1964 Pontiac Banshee…
Il y a quelques années, chaque division de la General Motors était un fief présidé par des cadres “supérieurs” disposant de pouvoirs royaux et donc “discrétionnaires”. De là à prétendre que c’étaient des pouvoirs quasi dictatoriaux menant à tout et rien, à l’absurde, au futile, malgré quelques bribes d’utilités dévoyées, il n’y a qu’un pas que je pose dans le ciment… Conçues et gérées comme des entités indépendantes, les divisions de la General Motors partageaient peu leurs expériences et elles ont dès-lors, concouru entre-elles de façon agressive.
C’était seulement guidé par les restrictions de la gestion d’entreprise et les obligations rigides de financement, appliquées toutefois de façon assez lâche selon une “échelle d’aspiration et d’inspiration” définie deux décennies plus tôt par Alfred P.Sloan.Jr. Il avait établi la hiérarchie des marques au sein de la GM. Ce n’étaient pourtant que des paramètres jetés en vrac, les cadres ambitieux ont alors établi leur succession personnelle dans des bureaux situés au 14ième étage, ou se trouvait le bureau du directeur de la GM.
C’était grâce à un programme sans précédent pour l’époque, visant à un perfectionnement des cadres et à la création d’un vaste bassin de talents. Les années ’50 et ’60, ont vu ainsi naître un groupe légendaire de dirigeants de talent qui ont pris les commandes des divisions de la GM : Ed Cole pour Chevrolet, Ed Ragsdale pour Buick et Ed Roche pour Cadillac. Mais la division qui a été la plus agressive, créative, compétitive et imaginative, a été Pontiac. Lorsque Bunkie Knudsen a repris la division Pontiac en 1956, elle était surtout connue pour son coté clinquant;
La marque était identifiée par les piétons en cause des baguettes chromées ornementales, sans objet, inutiles… et rien d’autre. Pontiac a atteint le paroxysme du pathétique pachydermique en 1958 quand elle devint la marque la plus vendue, avec deux fois plus de voitures que Cadillac. Un an plus tard, en 1959, Pontiac rajeunissait son image en présentant une gamme de moteurs puissants, établissant de la sorte une réputation agressive de voitures flamboyantes. Knudsen a obtenu sa récompense en 1961 : diriger Chevrolet !
C’est Pete Estes qui lui a succédé, avec John DeLorean en tant qu’ingénieur en chef et héritier présomptif ! Pontiac a poursuivi en offrant de plus en plus d’innovations au public, dont une voiture sportive devant ancrer son image. Le concept Banshee, désigné GM projet XP-833, a été conçu par John DeLorean avec le soutien de Pete Estes. Positionné au sein de la GM comme une réponse à la Ford Mustang de 1964, il a exploité une niche, celle de la sportive à deux sièges, soit le lien entre la Corvette et la Mustang Pony-car de Ford.
Il correspondait parfaitement dans la hiérarchie des voitures “sportives” de la GM entre la Corvette et la Camaro. Estes et DeLorean savaient qu’ils ne pouvaient chasser sur le gazon de la Corvette. Ils savaient aussi comment construire une sportive à l’économie. Leur intention, cependant, était claire, la Banshee devait viser le marché des patrons de moyennes entreprises. Ils ont utilisé une 1964 Chevelle LeMans…, DeLorean a modifié l’empattement du châssis-plate-forme et l’a habillé d’une carrosserie spectaculaire en fibre de verre, conçue par Jack Humbert, sous la direction de Chuck Jordan.
Alors que les “voitures-concept” font fréquemment allusion à ce que les stylistes pensent…, le projet XP-833 était un aperçu sans précédent des futures GM. Son long nez, le profil “coke-bottle”, la calandre large avec pare-chocs chromés, le pare-brise incliné, la ligne Fastback avec le toit se terminant en pointe, les ailes bombées et les triples feux arrière disposés dans un carénage arrière annonçant la troisième génération de Corvette et les futurs repères d’identité Pontiac. De même les phares cachés et au gonflement de pouvoir, suggéré par le capot “body-buildé”.
Sous le capot de ce coupé était positionné l’un des moteurs les plus imaginatifs de Pontiac. Sur la base d’un bloc Chevrolet 6 cylindres en ligne, DeLorean a imaginé un autre arbre à cames et une culasse différente, donnant de bien meilleures performances, soit 215 chevaux. D’autres idées novatrices ont été intégrées dans le concept-car Banshee. Estes et DeLorean ont construit deux prototypes, le coupé présenté ici… et un cabriolet de couleur blanche. Les deux concepts-car Banshee ont survécu, mais curieusement, ils n’ont pas permis une mise en fabrication industrielle…
C’était à cause que le Comité de gestion de la GM s’est opposé catégoriquement à sa mise en production, la division Chevrolet défendant vigoureusement sa position en tant que seule pourvoyeuse de voitures de sport au sein de la GM… Soigneusement conservés pendant près d’un demi-siècle, les deux prototypes Pontiac Banshee ont survécu dans l’exact état, comme ils ont été montrés à la direction de la GM. Le Coupé Banshee a été invité parmi les automobiles classiques de prestige et les concept-cars important, au Concours d’Élégance de Meadow Brook en 2001.
Son compteur kilométrique avait à peine 1.500 miles, et son état était original en tous points. Il est tentant d’imaginer la façon dont l’histoire aurait pu être différente si les concept-cars Banshee avaient reçu le feu vert. La 1964 Pontiac Banshee Coupé est novatrice mais entièrement fonctionnelle.C’est un exemple singulier d’un jalon dans l’histoire de la GM. Son rejet par la direction de GM, a forcé Pontiac de se contenter d’un re-styling de la Camaro !
Maintenant, plus de quatre décennies après que la Banshee-Coupé a été construite, GM a mis fin à la marque Pontiac !
Les amateurs de concept-cars révolutionnaires des années passées, affirment que cette curieuse attitude a rendu les anciennes Pontiac sportives, particulièrement désirables. La Banshee est “ce qui aurait pu être” ! Moteur 230ci six cylindres, quatre vitesses manuelles, suspension avant indépendante à ressorts hélicoïdaux, suspension arrière à essieu rigide avec ressorts hélicoïdaux, freins à tambour aux 4 roues.