Les deux seuls adjectifs qui me sont venus à l’esprit pour caricaturer la Fiat 850 Spider Abarth “Racer”, sont : lapidaire et clinquant…, en parfaite adéquation avec l’orgueil typiquement italien que trahit, par touches discrètes, le timbre parfois trop appuyé de son échappement… et son design, dessiné d’un revers de main vif comme un soufflet, par lequel Bertone voulait sans nul doute congédier les importuns baveurs ; orgueil du sang de cet illustre créateur italien de carrosseries flamboyantes, auquel j’attribue, sans doute un peu vite, un mutisme polaire de ses sens, une fraîcheur boréale de son esprit, une réserve un rien boudeuse de son être (un rien ennuyé)…, que sa création (cette voiture), ne cherche pas à travestir lorsqu’elle s’engage, telle une écrevisse sortie de l’eau, sur les sentiers d’infortunes qui ne conduisent pas à un sacrifice noblement consenti.
En toute partialité, en toute immodestie, Bertone a souvent mis de la rage à remonter son prestige au prix de politiques douteuses, de volte-face, de trahisons commerciales… et pire encore d’alliances boutiquières…, néanmoins il lui restait en finale encore suffisamment de sève, de finesse, de distinction supérieure pour imposer sans efforts notoires une prééminence qui le rangeait à part du commun des carrossiers-créateurs, tout en les figeant dans une pose, qui bien qu’elle sentit un peu la poussière et le renfermé, ne manquait ni d’allure ni de panache.
Comme on ne prête qu’aux riches, on pardonne volontiers aux Tycoons d’affaires de hausser un peu loin leurs cols à guillotine…, maintenant que les Altesses font la pige aux vedettes de Cinéma…, maintenant que les enfants des tricoteuses lamda et des accusateurs publics canonisent des dindes couronnées dont les brushings de premières vendeuses, les élégances tartignoles, les grâces trébuchantes, les éternelles conjonctivites…, accompagnent à ravir des destinées sentimentales de feuilleton télé .
Au début de notre liaison automobile, vaguement flatté de toucher au fait du Prince Bertone, je trouvais commode de réduire cette Fiat 850 Spider Abarth, dont je ne parvenais pas à percer les brumes de silences…, à son ascendance éminemment non-aristocratique. J’y mettais, il est vrai, une pointe d’ironie tout à fait mesquine, un peu à la manière d’un obscur hobereau au spectacle d’un courtisan, lorsque tout enrubanné de faveurs Versaillaises, tout agité de poudre et de parfums, ce dernier daignait souiller ses points de Venise et le rouge Cardinal de ses talons dans le bourbier des basses cours d’où il tirait ses carrosses et ses colifichets.
Si cette Fiat 850 Spider Abarth n’était pas la dernière automobile à railler son nom à rallonge, la kyrielle de titres quelle traine à ses basques comme une charrette nuptiale éparpille son vacarme de boites de conserves…, ses ancêtres Fiat qui s’exposent dans divers musées tandis que leur gloire et leurs méfaits n’en finissent pas de ricocher des pages des livres d’Histoire à celles des romans populaires…, il y a dans le dédain qu’elle affiche pour sa particule, une certaine part de vanité.
Vous en riez…, certes, mais je vous rappelle, sous couvert de dérision, l’insolente devise familiale de la famille Agnelli, selon laquelle alors que le monde n’était pas encore monde, ils portaient déjà la culotte des chefs.
Cependant, délaissant ce que les manières de cette Fiat 850 Spider peuvent avoir, parfois, de hautain…, faisant fi de toute morgue et de tous sarcasmes, je l’ai toujours affrontée, c’est à dire conduite…, en grand Seigneur, sans la moindre plainte, sans montrer d’humeurs mesquines, sans rancœur ni amertume…, dans les situations les plus humiliantes en ce compris mes débordements d’hystérie…, à croire que si la Fiat 850 Spider Abarth en serait venue à se crasher, je ne l’aurais pas accompagnée dans sa chute, mais aurais flotté miraculeusement parmi les vapeurs de kérosène, porté par les ailes majestueuses de ma vertu.
Je sais d’avance que divers casse-couilles qui regarderont mes texticules couillus et bandatoires éjaculant mes phrases sur cette Fiat 850 Spider Abarth, atrocement violée…, prendront prétexte de mes dérives pour déposer des commentaires, n’hésitant pas à s’y vautrer dans des poses dignes de Théodora aux heures lascives de Byzance, tout en multipliant les allusions salaces à l’usage que je ne manque pas de faire d’un tel monument. A ces enfantillages, admirable de dignité, j’oppose la parfaite courtoisie, le sourire élégiaque, l’humeur uniformément lisse d’un colosse qui se refuse à affronter des nains.
Bien entendu, personne ici n’ignore rien des polissonneries dont je me rend coupable…, ayez l’élégance de ne pas m’en tenir rigueur… et ne n’impliquez pas dans des grelotines de lépreux aux approches d’un Lazaret… et croyez moi ou non, je n’ai pas envie de blesser quiconque…, si je vous entraine dans la région des sépulcres, ce n’est ni par cruauté, ni par manque de discernement, mais parce qu’il faut en passer par cette épreuve pour que mon histoire enfin avance, pour que dans un même mouvement d’abnégation, vous baissiez vos gardes !
Il n’y a plus de règles puisqu’il n’y a plus de jeu.
Il n’y a pas de place à prendre, il n’y a qu’un chemin à suivre…, qui vous mènera ou vous voudrez, peu importe, puisque vous connaissez désormais le visage de l’ennemi dans la glace.
La Fiat 850 Spider a été commercialisée de 1965 à 1973
Cette petite décapotable repose sur une idée originale du designer italien Bertone dont l’auteur est le très jeune dessinateur Giorgetto Giugiaro.
La 850 Spider fut présentée au Salon International de l’automobile de Genève en mars 1965 et sera commercialisée au dernier trimestre de la même année.
Elle connaîtra immédiatement un succès retentissant en Italie comme dans tous les pays européens mais surtout aux États-Unis où elle sera exportée avec le surnom de “Little Ferrari”, une version spécifique baptisée Fiat 850 Spider America
La première version de la 850 Spider sera produite directement dans les ateliers du carrossier Bertone.
Certains critiques de l’époque ont reproché à Bertone d’avoir repris, pour la face avant avec les phares inclinés, le dessin qu’il avait créé pour le prototypo de la Chevrolet Corvair Bertone Testudo, réalisé par le carrossier implanté à Grugliasco près de Turin en 1963.
La base mécanique était celle de la Fiat 850 berline mais le moteur disposait d’une puissance portée à 49 cv à 6.200 t/mn ce qui lui permettait d’atteindre une vitesse de 145 km/h.
Par rapport à la berline, elle disposait de freins à disque à l’avant.
En 1968, Fiat commercialisera la seconde série, équipée du moteur porté à 903 cm3 et disposant d’une puissance de 3 cv supplémentaires.
La carrosserie fut retouchée en divers points, notamment les phares qui deviendront fixes et verticaux, pour respecter les nouvelles normes en vigueur… et les feux de position placés sous le pare-chocs et non plus dessus.
La Fiat 850 Spider fut l’une des premières d’une vague de roadsters qui éclot au milieu des années soixante (MGB, Triumph TR, Karmann Ghia, Renault Caravelle).
Ses atouts ?
Une ligne canon fleurant bon la dolce Vita… et surtout son prix discount, dans la tradition de la marque.
A l’époque elle est encensée par la presse…
Commercialisée dès 1965 suite à un accueil largement favorable du public en mars 1965 au salon de Genève, le spider y était vendu avec un moteur de 843 cm3 qui délivrait 49 chevaux…, le 0 à 100 frisait les… 18 secondes, mais le spider atteignait tout de même 145 km/h.
Avec 725 kg, la voiture se montrait vive, même si ce n’étaient pas les accélérations qui la transcendaient.
La suspension à roues indépendantes et avec barre stabilisatrice à l’arrière donnait un comportement agile et précis qui venait compenser le manque de puissance du moteur arrière qui imprimait tout de même une sérieuse tendance au sur-virage à la ré-accélération, surtout sur sol mouillé.
En 1968, une nouvelle mouture était sur le marché, reconnue pour son agilité qu’un prix très accessible mettait à la portée de bien des bourses.
Ainsi, il se vendra 130.000 unités sous le logo Fiat et près de 2.000 sous le logo Seat en Espagne.
Karl Abarth nait à Vienne en 1908. Durant son adolescence, il travaille pour Castagna en Italie (de 1925 à 1927), dessinant des châssis de deux roues.
De retour en Autriche, il est embauché par Motor Thun (jusqu’en 1934) et participe à des courses de motos, emportant sa première course à Salzburg en 1928 et devenant cinq fois champion d’Europe avant de devoir arrêter sa carrière suite à un grave accident.
Il dessine également un sidecar avec lequel il bat l’Orient Express sur un parcours de 1.300 kilomètres entre Vienne et Ostende… et en 1934, il s’installe de façon permanente en Italie, se fait naturaliser et adopte le prénom : Carlo.
Il rencontre Tazio Nuvolari et Ferry Porsche et participe à l’aventure Cisitalia tout en étant distributeur de matériel Porsche.
En 1947, Carlo Abarth est directeur sportif de Cisitalia et quand la marque est contrainte de quitter l’Italie pour rejoindre l’Argentine en 1949, cinq voitures sont cédées à Carlo Abarth.
Il en tire les Tipo 204A dont la carrosserie Vignale en fait à mes yeux le modèle le plus désirable de la marque.
La société Abarth & Co est fondée à Turin en 1949 avec Armando Scagliarini et Carlo choisit son signe zodiacal, le scorpion, comme emblème.
La nouvelle firme produit bien sûr des voitures de course mais sa principale activité et source de financement est la production d’accessoires comme les fameux pots d’échappement Abarth.
Dès 1954, Abarth emploie 90 salariés et s’est forgé une bonne réputation de préparateur en Italie.
La 205A et 206A remportent quelques succès mais les 207A et 208A sont plus chères, et donc moins populaires.
Mais c’est à partir de 1956 que la marque va asseoir sa réputation et lier sa destinée à celle de Fiat, en proposant des kits de transformation pour la Fiat 600.
La Fiat-Abarth 750 est née, et sera suivie de la 850TC.
Fiat fournit directement à Abarth les coques des Fiat 600 sans les parties mécaniques traitées par Abarth comme les arbres moteur, les freins, le carburateur et l’échappement, qui sont montés directement dans les ateliers Abarth lors de la transformation de Fiat 600 en Abarth 850 TC (Turismo Competizione).
Il était également possible d’acheter uniquement le kit et de le monter soi même.
En 1962, la FIAT-Abarth 850 TC est complétée par une version FIAT-Abarth 1000 TC, toujours dérivée de la Fiat 600, mais équipée d’un moteur de 982 cm3 de 60 chevaux.
Pour l’anecdote, en 1960, Ferry Porsche confie 26 châssis de 356B à Carlo Abarth pour préparer une voiture de course.
Étudiée en soufflerie et dessinée par Franco Scaglione, montée dans une carrosserie artisanale turinoise, ce modèle en alu pèse 780 kg.
A la fin des années 60, bien que les résultats en course soient toujours là, la concurrence est rude et les résultats commencent à décliner.
La société est vendue à Fiat en 1971.
Carlo Abarth en reste le PDG pendant un temps avant de retourner à Vienne où il disparait le 24 octobre 1979, à l’aube de sa soixante douzième année.
Après 1971, l’écurie de course d’Abarth est vendue à Osella, Fiat souhaitant voir la marque se concentrer sur le rallye.
Abarth devient la référence des versions sportives des différentes marques du groupe… et notamment Autobianchi.
Une importante collaboration intervient dès l’avant projet avec Lancia pour la réalisation de la Lancia Rallye 037.
Abarth devient ensuite officiellement le préparateur des modèles sportifs de Fiat (comme la Ritmo Abarth 130 TC) mais durant les années 90, le nom est peu utilisé, hormis pour mettre un modèle en valeur artificiellement par la simple utilisation du badge (comme la Stilo Abarth).
La voiture que vous avez sous les yeux est donc une série limitée Spider-Coupé Hard-Top Abarth “Racer”.
Concrètement cette version limitée comprend des jantes spécifiques et surtout…un hard top qui donne à l’auto l’allure d’un coupé, tout en disposant d’une capote…
Pas de doutes possibles, c’est une réussite…, le résultat est là, elle ne ressemble plus a un jouet échappé d’un manège comme la Fiat 850 Spider de base, elle gagne une véritable crédibilité.
A l’intérieur le tableau est nettement moins idyllique.
Certes les sièges sont agréables, certes les contre portes laissant apparaître joliment la teinte de la carrosserie sont charmants…, mais quand à la planche de bord…, le plastique c’est fantastique disait-on à une époque…
C’est toc au regard, c’est pire au toucher…, à propos de toucher, le volant est désagréable en main…mais n’accablons pas trop cette finition aléatoire, le tarif passe aussi par là.
Sur la route là aussi on est un peu déçu… la Fiat 850 Spider Abarth est plutôt avare en sensations.
Le moteur donne 62 chevaux, on les cherche encore !
Certes il n’est pas désagréable en cruising, mais dès qu’il s’agit de s’amuser…
Quant au châssis, disons que là aussi la Fiat accuse son âge.
Le verdict est sans appel, la Fiat 850 Spider Abarth n’est pas une voiture de sport.
Un peu sévère ?
Non, la vocation de cette très jolie voiture est plutôt le cruising rapide ou la ballade bucolique.
Après tout… n’est ce donc pas cela la dolce vita ?
Caractéristiques techniques Fiat 850 Spider Abarth 1967
Moteur : 4 cylindres en ligne, placé longitudinalement à l’arrière, 843 cm3 (alésage x course : 65 x 63,5 mm), 2 soupapes par cylindre, puissance maxi : 49 CV DIN en version de base, 62 CV Din en version Abarth, à 6.200 t/mn, couple maxi : 6 mkg à 4.200 t/mn, embrayage : monodisque à sec, boîte de vitesses : 4 rapports MA, propulsion arrière.
Carrosserie : caisse acier monocoque autoporteuse.
Suspensions : roues indépendantes avant et arrières, bras transversaux oscillants, ressorts hélicoïdaux, barres stabilisatrices transversales, amortisseurs hydrauliques téléscopiques, freins : à disques sur les roues avant et à tambour sur les roues arrières, commande hydraulique, servofrein à dépression et limiteur de freinage sur le train arrière, frein à main agissant sur les roues arrières.
Pneumatiques : 5,20 x 13″
Poids à vide : 725 kg.
Réservoir : 30 litres.
Accélération : 17,7 s de 0 à 100 Km/h
Vitesse maxi : 145 km/h
Consommation moyenne : 7,2 litres/100 km
Vouloir ne pas penser à cette voiture, c’est y penser encore !
Du reste, comment ne pas y penser lorsque ce texte tout entier vous renvoie la violence si peu essoufflée, de cette pantalonnade grotesque, terrible à force de simagrées, de grimaces bouffonnes, de duperies caressantes…, cette satire grossière aux harmonies faciles d’un refrain guimauve, cette Pasquinade ou je joue le Gracioso théâtral, nourrissant mes appétits déviants comme les nabots gloutonnent des chimères au sein desquelles ils se changent en ogres !
Faut-il que je me sois emmerdé au volant de cette voiture pour m’en aller puiser dans les eaux maussades d’un passé saumâtre, les poignées de boue dont je souille à plaisir la limpidité de mes jours et nuits.
Faut-il je sois gavé, repu, en somme, dolent, engourdi…, pour que je rouvre à coup de cruautés malignes, de cruautés mesquines…, des plaies que je ne laisse pas vieillir puisqu’en ressentir, encore et toujours, l’affreuse petite morsure me donne à penser que, peut être, je ne suis pas tout à fait mort.
Allons donc, à écrire tant d’inepties, je ne parviens plus à m’abuser moi-même !
Un grand vent de mots que tout cela !
Pour être propriétaire d’un tel engin, il faut être masochiste… et je ne le suis pas !
Ne cherchez pas plus loin des explications à une schizophrénie qui n’ignore pas sa nature.
Car enfin, jouer à se faire peur au volant d’une Fiat 850 Spyder Abarth relève de la pathologie…, ou de la comédie, allez savoir ?
Que craindre au demeurant d’une telle rencontre ?
Qu’on se retrouve enlaidi, vieilli, changé ?
La belle affaire !
C’est à un reflet que je me suis laissé prendre comme un oiseau affolé se laisse prendre aux éclats d’un miroir me nimbant d’une aura de prestige et de vanité avant que l’on ne redistribue les cartes et que le jeu tourne.
J’en ai conservé une triste image, celle d’une voiture qui trompe son monde…, celle d’une voiture qui a toujours redouté de ne pas être ni assez belle, ni assez brillante, celle d’une voiture qui n’a jamais douté de n’être douée pour rien, révélant les limites de son propre jeu !
J’ai compris à quel point la Fiat 850 Spider Abarth était banale, ordinaire.
D’ordinaire, je peux écrire des heures sans me lasser.
Pas ce soir, hélas, ma verve se tarit rien qu’au souvenir de l’avoir possédée.
Figurez vous qu’il m’a fallu deux heures pour arriver au bout de ce texte anodin…
Si vous demandiez encore une preuve de la capacité qu’a cette Fiat 850 Spider Abarth à être médiocre, vous l’avez sous les yeux en un click…. : SOS… SVP Faites moi jouir gratis sans les mains…