1949/53 Buick Roadmaster…
Président de Buick, Harlow Curtice remplace en 1936 les banales appellations chiffrées des modèles par des noms évocateurs des qualités des voitures…, interprétées dans le langage marketing cher aux Américains.
La série 40 est rebaptisée Special (la série 50 disparaissant), la série 60 devient Century et la série 90 Limited.
Créée en 1931 et retirée en 1934, la série 80 réapparaît sous le vocable Roadmaster et prend place entre la Century et l’exclusive et fort coûteuse Limited.
Cette refonte de la gamme s’accompagne d’une réorganisation des motorisations, dont le nombre se limite désormais à deux.
Ce sont des huit cylindres en ligne à soupapes en tête, un 233 c.i. et le nouveau 320 c.i., soit 5245 cm3, commun aux Century, Roadmaster et Limited.
Née en 1936 avec 120 ch développés à 3200 tr/mn, cette mécanique évoluera rapidement : 130 ch dès l’année suivante, 141 ch en 1938 et 165 ch à 3800 tr/mn en 1941.
La Seconde Guerre mondiale sera fatale à la Limited, qui disparaît avec la reprise de la production en 1946.
La Roadmaster est alors promue au rang de modèle Buick de haut de gamme.
Présentée dans les publicités comme “Master of the American Road”, cette “maîtresse de la route” prend les traits d’une bourgeoise opulente.
Porté par le design majestueux de la marque, ce caractère ira croissant au cours des années cinquante.
Généreuse dans ses galbes et ses rondeurs charnues, la Roadmaster devient alors un vaisseau baroque dans ses formes comme dans sa décoration frivole.
Une œuvre d’art qui croule sous le poids des chromes et dont la masse atteint deux tonnes pour une longueur de près de 5,50 mètres…
La gamme Roadmaster se compose de quatre modèles : berline, coupé hardtop (c’est-à-dire sans montants), cabriolet et break Estate Wagon.
A l’image d’un général fier de ses étoiles, la Roadmaster arbore ses quatre «ventiports», des sorties d’air postiches disposées sur les ailes avant depuis 1949.
On ne saurait ainsi la confondre avec la piétaille des modèles inférieurs, les Special et Super qui n’en affichent que trois !
Introduite en 1948, la transmission automatique Dynaflow est d’abord montée en option sur la Roadmaster, puis en série dès l’année suivante.
Le capot moteur Buick a la particularité de s’ouvrir latéralement, la manœuvre étant possible de chaque côté.
Il découvre à demi l’impressionnant huit cylindres en ligne abrité derrière la muraille du radiateur. Peint en bleu pétrole, le 320 c.i. porte l’inscription Buick Fireball Valve in-Head (soupapes en tête).
Cette merveille de souplesse reçoit des poussoirs hydrauliques en 1950.
En vitesse de croisière, le silence est à la hauteur du jugement exprimé en 1952 par un journaliste américain de “Mechanix Illustrated”, qui l’avait trouvée aussi silencieuse qu’un samedi soir dans une église…
Sur la route, la souplesse de la suspension engendre des mouvements ondulatoires, les fameux effets de bateau, dont la majesté soulève plus l’admiration du spectateur que celle du conducteur !
Conçue pour rouler tout droit sur les highways d’outre-Atlantique, la Roadmaster s’avère totalement inadaptée aux petites routes européennes.
En virage, son inertie considérable se manifeste par un fort roulis, que la revue américaine Motor Trend traduisait ainsi : “Elle prend de la gîte et s’écrase en virage comme un marshmallow !”.
Et l’on ne saurait compter sur la direction assistée (une option disponible à partir de 1952) et très démultipliée pour maîtriser la situation.
Le huit cylindres en ligne connaît son chant du cygne avec le millésime 1952 (il développe alors 170 ch).
Equipant les Cadillac et les Oldsmobile depuis 1949, les nouveaux V8 à course courte ont démontré leur supériorité technique.
De plus, les nouvelles recherches de style requièrent un profil de moteur plus bas.
Pour fêter les cinquante ans de la marque en 1953, la Roadmaster (tout comme la Super), reçoit en cadeau d’anniversaire un V8 de cylindrée équivalente (322 c.i., soit 5278 cm3) développant 188 ch (contre 164 ch pour la Super).
Dès lors, la puissance va évoluer par étapes annuelles à l’image du design renouvelé à chaque millésime : 200 ch en 1954, 236 ch en 1955, 255 ch en 1956 et 300 ch en 1957.
C’est dans la profusion des chromes qui la surchargent que la Roadmaster se retire à la fin de 1958.
Par contre, les sorties d’air postiches, qui signalaient jusqu’à présent le grade de la voiture, disparaissent des ailes avant.
Toujours en 1958, la Limited renaît de ses cendres pour disparaître à nouveau l’année suivante.
Tout au long des années cinquante, la Roadmaster a remarquablement illustré le monde merveilleux de l’art décoratif imaginé par les stylistes de la General Motors.
Çà et là, un motif baroque, un profil recherché ou une courbure discrète soulignent la richesse et la fantaisie du design américain.
Un sommet de l’art kitsch avant la naissance d’un style plus dépouillé.
Car, comme en 1936, la gamme Buick sera remodelée en 1959 et renouvelée quant à l’appellation de ses modèles.
Avec la Série Special 1953 s’achève pour Buick, l’année de son cinquantième anniversaire, une ère particulièrement marquante, celle des huit cylindres en ligne intiée en 1931.
Durant cette période, la firme de Flint n’a en effet proposé que ce type de moteur, décliné en plusieurs cylindrées pour équiper l’ensemble de la gamme.
Pour 1953 donc, seule la série 40 (Special) conserve le moteur Fireball.
L’histoire des Buick Eight est celle d’une évolution sans rupture depuis le lancement des quatre premières séries de huit cylindres en ligne, à soupapes en tête, pour le millésime de 1931.
La série 40 apparaît de son côté avec une cylindrée de 3,8 litres en 1934, l’année de l’adoption de la suspension avant à ressorts hélicoïdaux et roues indépendantes.
Celle-ci prend l’appellation Special en 1936 tandis que les séries 60, 80 et 90, toutes équipées de la version 5,2 litres du huit cylindres en ligne sont respectivement baptisées Century, Roadmaster et Limited.
Le millésime 1942 est celui d´un important changement de style qui va marquer durablement l’après-guerre : de superbes carrosseries avant-gardistes sont réalisées en s’inspirant directement du prototype Y-Job, le premier des dream-cars américains réalisé en 1939.
Il faut attendre 1949 pour voir Buick lancer sur châssis Roadmaster son premier coupé hardtop, déjà baptisé Riviera, adoptant un style de carrosserie lancé par Chrysler en 1946.
A cette époque, toutes les Buick peuvent recevoir la nouvelle transmission automatique Dynaflow à convertisseur de couple hydraulique installée sur les Roadmaster dès 1948.
Reste que la Buick Riviera de 1953 s’adressait aux amateurs de voitures puissantes, confortables et exotiques ayant un portefeuille bien garni en devises, car cette belle se payait alors totalement ou en partie dans la monnaie de son pays d’origine.
Fleuron du style yankee des années cinquante, la Riviera de 1953 adopte la carrosserie hardtop coupé.
Ce dessin allège considérablement la voiture, la transformant en faux cabriolet.
La proue conserve le style baleine inauguré onze ans avant.
La Buick Riviera présente surtout la particularité d’être l’ultime modèle de la marque de Flint équipé du huit cylindres en ligne qui avait fait sa gloire dès 1931.
www.GatsbyOnline.com