1941 Chrysler Thunderbolt Concept Car LeBaron…
Huit cylindres “inline” 143 CV, 324 ci. Deux carburateurs, boite trois vitesses automatique + surmultipliée, suspension avant indépendante à ressorts hélicoïdaux, essieu arrière à lames semi-elliptiques, freins à tambour hydrauliques.
Durant son histoire d’avant-guerre, Chrysler a produit de nombreux dessins remarquables d’automobiles raffinées, sublimant la qualité, l’élégance et l’artisanat.
Leur attrait intrinsèque, cependant, ne venait pas des concepts d’un artiste talentueux comme Harley Earl (qui travaillait chez General Motors), voire de l’inspiration d’Edsel Ford, mais plutôt de l’appel fortement subjectif de l’ingénierie Chrysler…, désireuse de produire une automobile hautement fonctionnelle complétée ensuite par une influence artistique raffinée…, et non l’inverse !
Avant et au début des années 1930, “Chrysler’s Art & Colour Division” faisait partie intégrante du département Engineering, ce qui assurait cette logique de conception : La technique crèe la forme… qui sera reprise dans les années soixante par le designer Raymond Lewy sous : La fonction crèe la forme…
En 1935, Ray Dietrich est devenu le premier styliste Chrysler et a été le chantre du restyling en créant la ligne “Airstream”, mais simultanément il a rendu indépendant la “Chrysler’s Art & Colour Division” et le département Engineering…, ce qui n’a plus aidé à une logique de fonction industrielle…
Une conception mécanique ancienne mêlée à une forme aérodynamique (d’époque) nommée pompeusement “Airstream”, n’était donc pas aussi pionnier que les brochures et publicités le laissaient entendre et n’a pas rencontré un franc succès !
Chrysler a du faire face à un plongeon de ses ventes, une période nommée humoristiquement : “la débâcle du flux d’air”…
Par la suite, cette ligne “révolutionnaire” a été peu à peu abandonnéee, les Chrysler affichant des lignes et des conceptions moins radicales.
Walter P. Chrysler aurait préféré un retour à la philosophie première de sa société en abandonnant ce facheux “design tendance”, intégrant des techniques avancées avec une carrosserie appropriée.
Mais, la santé de l’homme qui avait créé le deuxième plus grand constructeur automobile dans le monde était en déclin rapide.
Après des années de prospérité grâce à son sens aigu des affaires, Chrysler avait réussi à survivre à la dépression, mais Walter P. Chrysler a démissionné en 1938, deux ans avant de décéder.
La société restructurée a trouvé un nouveau leader dans KT. Keller, qui avait été vice-président depuis 1935, qui lui, voulait persévérer dans l’avant-gardisme.
Keller a alors affirmé officiellement la nécessité pour Chrysler de persévérer dans la création de lignes d’avant-garde, persuadé que le public y viendrait assez rapidement.
Il avait entièrement raison, et sans cette malencontreuse décision de 1935 de scinder les départements, Chrysler serait resté à la pointe du modernisme, car en 1940, une évolution marquante du design, lancée à peine deux ans plus tôt par Harley Earl avec la révolutionnaire Buick Y-Job a commençé à marquer l’opinion publique.
Suite à son succès, il n’a pas fallu longtemps pour que les constructeurs automobiles reconnaîssent la nécessité de suivre les idées d’Harley Earl’s et de la GM.
Chrysler perdait le leadership, seul Ford restait la seule société ne produisant pas de “voitures-concept”.
Le concept Thunderbolt est né en 1939 d’une réflexion-discussion entre Alex Tremulis et Ralph Roberts concernant les Chrysler LeBaron.
À l’époque, Tremulis était un jeune designer prometteur travaillant à la Briggs Manufacturing, la société mère de la carrosserie LeBaron, qui plus tard dessinera l’éphémère mais légendaire Tucker Torpedo.
Ralph Roberts a été tellement impressionné par la proposition d’Alex Tremulis qu’il lui a organisé une réunion avec KT Keller en personne en présence du président de la division Chrysler Dave Wallace… pour discuter de la possibilité de créer une voiture de rêve avant-gardiste.
Keller et Wallace ont approuvé le projet.
A ce moment, le marché des carrosseries sur mesure s’était largement évaporé, durement touché par la crise économique et parce que les voitures de production étaient bien plus désirables qu’auparavant grâce au design des stylistes d’entreprise comme Harley Earl de GM et Bob Gregorie de Ford.
Par conséquent, LeBaron avait peu de travail, raison pour laquelle cette division carrosserie fut affectée à la réalisation des prototypes et concepts-cars.
C’est sur la base raccourcie de la très spéciale Chrysler Newport qui a été sélectionnée pour servir à la construction du concept-car futuriste d’Alex Tremulis qui n’avait pas encore de nom.
C’était la toute première voiture cabriolet disposant d’un toit rigide entièrement rétractable, conçu, développé et breveté par Ralph Roberts.
Le concept était plus court que la Chrysler Newport, avec trois places de front sur une banquette….
Une ligne “straight-through” très simple sans décrochage, préfigurant la ligne “ponton”, avait été adoptée, avec des phares escamotables dans le style de ceux de la Cord, tandis que les roues avant et arrière étaient recouvertes de cache-roues…
Il n’y avait pas de calandre reconnaissable… et les entrées d’air étaient habilement situées sous le pare-chocs avant.
À l’exception du capot en acier et du couvercle du coffre, la carrosserie était construite en aluminium, avec une bordure métallique enveloppant presque entièrement la voiture.
La conception et la construction ont tellement impressionné KT.Keller, qu’il a demandé au capitaine George Eyston, qui venait de pulvériser un record de vitesse, soit 357.53 mph à Bonneville Salt Flats en Septembre 1938 à bord d’un engin de 7 tonnes propulsé par deux moteurs douze cylindres Rolls-Royce et nommé Eyston “Thunderbolt”…, de pouvoir utiliser cette appelation….
La Thunderbolt de Chrysler, était 4 fois plus légère, plus courte et était propulsée par le moteur “Spitfire” huit cylindres “inline” de 140 chevaux !
Mais qu’importait…, dans l’imagination populaire, le lien entre les deux voitures était soudé…
L’intérieur de la Chrysler Thunderbolt a été luxueusement aménagé en cuir Bedford, tandis que le tableau de bord était d’avant-garde, utilisant tous les progrès de conception imaginable dont un rétro-éclairage Lucite et une radio encastrée.
Le toit rigide rétractable fonctionnait électriquement d’une “chiquenaude” sur un interrupteur activant l’une après l’autre trois opérations distinctes, de manière synchronisée, provoquant la rétractation du toit dans un espace situé derrière la banquette.
L’accès au coffre se faisait via un couvercle totalement automatique coulissant vers l’arrière…, une tâche vraiment incroyable d’ingénierie pour l’année 1941… qui n’a pas été revue sur une voiture de production jusqu’à la Ford Fairlane 500 Skyliner de 1957.
Chacune des seules cinq Thunderbolt’s construites d’origine, a reçu une combinaison de couleurs spécifiques.
Des différences subtiles, telles que quelques baguettes de garniture extérieure et divers détails de finitions du tableau de bord, rendaient chaque voiture unique.
Le design du pare-brise incurvé s’est avéré un défi sérieux, car cette courbure n’avait jamais été utilisée sur une automobile jusqu’alors… et les fabricants n’étaient pas prêts pour une réalisation immédiate. Heureusement, une entreprise a produit un pare-brise approprié juste à temps.
Cette caractéristique unique n’apparaitra pas sur les voitures de production avant le début des années 1950 !
La construction de la Chrysler Thunderbolt s’est avérée laborieuse, les panneaux en aluminium ont été martelés sur des gabarits en chêne massif, tandis que la carrosserie centrale et les capots ont été construits en acier.
Les ingénieurs de Chrysler ont travaillé main dans la main avec LeBaron, en veillant à ce que la qualité de fabrication des voitures ne soit pas compromise par les délais serrés du projet.
Après réalisation, les voitures ont été envoyées dans des tournées de promotion et ont été exposées chez divers concessionnaires locaux pour promouvoir la marque Chrysler comme fabricant de voitures d’avant-garde.
La Thunderbolt est devenue un concept-car d’une importance sans précédent à un moment où son image aurait pu facilement pâtir des événements dramatiques de l’époque.
Les 5 Thunderbolt’s, à travers les USA, ont attiré des foules énormes.
Très souvent, les lumières des salles d’exposition devaient être éteintes vers 23h pour inviter les visiteurs à partir, car ils avaient souvent tendance à y traîner jusque bien après minuit !
A Sacramento, en Californie un concessionnaire Chrysler, à reçu 8.500 visiteurs en une seule journée.
Un week-end d’hiver à Denver la Thunderbolt exposée en vitrine d’un concessionnaire, a attiré 29.000 visiteurs qui ont bravé la neige et la grêle pour voir la création de Chrysler !
Seulement cinq Thunderbolt’s ont été construites, toutes pour participer à ce circuit de spectacle. Aujourd’hui, quatre seulement ont survécu et l’exemple donné ici est le châssis 7807943, qui est considéré comme l’équivalent d’un joyau précieux et très convoité qui est rarement mis en vente publique.
Cette Thunderbolt est particulièrement bien connue des amateurs.
Quand sa carrière de spectacle avec Chrysler s’est finalement terminée, elle a été vendue à son premier propriétaire, l’acteur Bruce Cabot, en Mars 1941.
En 1954, un 8 cylindres “inline” de 331 cubic inch HEMI-Chrysler a été installé par B&H Motors de San Francisco, Californie, tandis que le moteur original “Spitfire” a été installé dans une Chrysler 1932 Convertible Sedan, propriété de M. Fred Wildenradt de Pebble Beach.
En 1960, la Thunderbolt a été acquise par Bill Harrah, le magnat du célèbre casino et collectionneur d’automobiles puis, confiée à la collection Stern Paul, de Manheim en Pennsylvanie.
En Septembre 1985, le propriétaire actuel a acheté la Thunderbolt lors d’une vente aux enchères qui dispersait la collection Harrah… et, à cette occasion, miraculeusement, le moteur original “Spitfire” a été localisé, racheté et replacé dans la voiture.
Chris Kidd et son équipe de “Tired Iron Works” une société située à Monrovia, en Californie, a achevé une restauration complète en 2009.
Le bois de la structure de la carrosserie et les panneaux en aluminium ont été remplacés… et le moteur “Spitfire” huit cylindres “inline” a été reconstruit et équipé de deux carburateurs.
Le tableau de bord et les instruments ont été également reconstruits.
Kidd et ses collaborateurs ont également accordé une grande attention au mécanisme du toit rétractable.
Après une étude exhaustive, “Tired Iron Works” a conçu une barre de torsion pour le mécanisme, assurant que les engrenages soient correctement alignés en tout temps, résolvant ainsi définitivement un problème d’ingénierie conceptuel “d’usine” qui n’avait jusqu’alors jamais pu être corrigé…, assurant dès-lors un fonctionnement fiable du toit rétractable.
Malgré des recherches exhaustives, aucune carte des teintes d’origine Chrysler Thunderbolt n’existait encore.
Fait intéressant, un garde de sécurité chez Chrysler avait, indépendamment à son travail, suivit la construction des 5 Thunderbolt’s, notant qu’elles avaient été repeintes à plusieurs reprises au cours de leur carrière.
La teine “Green Teal” a été établie en se référant à la toile peinte d’un artiste représentant cette Thunderbolt…, en plus de quantités de consultations approfondies avec le propriétaire actuel.
La restauration a été achevée en 2009, et la voiture a été présentée au Concours d’Élégance de Amelia Island où elle a facilement gagné le “Camille Jenatzy Award” remis à la voiture au look le plus audacieux.
Ensuite, la Thunderbolt a été inscrite au prestigieux Concours d’Élégance de Pebble Beach en août 2009, où elle a obtenu la troisième place dans la classe C-2 : American Classic Open 1933-1941.
Puis, au Concours d’Élégance du St. Regis Resort à Newport Beach, la Thunderbolt a remporté la première place avec un score parfait de 100 points !
Dans son état actuel, la Thunderbolt est “concours-condition” et fonctionne parfaitement.
À partir du script distinctif LeBaron jusqu’aux emblèmes Thunderbolt, chaque élément a été vérifié pour que l’original soit reproduit à la perfection, sans égard aux coûts engendrés.
La Thunderbolt a été présentée par RM-Auction à l’Arizona Biltmore Resort & Spa, une importante vacation qui s’est déroulée les 21 et 22 Janvier 2010
L’ensemble de la vente à généré un total de 19,6 millions de dollars avec un impressionnant 89 % de véhicules vendus (il y en avait 315).
Des résultats extraordinaires ont été atteints alors que le monde est en crise…, une 1967 Shelby Cobra 427, qui faisait autrefois partie de la célèbre collection Otis Chandler, a été vendue pour 632.500 $…, la XM Mercury 1954 800 Dream Car a été adjugée 429,000 $… et la 1956 Cadillac “Maharani spécial” vedette des “Motorama Show Car” a dépassé son estimation de 150.000 $ et a été adjugée 225.500 $ !
Par contre la Thunderbolt est restée invendue !
Son prix de réserve était de 1.200.000 $, il y a eu des adjudications jusque 1.175.000US$ !!!!