1963 ATS 2500 GTS V8 3L…
Voiture de sport historique d’importance, ATS (Automobili Turismo e Sport) est un constructeur Italien créé par Carlo Chiti (Directeur technique de la Scuderia Ferrari), Giotto Bizzarrini (Ingénieur du département mécanique de Ferrari) et Romolo Tavoni (Directeur sportif de la Scuderia Ferrari), tous trois renommés pour avoir été les géniteurs de la Ferrari GTO…, établissant d’emblée leur société comme concurrente directe de leur ancien employeur, Enzo Ferrari, suite à la fameuse “Révolte de palais” de 1961…
Soutenue financièrement par le Comte Giovanni Volpi, la société ATS va produire un petit nombre de voitures de sport et une Formule1, que Phil Hill, son pilote, présentera comme étant la meilleure du monde des années soixante.
“Il s’agit là d’une des plus rares… et de la plus convoitée des automobiles sportives des années ’60, celle qui déchire le cœur de la totalité des milliardaires collectionneurs d’automobiles extraordinaires, aucun des propriétaires des seules 8 ATS construites, n’a jamais voulu vendre sa voiture…, sauf UN (celui de l’exemplaire à vendre)… Sautez sur cette occasion unique elle ne se représentera jamais plus”…
C’est le “baratin” débité en grosse tranches de l’art de l’arnaque…, en ce cas, une légende inventée… qui est entrée dans les “fameuses vérités vraies”, qu’il est obligatoire de croire et de colporter en ajoutant, d’un air docte que l’ATS a fait “ses débuts” au Salon de Genève 1963… et, bien que 12 châssis vont être fabriqués, seulement 8 voitures seront terminées et vendues.
Mais donc…, comme c’était calculé pour croire en un miracle dans le landerneau des amateurs capables d’en acheter une…, RM Auctions Europe proposait une ATS à sa vente de Londres de fin octobre 2009 !
Voici ce que déclarait Max Girardo, Directeur Général de RM Auctions Europe en septembre 2009, deux mois avant la vacation : “Présenter cette rarissime automobile historique dans notre vacation de Londres du 28 octobre 2009, est non seulement un événement mondial, mais cela marque nos activités à Londres en tant que société de ventes aux enchères de très haut de gamme. Aucune des 8 ATS construites n’a jamais été véritablement proposée au grand public à l’Encan. Cette voiture rarissime va susciter beaucoup d’intérêt parmi les collectionneurs très exigeants et très fortunés à travers le monde, car elle est une voiture très rare dans le puzzle mondial des automobiles extraordinaires ! Sa valeur est estimée entre 600.000 et 1.000.000 de Livres Sterling, elle devrait monter bien plus haut…, de plus elle est annoncée sans prix de réserve”…
Tout ce baratin, c’est ce qu’on nomme vulgairement : du flan…
J’ai bien connu Max Girardo du temps ou il était le vassal de Simon Kidston, directeur à l’époque de Bonhams Europe, basé à Genève…
C’était au début de ce millénaire…, une époque ou je ne connaissais pas encore les dessous de cartes, les parties truquées de poker-menteur d’automobiles “de collection”, ou j’étais ému et honoré qu’Hervé Poulain m’appelle “cher ami” et ou je croyais que les vacations du genre étaient réservées à l’élite mondiale des épicuriens honnêtes et droits…
J’avais amené à Genève pour une vente aux enchères Bonhams sur le thème de Lamborghini…, un LM002 rouge, cabriolet…, un modèle unique, dans un état concours (qui a fait l’objet d’un article élogieux dans Sports Car Market), mais pressé par le temps, je n’en avais pas eu pour terminer le réglage des tringleries, puisque j’y avais fait placer une toute nouvelle boîte de transfert et de vitesses, ce qui n’empêchait pas l’engin de rouler et n’enlevait strictement rien à son coté “Concours-condition”… (il y avait un simple Crrrrrrr au passage de seconde vers la première, le réglage devant durer une heure pour un coût de 50 euros… dixit réparateur Lamborghini)…
Sans expérience, je m’étais laissé manœuvrer pour que mon LM002 Cabriolet rarissime, inestimable, devenant vedette de la vente, soit placé sans prix de réserve…, naïf… et mon LM002 expertisé l’équivalent en francs Suisses de 150.000 euros de l’époque… a été vendu au rabais, entre amis…, pour l’équivalent de 50.000 euros…, à un riche britannique, collectionneur de Lamborghini et grand ami de Simon Kidston…, qui l’a laissé sur place en exposition, après la vente, durant plusieurs années, dans le musée de l’auto ancienne de Genève, quasi au même endroit ou le LM002 s’était vendu.
Mais, prétextant le réglage de la tringlerie de boîte, Bonhams Genève (sous l’œuvre de Simon Kidston), a conservé 20% du montant qui devait me revenir, duquel la réparation serait déduite…
Après plusieurs mois, Bonhams (en fait Simon Kidston), m’a signalé que ce montant correspondait au réglage…, facture d’un petit garage situé au milieu de l’Angleterre à l’appui… (soit 10.000 euros !!!)…
Rassurez-vous, j’ai également fait “Glup” comme vous venez de le faire !
Sauf que mon ex-LM002 n’était jamais allé en Angleterre pour un réglage de boîte, puisqu’il était toujours dans le musée de Genève… et n’en avait jamais bougé !
Toutes mes illusions automobiles, c’est à dire exactement les mêmes que vous éprouvez, chers internautes…, se sont envolées à ce moment…, ce qui vous explique une partie de l’amertume que je distille dans mes textes depuis lors.
Insensible à toute évidence, Bonhams (toujours sous la férule de Simon Kidston), à refusé de me régler mon solde… et j’ai eu beau engager un avocat Genevois (Philippe Kenel), les frais de procédure allaient amplement dépasser mon dû !
Je n’ai eu aucune assistance de quiconque, pas même celle de Max Girardo, trop craintif d’y perdre sa place.
Matthieu Lamoure qui toujours à cette époque avait été congédié de chez Poulain-LeFur (il est revenu et devenu actuellement directeur de Artcurial-Automobiles)… était peu après cette affaire avec mon Lamborghini LM002, devenu simple employé de Bonhams et ensuite directeur Europe de Bonhams…, dans le même temps ou Simon Kidston avant de jouer dans la cour des “grands” qui aiment se faire lécher les… orteils, avait été directeur chez Coys avant de l’être chez Bonhams et ne les quitte pour fonder son bureau de courtage en automobiles de collection…, Max Girardo devenant directeur Europe de RM Auctions Europe…
Il y a de quoi en avoir le tournis, ce sont toujours les mêmes dont les têtes sortent… et c’est pareil pour les automobiles et les clients vendeurs et acheteurs…
C’est ce que je nomme “le grand panier de crabes”…
Le monde est petit, vous en conviendrez…
Il n’y eut aucune volonté de Matthieu Lamoure, de souligner à Bonhams que j’avais été grugé…, ni de faire un geste commercial pour “arrondir les angles”…, tel ce que Simon Kidston m’avait proposé par écrits divers (toujours dans le dossier que j’avais confié à Maître Philippe Kenel, à savoir que :“les 10.000 euros seraient déduits de mes prochains achats chez Bonhams”, avant de manger sa parole et ses écrits…
Avec le temps passant, j’ai été grugé par tous… et j’ai du “faire procès” a quasi tous pour obtenir mon du (il reste Coys qui me doit encore 35.000 euros + frais et intérêts depuis 8 ans) pour une Chrysler LaBaron 1930 vendue à Essen (Allemagne)… et j’ai peu à peu…, au fur et à mesure… senti chez toutes les maisons de ventes aux enchères d’automobiles de collection, plus qu’une réticence à accepter que je sois présent à leurs vacations…, afin de ne pas me laisser en connaître de leurs “affaires” dans leur chasse gardée des plus grands milliardaires amateurs d’automobiles du monde (millionnaires bienvenus) !
Pourquoi ?
Parce que c’est un microcosme très rentable et qu’un électron libre comme moi, qui a bonne mémoire pour tout, en ce compris ce que je ne devrais pas voir et entendre, se doit d’être écarté à défaut de pouvoir m’écarteler…
Tout cela pour vous écrire, chers internautes, que tout ce toutim est un immense panier de crabe… ou tous ne songent qu’aux profits, qui, avec 15% de “fee vendeur” (négociables) et 15% de “fee acheteur” (non négociables), sont gigantesques…
Il n’y a aucune passion automobile là-dessous…, ce n’est que du business très rentable sur le dos des rêveurs.
Cette digression m’a parue utile, nécessaire même, afin que vous compreniez vers et dans quoi les automobiles de rêves se retrouvent lorsqu’elles deviennent des occasions usagées qu’on qualifie d’Automobiles de collection… pour en tirer bien plus de profits que leurs constructeurs…, ce qui n’est pas peu…, loin de là…
Vous verrez, en fin de cet article, ce qu’à couté au dernier propriétaire de cette rarissime ATS, d’avoir confiance en un mécanisme-baratin de bateleur…
Je continue donc l’historique de l’ATS…
Conçue par l’ancien styliste de Bertone : Franco Scaglione et construite par le carrossier turinois Serafino Allemano, l’ATS s/n 004, est très convoitée par les connaisseurs pour son état exceptionnel, parce que c’est une des seulement cinq ATS survivantes sur huit fabriquées…, en outre, elle est la seule connue équipée d’un 3,0 litres V8 GTS tout en aluminium, produisant 300 cv… et capable de réaliser plus de 260 km/h!
L’ATS s/n 004 a été, à l’origine, la propriété personnelle du Comte Volpi !
Avec le parrainage d’un trio d’Industriels richissimes, comprenant le Comte Giovanni Volpi qui avait fondé la célèbre Scuderia Serenissima, l’ATS fut développée à la fois pour la route et pour la piste.
L’ATS 2500 GT Coupé a d’abord été équipée d’un moteur 2,5 litres V8 conçu par Carlo Chiti, avec bloc/culasse en aluminium, un arbre à cames par banc de cylindres, alimenté d’un quatuor de carburateurs double Weber, produisant 250 cv.
Le châssis tubulaire était en chrome-molybdène avec une suspension entièrement indépendante et quatre freins à disque.
La voiture fit ses débuts au Salon de l’automobile de Genève en 1963, où elle fit sensation avec ses techniques avancées, son moteur central et son châssis inspiré de la course.
En fin de compte, seulement douze châssis ont été construits et seulement huit voitures complètes ont été assemblées et vendues, la société étant en lutte constante avec des fonds de roulement insuffisants.
Le badge Serenissima sur le nez de la voiturea été ajouté par Volpi plus tard, sa voiture, châssis s/n 004, était déjà équipée d’un moteur 3,0 litres.
Volpi n’a jamais réellement utilisé cette voiture et, c’est François Alf qui va la recevoir en paiement des services rendus au cours lors de la période ATS.
François Alf fut jadis le mécanicien de Stirling Moss et plus tard le propriétaire d’une écurie de course ayant des liens importants à Modène.
Il n’a jamais enregistré-immatriculé la voiture pour la route, trop occupé dans ses implications avec le Comte Volpi et la Serenissima.
Ensuite, il a vendu son ATS à Bruce McIntosh (futur premier ministre anglais), avec un lot de pièces détachées y compris un moteur neuf de 2,5 litres qui datait de 1966.
En 1971 la voiture fut vendue à un amateur inconnu qui l’a vendue à Norbert McNamara demeurant en Californie, un collectionneur qui possédait déjà une ATS, châssis s/n 001, vedette du salon de Genève en 1963… et dont le moteur d’origine avait été changé par un V8 Chevrolet…, le moteur ATS étant irréparable et un autre absolument introuvable…
Comme McNamara était à la recherche d’un moteur d’origine ATS, il acheté l’ATS s/n 004 parce qu’elle était disponible avec un moteur de rechange identique à 100% à celui qui équipait sa propre voiture.
En 1987, un collectionneur demeurant en Californie du Nord a débarqué chez McNamara avec l’intention d’acheter une Vallelunga DeTomaso.
Il est tombé en pamoison devant les deux ATS s/n 001 et s/n 004… et a supplié McNamara de lui vendre une des ATS.
McNamara a refusé.
Ils va persister durant trois ans encore, mais la réponse demeurera la même.
Ensuite, croyant son rêve de posséder une rarissime ATS, perdu, il va partir s’installer au Costa Rica.
McNamara va, par après, vendre la plupart de ses voitures de collection, y compris l’ATS s/n 001, mais il conservera l’ATS s/n 004.
En 2005, près de 20 ans après avoir supplié McNamara de lui vendre une de ses deux ATS,, le propriétaire actuel, revenu temporairement du Costa Rica, apprend l’existence d’une ATS dans une grange de Californie du Nord.
Il s’aperçoit qu’il s’agit d’une des deux ATS qu’il convoitait 20 ans plus tôt… et, peu après, il parvient à négocier avec succès l’achat de la voiture avec les représentants légaux de la succession McNamara.
La voiture va, à cette occasion, parcourir environ 3.000 kilomètres au total à travers la Suisse, l’Italie et la France, en ce compris environ 1.600 de ces kilomètres parcourus dans le rallye qui comprenait des courses sur des circuits différents chaque jour.
La voiture a été ensuite expédiée dans un atelier de restauration au Costa Rica où elle a subi durant deux ans, divers travaux mécaniques qui ont été achevés à temps pour que la voiture puisse participer au “2008 Classic Modena Cento ore”, un rallye italien.
Après cet événement, la voiture va retourner au Costa Rica et va être complètement démantelée en vue d’une restauration totale, en ce compris chaque écrou, boulon et même les rondelles.
Tout a été reconstruit à neuf, la carrosserie et le châssis étaient toutefois demeurés totalement exempts de rouille en vertu du fait que McNamara avait gardé sa voiture dans un garage couvert durant 35 ans dans le climat sec de la Californie du Nord, près de Modesto, à la frontière du Nevada.
La restauration totale de la voiture a été achevée en juillet 2009, juste à temps pour participer au célèbre concours d’élégance de Pebble Beach.
Lors de cet événement, l’ATS a failli remporter la troisième place dans la catégorie des voitures Sportives d’après-guerre.
L’ATS a également été invitée au “Concorso d’Eleganza Villa d’Este 2010” au bord du lac de Côme, en Italie.
Après Pebble Beach, l’ATS a été inscrite dans la vente aux enchères de RM Auctions Europe du 28 octobre 2009 à Londres, annoncée comme ayant une valeur située entre 600.000 et 1.000.000 de Livres Sterling…, sans prix de réserve !
La voiture, rarissime, y était proposée munie d’une importante documentation photographique de la restauration dans la un album relié en cuir, avec les titres de propriété dans un album séparé comprenant des magazines originaux très rares tels que Road & Track, comportant tous des articles sur l’ATS.
En outre, la voiture était munie d’un document prouvant que la voiture avait été inscrite aux 24 Heures du Mans, ainsi qu’à la célèbre Targa Florio, bien qu’aucune information supplémentaire n’était disponible à l’appui….
Susciter l’intérêt international à partir de soumissionnaires dans la salle, au téléphone et sur internet, n’a pas été simple, mais ce fut une réussite, des centaines d’enchérisseurs de 11 pays se sont battus pour acquérir, chacun, la voiture qu’ils convoitaient.
RM Auctions Europe a conclu sa saison d’enchères 2009 sur une bonne note à Londres, le 28 Octobre, affichant 11 millions de Livres Sterling de ventes totales avec 87% de lots vendus.
Le clou de la vacation a été qualifié “d’événement historique”…, avec la vente de l’Aston Martin DB2 1950 du Team Car ’64’ ayant participé victorieusement aux 24 heures du Mans et aux Mille Miglia de l’époque, proposée pour la première fois à la vente depuis 52 ans et vendue £ 550.000…, définissant un nouveau record du monde pour une Aston Martin DB2 vendue dans une vente aux enchères.
Une Mercedes-Benz CLK GTR Roadster 2006, conduite à droite a été adjugée £ 616,000, tandis que sa “soeur”, une Mercedes-Benz CLK GTR Coupé 2005 a réalisé un impressionnant £ 522.500.
Dans les avant-guerre, une belle Alfa Romeo 6C 1750 GS de 1929 a été vendue pour quasi le même montant… et une Rolls-Royce Silver Ghost Boat-Tail de 1914 a été vendue £ 473,000.
Un autre fait saillant de la soirée a été la vente de la deuxième partie de l’Edgar Schermerhorn Collection, mettant en vedette une sélection impressionnante de souvenirs et des véhicules rares dont une Bugatti Stelvio 1938 Type 57C vendue 440.000 £, l’ensemble de la collection atteignant 1,5 million de livres.
Au total, 13 lots ont dépassé leurs estimations élevées, notamment une Mercedes-Benz 600 Pullman Landaulet 1969, non restaurée, qui a été adjugée cinq fois son estimation haute initiale de £ 60,000…, vendue pour le prix remarquable de £ 308,000 !!!
Et l’ATS… a t’elle dépassé le million de Livres Sterling comme tout le laissait supposer ?
Bien que cette ATS, châssis s/n 004, est une voiture très importante historiquement, un exemplaire quasi unique surtout avec son moteur ATS de 300 chevaux 3.0-litres V8, et l’une des cinq encore existantes sur les huit construites…, elle n’a été adjugée qu’à 308.000 Livres Sterling (344.500 €) plus 15% de fee…, alors que son estimation et les prévisions optimistes du directeur de RM Auctions Europe visaient de dépasser le million de Livres Sterling !!!!
La crise n’est pas la raison de cet échec pour le vendeur qui ne s’en remet toujours pas, car piégé par son acceptation de la vendre sans prix de réserve… et de ce coup de chance phénoménal pour l’acquéreur…
A mon sens, c’est la méconnaissance historique automobile des milliardaires présents, qui ont préféré investir dans des valeurs moins complexes…
Qui peut savoir en finale quelle est la vraie valeur d’une automobile de collection ?
Comme la majorité des biens, pour vendre, il faut un acheteur et un vendeur… et la valeur n’est que le montant qu’acceptera de débourser le ou les acquéreurs potentiels…