle le vent avait le moins de prise possible.
Le gars s’obstinera dans cette voie et continuera à créer des autos de plus en plus longues, pour Opel, BMW, Mercedes… et les plus connues pour Tatra…
Le problème c’est qu’en passant ces voitures en soufflerie on se rendit compte que ce n’était pas forcément la bonne solution…, une forme en goutte d’eau c’était bien, mais ce n’était pas parfait…, car une queue longue, si sur le plan sexuel elle n’est pas forcément nécessaire pour donner un orgasme à son partenaire (hommes, femmes et transsexuels confondus), en matière automobile, elle n’est pas forcément nécessaire à grande vitesse pour jouir du plaisir de la route enchantée…
Ce sont le Baron Reinhard von Koenig-Fachsenfeld et le professeur Wunibald Kamm qui vont mettre le doigt sur la solution et obtenir l’effet désiré…, ils ont créés leurs prototypes avec un arrière effilé (si, si, ça ne s’invente pas), comme sur les autos de Jaray, sauf qu’à un moment la queue est brutalement tronquée (aïe, aïe, aïe…).
Résultat : l’air épouse la forme effilée… et continue son chemin sans faire de turbulences, comme si il y avait une longue queue finissant en pointe (je jouis, là, je m’absente quelques instants, OK ?)…
Bien joué les gars.
Preuve du bien fondé de la démarche, la BMW 328 Kamm Coupé développée en 1938, possède un cX de 0,25, alors que la célébrissime 328 Touring Coupé des Mille Miglia 1940, avec son arrière type Jarey, affiche un score de 0,35…
Bon, en vrai ce n’est pas si simple, il faut savoir où tronquer précisément (sic !)… et il reste un tout petit peu de turbulences, mais au moins, la voiture ne fait pas 3 kilomètres de long !
Le nom “Kamm” restera, sans doute parce que Koenig-Fachsenfel-Tail ça sonnait pas terrible…, l’idée aussi…, pour preuve : nos amis américains décidèrent de reprendre le nom pour un paquet de prototypes et même de voitures de série, comme l’AMC Spirit Kammback, la Chevrolet Vega Kammback Wagon ou encore la Pontiac Kammback…
Bon, les cocos, en fait pour que ça marche, il faut que l’arrière soit effilé, sinon, ça ne sert à rien…, pire, ça provoque beaucoup de turbulences…, un break Volvo, n’est en rien un Kammback, pigé ?
Fi, foin, foutre de ces choses…, une vedette Riva à moteur aux allures vénitiennes m’attendait sous un ciel nuageux pour une promenade en direction de Bellagio.
C’est un endroit paradisiaque passé Torno, un village charmant (lui aussi) situé sur la pointe est de la rive, là ou les maisons prétentieuses de Berlusconi et de la famille royale d’Arabie saoudite se cachent dans l’ombre.
Côté soleil, me voilà voguant au large de la villa L’Oleandra, propriété de George Clooney, qui précède la villa Balbianello, sur la presqu’île de Lenno, où ont été tournés Star Wars, épisode II et Casino royal…, non loin, le très beau jardin de la maison de Sir Richard Branson s’offre aux regards…
Il aurait fallu s’arrêter pour voir les jardins de la villa Carlotta, mais le “capitaine” m’a rétorqué que comme c’était BMW qui payait ma note, il serait de bon ton d’écourter l’aspect “touriste” pour en revenir au Concours d’Elégance et à la BMW 228 Kammm.
Ce rappel “basique” que le cadre si particulier de la Villa d’Este voyait la renaissance d’une 328 Kamm Coupé pour célébrer les 70 ans de la victoire de BMW aux Mille Miglia, m’a mis de méchante humeur, une part de mon cerveau soufflant à l’autre que je devais expliquer que selon mes investigations, cette 328 Kamm n’était pas l’originale…
C’est que…, c’était dans ce fourbi médiatique, dans les strass et paillettes, les ronds de gambettes flirtant avec de vieux genoux rhumatisants, que BMW avait en effet décidé de faire revivre le Coupé 328 Kamm (du nom de son géniteur pionnier allemand en aérodynamique), pour célébrer le 70ème anniversaire de la victoire de BMW à la course Mille Miglia.
C’est un rituel à la Villa d’Este : veste et cravate sont de rigueur pour le dîner à La Veranda, le restaurant gastronomique de l’hôtel…, comme dans un bon club londonien, un large choix de cravates attend les étourdis sur un plateau d’argent dans l’entrée…, les maîtres d’hôtel vêtus de blanc ont l’efficacité et la réserve parfaite de ceux qui ont vu défiler du beau monde. L’omble du lac fut délicieux, mais j’aurais pu aussi demander de simples spaghettis à l’ail et à l’huile, comme Gianni Agnelli en son temps…, après le dîner, je suis sorti sur la terrasse pour admirer le lac devenu noir.
Un pédant m’a alors acosté pour me dire qu’avec l’Alfa Romeo TZ3 Zagato, la 328 Kamm Coupé était le modèle le plus attendu du concours :
“Deux décennies auront été nécessaires à BMW pour remettre en état la sportive abîmée et abandonnée après un accident”…, je lui ai répondu calmement : “Du moins c’est ce que les gens du service presse de BMW racontent…, en réalité, elle a été construite de A à Z”…
Mon opinion, déviante, que je lui ai débitée en grosses tranches de gras, est que la BMW 328 Kamm Coupé avait une histoire particulière, mêlée à la Seconde Guerre Mondiale et donc au service du III ème Reich nazi de mille ans…, à ne pas confondre avec les mille miles, quoique…, que donc, elle s’était imposée aux Mille Miglia en 1940, c’est à dire en plein cœur du conflit mondial, sans que ses concurrentes anglaises et françaises ne puissent concourir…
Toujours est-il que vers la fin de la guerre, BMW a décidé de cacher ses voitures de course pour les protéger…, mais la 328 Kamm Coupé va émerger immédiatement, passant provisoirement entre les mains de Enst Loof, ancien directeur chez BMW qui n’en avait rien à cirer des trésors des Quandt… tant et si bien qu’il va l’utiliser comme un fou, va l’accidenter gravement (une sortie de route), le bijou échouant “à la casse” parce que l’intrépide n’avait pas les moyens financiers de la faire réparer…
L’histoire que va distiller BMW concernant la reconstruction de cette voiture va s’avérer rocambolesque…, si les autos avaient été cachées, elles sont tout de même tombées aux mains des “alliés”, bien heureux de trouver pareil trésor… une monnaie d’échange de bons et “loyaux” sévices…
BMW a donc du progressivement retouver la trace de “ses” voitures, en Russie, en Angleterre et en Amérique…, moyennant finances importantes… mais seul le Coupé Kamm qui était resté en Allemagne entre les mains (avides) de l’ancien directeur de BMW Racing Ernst Loof ayant acquis la voiture pour son usage personnel, était irrémédiablement disparu.
A cette époque, Ernst Loof était devenu un constructeur en nom propre en fondant Veritas sports, une petite (très) usine de voitures de course destinée à des clients restés fortunés (ou ayant fait fortune durant la guerre), dans une Allemagne renaissante d’après guerre…, imaginez que ce n’étaient ni des survivants martyrs ni des ouvriers honnêtes ayant été forcés de fabriquer des “choses” pour les besoins militaires du nazisme (mais existe-t-il vraiment des survivants martyrs et des ouvriers honnêtes ?)…
Malheureusement, ce joyau de l’automobile n’a donc pas eu de chance (gag !), puisque son nouveau propriétaire l’avait envoyé à la casse (!!!) après son accident du début des années 1950…, lui, candide, répétant inlassablement que face à des difficultés financières (tiens donc, comment fut-ce possible ?) le rendant incapable d’assumer les réparations, il avait été contraint (sic !) de se séparer de l’unique et inestimable Coupé Kamm…
C’est précisément là, sur ce point, que ma causticité légendaire, mâtinée d’une perplexité interrogative et saupoudrée d’incrédulité…, m’a amené à penser que BMW n’a jamais restauré l’actuelle 328 Kamm Coupé…, mais en a (re) fabriqué une, 100% neuve… présentée comme étant l’ancienne !
Le but de cette supercherie, était d’abord d’avoir une pièce historique dans sa collection…, mais ensuite de ne pas apparaitre comme un constructeur de répliques, comme le fut DeLaChapelle…, les fumisteries passant mal au concours d’élégance de la Villa d’Este…, tandis que si c’était une reconstruction (même prétendue comme telle), alors là, gloire et bonheur !
BMW a donc entamé la construction d’une fausse-authentique (authentiquement fausse) au début des années 1990, avec les bons soins d’artisans spécialisés et de photos d’époque, la direction de cette mission fut confiée à René Grosse, maître reconnu de la restauration/reconstruction.
Le processus va être long…, mais c’est finalement et véritablement une impressionnante réplique de la 328 Kamm Coupé qui a foulé les pelouses de l’édition 2010 de Villa d’Este, sans que quiconque n’y trouve quoi que ce soit à redire…, BMW ne pouvait rêver mieux pour fêter les 70 ans de sa victoire aux Mille Miglia.
Équipée d’un 6 cylindres en ligne d’une cylindrée de 1971 cc d’une puissance de 130 chevaux, la Kamm Coupé pouvait atteindre les 230 km/h, normalement la nouvelle identique aussi….
Dessinée par Wunibald Kamm, un ingénieur et aérodynamicien automobile allemand, la véritable BMW 328 Kamm Coupé avait une carrosserie aluminium et l’auto ne pesait que 725 kg, une belle performance pour l’époque/// et c’est pareil pour la fausse authentique…
Wunibald Kamm, né le 26 avril 1893 à Bâle et mort le 11 octobre 1966 à Stuttgart, était un ingénieur, aérodynamicien et dessinateur automobile allemand.
En 1922, il fut diplômé de l’Université technique de Stuttgart grâce à une étude sur les problèmes de stabilité des ballons captifs “K” qu’il avait développés…, il va, ensuite, être engagé comme directeur de l’usine de construction de véhicules des Aciéries souabes, responsable de la mise au point et de la construction de trois prototypes des légendaires voitures SHW, en 1925.
Entre 1922 et 1925, il travaille pour la division des moteurs de course de la Société de moteurs Daimler, sous la direction de Paul Daimler et Ferdinand Porsche… et de 1926 à 1930, il dirige le département Moteurs de l’Institut de recherche allemand pour l’aviation (DVL), à Berlin-Adlershof…, il y est aussi responsable du terrain d’essai pour moteurs d’aéronefs.
Le 1er avril 1930 (c’est comme une bonne blague), il est nommé professeur titulaire de la chaire de génie automobile et de moteurs de véhicules de l’Université technique de Stuttgart… et la même année (le 15 juillet), il crée une fondation à but non lucratif, l’Institut de recherche sur le génie automobile et les moteurs de véhicules de Stuttgart (FKFS), qui lui permet de travailler avec l’industrie en s’affranchissant des règles contraignantes de l’université.
Durant cette période, il réussit faire du FKFS l’un des plus importants des grands instituts de recherche, avec 650 collaborateurs et de nombreuses installations d’essai… et jusqu’en 1945, il est professeur titulaire et président du conseil de FKFS.
La 2e Guerre mondiale lui apporte de nombreux contrats militaires…, Kamm, pionnier de la recherche automobile, contribue aussi bien à l’aérodynamique de l’automobile qu’à la recherche sur les normes des moteurs à combustion.
Il développe la K-Wagen et construit un terrain d’essai pour véhicules à moteur, avec une soufflerie à l’échelle 1:1…, il apporte aussi une importante contribution dans le domaine du contact du pneu avec la route (le cercle de Kamm)…, il travaille avec le baron Reinhard von Koenig-Fachsenfeld, ingénieur aérodynamicien, tous deux développent un dessin de carrosserie automobile avec un toit au profil lisse et un arrière en forme de fuseau coupé…, ce véhicule d’essai représente un compromis entre une faible traînée aérodynamique et une habitabilité suffisante, que ce soit en matière de forme ou de taille…, un prototype grandeur nature est développé en 1938, c’est une carrosserie de type sedan à quatre portes, présentant un arrière brusquement tronqué.
A la fin de 1938, la firme Bayerische Motoren Werke (BMW) teste un prototype du “Coupé Kamm”, basé sur le châssis de la 328…, il a un coefficient de traînée de seulement 0,25…, par comparaison, le coupé BMW 328 Touring, vainqueur de Mille Miglia de 1940 présente un coefficient de 0,35.
L’appellation “Coupé Kamm” par le constructeur automobile apparaît être la plus ancienne mention du nom de Kamm pour décrire publiquement une carrosserie automobile dessinée sur la base du brevet de Koenig-Fachsenfeld.
En 1945, après avoir été interné par les Français à Ravensburg, Wunibald Kamm est enrôlé par les forces américaines qui ratissent le pays à la recherche de scientifiques…, il commence une nouvelle carrière pour le compte de l’État américain comme ingénieur-conseil au Wright-Patterson Air Force Field de Dayton (Ohio)…, il est aussi professeur de recherche au Stevens Institute of Technology à Hoboken (New Jersey, USA), où il peut reprendre ses recherches antérieures.
De retour en Allemagne de l’Ouest en 1955, Kamm dirige durant trois ans le département de génie mécanique à l’Institut Batelle de Francfort-sur-le-Main, avant de prendre sa retraite à Stuttgart en 1958, pour raisons de santé.
L’un des buts de l’aérodynamique automobile est de réduire la turbulence, à l’origine de la traînée, due à la forme de l’automobile…, un véhicule conçu avec une traînée réduite (ou une turbulence de l’air réduite) offre moins de résistance au mouvement vers l’avant et a donc une meilleure efficacité et une vitesse supérieure, à puissance motrice égale.
La traînée commence à croître, à l’arrière d’un véhicule, à partir de l’endroit où l’aire de la section droite de la carrosserie tombe en dessous de la moitié de la valeur maximale de cette aire pour l’ensemble du véhicule…, dans le Kammback, le profil fuselé de l’arrière est tronqué à cet endroit, l’écoulement de l’air se fait comme si le fuseau entier était présent sur le véhicule.
Voilà, on en revient au début de la fin…, donc…, en 1940, le constructeur bavarois BMW avait engagé 5 véhicules et remporté la célèbre course des Mille Miglia (mille miles) en Italie…, ensuite, dans la période trouble d’après conflit, les véhicules seront dispersés dans différents pays (en cause de la guerre, le constructeur prévoyant, avait préféré dissimuler rapidement ses véhicules de pointe dans la campagne allemande, pour ne pas les voir détruits ou saisis).
L’une s’est retrouvée aux Etats-Unis, une autre en Russie…, au final, seule la BMW 328 Kamm Coupé est restée en Allemagne, entre les mains d’Ernst Loof, ex-directeur sportif de BMW et fondateur de l’usine de voitures de course Veritas…, mais au début des années 50, la 328 va être gravement accidentée par son nouveau propriétaire et déclarée irréparable…, comme il est acculé financièrement, il s’en sépare et elle est détruite dans une casse automobile.
En 1990, BMW va commencer un énorme travail de recherche pour parvenir à la reconstruire (à la re-fabriquer)…, de nombreux documents et dessins techniques ayant disparu, BMW va utiliser des photos de collectionneurs et quelques plans originaux, pour reconstituer la structure et la carrosserie de la Kamm Coupé sur ordinateur.
Un travail de titan qui va permettre à la belle allemande d’être re-créée et d’être exposée, pour la première fois en public, au concours d’élégance de la Villa d’Este 2010.
“Nous sommes très fiers de ramener sous les projecteurs cette icône de la course et de l’aérodynamisme automobile”, a déclaré Karl Baumer, directeur de la division BMW Classic, avant la première mondiale de la voiture au Lac de Côme, “Notre hommage à la M1 lors du Concorso 2008 a démontré à quel point le passé peut inspirer l’avenir. La BMW 328 Kamm Coupé, elle, démontre à quel point l’avenir de BMW remonte dans le temps. Nous avons relevé d’énormes défis techniques. Quand vous verrez la voiture, vous sentirez aussitôt la passion et le professionnalisme de tous ceux qui ont participé à sa re-création”.
Après tout ce toutim éreintant, mais avant de rejoindre la Villa Erba le lendemain, lors du concours d’élégance de la Villa d’Este, les voitures ont défilé devant le public et le jury”.
La Mercedes 300 SL, qui a inspiré la nouvelle SLS AMG avec ses portes “papillon”, était présentée par l’ancien champion automobile Jackie Stewart…, la Miura roadster turquoise pailleté, un exemplaire unique au monde, était conduite par Fabio Lamborghini, neveu de Ferrucio, fondateur de la marque…, plus touchant encore (snif !), la 1952 Cisitalia-Ford 808 XF s’est présentée au jury avec à son bord Aldo Brovarone, qui en dessina des esquisses avant de concevoir la Ferrari 206 GT Dino.
Sublime, voilà qui résume le plateau du Concorso 2010, Cernobbio ayant été, pour trois jours, le plus beau palais de l’automobile…
Pour ma part, ayant dit ma façon de penser, j’ai résolu de parfaire mon voyage…, j’ai rejoint le centre de Cernobbio, le village où est située la Villa d’Este, à pied, c’était le mercredi matin, jour d’un marché… très italien, sympathique et foutraque…, au milieu des paires de chaussettes à 5 euros et des bassines en plastique de toutes les couleurs, on y trouve des maraîchers étalant fièrement leurs merveilles…, la puntarella est sublime…, une délicieuse salade croquante en forme de chou chevelu…
La visite de la Villa Erba, la maison de vacances de la famille Visconti di Modrone, à Cernobbio toujours, me fut incontournable…., le petit Luchino y vécut une enfance si heureuse que le souvenir de ces murs hante tout son cinéma : la salle de bal du Guépard a été choisie pour sa ressemblance avec celle de ce palais construit par le grand-père de Visconti à la fin du XIXe…, son accès au lac est un ponton dont on retrouve le souvenir dans une scène célèbre des Damnés et, autrement, dans Ludwig…, à la fin de sa vie, Visconti passa beaucoup de temps ici.
J’ai terminé mon séjour dans un petit restaurant très simple caché dans les ruelles du vieux Côme, l’Osteria del Gallo est une gargote familiale qui propose un “poulet sans os”, sorte de paupiette juteuse et goûteuse, les dessins des petits-enfants des propriétaires ornent les murs et une épicerie permet de rapporter de bons produits.
J’ai ensuite continué ma visite de Côme en flânant dans les rues de la vieille ville puis en prenant le funiculaire pour Brunate, d’où l’on domine toute la plaine lombarde jusqu’aux Apennins par beau temps…, Côme est la capitale italienne de la soie, la ville des deux Pline et aussi celle de Volta, le génial inventeur de la pile (Ne pas rater le Faro Voltiano, phare octogonal bâti au sommet du Monte Tre Croci en 1927 pour célébrer le 100e anniversaire de la mort du physicien. La cathédrale vaut aussi le détour, tout comme les rives du lac, d’où on rejoint l’Aero Club Como).
Apparus sur le lac en 1913, quand l’aviateur français Roland Garros remporta le Prix du Circuit des lacs italiens, les hydravions n’ont plus jamais quitté ces cieux transparents.
Créé en 1930 à dix mètres du lac, entre le port de plaisance et le stade de football, l’Aéroclub de Côme attire toujours des pilotes du monde entier, qui peuvent voler sur l’une des treize machines de la flotte.
Un appareil se mettait à l’eau…, il fallait réserver pour faire un tour, dommage…, je devais rentrer, mais j’avais une belle excuse pour revenir sonder les eaux de Côme…, j’y découvrirai quelques années plus tard une Bugatti…, mais c’est une autre affaire…