1968 Mustang Shelby GT500… VS 1984 Opel Manta 400 Cosworth…
“L’homme ne sort de son ordinaire qu’au prix d’une transgression, mais se trahir à un coût : l’homme le paie en devenant son propre bourreau, un démon de la perversité aux yeux de la masse, capable d’oublier ce qui départage humanité et bestialité, morts et vifs se confondant finalement entre eux-mêmes”… Ceci est une description de Carroll Shelby ! Une chose à propos de ce personnage légendaire et ses véhicules : ils ne sont pas subtils ! Sournois, peut-être ! Trompeurs, sans aucun doute ! Trumpistes avant l’heure, surement ! Mais pas subtils ! La subtilité c’est avoir de la finesse, être habile à percevoir les nuances et trouver des moyens ingénieux pour résoudre tous les problèmes. Shelby et ses monstres mécaniques ne le sont pas ! Lui et ses véhicules sont brutaux, basiques, américains. Surement que dans une uchronie ils fussent Trumpistes, en pire : “America first” !
Dès lors les Shelby GT350 et GT500 de 1968 vues, possédées et conduites en 2020 malgré les interdictions de circuler dues à la dictatucratie Macronienne, du “Nouvel Ordre Mondial en Marche” (sic et re-sic !) ne sont pas atypiques mais typiquement et basiquement “American Way of Life” ! Majoritairement des Fastback’s restylés au plus simple aux extrémités (c’est purement sexuel), nulle-part ailleurs et question châssis, c’est basiquement pire ! Carroll Shelby a simplement ajouté une barre anti-roulis, des gimmicks non fonctionnels (des fausses entrées d’air un peu partouze) des bandes “sport” décoratives et des jantes de “Bo-Bo’s-Californiens” moins “coincées” que celles des berlines ricaines “à-la-papa”… Avec “tout ça”, la Mustang est devenue d’abord différente, ensuite un jackpot et en finale un mythe ressemblant à quelque chose d’autre, comme une voiture de course, mais sans l’être, quoique proposant la sensation d’une “Grand Touring”. Mais ce n’est pas tout à fait ça non plus…
Pour tenter de vous faire comprendre l’astuce de l’escroc sympathique, sachez, chers tousses, que j’ai possédé (J’en possède encore mais je n’en ai plus rien à branler) quelques Mustang Shelby GT350 et 500 avec lesquelles j’étais le roi de mon monde dans la tête, jusqu’au jour ou Opel m’a offert une Manta 400 moteur 4 cylindres 2L4 Cosworth de 240cv… Elle allait plus vite, ne consommait pas grand-chose en comparaison et, le pire, elle était plus confortable, plus vive, plus trop d’autres choses… J’ai été scié, pareil que si j’avais appris que John Wayne était pédé “à donf” et avait commencé sa carrière dans des films porno… que non plus ! J’ai, du coup, direct considéré mes Shelby différemment, y voyant leur style bodybuildé comme étant volontairement laid, quoique ma déraison m’ordonnait d’être moins sévère et d’y voir l’abondance des fausses vertus pour lesquelles les produits de Shelby sont devenus célèbres. Ce Texan, en effet, “il y allait, gérait et encaissait” sachant qu’un jour tout s’arrêterait, net, là où il n’y a que repos et silence.
Les eaux de certaines vies sont d’une couleur incertaine et malsaine, elles ne coulent pas vers la mer, mais palpitent éternellement sous l’œil rouge du soleil, avec un mouvement tumultueux et convulsif. De chaque côté, des espaces vaseux s’étendent. Les égarés qui s’y fourvoient soupirent de solitude et tendent vers le ciel leurs longs cous de spectres, en hochant de côté et d’autre, leurs têtes sempiternelles… et il sort d’eux un murmure confus qui ressemble à celui d’un torrent souterrain. Mais il y a une frontière à leur empire, une zone sombre, horrible. Là, comme les vagues autour des Hébrides, les hommes sont dans une perpétuelle agitation… et cependant il n’y a pas de vent dans le ciel. Et ces ahuris perpétuels, ces primitifs, vacillent éternellement de côté et d’autre en se masturbant à la vue de belles vénéneuses qui ondulent… et il n’y a là ni calme ni silence.
Lorsque j’ai rencontré Carroll Shelby, c’était morose, la pluie tombait… il régnait une sorte de solennité dans une ambiance de désolation, ses traits étaient à mes yeux ceux d’une divinité, car, malgré le manteau de la nuit qui tombait, et du brouillard, et de la lune, et de la rosée, rayonnaient les traits de sa face… et son front était haut et pensif, et son œil était effaré par le souci ; et dans les sillons de ses joues, je lus les légendes des rêves, de la fatigue, du dégoût de l’humanité et d’une grande aspiration vers la solitude. Et il s’est assis, appuyant sa tête sur sa main et a promené son regard sur la désolation, sur le ciel plein de frôlements, et sur la lune cramoisie. Alors, j’ai maudit les éléments de la malédiction du tumulte alors qu’une effrayante tempête s’amassait dans le ciel, où naguère il n’y avait pas un souffle. Et le ciel devint livide de la violence de la tempête, et la pluie, et les flots de la rivière de la vie débordaient, et le tonnerre roulait, et l’éclair tombait,
Il y a de biens beaux contes dans les têtes issus des mélancolies et des illusions perdues et des rêves brisés et des réalités révélées… L’Opel Manta GTE 1700 avait cassé mes illusions et rêves, je lui en veux toujours… J’avais là, en tête, de splendides histoires du Ciel et de la Terre, et des Génies sublimes qui ont régné ! Il y avait aussi beaucoup de science dans les paroles qui ont été dites par des sibylles et des saints, d’ailleurs de saintes choses ont été entendues quand il s’assit à côté de moi ! Et, quand il eut fini son histoire, il se renversa dans la profondeur de sa tombe, et se mit à rire. Et je ne pus pas rire avec lui, et il me maudit surement encore parce que je ne pouvais pas rire…
Quoi vous en écrire d’autre ? Que l’apparence d’une GT500 est distinctive. À l’avant, le nez a été révisé en éliminant la calandre chromée des Mustang’s. Là où la calandre était, Shelby a positionné une passoire à insectes en métal enveloppant une paire de phares rapprochés montés de la manière rendue populaire sur les voitures de rallyes internationaux des années ’60. Le capot en fibre de verre, dispose d’un gros renflement moulé derrière des entrées d’air semi fonctionnelles. Sur les côtés de la voiture, les modifications se composent de deux paires de fausses entrées d’air. Il y a aussi deux “ajustements” situés au-dessus des extracteurs d’air du poste de pilotage dans le quart arrière, les autres, fausses elles aussi, n’offrent même pas de l’air frais aux freins arrière… on se dit à voir ces efforts qu’une Shelby GT500 ne manque pas d’air… de là à avoir la musique en prime, y a un bémol ! À l’arrière, il y a une queue de canard modérée sur le couvercle du coffre en fibre de verre et des feux de Thunderbird, des changements d’apparence, mais pas certain que la main sûre d’un styliste complètement professionnel soit passé pour ces changements.
L’intérieur a le même genre de saveur distinctive, mais similaire que l’extérieur. Les sièges sont Mustang, de même que le tableau de bord, les commandes, etc., mais il y a l’ajout d’une barre de roulis appropriée et des bretelles pour compléter les ceintures abdominales standard. L’instrumentation de base de la Mustang est complétée par un anémomètre et une jauge de pression d’huile maladroitement située sur le bord inférieur du milieu du tableau de bord. Il y a aussi un volant à bords de bois avec l’emblème Shelby et, celui-ci est moins profondément plat que le volant Ford standard. La banquette arrière du fast-back qui avait été supprimé pour le modèle de l’année précédente est conservée ici en version GT500, elle permet ainsi un pratique 2 + 2 alors que la GT350 était strictement une deux places. La suspension de la GT 500 est rigide et extra-ferme. Les modifications de suspension représentent une partie des efforts de Shelby pour adapter les voitures à un marché plus large et à un coût moindre. Les freins ont la combinaison arrière “à l’ancienne” : disques avant/tambours arrières disponibles en option avec un matériau de friction organique plus résistant.
Le “big-big-big-Block 428ci” des GT500 “de base” (4,13 x 3,98 alésage et course) était “le” gros moteur de cuisson rapide bon marché de Ford utilisé dans les variantes Thunderbird et Police Interceptor, mais le Graal ultime avec accès direct à l’autoroute du Kif, c’est le célèbre 427ci (4,24 x 3,78) développé pour les courses de stock NASCAR et utilisé dans les GT MarkII prototypes ayant gagné les 24h du Mans. Installé sur la GT500, ce rarrissime 427ci est équipé de deux carburateurs Holley four barrels et est évalué à seulement 355 chevaux à 5400 tr/min… une misère car les ahuris, les ploucs et les lecteurs des ex-Nitro et Power-Glide sont persuadés que ce V8 mythique “fait” 500 chevaux comme l’indique le chiffre GT500 ! C’est du flanc ! Du bourre-mou et cul-cul ! En vrac de physique pure, le 427ci est plus grand que la taille du roi ! Il y a à peine de la place pour lui dans la Mustang Shelby si bien que les ignares se disent qu’il doit y avoir au moins 4 bougies par cylindre soit 32 bougies d’allumage là-bas quelque part (on peut voir les fils qui disparaissent sous les entrailles du monstre), les changer ne supportant dès-lors même pas l’idée d’y penser… (Mais non, revenez sur terre les mecs, vous voyez bien sur les photos que c’est facile d’accès et qu’il n’y a que 8 bougies sur ce V8 !)
Que la 427 est également pleine de poids morts et lourds est une évidence qui explique le pourquoi de ma sidération après avoir conduit une Opel Manta 400 !!! Cette GT500 a non seulement le moteur 427ci et une boite manuelle, la direction assistée et les freins électriques, mais pas la climatisation. Toutes choses qui peuvent sembler inappropriées pour une telle voiture à première vue d’un rêveur de grands espaces à vitesse illimitée… Mais que nenni, ils se fondent dans la personnalité de la voiture sans obstruction… et à moins d’avoir des biceps d’haltérophile, on trouve la direction assistée presque obligatoire ce qui s’amplifie avec les gros pneus et tout le poids les appuyant sur le sol. La voiture est extrêmement facile à conduire. Le moteur s’allume avec un “whump”, il y a un “clunk-jump” lorsque le levier de changement des vitesses est déplacé dans la vitesse sélectionnée… et lorsqu’on écrase la pédale d’accélérateur on s’attend à vivre un départ de Dragster Top-Fuel de 2000 chevaux…
Ben non ! C’est mou ! Par contre la direction est facile, la GT500 a tendance à aller là où est pointé le train avant… tout droit, quoique pas toujours… et sur autoroute ouverte, elle roule sans chichi ni fureur. Il y a aussi un point mort indubitable dans le fonctionnement de la manette des gaz, donc il faut un effort inconscient pour activer les “barrels” secondaires des carburateurs. Lorsqu’on pousse assez fort pour apporter de l’essence dans les cuves… il y a un grand creux haletant, des bouffées de fumée à l’arrière et la voiture se gondole comme à Venise… En accélération pure, la GT 500 n’a tout simplement rien de sensationnel à offrir. L’Opel Manta 400 fait aussi bien et il faudrait environ 100 chevaux de plus pour arriver à égalité d’accélération (alors que la Manta 400 n’a que 240 chevaux ! Cherchez l’erreur ! Les 13,5 secondes invoquées pour elle dans les vieilles publicités américaines Shelby GT500 c’est du pipeau, du bluff, du vent, une arnaque !
En ce qui concerne la conduite, la GT500 est également une déception, c’est à peine une berline américaine typique mais en mieux. Quoiqu’avec 58% du poids total sur les roues avant le sous-virage est semblable à celui de l’USS América entrant à toute vapeur dans le port de New-York. Avec cette quantité invraisemblable de poids à l’avant, il ne fait aucun doute que les pneus avant fonctionnent sans cesse à des angles de glissement plus grands que les arrières lorsque la voiture tourne, l’avant glisse ! Il serait indispensable de laisser sans cesse la climatisation au maximum, non seulement il y a une quantité inconfortable de chaleur venant à travers la cloison pare-feu, mais non, il n’y a pas d’air-conditionné, c’est dire qu’on suffoque à bord… il y a également de fortes vapeurs d’essence qui se diffusent dans l’habitacle… De plus, la voiture dépose un pipi d’huile chaque fois qu’elle est garée. Cette GT500 a également enregistré la plus forte consommation de carburant de toutes les voitures que j’ai possédé, mais battue par ma Cobra Big Block à compresseur ET mon Lamborghini LM002 (plus de 100 litres aux 100km chacun, et parfois 120 en persévérant d’appuyer “à donf” sur autoroute…
Le niveau de bruit de la GT500 est raisonnablement fatiguant et bien qu’il y ait beaucoup de cliquetis de soupapes pour un moteur avec des “ascenseurs hydrauliques”, il se mélange avec le grondement infernal général. Il y a aussi un bruit distinctif venant du pont arrière et sur une surface légèrement rugueuse la GT500 résonne comme une boite remplie de patins à roulettes. Dans l’ensemble, cependant, la GT500 est un véhicule plus civilisé que la GT350, elle roule mieux, elle dispose de plus de commodités et elle est physiquement beaucoup plus attrayante. Comptez 200.000 euros pour disposer, à temps plein, de cette chose… C’est 4 fois plus que la valeur actuelle d’une Opel Manta “B” 400 Cosworth “S”… qui “marche” vachement plus fort qu’une Mustang Shelby GT500… Il n’y a aune morale ni aucune logique dans ce foutu milieu de bagnoles ! Si ce n’était qu’une GT500 428ci le prix se situerait entre 90.000 et 120.000 euros !
L’Opel Manta “B” 400 est équipée d’un Cosworth type “S” quatre cylindres 2L4 à 16 soupapes et double arbre à cames alimenté par une injection Bosch. Le tout développant 240cv de manière officielle, mais réellement 300cv ! … La boite est manuelle à 5 rapports. L’homologation en rallye nécessitait à l’époque la production de 400 exemplaires à destination “du civil”, équipée du même moteur mais officiellement dégonflé à 144cv… alors qu’en réalité il n’était pas compliqué de le reconfigurer au moins à 240cv comme celle-ci !
L’essieu arrière était issu de l’Opel Commodore “type A” qui disposait d’un pont auto bloquant, la suspension étant assurée par des amortisseurs à gaz, et le freinage par quatre disques, dont deux ventilés à l’avant. Mon “ancienne” Manta 400 Encore équipée de son bloc Cosworth 16S, de sa boîte manuelle à cinq rapports, de ses jantes à cinq branches Ronal, de ses extensions d’ailes, de son spoiler et de sa ligne d’échappement Irmscher a été intégralement restaurée en 2005 dans sa livrée “Astro Silver” d’origine, une finition assez rare (12 modèles existants) pour être soulignée.
Cette Opel Manta 400 devrait changer de propriétaire pour un montant estimé de 55.000 €uros, 4 fois moins que la Mustang Shelby GT500 !