1949 DeSoto Custom Convertible…
Vivre est tellement difficile… et vivre certaines choses plus que d’autres est bien pire…, mais arrivé à un “certain âge”, le négatif peut devenir très positif pour tout un chacun/chacune ayant le talent d’écriture et ayant emmagasiné de quoi pouvoir raconter ce qui fut vécu… et cela d’une manière totalement différente qu’avec 40 ans de moins !
Je vous cause d’expériences automobiles…, une des raisons de ma réflexion, c’est qu’aucun bonhomme de 20 ans ne va perdre son temps dans l’achat d’une antiquité “rouillante” (appréciez la contraction de deux mots pour en faire une évidence)… et ne va pouvoir en écrire quoi que ce soit d’authentique…
Une autre raison de ma même réflexion est une question de finance, il n’y a que des “vieux” qui ne savent plus quoi faire de leur argent, qui se lancent dans des restaurations imbéciles qui ne mènent à rien d’utile, si ce n’est à alimenter les pages de divers magazines d’automobiles éculées (d’une autre époque)…, justement parce qu’ils ont du temps à perdre pour narrer ce qu’ils ont vécu.
Une troisième raison, est que ces vieilleries sont très souvent (si pas quasi toujours), d’abominables bricoles qui n’ont pour elles qu’un look antique qu’on s’évertue à penser qu’il est beau et que les récits abominables publiés par quelques “autres” vieux désabusés ne sont qu’anecdotiques malchances qui n’arriveront à personne d’autre…
J’en suis dès-lors arrivé à la conclusion que les automobiles anciennes étaient des histoires d’amour masochistes…, un peu comme les vieux beaux en costume ou en tenue de baroudeurs déjantés à 20.000 euros (plus la montre et les bijoux)…, qui se trimballent avec une ou plusieurs somptueuses jeunes beautés dominatrices en tenue de cuir, cuissardes et gros seins “palpitant” (les “pendouillant” sont pour les moins fortunés)…, c’est une façon de dire “regardez, je bande encore”, comme le chantait cette sympathique ordure de Serge Gainsbarre…
Avec Ferrari, Lamborghini, Maserati…., avec Rolls-Royce, Bentley, Maybach…, il n’y a strictement pas moyen de faire une confusion des genres, d’ailleurs les genres ne se mélangent pas…, mais, avec les voitures américaines, là, il y a de la confusion… et parfois ça tourne au drame et au délire…, d’autant pluche que “la grosse américaine” était considérée comme la voiture des gangsters, des manouches-romanichels, des forains…, avec une connotation péjorative…
Jusqu’ici, une grosse américaine, en ce compris dans les films Franchouillards comme Le Corniaud et La belle américaine, ou L’homme à la Buick, voire Sur un arbre perché…, symbolisait inévitablement le nouveau riche très kitch et bling-bling, dont on se moquait sans vraiment l’envier…
Mais lorsque le Customizing est arrivé (et avec mes magazines Chromes&Flammes j’y ai une part de responsabilité), la transformation de certaines américaines en fer-à-repasser géants, trainant au sol, avec une imagerie de “Mexicano’s” du plus mauvais genre, si elle a attiré un public avide de “nouveautés”, s’est rapidement transformé pour certains et certaines en gène de devoir côtoyer des déguisés tatoués, habillés en cow-boys à franges et Stetson en carton pressé…, occupés à boire des Budweiser…, l’image fut terrible pour l’univers franchouille de la voiture américaine…
Heureusement, le temps passe, divers clubs ont réussi à démontrer que les voitures américaines étaient injustement préjugées…, le style est devenu autre, l’aspect authentique a repris le dessus… et peu à peu les gens se sont mis à re-apprécier ces grosses américaines dans leur originalité…
Quoique…, certes…, il reste quelques crispations lorsqu’une fausse Cobra en plastique où en fer blanc pointe son nez dans une réunion de vraies Shelby et Cobra…, et on fait maintenant la différence entre une Cadillac V16 des années trente et une Cadillac limo des années ’70…, mais il reste bien plus difficile de se faire reconnaitre en tant qu’amateur éclairé en DeSoto Custom Convertible 1949 qu’en Mustang ’66 !
Mais en toutes choses, il faut assumer et je vous invite à faire de même, vous rappelant que l’humour est un moyen extraordinaire de survie dans notre monde ou les imbéciles sont légions…, de la sorte, vous qui me lisez, pouvez réaliser, au moment où votre situation parait totalement désespéré !
rée…, que d’autres vivent quelque chose de pire encore !
L’histoire que je veux écrire en cet instant précis…, qui ne sera plus le même temps précis quand vous la lirez…, est celle d’une voiture américaine née en 1949, une DeSoto Custom Convertible que j’avais acquis il y a une vingtaine d’année d’ici…
Elle m’a entrainé dans des frais absurdes de restauration…, pourtant elle n’a jamais correctement fonctionné…, elle ne m’a pas apporté beaucoup de satisfaction… et j’ai fini par la remiser dans ma collection en y perdant bien plus que les illusions que j’y avais placé…
Mes histoires, mettent souvent en scène diverses galeries de personnages aux caractéristiques et aux tempéraments non seulement distincts mais souvent opposés…, chacun d’entre eux souffrant et rencontrant d’immenses difficultés dans leur vie, amoureuse ou existentielle…, ce qui est rassurant à imaginer, car mes propres histoires, qui sont souvent délirantes…, entretiennent mon bonheur de vivre…
Et puis, mettre en page via l’écriture, tout un toutim d’absurdités compressées, illustrées de quelques photos résolument légères (sauf sur Facebook ou règne la censure) pour faire de l’audimat…, non seulement me réjouit d’avance…, mais “spermet” aux internautes mâles d’être heureux sans se poser trop de questions.
Parmi les héros et héroïnes de l’histoire qui va suivre, aurait ainsi du figurer une allumeuse manipulatrice et intéressée, particulièrement caricaturale, fruit d’une observation attentive…, le genre de Bimbo ne vivant que de richissimes masochistes…, je n’invente pas, ce genre de filles existe, croyez-moi, à Paris, à Rome, à Londres, à Los Angeles et plus particulièrement à Monaco et à Saint-Tropez…, je croise beaucoup de ces vénéneuses aux corps magnifiques qui ne couchent que pour des raisons strictement professionnelles…
Faire intervenir ces plantes vénéneuses dans un récit emmerdant car traitant trop techniquement d’une vieillerie qui n’a aucune technique de pointe, est l’ABC de l’écriture “Gonzo” pour capter le lecteur et la lectrice…, quoiqu’un certain nombre savent que ce qui leur est présenté comme vérité n’en est pas une…, mais ils et elles s’en moquent, voulant simplement passer un bon moment de franche rigolade…, en fait, j’écris mes expériences en me distrayant pour oublier combien la vie est triste et finit mal : se marier, faire des enfants, regarder le foot à la télé étant en notre époque, les seuls moyens de ne pas s’asseoir sur une chaise en se disant : “C’est donc ça la vie ? Ça ne rime à rien, c’est inutile, ça va bientôt finir : autant mourir”…
En écrivant mes expériences, je suis occupé à autre chose…, le drame survient après…, pour l’instant, vous êtes devant votre écran d’ordinateur… je suis devant le mien…, vous lisez et moi je tapote…, du moins, je tapotais… car ce que vous lisez à été écrit avant…, chers lecteurs, lectrices, je bla-blatère…, alors que nous voyageons ensemble… et tout cela, en essayant de tuer le temps qui nous assassinera un jour.
J’ai appréhendé d’avance le moment où vous vous arrêteriez sur ma prose et – pire – l’instant où, la négligeant, vous passeriez à un autre article, faisant cadeau de votre bienveillante attention à d’autres qui…, je vous le susurre sans animosité…, la méritent moins que moi…, car avec www.GatsbyOnline.com, je n’ai pas encore réussi à capter la fortune grâce aux visiteurs/visiteuses… pourtant ce web-site fonctionne “à donf” avec une moyenne de 7.000 visites/jour depuis 1999…, j’en suis à environ… euhhhhh…, à plus de 50 millions de visites…, ce site est infiniment plus performant que n’importe quel magazine “papier” !
Nous sommes assis dans une DeSoto Custom Convertible “Wayfarer” 1949…, l’ancêtre est jaune, sa capote verte, de même que l’intérieur…, l’engin roule, entrainé par un moteur 6 cylindres en ligne…, vous musez à coté de moi par ordinateurs interposés au profit de paysages bucoliques, entrecoupés de bâtiments dévastés par les graffitis juvéniles et les déchets industriels… mais, comme je savais que vous liriez ensuite plus lentement, je vous ai d’avance rangé dans la catégorie des lectrices et lecteurs profonds et intelligents, à la satisfaction desquels je souhaite me consacrer.
Je devine un alourdissement de vos paupières peu propice à la consultation d’un texte sur écran…, passé quelques diversions expliquant les difficultés actuelles de la vie (le texte chapeau ci-avant), votre regard devient toutefois vague…, un besoin naturel vous réveille, que vous allez satisfaire…, l’intermède va tellement durer que je crains que nous dépassions la vitesse limite autorisée…, sans que vous ayez eu le loisir de me témoigner votre intérêt.
Vous vous êtes rassis…, la personne placée à côté de vous (dans votre réalité et non dans l’irréalité de cet article)… et à laquelle, depuis le départ, vous n’avez pas adressé la parole lorsqu’elle a tenté d’engager une conversation forcément dissuasive de toute démarche culturelle…, va bientôt tonitruer une offre de nourritures plus terrestres…, je déduis de votre demi-sourire que ce texte vous amuse encore…, nous approchons de ma destination…, consentez l’effort que j’espère ?
Vous passez presque autant de temps à lire cette chronique que moi à l’écrire…, quand vous levez les yeux, je m’interroge : est-ce pour réfléchir ou par lassitude ?
Mon sort est entre vos mains, sans que je puisse évaluer ma responsabilité dans cette perte de conscience qui vous pousse à bailler…, bouche ouverte et corps affaissé, indifférent à ma détresse…, à l’avenir, tâchez de vous coucher plus tôt la veille du jour où vous viendrez avec moi rouler dans une automobile extraordinaire…
Notre civilisation ne sait pas ce qu’elle veut : pendant un siècle, elle a lancé sur les routes et les autoroutes, d’assourdissants véhicules à essence…, ayant réussi à mettre au point la voiture électrique silencieuse, elle s’angoisse aujourd’hui de l’absence de bruits capables d’alerter les piétons… et envisage de doter la trop discrète merveille d’un dispositif adéquat…, pourquoi pas une petite musique, par exemple un tango, cette danse où, après un pas en avant, on exécute un pas en arrière…., pfffffffffffffffffff !
DeSoto était une marque qui fut créée en 1928, qui reprenait le nom d’un célèbre conquistador espagnol : Hernando de Soto, qui fut le premier européen à avoir traversé le Mississippi.
Cette marque avait pour but de venir concurrencer General Motors, épaulée en cela par le rachat de Dodge, ce qui permettait de tenailler la concurrence entre deux offres : l’une de luxe (De Soto), l’autre positionnée plus en milieu de gamme (Dodge), le sommet étant tenu par Imperial…, il faut encore rajouter qu’outre ses propres modèles, Chrysler détenait également Plymouth.
En 1934, les DeSoto reçurent les fameuses carrosseries Airflow, c’est à dire bien plus aérodynamiques avec les ailes mieux intégrées dans la carrosserie et surtout un toit qui n’était plus anguleux comme sur les voitures du début des années ’30.
Cependant cette nouvelle esthétique ne sera pas du goût de la clientèle et l’échec commercial va être sévère…, DeSoto se rattrapera avec le modèle Airstream de 1935.
En 1942, après avoir participé à l’effort de guerre et s’être remis à la production de voitures, l’un des modèles les plus étonnants et les plus marquants de l’époque est apparu avec des phares escamotables dissimulés dans une calandre aux allures de fanons de baleine, préfigurant déjà le modèle de 1949 ici présenté…, les feux de position vont migrer de place chaque année… et, d’horizontaux en 1946, ils seront verticaux en 1949…
La voiture va être déclinée en plusieurs carrosseries cabriolet ou berline, coupé ou quatre portes…, le moteur, partagé avec la Deluxe, était un 6 cylindres en ligne de 237ci (soit environ 4 litres) qui développait 109 chevaux au régime de 3600 tr/min…., mais en 1952, la gamme sera profondément remaniée, et la gamme comportera jusqu’à quatre modèles animés par des V8 Chrysler…, l’arrivée de la Chrysler Newport bousculera alors toute la stratégie du groupe et Chrysler annoncera la fin de DeSoto le 30 novembre 1960…
Chaque fois que j’ai utilisé ma 1949…, je n’ai pu qu’atteindre une vitesse maximum d’environ 135 km/h, ce qui m’a paru suffisant, car, si c’est dans le domaine des accélérations que l’influence de la boîte automatique se fait fortement sentir…, sans être à proprement parler médiocre, la nervosité de la voiture n’en était pas moins assez décevante…., la boîte de vitesses semi automatique électrique n’était pas sans influer fortement sur son comportement.
C’est à la conception même du convertisseur de couple qu’il m’aurait fallu m’en prendre…, car même en employant au démarrage la position “Low” de la boîte de vitesses, les résultats étaient toujours moyens : 21s 3/5…, il eût été certes intéressant d’avoir une même DeSoto équipée d’une boîte mécanique trois vitesses doublée d’un “overdrive”… mais il ne m’a malheureusement pas été possible de disposer d’un véhicule relevant de cette formule, celui que je possédais étant déjà suffisamment rarissime… et m’ayant coûté “la peau des fesses”…
Cet ensemble se comportait comme une boîte trois vitesses dont la première serait commandée manuellement et dont on se servirait seulement exceptionnellement, tandis que les deux autres rapports passaient automatiquement…, la transmission automatique électrique consistant essentiellement en un convertisseur de couple allié à une boîte à engrenages planétaires à trois vitesses…, la consommation était en conséquence importante… et bien que la voiture n’a quasi jamais été poussée au maximum de ses possibilités, j’ai toujours enregistré une consommation de plus de 25 litres, j’ai en revanche apprécié la très grande souplesse de cette voiture et surtout son silence de fonctionnement.
En conduite normale je démarrais donc en seconde et la troisième passait automatiquement au minimum à environ 30 km/h et au maximum à environ 110 km/h au compteur…, ce passage dépendait de la pression que j’exerçais sur la pédale d’accélérateur et il m’était possible en dessous de 110 km/h de repasser en seconde en appuyant à fond sur l’accélérateur tandis que le fait de relâcher complètement la pédale ramenait l’ensemble en troisième.
Si cette solution pouvait être raisonnablement considérée comme agréable en plaine, à vitesse moyenne… et surtout en ville, elle ne convenait absolument pas à la conduite en cotes puisqu’il m’était impossible de soulager les freins en utilisant la frein moteur à moins d’utiliser la position manuelle “Low” en dessous de 60 km/h…, j’ai en effet été plus d’une fois péniblement surpris par les faiblesses du système de freinage.
Je souligne qu’il ne s’agit pas là de considérations propres à une quelconque conduite sportive… et qu’à mon avis, l’ensemble représentait un réel danger sur des routes à profil tourmenté…, bien que les voitures américaines ne m’aient jamais habitué à un freinage supérieur à la moyenne, cette DeSoto Custom Convertible de 1949, s’est révélée particulièrement décevante…, en usage normal, la pédale était dépourvue de progressivité et le freinage devenait vite brutal…, à grande vitesse, les distances d’arrêt étaient très élevées et l’ensemble se déréglait aisément…, de plus, les tambours s’échauffaient facilement et un dangereux déséquilibre apparaissait après quelques freinages “appuyés”…
La stabilité était exceptionnelle pour un fer-à-repasser sur roues en ligne droite en dessous de 100 km/h ou la voiture tenait docilement sa trajectoire…, mais, les courbes à grand rayon ne pouvaient être prises à vive allure sans danger et sans inclinaison notable de la caisse…, les virages serrés exigeaient encore plus de précaution, car une certaine tendance au roulis apparaissait alors… et la voiture manifestait une tendance à “décrocher” des quatre roues avec prédominance du train arrière.
Par ailleurs, les amortisseurs perdaient rapidement leur efficacité à très grande vitesse ou sur très mauvais revêtement et le train avant paraissait quelquefois mal supporter le poids important…, la suspension relativement ferme à très faible vitesse était par contre très confortable en dessous de 80-100 km/h, mais j’avais directement constaté des résonances sonores quelquefois importantes sur les revêtements pavés.
La voiture était équipée d’une direction “assistée” extrêmement agréable en ville, mais demandant une certaine accoutumance sur la route…, il m’était en effet nécessaire d’apprécier exactement le degré de braquage nécessaire…, car nulle résistance du volant ne venait à aucun moment me renseigner…, il m’est juste d’écrire que je me suis habitué assez rapidement à cette “légèreté” du volant qui supprimait toute fatigue sur route sinueuse.
Les lignes de cette DeSoto Custom Convertible 1949, n’avaient (et n’ont toujours) rien de particulièrement original…, très proches de celles de toutes les voitures américaines de l’époque, c’est à dire une silhouette assez massive, des chromes abondants et le contraste des matériaux favorisant le bicolore était à l’honneur de cette voiture dite “populaire-de-haut-de-gamme”.
L’assemblage lors de la restauration totale avait été effectué avec soin, l’intérieur était habillé de matériaux de qualité et la voiture avait subi victorieusement divers tests d’étanchéité…, les cotes d’habitabilité auraient pu permettre à la voiture d’accueillir confortablement six personnes, la garde au toit étant partout très suffisante et l’emplacement libre pour les jambes aux places arrière satisfaisant pour les usagers de grande taille…, l’accessibilité était également satisfaisante, les deux portes s’ouvrant largement (d’arrière en avant)…, aucune critique ne peut être adressée à la visibilité qui était bonne sous tous les angles.
L’équipement général était assez complet et mérite peu de critiques…, le tableau de bord en faux bois peint comportait un compteur de vitesse lisible et très bien présenté, complété par un totalisateur mais dépourvu de compteur journalier…, la charge de la batterie et la pression d’huile étaient par contre simplement contrôlés par deux compteurs intégrés dans un ensemble d’autres cadrans rectangulaires, comprenant également un thermomètre gradué indiquant la température d’eau de refroidissement (la jauge d’essence s’est toujours révélée d’une précision toute relative) !
Le démarreur, les essuie-glaces et l’éclairage étaient commandés par tirettes, tandis que le contact était actionné par une clé…., le commutateur d’éclairage qui faisait également fonction de rhéostat-interrupteur de l’allumage du tableau de bord était complété par un inverseur au pied, placé excessivement haut, à la limite des fils électriques nichés sous le tableau de bord (en faux bois, je le répète)…, tandis qu’en position “lanternes”, il permettait alors d’actionner les phares-codes.
Les clignotants à répétiteurs lumineux et sonores et retour automatique étaient commandés par un levier placé sur le côté gauche de la colonne de direction…, il est regrettable que le clavier de la boîte de vitesses commandé par un mini manche de brosse fixé sur la colonne de direction ne bénéficiait pas d’un éclairage…, le rétroviseur “jour et nuit” était très clair mais les deux pare-soleil étaient d’une inefficacité totale…, le capot s’ouvrait de l’extérieur et d’avant en arrière, les essuie-glaces étaient à dépression et leur cadence de balayage devenait extrêmement faible à pleine charge…, quant à l’accessibilité mécanique, elle était généralement mauvaise et les bougies en particulier pratiquement introuvables et ce malgré que c’était un 6 cylindres en ligne.
Le coffre à bagages était par contre d’une contenance suffisante pour 5/6 personnes mais la roue de secours, extrêmement encombrante et d’une maniabilité relative, en occupait une trop grande partie…, en faits…, les atouts majeurs de la DeSoto Custom Convertible de 1949, étaient constitués par son silence, sa visibilité lorsqu’elle était décapotée (c’est un gag !)… et son excellente habitabilité…, il s’agissait avant tout d’une voiture destinée à être menée à vitesse très moyenne compte tenu de la faiblesse de son freinage, de l’importance de sa consommation ainsi que du caractère relativement modeste de ses performances.
Hommage tout particulier à Gilbert Bovijn qui avait totalement restauré cette 1949 DeSoto Custom Convertible en 1995…
QUALITÉS : Performances suffisantes – Moteur très silencieux – Ensemble d’une grande souplesse – Tenue de route suffisante – Bonne suspension – Direction “assistée” agréable après accoutumance – Bonne finition – Bonne visibilité – Bonne habitabilité.
DÉFAUTS : Consommation très importante – Boîte automatique de conception très discutable – Freinage insuffisant – Train avant faible – Mauvaise accessibilité mécanique – Contenance du réservoir d’essence très insuffisante – Essuie-glace à dépression – Roue de secours mal placée.
Assis, toujours devant mon clavier d’ordinateur, tout comme vous êtes toujours et encore devant votre écran, je suis pourtant virtuellement, dans cette histoire, assis au volant de mon ex-DeSoto Custom Convertible de 1949 (l’année de ma naissance), bloqué à un feu de trafic, qu’on nomme communément “feu tricolore”, même quand il est vert…, voilà, amis lecteurs, amies lectrices, ce voyage touche enfin à sa fin (prochaine)…, inopportun rabat-joie et cauchemar de ma butée d’embrayage, il vient de surgir dans ma vie à l’heure allègre où je caresse le champignon avec gourmandise…
Conciliant comme un instructeur militaire mal luné, souple comme l’esprit d’un dévot partisan de la messe en latin, il cristallise les flux automobiles et fait bouillir mes méninges en se dressant ostensiblement sur ma route tel un épouvantail liberticide…, de jour comme de nuit, s’arrêter pour repartir, repartir pour s’arrêter, combien de laps de temps qui, mis bout à bout, font des éternités, en sa cause et celle de ses scélérats homologues, m’ont-ils ainsi été volés ?
Étant jeunot, on m’avait appris à souffler sur le feu rouge pour qu’il daigne verdir…, à mon tour derrière le volant, je souffle toujours, condamné que je suis à subir l’absolutisme sans appel des automates qui brillent plus par le filament que par l’esprit…, n’y a-t-il rien de plus profondément stupide à s’immobiliser devant un androïde borné sur un carrefour désertique à l’heure tardive où la flicaille pionce ?
A quoi sert-il donc aux hommes de s’autoproclamer prodiges de le création si c’est pour s’en trouver immobilisés par un stupide signal lumineux ?
Et encore, tout bien pesé, aucun animal n’est suffisamment imbécile pour s’abaisser à respecter les feux tricolores…, bien que coutumières des embouteillages estivaux, les chenilles processionnaires s’en passent fort bien.
Dans le désordre organisé de leur nid, les fourmis rousses viennent à bout des bouchons sans ralentir leur course, dussent-elles creuser elles-mêmes les raccourcis qui n’existent pas.
En somme, on ne trouverait guère d’assez stupides que les lemmings pour légitimer le feu tricolore qui stopperait net leur course suicidaire vers la mer…, c’est donc désespérant d’échapper à ma condition de poireau humain dans laquelle jour après ils m’humilient, j’ai bien essayé de les baiser quoi qu’il dût m’en coûter : Las !
Vais-je encore parvenir à stopper net mes élans printaniers de vélocité jusqu’au jour béni où, enfin, j’aurai raison de leur diktat, obstruant mon horizon de leur rougeoyant veto, la guerre des nerfs entre nous est engagée sans plus de merci qu’à l’accoutumée…, où vais-je au contraire assouvir ma vengeance ?
N’ignorant pas la durée déterminée des intermèdes écarlates, je joue souvent la ruse en m’approchant au pas de l’homme jusqu’à ce qu’ils se résolvent à verdir de rage, impuissant qu’ils sont à me clouer sur place.
Ah, que ma victoire ce jour est belle et ma journée allègre…, je crains toutefois ne guère avoir le loisir de confirmer ce triomphe absolu de l’homme sur le feu tricolore…, après de cons et loyaux sévisses, ils sont en effet remplacés par des ronds-points, le temps qu’un de leurs acolytes à roulettes fasse la circulation alternée.
Un soir d’exaspération où j’avais eu le malheur de me retrouver nez à nez avec ce fléau provisoire, j’avoue avoir bondi aussi sec de mon bolide contrarié et avoir déplacé le malotru sur le trottoir d’en face…, il se trouvait là un piéton visiblement bien amoché qui, sous la rouge menace de l’androïde, s’immobilisa illico, con comme un réverbère…
Voir un poivrot faire le poireau, avouez, mes salauds, que cela ne manque pas de piment !
Sur ce, je vous quitte…, assoiffé…
A plus, peut-être…