1957 Bill Frick spécial GT Coupé “Payne”
Alessandra Tomassi, vous allez en connaitre plus en fin de cet article…, par contre Bill Frick vous est “royalement” inconnu…, ok, pas grave !
Sachez toutefois, pour ne pas mourir totalement ignare, qu’il est connu aux USA comme une sorte de génie mécanique ayant créé la Fordillac et, plus tard, la Studillac…, qui, comme vous le devinez, sont des élucubrations dantesques sur base Ford/Cadillac et Studebaker/Cadillac…, mais ses rêves automobiles ont été plus grands encore que l’abandon de moteurs Ford et Cadillac dans des automobiles Studebaker recarrossées destinées à des ahuris fantaisistes et fantasques ne pouvant que s’illusionner au volant de créations abracadabrantes.
En partenariat avec le carrossier italien Alfredo Vignale (c’est pas rien et ce n’est pas pour rien), Bill Frick a produit et vendu à prix d’or, trois “Frick Bill Spécial” aux 3/4 des années 1950 (1957), un Fastback, un Coupé GT, et un Cabriolet.
Trois ans plus tard (en 1959), les trois Bill Frick ont disparu… et quasiment personne ne s’en est aperçu, on peut même dire et écrire que la population mondiale n’en avait rien à battre (et s’en fout encore totalement aujourd’hui), mais en 1962 une des trois Bill Frick (la seconde, construite en Coupé GT) a refait surface comme étant toujours la propriété de la famille Payne, qui la sort de temps en temps pour lui faire prendre l’air et graisser ses rouages…, puis, elle a de nouveau disparu…, tandis qu’à nouveau, personne ne s’inquiétait du sort des deux autres.
En 2011, alors que la planète (et même l’univers dans sa totalité) ne savait rien de plus concernant les 3 disparues, le Coupé GT 1957 de la famille Payne a réapparu et gagné le premier prix “Al Unser SR” lors du “Concorso Santa-Fe”…, ce fait (insignifiant) à toutefois déclenché chez certains affairistes une envie d’en savoir plus afin de réaliser “une bonne affaire”…
Ce coupé à l’origine bleu, et en finale rouge et noir, surnommé “Le Coupé Payne”, (seconde Bill Frik construite, reconnaissable à son toit ouvrant en toile), a connu 5 propriétaires entre 1959 et 2011…, elle a survécu remarquablement bien à cette dernière décennie d’oubli… et, compte tenu de sa place unique dans l’histoire de l’automobile, Bonhams a déboulé en cette année 2011 pour proposer au propriétaire de cette époque d’assurer sa vente “à prix d’or” c’est à dire entre $ 180.000 et $ 220.000…, mais ce “dernier” a hésité… et la Bill Frick a disparu à nouveau !
7 ans encore plus tard, le 5 juin 2018, ce Coupé “Bill Frick spécial GT” va réapparaitre dans une vente aux enchères (encore Bonhams) qui se déroule dans un bled paumé du Connecticut, dans le cadre de la vente “Bonhams Greenwich Concours d’Elegance”… et c’est là le sujet de la chronique qui suit ci-dessous.
Né à Berlin (Allemagne), dans les dernières années de la première guerre mondiale, Bill Frick a tracé son chemin vers et aux les États-Unis dans le milieu des années 1930…, il gagne sa vie en reconstruisant/modifiant diverses automobiles, principalement leurs moteurs qu’il “améliore” pour leur faire cracher un maximum de chevaux pour aller (où ?) plus vite, et… plus souvent qu’autrement…, ses astuces vont faire école et sa renommée aux USA va venir d’un “truc” qui devient sa spécialité : installer des moteurs surpuissants, quelle que soit leur marque, dans des voitures qui manquent de folie…, échangeant un moteur d’un fabricant dans le châssis d’une autre.
Son premier “swap moteur” fut d’installer un Dodge 1924 quatre cylindres dans une Ford modèle A, pareil que nombre d’hurluberlus qui, faisant de même, vont inventer les Hot-Rods…, mais l’ombre de la mort qui menace le monde dit civilisé cache l’arrivée de la seconde guerre mondiale qui va détourner l’attention de Bill Frick des Hot-Rods pour s’occuper d’aviation.
Durant toute la guerre 39/45 Frick œuvre en sous traitant pour la fabrication de pièces d’avion puis s’occupe lucrativement de remontage d’aéronefs accidentés, assurant “un suivi” à l’armée grâce à ses réelles capacités ainsi qu’à sa faculté de réaliser des tests et réparations en vol, tout cela assorti d’un service d’entretien total et ce jusque dans les coins les plus reculés du globe.
Quand la guerre prend fin, Frick ouvre un atelier avec une boutique de vente/présentation de son savoir-faire à Rockville centre, New York, où son entreprise spécialisée dans les conversions de moteurs performants et de construction de voitures de course, lui apporte une gloire locale mais surtout des finances en béton….
Phil Walters, qui a couru sous le pseudonyme de Ted Tappett, est incorporé dans l’affaire… et collabore efficacement au développement de l’entreprise.
C’est un coupé Ford 1949 équipé d’un V8 Cadillac qui va contribuer à asseoir la réputation de Bill Frick Industries… une voiture que Frick dénomme la Fordillac et inscrit dans les courses de la SCCA, où Phil Walters a eu l’idée de faire concourir la Fordillac en tant que pilote appelé “Ted Tappett”…, il va ainsi réussir à gagner la première place et les acclamations d’une foule en délire face au podium…, ce qui va attirer l’attention de Briggs Cunningham qui va se positionner dans un processus “Win-Win”...
Cunningham s’est en effet approché de l’équipe pour en savoir plus sur la Fordillac, il en a commandé une sur place et va ainsi commencer une relation d’affaire qui va permettre à Bill Frick, de préparer des voitures pour Cunningham en 1950 pour les 24 heures (d’efforts) du Mans.
Bien que l’histoire enregistre les deux Cadillac’s Cunningham comme “Les Monstres” terminant 10e et 11e de l’épreuve, peu de gens savent que l’intention réelle de Cunningham était d’utiliser des Fordillac au Mans, à la place des “Monstres”, un plan qui a dramatiquement pris fin après que Phill Walters a laissé Luigi Chinetti, vainqueur de l’épreuve 1949, réaliser un tour dans une Fordillac, ce qui va inciter Chinetti à se plaindre aux responsables du Mans sur ces voitures américaines “Hot-Rodded”... afin de “couillonner” Bill Frick…
Après la course du Mans 1950, Cunningham rachète à vil-prix la part de Frick Bill et déplace l’atelier (et le business) vers la Floride, où il va commencer à travailler sur une voiture capable de gagner Le Mans.
Bien que Bill Frick “ait “les boules” de ce coup fourré…, il va suivre l’opération vers le Sud et accepter de passer une partie de son temps (2/3) à travailler (grassement payé quand même) pour la compagnie de Cunningham à West Palm Beach, en Floride…, le tiers restant de l’année étant passé à New York où Bill Frick Motors continue à produire des Studebaker à moteur Cadillac et (Studillac’s) et des Ford à moteur Cadillac (Fordillac’s).
Lorsque Studebaker a changé le style de ses voitures pour le millésime 1955, toute les demandes des clients pour des Studillac’s ont disparu presque du jour au lendemain…, mais, sentant qu’il y avait toujours une demande pour un élégant coupé grand touring construit sur un châssis de Studebaker équipé d’un moteur de Cadillac, Frick Bill va se tourner vers Alfredo Vignale (qui avait produit des éléments de carrosserie pendant la majeure partie de la production automobile de Cunningham) pour qu’il dessine et réalise une sportive de classe…
Frick et Vignale se sont concertés sur le design d’un coupé dessiné par Giovanni Michelotti pour un modèle de démonstration/exposition (c’était meilleur marché que de créer une voiture 100% nouvelle) et Frick a fourni au carrossier italien un V-8 de Cadillac 331-ci et un châssis Studebaker.
Pour le premier Coupé Spécial Bill Frick, qui sera ensuite dénommé “Le Coupé Blodgett” (du nom du premier acquéreur), les artisans de Vignale ont fabriqué “à la main” un carter-moteur en aluminium ainsi que quantité de pièces mécaniques, et ont “battu” de même les panneaux de carrosserie en acier, “à la main”, sur des sacs de sable au lieu d’un master plus traditionnel en bois…, un processus demandant beaucoup de travail et qui n’était assurément pas évolutif…, mais ce n’était pas une préoccupation pour Bill Frick, qui s’était rendu compte que seul le prix limiterait le marché pour ses promotions.
Le Coupé était bicolore avec un toit noir, il avait des sortes de bagues chromées en garniture autour des phares et des clignotants positionnés au-dessus du pare-chocs au lieu de “plus haut” sur les ailes…., pour donner une impression de vitesse à la voiture le toit formait un “Fastback” incluant le coffre, mettant en évidence des ailerons plus où moins subtils…
Blodgett était un millionnaire fantasque à la tête de plusieurs sociétés d’exploitation forestière…, il a fait modifier la transmission automatique en faveur d’une boite Pont-a-Mousson quatre vitesses et a modifé la motorisation au profit d’un V8 Pontiac avec divers composants internes améliorés (un peu) trop, dont des pistons Lincoln installés dans le but d’augmenter la compression et avec elle, les performances.
Fatigué de son coupé hybride italo-américain, Blodgett a vendu en gré-à-gré la voiture à son secrétaire, qui l’a conduite jusqu’en 1970, date à laquelle on perd sa trace… (on ne l’a jamais retrouvée) !
Le deuxième coupé Spécial Bill Frick, dénommé “Le Coupé Payne” (du nom du premier acquéreur), actuellement bicolore noir/rouge, il était à l’origine bleu, équipé d’un toit “roll-back” en toile… et la carrosserie en aluminium n’avait plus un arrière “Fastback” mais classique avec un coffre marqué, l’ensemble monté boulonné (comme pour le premier Coupé), sur le châssis d’une Studebaker (avec “raidissement” du châssis afin d’en réduire les flexions et de peaufiner une mise à niveau plus correcte de la suspension en cause des amortisseurs plus fermes et de la plus grosse et grande barre antiroulis réduisant les sautillements des roues)…
Bien évidement les deux Coupés furent équipés de V8 Cadillac, tandis que Vignale s’emberlificotait (comme pour le premier Coupé) avec les câblages électriques, les divers instruments, les essuie-glaces, le verrouillage centralisé et les lève-vitres.
Vignale n’a pas été correct dans les finitions, les deux coupés expédiés aux USA étaient incomplets, divers composants livrés chez Vignale par Bill Frick avaient disparu, de sorte que malgré la charge financière d’environ US$ 10.000 pour les deux Bill Frick, le constructeur automobile naissant a réalisé qu’avec le temps et l’argent dépensé pour l’achèvement de chaque exemplaire, la société allait perdre beaucoup d’argent sur chaque voiture vendue, pour autant qu’elles se vendent !
Toutefois, Bill Frick a mis en fabrication une troisième Bill Frick Spécial, un cabriolet commandé par George Clark…, et sitôt après que ce modèle a été plus où moins terminé par Vignale, puis peaufiné à grand frais arrivé aux USA, la production des Bill Frick spécial s’est terminée.
Cette troisième Bill Frick (cabriolet) n’a plus jamais été vue après sa vente, elle disposait de banquettes AV et AR décrites par Matras comme des “canapés en cuir”, s’y s’asseoir capote en place, était toutefois une gymnastique.
La Bill Frick spécial Convertible était plus habile à dévorer les routes à grande vitesse que devoir circuler dans les villes.
La Bill Frick Spécial “Payne” a été vendue, son nouveau propriétaire a rapidement changé sa couleur bleue en un argenté pailleté pendant les trois années qu’il a gardé la voiture… puis il a vendu la bête à un certain Earl Benz, qui a gardé la voiture hors de la vue du monde pour une grande partie des 15 années où il l’a possédée et utilisée avec parcimonie sans jamais le montrer en public…, puis il l’a vendue à un marchand de voitures situé en Californie…
La voiture a été ensuite brinquebalée chez beaucoup de revendeurs et finalement liquidée peinte en rouge et noir avant d’être acquise par Earl Boitz en novembre 1989 qui l’a vendue via Bonhams, le 5 juin 2018, lors du “Bonhams Greenwich Concours d’Elegance” à Alessandra Tomassi, une jeune femme pilote en voltige aérienne…
Tout raconter Alessandra Tomassi serait folie…, nous avons existé elle et moi dans un bain de sueur, dans des gluances ponctuelles, des enivresses à tout casser, tout juste si elle a eu le temps de bénir le ciel de notre rencontre fortuite bienheureuse.
D’elle, ce sont mes mains qui en parleraient le mieux, je crois, elles diraient que la paume est assez pour prendre tout et le garder à soi, que la force de mon bras quand il la plaquait à moi se devinait à son feu tendre, à sa fibre têtue, que mes doigts, chacun comme une branche lascive, disaient l’âme de ce quelque chose d’animal en elle quand elle dormait en rond…, ils chuchotaient aussi qu’elle frissonne…, sa peau en effet proposait un grain très doux qu’il fallait savoir apprendre à lire…, un développement tout fait d’intelligence, une manière étourdie de flanquer par-dessus bord l’inepte et ce qui mange le temps…, c’était (encore), son appétit de moi, si tant est que je savais presque me figer tout à fait…
Peu après la connaître, j’ai imaginé une histoire où tout se dirait de l’existence et de la mort, surtout du désagréable et du non gratuit entre deux protagonistes liés par la nécessité d’en vie rester…, en finale, j’ai dérapé !
Ce qui s’était perdu, éteint dans le sombre des heures éloignées, c’est son âme, les singulières vibrations de nos corps, son sourire et son regard éclairant tout ça de désirs et de larmes, de vouloirs beaux, de mesure, de racines et d’azurs s’échappant de ciels secrets.
Après tant…, il y avait aussi sa curiosité et ses allants, ses faims de tout, des chants du monde et ses refus, subtilités complexes, irrésolutions intègres…, un mot, cent, mille, ne peuvent rien, il y a une limite aux mots, ils s’arrêtent ici, ils callent là à mes yeux blessés d’éclats d’aventures…, ses yeux aux miens entrés il y a jadis et jamais repartis.
Nos baisers, l’ourlé quand j’étais pris à cette bouche…, je voulais tout…, être embrassé d’elle transportait, adoucissait, fulgurait et puis faisait fondre…
Ses baisers maintenant s’effacent, je n’en ai pas reçu d’autres, j’oublie tous ceux d’avant, m’affame à ceux qui ne viendront plus jamais, j’essaie de me soigner en adoptant des registres convenables, des sujets impersonnels, des sphères quotidiennes et closes…, il faut du temps pour que se remodèlent mes traits intimes, ceux de mes textes hors des heures, des textes salants, salins, cristaux et voletants, des mots tour à tour graves, légers, rieurs, complices, aimants, uniques, amants, triples et tripes, ceux de mes univers sauvagement s’entrechoquant, mes steppes, mes vallons et mes paysages indécents comme des écrins évanescents, gourmands, suffisamment immenses pour s’y échapper, libre…
J’emporte avec le temps et quelques souvenirs, sa voix née dans les veilles à minuit d’avant-matin, d’être affamée…, toujours…, le cri de l’estomac, le cri de la fatigue, le cri du corps…