1955/56 Gaylord Gladiator…
Tu la vois et tu la gardes en tête, impossible de t’endormir en début de nuit, tu tournes et te retournes dans ton lit, à chercher sans espoir le moment où ton cerveau s’éteindra enfin…, mais laminé par les somnifères et la peur de ne justement pas trouver le sommeil, ton ciboulot déconne et commence à entendre des voix, qui te susurrent des phrases inintelligibles qui s’entrechoquent dans ta tête, pour créer un malaise étrangement réconfortant…
La 1955/56 Gaylor Gladiator te souffle de l’angoisse, te saccage le cœur…, une cassure cauchemardesque t’envahit…, son look te crache son âme en pleine gueule, sa vision est comme un rouleau compresseur ahurissant à provoquer des émeutes dans n’importe quel show du monde…,c’est trop dur, trop fort, trop orgasmique, c’est une bombe qui n’explosera jamais totalement, qui te brutalise non stop tellement elle est belle à en crever.
Elle est tellement massive, tellement motivante qu’elle donnerait presque envie de t’inscrire dans une salle de sport huppée, pour soulever des haltères jusqu’à ce que tes muscles se désintègrent dans une gerbe de sang !
Le projet de la Gaylord fut initié par deux frères : James et Edward Gaylord dont le père était immensément riche après avoir inventé le “Bobby-pin“…, une simple épingle à cheveux en métal, utilisée en coiffure pour maintenir les cheveux en place !
Ils ont vu les projets fous et farfelus de Virgil Exner dans l’esprit des Duesenberg et Stutz d’avant guerre…, ils ont contacté diverses personnalités du milieu automobile, tel Andy Granatelli (le plus grand préparateur de moteur Packard), Alex Trémulis (l’ingénieur concepteur de la Tucker), et leur ami Ed Cole (le célèbre designer de la Général Motor)…, afin de leur proposer la réalisation de leur projet.
Après avoir essuyés plusieurs refus, il ont décidé de s’adresser à Brooks Stevens, designer réputé ayant déjà travaillé pour Kaiser Frazer et Willys, qui avait créé l’Excalibur “J”, une petite voiture de sport sur la base de la Kaiser Henry “J” qui évoluera ensuite vers les fameuses Excalibur SS, répliques des Mercedes SSK de 1927.
Le cahier des charges relativement succinct suggérait une totale liberté en matière de design, quitte à déborder des standards de l’époque…, mais il devait s’agir d’un cabriolet disposant d’un toit amovible dans le coffre, à deux places, sur base d’un châssis tubulaire conçu par James Gaylord en personne…, il en résulta un engin des plus surprenant, utilisant bien avant tout le monde des thèmes néo-classiques : phares surdimensionnés, calandre verticale, long capot, ailes échancrées, etc…
Le premier exemplaire était motorisé d’un V8 Chrysler Firepower, il a été assemblé chez le carrossier allemand Spohn, de Ravensburg… et c’est Paris qui eu les honneurs de la présentation en première mondiale de cette Gaylord Gladiator au salon de 1955.
Les frissons furent immédiats pour tous les visiteurs…, personne ne s’était pris une telle claque depuis des lustres, tout y était dingue, mais l’élément déclencheur, le moissonneur de colonne vertébrale, c’était la face avant et ses phares gigantesques encadrant une calandre démesurée qui déboulait sans prévenir pour hanter l’esprit du public, sans plus jamais le quitter…, façon spectrale, une cavalcade émotionnelle, la Gaylor Gladiator était belle à en pleurer, le bonheur absolu, avec des anges qui déboulent pour tabasser tout ceux qui oseraient la critiquer.
La voiture donnait envie de danser, de pleurer, de courir à poil les cheveux au vent dans Paris à 5 heures du mat’…(Jacques Dutronc touché lui aussi, s’en est inspiré plus tard pour une de ses chansons), elle se classait au TOP sans forcer…, un diamant…., mais les tarifs annoncés étaient très élevés pour l’époque…, toutefois cela correspondait à un niveau d’équipement conséquent : direction assistée, roue de secours sur un plateau qui se manœuvrait électriquement, gadgets divers, instrumentation haut de gamme, etc…, la Facel-Vega HK500 s’est également largement inspiré de la Gaylor Gladiator, tout comme Michel Hommel s’est inspiré de Chromes&Flammes pour sortir Nitro, de ma Minari pour sa barquette…, le monde est ainsi : veuleries, copymanies et machinations…
En plus du modèle exposé au salon de Paris, seulement deux autres voitures complètes furent construites, équipées d’un V8 Cadillac remplaçant le moteur Chrysler du premier modèle…, la face avant étant alors malheureusement équipée d’une calandre plus petite et de double-phares “classiques”, perdant ainsi son cachet, son caractère, sa personnalité…
L’ironie de ce gâchis, vient du fait que, peu satisfait du travail de Spohn, maladifs de perfectionnisme, les frères Gaylord s’étaient adressé à Luftftschiffschiff Zeppelin de Freiderichshaven, pour continuer la production… qui ne sera que de deux autres voitures construites (un châssis motorisé fut également fabriqué, qui ne fut pas “officiellement” carrossé).
Faute de s’investir suffisamment dans le développement commercial de leur affaire et donc de trouver des clients pour cet engin d’une autre planète, les frères Gaylord décidèrent d’arrêter les frais…, avec 3 voitures et un châssis motorisé, ils avaient réalisé la plus petite production automobile au monde tout en se faisant plaisir en créant l’auto de leurs rêves.
Toutefois, les voitures ont disparu, toutes dans un premier temps… et cela a évidemment salement choqué le public… et on n’a pu compter le nombre des déçus voulant faire les féroces qui vont foutre les potards à fond dans le rouge pour hurler encore plus fort que des punks en montée de speed, qui viennent de voir leur gosse se faire percuter par une Gaylor Gladiator !
Pour ma part, étant alors trop jeune, je n’ai pu pousser le vice aussi loin dans la rage aveugle, encore plus violente qu’un métro sur frein d’urgence… en beuglant : “Plus rien n’a de sens”…
Un passionné américain, qui enquête sur cette marque m’a envoyé ce courrier…
<< Monsieur De Bruyne, une Gaylor Gladiator se trouve à Silver Springs dans un musée, c’est en Floride près d’Orlando. Une autre se trouvait en France mais a été vendue à un habitué des automobiles sans Maîtres…, la troisième, en France également, a disparu des mains d’une certaine Lucienne Loriel… Le châssis motorisé quant à lui devait être utilisé par le dernier carrossier “Luftftschiffschiff Zeppelin de Freiderichshaven” pour réaliser une version 4 portes qui n’a pas été construite… La Gaylord a été conçue par les frères Jim et Ed (James et Edward) Gaylord de Chicago Illinois USA pour figurer en tête du marché international des automobiles “Grand Touring” et ridiculiser la Mercedes 300SL Gullwing…, mais elle n’est allée que dans le néant…, la société étant finalement traînée vers le bas en cause de poursuites civiles du même ordre que le cauchemar de Tucker… et Jim Gaylord a séjourné plusieurs semaines en hôpital psychiatrique, souffrant d’épuisement mental.
En 1990, Jim Gaylord m’a chargé, via ma société “Auto Search International”, de localiser son prototype de pré-production Gaylord 2 ou Serial PP2. J’ai activement cherché en Europe (Allemagne, Italie, France et Royaume-Uni), où j’ai attiré votre attention et celle de plusieurs médias sur ma recherche… et finalement, j’ai tracé la voiture qui était passée entre les mains d’une collectionneuse demeurant à Lyon, France, nommé Lucienne Loriel que j’ai personnellement rencontrée dans son bureau de Lyon ou elle m’a chaleureusement accueillie car mon entretien avec elle avait été arrangé à l’avance par une connaissance mutuelle qui avait été le conservateur du “Grand Prix Museum de Cannes” et s’était porté garant de mes lettres de créance en tant que chercheur et historien légitime spécialiste en automobiles de collection.
Notre entrevue a commencé par échanger nos points de vue concernant les voitures de collection américaines en Europe, puis Madame Lucienne Loriel m’a parlé de certaines des voitures américaines qu’elle avait recueillies au fil des ans. Lorsque nous avons commencé à discuter de la Gaylord Gladiator, elle a parlé affectueusement de la voiture au début de notre entrevue, se souvenant des détails intimes de sa construction et de ses options uniques. Mais, quand je lui ai dit que Jim Gaylord m’avait chargé de retrouver cette voiture qui avait disparu depuis 35 ans, Lucienne Loriel est devenue très étrange et suspecte, niant l’avoir possédée, malgré plusieurs photos et coupures de presse, démontrant que la Gaylor Gladiator avait été subtilisée à Paris et avait ensuite été incorporée dans la collection de Lucienne Loriel. Je me souviens avoir cité Shakespeare à James Gaylord quand je l’ai appelé après mon entrevue avec Lucienne Loriel en disant “Elle proteste trop pour être honnête…, elle m’a dit à plusieurs reprises au cours de notre entrevue que la voiture n’existait plus mais elle n’est pas crédible”… Nous avons conclu que James Gaylord avait besoin d’embaucher un détective privé pour examiner de plus près la riche et puissante Madame Lucienne Loriel et ses garages !
Jim Gaylord m’a dit que les permis d’importation des douanes à l’époque où la Gaylor Gladiator avait été conçue précisaient que les prototypes importés de pré-production devaient selon les lois, être retournés à leur constructeur européen, en l’occurrence pour la première Gaylor, à la “Karosseriefabrik Hermann Spohn” à Ravensburg en Allemagne… et les 2 autres ainsi que le châssis à la carrosserie “Luftftschiffschiff Zeppelin” de Freiderichshaven…
Jim Gaylord avait supposé qu’il en avait été fait ainsi…, comme vous pouvez l’imaginer, il a prétendu être très intrigué quand je lui ai dit que la première Gaylor avait été acheminée au musée de Silver Springs d’Orlando en Floride… que la seconde avait été vraisemblablement capturée par M. Lucienne Loriel…, que la troisième avait disparu… et que le châssis prévu pour être utilisé par la carrosserie “Luftftschiffschiff Zeppelin” de Freiderichshaven… afin d’en faire une 4 portes, ce qui ne sera pas fait, avait migré aus USA en compagnie d’une des Gaylor… !
Malheureusement, Jim Gaylord est décédé peu après…, aucune enquête n’a pu être réalisée par un détective privé… et aucune plainte n’a été déposée, ce qui d’ailleurs n’enlève rien à l’étrangeté de toute cette affaire, car durant un demi siècle, qui pourrait croire que les frères Gaylor ne se soient pas inquiété du sort de leurs voitures ? C’est invraisemblable ! Pourquoi également m’avoir payé pour enquêter de si nombreuses années plus tard… J’ai perdu le contact avec toutes les personnes impliquées et je ne connais absolument pas la réelle propriété des 3 voitures et du châssis !!! Qu’elles soient en Europe ou aux États-Unis…
Quoi qu’il en soit, en tant que membre actif de la “Society of Automotive Historians”, je serais très intéressé à en apprendre de tout ce que vous avez peut-être découvert sur les automobiles Gaylor. Parce que j’ai grandi à Chicago près de l’usine Tucker, j’ai un intérêt particulier pour les voitures construites à Chicago depuis que je suis un adolescent, donc s’il vous plaît, tenez moi au courant de vos efforts pour découvrir la vérité de ce mystère de l’histoire automobile.
Aussi, si vous êtes vraiment sérieux dans votre quête pour trouver ces voitures, ma société pourrait être embauchée (encore) par vous pour trouver les Gaylord perdues et je suis sûr que nous pourrions assez rapidement mener les recherches sur base de divers éléments solides, vérifiés, ainsi que des informations exploitables pour votre web-site et vos magazines Chromes&Flammes à un coût très raisonnable.
Sincèrement.
Bill Gilmore >>
2 commentaires
“Grand prix museum de cannes” ? Inconnu ! Il y a sans doute confusion avec l’ancien Musée de l’auto de Mougins…
Un verre à la main, au bord de ma piscine, regardant tour à tour la sublime paire de fesses d’une beauté sirupeuse, mon Cocker Blacky qui chasse les pigeons, et l’écran de mon ordi…, quelqu’un m’interpelle via mon web-site et s’ensuit la brève discussion la plus intéressante de mon année… Cette personne, qui se surnomme “HiBoyJaune”, que nous appellerons G (pour Guerpillon), me donne un avis qui sent le piège…, avec en point d’orgue une remarque pertinente mais qui ne changera rien au temps qui passe, quoique, soudain, la notion du temps est annihilée, c’est toutefois un commentaire lumineux que je vais devoir garder en tête pendant des lustres, à tel point que j’en parlerai sur mon lit de mort.
-“Grand prix museum de cannes” ? Inconnu ! Il y a sans doute confusion avec l’ancien Musée de l’auto de Mougins”…
Je répond donc :
-“Très cher, on se voit quand tu veux pour causer de ce point crucial, je suisse heureux de découvrir une telle information. Je n’ai fait que retranscrire ce que m’a écrit ce bonhomme, il y a certainement confusion. Vers la fin de son existence ce musée situé dans une aire de l’autoroute du sud à Mougin, était en mauvais état et a été vendu au fameux “JJ” qui avait un hôtel à Vence dont le garage est bourré de Ferrailleries anciennes et qui s’occupe actuellement de la branche des “classiques” chez DPM à Monaco… Ce serait à mon sens plus utile d’en connaître plus sur la Lucienne Loriel qui pourrait aussi se prénommer Lucien… Voilà… A pluche !”…
Putain…, du coup je re-re-regarde la belle plante décorative qui sublime la photo de la bagnole et je me dis que la photo date de 1955, que la nanana devait avoir maxi 30 printemps… et qu’en 2019 elle devrait donc avoir 94 ans… si elle survit encore…
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