1959 Alfa Romeo 6C 3000 CM Pininfarina Superflow IV…
Dans un monde où l’automobile se réduit le plus souvent à une marchandise, se retrouver au milieu d’une exposition d’automobiles rares (et chères) est un aimable passe-temps où on côtoie des “exposeurs” et des “regardeurs” unis dans une sainte dévotion envers “les automobiles de collection”, une sorte de religion sectaire avec ses rites, ses messes, ses croyances, ses gourous et papes escortés d’une multitude de “missionnaires” et “d’experts”…, croire est une obligation, y participer est un sacerdoce…, en finale, l’apothéose mystique est de recevoir une coupe en fer blanc, généralement immonde, d’une laideur à couper le dernier souffle, qui prouvera au monde ébahi, que l’automobile pour qui elle est décernée est sanctifiée…
Pathologiquement déconnectés du réel…, les idolâtres se nourrissent d’une réalité inventée sur base d’un ensemble de croyances inculquées façon catéchisme et prières auquel il n’existe aucun à côté qui ne soit la matérialisation de fantasmes de plus en plus délirants.
Parcourez ce qu’il reste de la presse automobile “politiquement-correcte”, vous en venez vite à vous demander si l’ensemble des articles “bien-pensants” n’a pas pour seul but de doper le chiffre d’affaire des marchands d’illusions et de sable.
À défaut de critères clairement définis, le public lobotomisé ne peut que laisser libre cours à la subjectivité étriquée distillée par ces merdias…, leurs articles ne sont que des discours universitaires frigides ou les horizons “cartes-postales” se restreignent à des “Top and down”…, promotion et formol… et en fin de compte : bavardage et verbillages convenus.
Les adeptes et croyants ne s’interrogent jamais sur ce qui, au travers de tel ou tel article et sous telle ou telle plume, le motive…, les rares singularités qui redonneraient réellement corps et coffre à des analyses et critiques sont bannis.
La généalogie de la morale post-moderne reste encore à écrire…, on ne touche pas impunément à ce qui a été sacralisé, l’homme n’a pas son pareil pour noyer le poisson…, toujours ces vieux remugles de conciergerie…, toujours cette réaction quasi pavlovienne face aux remises en cause telles que les miennes : évacuer le bébé avec l’eau du bain, passer sciemment à côté de mes questions et analyses et en l’occurrence mes remue-méninges sur le vrai, le faux : “Est-ce que vous ne pensez pas qu’il y va un peu fort, et est-ce qu’on a le droit d’étaler ainsi les réalités”…
Je me vois contraint de sortir mon flingue devant ce Niagara d’inepties, d’imposer le silence afin de revenir à l’essentiel : la falsification des falsifications fait partie de la falsification générale : le but de ce système est consumériste…, alors que mes chroniques cherchent à contraindre les fausses réalités à faire la grimace ; écouter ce que les mots, les gestes, les silences ont à dire par eux-mêmes ; et déjouer les moyens mis en œuvre pour que les crédules ne sachent jamais les réalités du vécu, ce n’est que cela… et pour les “croyants” c’est énorme, remuant, estomaquant, escamotant, énervant, terrifiant.
À quelle heure votre conscience s’est-elle mise en veilleuse ?
Allez savoir.
À quel moment ne peut-on plus se dégager de l’étau ?
On laisse faire…, on refuse de se (dé)battre…., on se croit plus intelligent que le système…, sauf que ça fait partie du système…, donc on laisse faire…, on ferme les yeux sur les signes…, on les minimise…, ça devient tellement énorme que vous êtes obligés de minimiser…, vous n’êtes que de simples pions dans un système sans merci…, une tragédie dans sa configuration post-moderne ?
L’absence de réflexion élevant d’un cran la violence du sacré…, on y tient au sacré, quand on sait ce qu’il en reste…, on pourrait s’y soumettre jusqu’à la nausée, jusqu’à l’absurde, comme jamais.
Seriez-vous la personne crédule rendue névrosée, derrière laquelle il ne faut pas chercher une personne en particulier, mais une myriade d’abrutis en mal de domination ?
Histoire d’amour de l’automobile… où est l’amour ?
On l’imagine bien quelque part mais où ?
Tout dit tout : rhétorique au point mort pour mieux rendre le climat de thriller domestique, une histoire vue à distance sous la forme d’un rapport de police. Seulement, il ne s’agit pas d’un rapport de police, il s’agit de comprendre ou à tout le moins d’éclairer une tragédie contemporaine…, où, s’il n’y a pas de mort à l’arrivée (quoique, puisqu’ici mourir c’est être ruiné), l’on assiste bel et bien à une tentative de meurtre psychologique.
Essayez ne serait-ce qu’un instant de museler votre rage, gardez-vous bien de juger trop rapidement… toute réponse, alors qu’il n’y a pas qu’une, pourrait être une définition signifiant, a contrario qu’aucun problème n’appelle une seule solution : à problème complexe, causes multiples…
Le “Chubb Insurance Concours d’Élégance” organisé dans le cadre de l’édition 2017 de “Salon Privé“, face au Palais de Blenheim, en Grande-Bretagne, a livré son verdict en décernant son prix le plus convoité à l’Alfa Romeo 6C 3000 CM Pininfarina Superflow IV 1959 qui illustre cette chronique.
Ce one-off en provenance des États-Unis a séduit le jury pour repartir avec le “Best of Show”… ainsi que le premier prix de la catégorie “Curvaceous Coupes” devançant un autre modèle transalpin : une Ferrari 250 GT SWB California Spider de 1961 lauréate dans la catégorie “Riviera Cruising”…, la belle affaire !
Quelques semaines plus tard, l’édition 2017 de “Chantilly Arts & Elegance- Richard Mille” de septembre 2017, entre divers nuages blancs et gris foncé… et abondamment d’eau (une édition boueuse assez inhabituelle pour les voitures de musée telles que la Mullin Bugatti Atlantic ou la Ferrari 250 TR ex Mas Du Clos)…, a octroyé la récompense suprême à la même Alfa malgré le 70ème anniversaire de Ferrari qui devait être le point culminant de cette édition 2017.
Tout fier, le propriétaire de cette 1959 Alfa Romeo 6C 3000 CM Pininfarina Superflow IV…, m’en a remis un texte “historique” destiné à ce que je le publie “pour information”…
Lorsque, au début des années 50, l’italien Alfa Romeo se retire de la compétition automobile six voitures de courses sont encore dans ses ateliers préparées pour la saison 1953.
Quatre d’entres elles vont être vendues à des écuries privées qui vont continuer à les engager en compétition, les deux dernières sont dirigées vers des carrossiers italiens pour servir de supports à de futurs projets.
Parmi ces carrossiers, deux parmi les plus célèbres : Pinin Farina et Boano…, de ces deux châssis, celui de PininFarina (châssis N° 00128) va acquérir quelque célébrité sous l’appellation 6C 3000 CM.
On le voit pour la première fois chez le carrossier turinois en 1956? Puis il va réapparaitre trois autres fois avec des carrosseries de styles différents
Le châssis 00128 du modèle 6C 3000 CM est une voiture assez sophistiquée qui comporte un châssis en treillis tubulaires, une suspension avant à roues indépendantes et un essieu arrière DeDion. Le moteur est la dernière version du 6 cylindres en ligne d’Alfa Romeo de 3495 cc de cylindrée…, alimenté par six carburateurs Wéber il délivre une puissance maxi de 275 cv à 6 500 t/mn.
Avec une carrosserie de silhouette coupé réalisé par Colli, cette voiture à fini seconde aux “Mille Miglia” de 1953 avec à son volant Juan Manuel Fangio.
Lorsque la carrosserie de Colli est démontée, le châssis compact et très bas donne la possibilité aux designers de Pinin Farina de laisser libre cours à leur créativité.
La première voiture réalisée chez le carrossier turinois est baptisée Superflow…, elle est exposée au Salon de l’Automobile de Turin en 1956 et fait son effet car le design est assez futuriste : des panneaux de plexiglas transparent recouvrent les ailes avant, les projecteurs et le pavillon.
La même année le même châssis réapparait sous le nom de Superflow II avec une nouvelle carrosserie au salon de l’Automobile de Paris.
Le plexiglas a presque totalement disparu sauf au niveau des projecteurs, la face avant est plus fine et la voiture a été repeinte en blanc et rouge dégradés.
Le châssis 6C 300 CM réapparait à nouveau au salon de l’Automobile de Genève en 1959 sous la forme, cette fois ci d’un spyder super sport baptisé évidemment Superflow III.
La face avant n’a pas évolué mais l’arrière est plus élégant et plus arrondi…, la voiture est maintenant peinte en blanc.
Ce n’est que quelques mois plus tard que l’ancienne voiture de course de Fangio va prendre son style définitif pour être présentée au Salon de l’Automobile de Genève sur le stand de Pinin Farina…, elle est maintenant baptisée Coupé Super Sport Spéciale ou Superflow IV.
De grands panneaux de plexiglas coulissants vers le bas et vers l’arrière donnent à la voiture la possibilité de se transformer en spyder…, la partie arrière du style précédent a été conservée…, l’ensemble donne une voiture très élégante et très originale sans extravagances.
L’évolution de la Superflow de Pinin Farina illustre parfaitement les tendances de styles dans les années 50 à 60.
Parti d’un style très avant-gardiste en 1953 l’évolution s’est faite vers une carrosserie plus élégante et plus sobre qui sera la tendance au début des années 1960.
La Superflow va également influer sur le style des nouveaux modèles d’Alfa Roméo et en particulier sur le Duetto spyder lancé en 1966.
Après toutes ces années au service du style de Pinin Farina la Superflow IV est envoyée au Etats-Unis où elle va parcourir le pays pour être présentée chez les différents importateurs de la marque Alfa Romeo…., après avoir parcouru beaucoup de kilomètres elle finira, assez piteusement d’ailleurs, dans un stock de voitures d’occasion.
C’est la qu’un collectionneur du Colorado Howard Wignal va tomber dessus par hasard et lui sauver la vie…
Il conserve la voiture pendant plusieurs années avant que celle-ci ne rejoigne le Rosso Bianco Museum de Peter Kaus où elle va être exposée jusqu’à ce que la collection entière du Musée soit vendue à la fin de l’année 2005.
Devenue une pièce importante de la collection de l’Amérique du Nord, la voiture est soigneusement restaurée pour être présentée au Pebble Beach Concours d’Elégance en 2013…., elle sera présentée également en Europe au Concorso d’Eleganza Villa d’Este en 2014… puis à Bleinheim et à Chantilly en 2017.
Dans le processus de dislocation que nous subissons, on n’imaginait pas qu’on pouvait aller plus loin que l’affaire de la vente (téléphonée wouah, wouahhh) de “la” Bardinon à plus de 30 millions d’euros…
Aucun apprentissage technique n’étant requis, plus question de se prendre le chou sur le comment de la re-présentation, ni même sur le choix du sujet, puisqu’en l’occurrence le sujet, le seul sujet réellement digne d’intérêt, c’est le Commissaire-Priseur Hervé Poulain lui-même, l’alpha et l’omega de la sublimation factice, la scène, le décor, l’excuse, le récit : et toujours une bonne blague qui tire de plus en plus quelque peu en longueur.
Au final, complaisance, éthylisme, impasse, lourdeur… “ceusses” qui sont “en religion” font encore un effort, de bonne foi, mais en vain : ronron des expositions, morne plaine…, de plus en plus de gens commencent à ne plus y croire, et ont une seule idée en tête : foncer direction sortie, et errer sans fin dans les rues… ou un autre art s’y déploie, et non des moindres, interpellant, insolant, gênant, hors-la-loi, et cette fois, réellement généreux…
Un art qui ne feint pas ignorer que toute parole parlante comporte toujours un risque pour celui qui la prononce comme une vérité vraie, que toute parole parlante en soi n’a pas de prix, et peut être comprise par n’importe qui : la nouvelle philosophie automobile (de collection) et son mode opératoire ?
L’urgence d’en finir avec les stakhanovistes de la collection, restent des supputations infinies… mais c’est de plus en plus évident…, évidence en apparence toute simple qu’il est néanmoins bon de se répéter : “Et si nous étions des rats de laboratoire dirigés par de vieux singes ?”…
On achète, on achète, on achète, et on n’y voit que du feu : “Get back, get back again and again”…