En 1948, pendant que Earl William “Madman” Muntz faisait fortune avec ses voitures d’occasion et ses téléviseurs, le concepteur de voitures de course et fondateur de Kurtis Kraft : Frank Kurtis, cherchait à mettre sur le marché une nouvelle voiture sport deux places : la Kurtis Kraft Sport… elle était le produit de l’étonnante explosion de créativité automobile survenu en Californie après la seconde guerre mondiale…
Après avoir enduré une dépression et une guerre épuisante, les Américains étaient prêts à célébrer le renouveau de leur économie, ils en avaient assez des voitures insipides, ces berlines dépressives sombres qu’ils avaient soigné à travers les années de guerre sur leurs vieux pneus et avec l’essence rationnée… la Californie se trouvait là où la fête de l’après-guerre commençait… et Frank Kurtis, le fils d’un forgeron croate, était à son épicentre.
Kurtis avait commencé son apprentissage automobile dans les années 1920, à Los Angeles, dans l’atelier de carrosserie du concessionnaire Cadillac, Don Lee, qui s’était spécialisé dans la construction de voitures personnalisées pour les stars d’Hollywood grâce à Harley Earl, le futur chef de conception de la General Motors, dont l’entreprise familiale de carrosseries “Earl Automobile Works”, avait été achetée par “Don Lee Corporation”… Kurtis est ainsi devenu un constructeur de voitures pour rock-star après avoir brièvement travaillé pour Howard A.Dutch Darrin pour concevoir l’élégante Packard-Darrin’s et conçu les fameuses Midgets qui vont dominer les pistes ovales en terre de l’Amérique profonde dans les mains de pilotes tel que Rex Mays.
Après la guerre, son garage/atelier “Kurtis-Kraft, Inc”. situé à Glendale va concocter des centaines de Midgets de course ainsi que les fameux Roadsters Indy réservés pour la célèbre course des 500 miles où les Kurtis vont remporter cinq des six “500 miles”… Kurtis était un penseur et un iconoclaste… il avait surbaissé leur centre de gravité et adouci leurs suspensions trop raide… ce qui les rendaient plus facile à manier dans les virages (tous pris en longues glissades) et plus rapide en raison de leur très bonne stabilité.
Le développement de sa nouvelle voiture de sport a été abordé de la même manière réfléchie qu’en 1949, ou il avait présenté un prototype qui était adaptable à une large gamme de moteurs hétéroclites : Studebaker, Ford, Lea-Francis (britannique) et Offenhauser… ce Kit-Car avant l’heure, proposait une “boite d’assemblage” pour une construction résidentielle (at-home), mais comme “avant l’heure c’est pas encore l’heure”… personne n’en a commandé… et la production n’a jamais dépassé le cap du prototype basique de présentation à la presse alors indifférente.
Mais Frank Kurtis l’a peaufinée en tous sens pour en faire une vraie voiture de sport équipée d’un V8 Mercury et a re-convié la presse à constater que sa voiture atteignait 142,5 mph (environ 230 km/h) au bout de 400 mètres départ-arrêté sur le circuit de Daytona Beach au début du mois d’août 1950… un moteur “American muscle” V-8 et un châssis de style européen était la combinaison gagnante d’une voiture sportive quasi imbattable, en performances et en coûts modérés, c’était sensationnel en 1950, il faudra attendre les années soixante pour revoir un cocktail identique concocté par Carroll Shelby !
Frank Kurtis avait inventé une nouvelle formule convaincante pour une voiture de sport All-American : la Kurtis-sport était bien conçue, bien détaillée et bien construite… mais seulement 16 furent seulement construites car Arlen Kurtis père de Frank Kurtiss était aux commandes des finances et, s’il était alors “un mec sympathique”, il était un piètre homme d’affaires… le financement promis par un financier véreux, Ed Walsh, ne s’est jamais matérialisé, l’entreprise Kurtiss était gravement sous-capitalisée, la faillite n’était pas loin, à moins d’un miracle !
Et c’est à ce moment que miraculeusement Earl William “MadMan” Muntz à déboulé… enthousiasmé par les performances et par les lignes surbaissées ainsi que la conception de base prometteuse (quasi révolutionnaire pour l’époque) de la Kurtis-Sport… fin août 1950, Earl Muntz a foncé comme un fou (Madman, toujours) pour acheter l’outillage de fabrication, les matrices de construction, les droits, les licences, les pertes et les actifs de l’entreprise Kurtis.
Muntz à offert 70.000 $ à Frank Kurtiss qui était à court de trésorerie, mais qui voulait 200.000 $ pour ne pas sombrer et se relancer… ironie amère, Frank Kurtis était exactement la bonne personne au bon endroit disposant d’une idée mise au point et en œuvre, ayant débouché sur la construction de 16 Kurtiss-Sport… une affaire qui pouvait être rentable, mais qui était tout simplement trop grande pour ses moyens.
Ce n’est qu’en 1951, que Frank Kurtis consentit à vendre la licence de production à Muntz parce qu’il acceptait de payer les 200.000 $ demandés… mais comme toujours “illuminé” Earl Muntz décida de ne pas utiliser les matrices de construction de la Kurtis sport 2 places… Earl William “Madman” Muntz en fit la “Muntz-Jet” 4 places, initialement produite à Glendale, l’atelier existant étant conservé… et Frank Kurtis ainsi que son associé ingénieur Sam Hanks furent retenus (achetés) pour réaliser une refonte sur le prototype Kurtis en vue d’obtenir une automobile pouvant être commercialisée à destination d’un plus large public…
Cela signifiait que la stricte 2 places devenait une 2+2 grâce à une banquette arrière et l’ajout de nombreuses améliorations au châssis allongé de 13 pouces (33 cm) et remplaçant le moteur V8 Ford Flathead par un moteur plus puissant: un V8 de Cadillac… pour tout en savoir, un simple click sur ce lien : https://www.gatsbyonline.com/chromes-et-flammes/numero-5/earl-madman-muntz-franck-kurtis-344671/
Frank Kurtis avec les 200.000 US$ obtenus, va tromper escroquer et laisser tomber “Madman” Muntz en reprenant son autonomie pour construire fin 1953, avec Bill Vukovich, la fameuse 500 spécial, il tablait sur sa renommée car il était le constructeur le plus respecté d’Indianapolis et des pilotes de course en catégorie Midget, ainsi que le créateur de l’Indy Roadster.
La Kurtis 500 S Roadster dérivait étroitement des voitures de championnat avec un large châssis-cadre à croisillons mécano-soudés, un essieu rigide et une suspension à barre de torsion… ressemblant à une Indy car, large, basse et sans porte-à-faux, elle était munie de garde-boue “moto”, d’une calandre à neuf barres verticales rappelant les racers Kurtis-Kraft et elle accueillait tout un éventail de moteurs V8 américains, des flatheads Ford, des Chrysler Hemi ou encore d’énormes V8 Cadillac… le moteur choisi, reculé très loin en arrière du train avant, quasiment en position centrale avec le pilote, garantissait un comportement très sportif… Frank Kurtis produisit une trentaine de ces voitures dont les acquéreurs furent essentiellement des pilotes… puissante et rapide, la Kurtis-Kraft 500S gagna de nombreuses courses du SCCA aux mains de pilotes comme Briggs Cunningham, Chuck Daigh et Bill Stroppe, une version civilisée nommée 500 M sera également produite à 25 exemplaires jusqu’en 1955.
La Kurtis 500S 1954 de cet article est l’une des quelque 30 produites, elle a été achetée début 1978 par robert Gottlieb, avocat et rédacteur en chef de “Motor Trend Magazine” et “Hot Rod magazine” chez Petersen Publishing… également conseiller juridique embauché pour certains des acteurs les plus notables de l’industrie automobile, y compris Cadillac chez General Motors… c’est dans l’édition d’avril 1978 de Hot Rod magazine que Gottlieb a décrit l’état d’origine dans lequel il a trouvé la Kurtiss 500S : -“La voiture est extrêmement légère, terriblement bruyante, elle procure des décharges de plaisir et est extrêmement rare. Elle n’a jamais été accidentée majeur et est probablement la plus original et authentique Kurtis 500 en existence. Peu de gens la reconnaissent lors de mes escapades occasionnelles à travers Los Angeles. Elle a encore sa peinture rouge d’origine et ses chromes intacts. La voiture est propulsée par un moteur Cadillac vintage, et après tout ce temps elle reste aujourd’hui peut-être le meilleur roadster original Kurtis Kraft 500S dans le monde”.
En 1990, trois ans après le décès de son père, Arlen Kurtis, spécialisé dans la restauration des voitures originales, tentera de relancer la marque en produisant dans ses ateliers de Bakersfield 24 exemplaires de Kurtis 500 S Roadster Continuation selon la méthode artisanale héritée de son père, sans succès !
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