1955 Lincoln Boano “Indianapolis”…
Felice Mario Boano et son fils Gian Paolo, sont peu connu…, mais l’influence qu’ils ont eu sur l’évolution du design automobile moderne, est largement hors de proportion avec leur taille.
Dans l’économie italienne de la fin des années quarante et des années cinquante, qui avait du mal à se reconstruire après les ravages de la seconde guerre mondiale, les carrossiers savaient que pour survivre puis rebondir, il leur fallait absolument proposer leurs services et capacités à la puissante et riche industrie automobile américaine.
Felice Mario Boano, grâce à un ami bien placé qui avait travaillé chez Ford, a élaboré en 1954, un design futuriste sur un châssis de Ford Lincoln.
Ebloui par les esquisses prometteuses, Henry Ford II va lui fournir un châssis de Lincoln ’55.
Boano va alors entamer un projet accéléré, “l’Indianapolis”, qui devait être terminé à temps pour sa présentation au salon de Turin 1955, la vitrine par excellence des carrossiers italiens.
Après sa présentation remarquée, “l’Indianapolis” a été expédiée aux États-Unis à destination d’Henry Ford II…, Boano espérant ainsi obtenir la fabrication d’une petite série qui aurait chapeauté la Gamme Lincoln avec panache !
Henry Ford a réceptionné “l’Indianapolis”, a roulé avec cette voiture durant deux jours, puis, pestant pour la chaleur insupportable règnant dans la voiture (un problème de surchauffe dû à un mauvais refroidissement naturel du radiateur d’eau)… a ensuite donné la voiture à Errol Flynn… qui l’a quasi-abandonnée dans un hangar jouxtant sa propriété, remerciant Henry Ford II pour : “ce magnifique concept d’une voiture destinée au nord de l’Alaska en hiver”…
L’histoire ultérieure de cette la voiture, va passer (comme très souvent) dans un certain nombre de mains…, mais…, variante à ce shéma, “l’Indianapolis” va être endommagée dans un incendie avant d’être acquise par le propriétaire actuel, il ya 20 ans.
Deux années vont être consacrées à la restauration de la Lincoln Boano “Indianapolis”… et le résultat est époustouflant.
Présentée au célèbre concours d’élégance de Pebble Beach, “l’Indianapolis” est un exercice magnifique de créativité et d’imagination, rendu aux normes contemporaines par son propriétaire, déterminé à bien faire les choses indépendamment du coût.
Résultat : cette Lincoln Indianapolis 1955 carrossée par Boano a été vendue pour 1,375,000 $ lors la vente aux enchères Gooding de Pebble Beach le dimanche, 20 août 2006.
La restauration d’une voiture est une entreprise coûteuse, pénible et frustrante.
La restauration d’un concept-car ne fait qu’aggraver les problèmes que subissent les carrossiers-artisans-spécialistes, car les parties abimées (voire manquantes) ne sont pas disponibles sur une table à Hershey (la plus importante foire de la pièce détachée au monde, qui se déroule chaque année aux USA)…
La restauration de ce concept-car, “l’indianapolis”, a suscité encore bien plus de soucis…, d’abord parce que c’était un modèle unique au monde…, ensuite parce que l’intérieur avait été détruit dans un incendie !
De plus, une partie de la voiture est arrivée dans des boîtes à la suite de la tentative de restauration du propriétaire précédent, le solde des pièces mettant six mois avant d’être livrées…
En conséquence, il y avait de nombreux raccourcis lamentables sur cette Lincoln, par exemple, le capot moteur avait été reconstruit avec des petites plaques de métal provenant de bidons d’huile Quaker State…
La place dévolue au conducteur était 10 centimètres plus longue que celle du passager !
Le toit n’était pas droit et le capot en patchwork de boites de ferrailles n’était pas aligné correctement.
En outre, le pare-brise était maintenu en place avec de l’adhésif… et, en raison du manque de temps quand la voiture avait été construite, de grandes quantités de plomb avaient été utilisées (le restaurateur dit que finalement il a enlevé de quoi remplir un demi-tambour).
Le propriétaire actuel a confié la restauration finale à Jim Cox de “Sussex automobiles and Coachworks” en lui spécifiant qu’il lui fallait restaurer “l’Indianapolis” de la façon dont Gian Paolo Boano l’aurait restaurée s’il en avait eu le temps.
Cox avait déjà restauré plusieurs Packard très rares, provenant même propriétaire, donc il a rapidement compris la norme qui devait-être la minimale attendue.
Deux ans plus tard, le résultat est saisissant.
Le style est si extrême (il s’agit d’une préférence personnelle), que la qualité de la restauration ne pouvait-être remise en question.
Alors qu’avons-nous ?
Une voiture qui pèse deux tonnes, dispose de deux sièges, n’a pas de coffre ou de rangement des bagages, n’a pas même un rétroviseur…
L’admission d’air frais pour rafraichir le ventilateur d’eau-moteur se fait toujours par une petite ouverture en dessous du pare-chocs avant, de manière telle que la surchauffe reste un problème qui plombe la conduite de cet enfin exhubérant.
La voiture n’a évidemment pas été conçue pour le confort de conduite, ou, en l’occurrence, la conduite pépère…, elle a été conçue et construite comme un concept-car vantant les capacités de l’entreprise Boano auprès d’Henry Ford II, et ce but n’a pas été atteint !
Suite au résultat de la vente aux enchères Gooding qui s’est déroulée à Pebble Beach le dimanche, 20 août 2006…, soit 1,375,000 $…, le vendeur de cette Lincoln Boano “Indianapolis”, à dû admettre que c’était un moment dans le temps où le soleil, les étoiles et la lune était dans un alignement parfait…
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