1963 Plymouth Fury Bubble-dôme…
Il est toujours difficile d’aborder un engin made in USA, délirant, mais qui fatigue autant qu’il fascine…, il y a d’abord la fâcheuse manie des américains à trop en faire, on n’est jamais à l’abri d’une kitscherie quasi “christique”, même si son créateur a su y mettre de la légèreté dans le mortuaire, car beaucoup de Kustomizeurs et Hot-Rodders ne font que copier coller jusqu’au prétendu “retour aux sources” dans une continuité, un aboutissement sans nécessité…
On va faire simple…, que ceux qui n’aiment pas le coté expérimental ne partent pas en courant…, car il existe des bagnoles qui sont des putains de chef d’œuvres qui prennent la gueule, qui filent la frousse et fracassent la colonne vertébrale…, qu’on devine que les dépressifs désabusés devant ces choses sorties de l’enfer, vont se prendre un coup de coude dans le thorax…, un coup de pied dans les couilles… et un coup de tête sur le nez… et que s’ils ne pleurent pas, c’est que ce sont des putains de salopards insensibles…, alors que devant la même vision d’apocalypse, tout le peuple chiale de bonheur masturbatoire !
Tube de vaseline, oui, mais magnifique, le tube…, perfection parce que c’est l’équilibre parfait, l’engin qui donne autant envie de s’arracher la peau de jouissances sado-masochistes, que de courir à poil avec un sourire gigantesque parce qu’on est heureux qu’il existe… et le plus drôle, c’est que ce bordel est loin d’être le seul miracle, juste après, ce “machin” file la chair de poule…, rien d’autre !
Attends attends, mon Popu, tu as l’impression que je vais te présenter un engin magnifique qui va te faire frétiller du cul comme une groupasse de Direction où comme une pute du port de Saint-Tropez (Mille euros la passe plus l’hôtellerie)…, j’en ai presque honte…, car, bordel, j’ai juste envie de me planter les ongles dans la gorge histoire de me débarrasser de la boule à sanglot qui m’étouffe rien qu’à l’idée de la tête que tu vas faire après avoir tout lu…, alors tu vas me dire “Ouaisss Pat’, mais là tu pars en couilles et tu exagères, comme souvent”…
Et tu as raison tout en ayant tort mon Popu…, mais il y a le sujet traité…, de face où du cul, d’habitude, je ne m’attarde pas vraiment, mais là, je vais verser et te déverser sur la tronche une sorte de documentaire ultra réaliste, bien que poétique, ben forcément…, qui va te renvoyer à tes propres démons… et aux chambres bordéliques dégueulasses où tu pourrais disparaître.
Alors que les “ceusses” pratiquant la sodomisation Nitroïde 24 h sur 24 vont dire que la kustom-Kulture est régie par des dogmes et que l’humanité est vouée à disparaître et qu’on ne peut critiquer quoi et qui que ce soit sauf moi…, alors que le but c’est de bouffer de la merde, te filant l’envie d’aller tester l’aérodynamisme de ton enveloppe charnelle entre le 13ième étage de ton immeuble et l’asphalte pisseuse en bas, ce qui ne va pas t’enrichir des masses.
Depuis qu’Andy Wickenheisser a modifié sa Plymouth Fury 1963 en la coiffant d’un “Bubble-Dôme”, il pense devenir fou par peur de ce qui pourrait arriver quand il la conduit !
A la vue de cette “chose”, les badauds restent figés, yeux écarquillés, bouche grande ouverte…, comme toi, mon Popu…
Tétanisés sur les trottoirs, ça passe, mais lorsque les beaufs conduisent, rien qu’à apercevoir cet engin, ça cause sans cesse des problèmes, ils se rentrent dedans, perdent le contrôle, parfois pire !
J’ai connu Andy par hasard, il a déboulé dans le parking ou j’étais stationné, un parking presque vide, j’avais moi-même la tête presque vide d’avoir entendu toutes les conneries habituelles aux States : “L’Iran doit être atomisé…, la Russie également, de même que la Chine et le Mexique sans oublier la Syrie…, un nouveau 11 septembre va arriver en septembre…, la Tchétchénie attaque l’Amérique…, Bagdad s’exporte aux USA”…
Des explosions ont soudainement retenti, j’ai cru que ça y était, que l’Amérique profonde allait vivre ce qu’elle fait subir dans les autres pays…, j’étais là, prêt…, il me suffisait de shooter quelques photos et d’y mettre des légendes…, quoique ça fait double sens, là, des légendes photos…, mais, ce n’était pas le fantôme de BenLadden qui était en cause…, mais un drôle de bazar qui m’est apparu, avec un toit-bulle de soucoupe volante made-in-USA… et un hirsute au volant…, j’étais halluciné de voir cette excentricité, à coté de laquelle toutes les voitures, mêmes les plus rares et chères, paraissaient soudain n’être que des boîtes à conserves…
Lorsque l’ORNI (Objet Roulant Non Identifiable) s’est mis à freiner, des flashs stroboscopiques façon pop disco ont illuminé le néant qui se niche dans l’obscurité des nuits noires… et presque au même moment, le dôme cristallin couvrant le cockpit, lentement, s’est mis à léviter comme dans un film de science-fiction de fin de soirée arrosée…, un hirsute a sauté dehors et une femme avec trois petits chiens bâtards en remorque s’est avancée en lui posant les questions typiques des beauffes :
–“Est-ce légal à conduire ? Quelle est le nom de cette chose ? C’est quoi comme marque ? Quelle heure est-il ? C’est bien la route pour El Paso ? Zavez de la monnaie pour un billet de 10.000$ ? Une pipe ça vous dirait ? Et quand il pleut, c’est mouillé ?…
Je suis allé voir l’engin de plus près et j’en ai conclu que c’était dingue…
L’hirsute a voulu m’en mettre plein la vue, est remonté dans sa soucoupe roulante, a cliqué sur un bouton magique… et le dôme est redescendu lentement autour de lui…, je me suis demandé quoi c’était quand la batterie rendait l’âme…, mais mon subconscient n’a rien entendu…
Fermement résolu de me répondre malgré-tout à moi même que c’était rigolo, pas plus ni moins rigolo…, j’ai, simultanément par signe, fait comprendre à l’hirsute que j’aimerai monter à bord… et l’extra-terrestre de faire à nouveau fonctionner la coupole…, je me suis installé et j’ai déchanté un brin…, l’intérieur s’avérait en effet assez pépère, avec une grande banquette rembourrée, faite dans un classique tuck’n’roll moelleux et bonbon…, le genre de fauteuil qui berce ses passagers comme un dimanche dans un canapé pédant, à franges, devant la télé à regarder Drucker-Shabat réciter des psaumes…
Sous le dôme, j’ai été envahi par un sentiment de vertige provoqué par une surcharge sensorielle et je lui ai crié, énervé et pré-paniqué que le dôme pourrait ne plus s’ouvrir en cas de panne électrique… et j’ai hurlé autre chose, ce qui n’avait aucun sens :
–“Il n’y a rien pour entraver l’observation totale du paysage, ça fait bizarre”.
Mais, en tant que passager, fermer les paupières pendant quelques secondes m’a permis un regain d’équilibre…, l’hirsute a fini par me dire qu’il s’appelait Andy Wickenheisser…, ce qui était un tour de farce… et comme il semblait parfaitement cuit, je lui ai mis en tête de m’emmerder faire un tour (sic !)… et ce fut un grand moment !
Les rues étroites agissaient comme un mégaphone de pom-pom girls, en poussant et en mélangeant des bruits à d’autres dans une orchestration de résonnances diverses… des tons de couple à bas régime.
Surélevée comme une pute sur talons aiguilles, la voiture devait sans cesse être maitrisée pour éviter de partir dans le décor, l’hirsute devait corriger en permanence… car, à l’avant, les pneus maigres (4 pouces de large) montés sur des jantes pizza coupe slim, les faisant apparaître encore plus petit qu’ils n’étaient…, ne répondaient que faiblement aux coups de volant.
La voiture qui avait surement été construite pour n’aller nulle part que tout droit, pouvant, exceptionnellement et miraculeusement tourner en cas d’urgence…, s’avérait incontrôlable au delà de 40 km/h…., même dans les virages serrés, à 20 km/h…, les jantes 15×10 Ansens chaussées de “Piecrusts Radir” (une marque de pneumatiques Hindous) ripaient sans cesse, refusant de suivre la trajectoire prévue…
Autre problème…, tant que le temps est couvert, le Bubble-dôme contribue sûrement à maintenir la température intérieure assez cool et confortable…, mais comme il faisait plein soleil, du genre que les rayons transpercent tout rapidement, la température a commencé à griller les occupants du four roulant que nous étions, car avec un Bubble-Top, rien ne filtre les rayons du soleil…
Avec les “évents” de plancher ouverts au maxi, il y avait seulement du pompage dans l’air…, tandis que la température continuait d’augmenter rapidement, passant de moyennement confortable à étouffant… (sachez chers lecteurs/lectrices qui me lisez, qu’en l’absence de fenêtres, il n’y a pas de manivelles à atteindre, pas de boutons d’action d’un moteur électrique non plus… et comme il n’y avait pas de climatisation…, c’était assez épouvantable)…, cette “chose” s’avérait en fait une voiture idéale pour l’Alaska, l’Arctique, l’Antarctique, la Sibérie ou elle pourrait y glisser et déraper en tous sens.
Nous nous sommes (enfin) arrêtés… et une meute de punks en skate, de type pré-adolescents nous a assailli, voulant attirer notre attention.
“Êtes-vous un astronaute ?”… a laissé échapper le chef de la bande…, dans une expression faciale mêlant la peur intense et l’adulation totale, le tout en une fraction de seconde.
Andy n’a rien répondu et a ensuite été impatient d’aller voir ailleurs si on y était…, il a tapé la pédale… et la fureur s’est mise à chanter la mélodie des trottoirs perdus, résonnant de-çi, de-là…, les cheminées chromées crachant toute les flammes de l’enfer à travers le capot qui s’est levé au-dessus de la ligne d’horizon…, puis, il y a eu un grand silence, profond et sépulcral, quasi biblique-moyen-âgeux… et, soudain, simultanément, le nez de la voiture est retombé.
Andy à stoppé, me disant qu’il était certain de ce que c’était :
–“Les pompes à essence ne fonctionnent pas, elles sont à l’arrière, je n’entend plus leur clic-clic-clic…, ça doit être un fusible”.
Il tiré un fusible de dessous le tableau de bord, et l’a maintenu sous la lumière et s’est fendu d’un commentaire philosophique :
-“Une tête d’épingle, si petite que les simples mortels ne le voient pas. C’est un fusible défectueux, mais pourquoi l’est-il ? C’est un signe de Dieu. Demain, je vais refaire le circuit électrique, pour l’instant je vais me contenter de le remplacer”…
Le gars devait manger beaucoup de carottes, parce que la tache de réparation était si infime que la plupart des gens auraient passé outre.
Nous avons ensuite continué de rouler sans but apparent…, dans les bleds pourris ou nous circulions, il y avait à chaque fois des beaufs et des beauffes, manifestant une attention démesurée au dôme…
-“C’est le prix à payer pour vivre quotidiennement un phénomène de rue”… qu’il m’a dit !
-“Avec une bulle qui n’apporte que du look et strictement rien d’autre, ouaihhhh, c’est débile ! Comment avez-vous eu l’idée de ce sommet de l’étrange ? Avez-vous été inspiré par Darryl Starbird ?”… que je lui ai demandé avec un grand sourire…
-“C’était tout simplement logique dans ma tête. J’ai acheté la Fury avec un pare-brise cassé et elle avait également besoin d’une nouvelle capote. C’était deux facteurs importants dans le prix des pièces à changer, plus le travail et le temps qui passe… La construction d’un toit en forme de dôme était pratiquement au même coût, donc c’était une meilleure voie à suivre… et comme je me suis spécialisé dans la construction de Hot-Rods, cela ne m’a pas paru complexe à réaliser…. Je voulais vraiment repousser les limites et je le voulais au top de mes créations précédentes, de sorte que créer un toit-bulle était la bonne chose à faire”…
Tandis qu’Andy m’expliquait toute une série d’autres choses inintéressantes, une ’69 Camaro RS, big-block équipée de pneus à profils bas, est venue se positionner en cote-à-cote…, les vitres teintées cachaient les occupants, mais la fenêtre du passager de la Camaro s’est mise à descendre, présentant juste assez d’espace pour passer un pouce levé.
Andy a révélé en cette suite, un sourire jusqu’aux oreilles… et son menton vibrait :
-“C’est le meilleur compliment que je ne pourrais jamais obtenir, haut la main”...
Pour résumer en finale, sachez que la Plymouth Fury est toujours immédiatement entourée, c’est une attraction plus grande que les champs de citrouilles… et Andy aime les “oohs” et “ahhs” venant des gens…
Un jeune amateur de voiture qui tirait un chariot avec des nounours est arrivé, et à alors laissé échapper :
-“Regarde maman, une vraie voiture de rêve, j’en veux une comme ça”…
Tout joyeux au départ, quasiment mielleux et guimauve…, il se croyait presque dans une fête foraine…, mais sépia, la fête foraine, parce que tout gosse qu’il était encore, il sentait qu’il y a un moignon de caché quelque part, un truc vicié, quelque chose qui ne va pas du tout derrière le coté mignon du Bubble-Top.
C’était à chialer, voilà qu’après un moment de folie, le rêve se brisait complètement, partant dans une ambiance funèbre.., un instant d’éternité…, une minute où on a le temps de maudire mille fois dieu et le diable de nous filer un bourdon pareil.
-“Hey mollo sur le pathos, mollo sur le pathos, mollo, mollo, mollo sur le pathos” !
Yeahhhh, c’est beau, c’est cool, c’est triste, et hop, il y a mille anges qui déboulent et vrillent en mode voyage vers la lune, reléguant Interstellar au rang de vulgaire reportage de France 3 sur un planétarium dans l’Hérault.
Putain de merde, j’ai encore le vertige de mon périple à bord de cet engin, même en écrivant cet article en deux parties, la première fois, vautré dans mon fauteuil à 4h du mat, retour zombie d’une boite de nuit partouze, la musique à donf, à moitié bourré, puis, la seconde dois pluche tard, vers midi…, je ne m’attendais pas à cette pause soudaine, à ce silence, avant ce décollage affolant, indescriptible, qui a littéralement violé mon cerveau…, adieu mon pays…, fantômes, conneries et femmes nues.
Je n’avais pas envie de l’avouer, mais je vais quand même lâcher le morceau…, il me semble que../.. parce que pas une fois, j’ai eu envie de ../.. reprend exactement là où je m’étais arrêté../.. c’est exactement ça, c’est la suite évidente../.. parce que je ne suis pas avare en retournement de situation, parce que chaque../.. comme si le mec avait tout testé pendant sa carrière, avant de balancer un ../.. qui le hante, sa mère, sa mort et les souvenirs avec son fantôme.
Mon Popu, même si les flingues ne sont pas légaux dans ton coin, tu vas vouloir te dégotter un calibre aussi rapidement qu’un camé en manque de Méthadone suite à la lecture de tout ce qui précède…, mais surtout de tout ce qui ne suit pas !
Certes, c’est une incroyable chose lumineuse, chaude, belle…, à la voir on est touché par la grâce, on devient joyeux, mais on se retrouve rapidement désabusé à cause de l’ambivalence de ce véritable diamant du Kustomizing, qui symbolise parfaitement ce besoin d’acheter un cercueil empli de larmes et souvenirs ensoleillés…