1969 Ferrari 365 GTB/4 “Daytona”…
La Ferrari 365 GTB/4 “Daytona” a le grand mérite (le seul mérite, vraiment ?) d’avoir fait monter Ferrari, encore d’un cran dans la radicalité…, tout être sensé après en avoir supporté les déboires (comme moi) ne pouvant que penser : “Tous les salauds doivent mourir”.
Mais qu’est-ce qu’un salaud ?
Ahhhhhhh ! Cher ami popu, si tu te poses la question, prépares-toi à disparaître…, seul au milieu des cadavres de l’humanité toute entière, sous mon regard bienveillant…, un demi-sourire serein illuminant mon visage.
C’est l’orgueil démesuré d’Enzo Ferrari qui a donné naissance à cette “chose”, destinée à contrecarrer les plans (machiavéliques) de Ferrucio Lamborghini et sa fulgurante et inflammable Miura 1966.
Pininfarina qui fut chargé par Pépère Enzo de créer un chef d’œuvre en 7 jours, comme dans la Bible (c’est en réalité l’œuvre de Leonardo Fioravanti qui l’a dessinée en 7 jours), n’a pas cherché l’inspiration dans son génie présupposé, mais en copiant les lignes de la Chevrolet Corvette Stingray “C3” !
Dévoilée au Mondial de l’automobile de Paris 1968, elle fut baptisée “officieusement” Daytona en immédiat souvenir de la victoire des prototypes Ferrari 330 P4 aux 24 heures de Daytona aux Etats-Unis de l’année précédente (en 1967).
Son look de Corvette “C3” à l’italienne n’avait strictement aucun lien technique et esthétique avec les Ferrari 330 P4…, mais qu’importait aux journaleux pro-Enzo qui exécutaient leur part d’une convention de dupes en racontant tout et n’importe quoi, comme ce qu’écrivait un “illustre” confrère : “Cette Daytona représente l’évocation intemporelle de l’éternelle puissance et de la virilité italienne, surtout grâce à son moteur V12 de 352 chevaux qui va sans nul doute bâtir la légende de cette automobile, capable d’arracher le kilomètre départ arrêté en 24.3 secondes”…
Vous avez bien lu : “352 chevaux”, ce qui, actuellement, en 2017 apparaît assez malingre…, la moindre berline faisant actuellement beaucoup mieux sans suppositoires et lobotomisation des masses populaires !
La proue de la 365 GTB/4 qui ne pouvait par trop singer celle de la Corvette “C3” avait été d’abord tarabiscotée en pifs et pafs en utilisant celle de la Ferrari 275 GTB…., mais c’est finalement une solution assez inédite (sic !) qui sera d’ailleurs la seule originalité de la 365 GTB/4 Daytona…, le carrossier italien va en effet abriter les phares sous une vitre “Perspex” formant un bandeau complet sur la face avant.
Ce fut temporaire, les sévices de l’homologation américaine refusant ce dispositif relativement dangereux pour les autres usagers et surtout les pauvres piétons…, ce qui contraindra Pininfarina (Léonardo Fioravanti) a délibérément copier les phares rétractables de la Corvette “C3”…
“Les chevaux ne poussent pas la charrue, ils la tirent”…, cette phrase célèbre qui n’est qu’un aveu (un rare moment d’honnêteté) prononcée par Enzo Ferrari, résume à elle seule ce qu’est réellement la Daytona : un tracteur de luxe !
Oui mon Popu…, c’est la réponse d’Enzo à Ferrucio…, remets-toi quelques instants dans le contexte du salon de Genève 1966, ou Lamborghini avait pris le monde entier par surprise en dévoilant la Miura, première supercar de route dotée d’un moteur central arrière… et disposant d’une ligne somptueuse signée Gandini…, une idée plus ou moins révolutionnaire (inspirée de la GT40) et des performances annoncées hors du commun (on peut annoncer n’importe quoi, si c’est “marqué” dans les gazettes, c’est évangile pour les pauvres)…
À Maranello, cette concurrente ne faisait cependant pas rire pépère Enzo qui était sur le point de présenter la 330 GTC et la 275 GTB/4 au salon de Paris 1966…, deux engins déjà vieillots, loin de la modernité radicale de la Miura.
Et c’est en réplique à l’idée d’une Ferrari à moteur central arrière que le Commendatore prononça donc la célèbre phrase (la 365BB ne sortira qu’en 1973 et Enzo sera de nouveau débordé par l’arrivée de la Countach).
Le Tiffosi lambda, petit animal chafouin rongé par le mal de la Ferrarista la plus déviante…, n’aura pas manqué de relever de troublantes similitudes entre les tropes esthétiques de la Daytona et ceux de la Corvette “C3” avec ses effets spéciaux ratés et à contretemps, qui la rendent amorphe et franchement de mauvais gout !
C’est comme un carnaval raté, les deux “œuvres” apparaissant être les deux faces d’un même onirisme cotonneux cinglé d’Americana déviante…, design cauchemardesque d’un artiste zen psychédélique rêvant de puissance, mais s’avérant un grand enfant tout aussi mégalomane que pépère Enzo (qui était assez peu subtilement sociopathe)…, car, et ce “secret” fut bien gardé très longtemps…, un grand nombre de panneaux de carrosserie de la Daytona étaient en polyester (cloison arrière, ailes…), oui Popu, du plastique !!!
Mais en attendant mieux (gag !), le rôle de la supercar, pour la marque au cheval cabré, sera tenu par ce grand et lourd coupé semi-plastique héritant d’un V12 de 352 mièvres chevaux sous le capot avant…, la dernière évolution du fameux V12 “Colombo”.
Avec 365 cm³ par cylindre, il affichait donc 4,4 litres et 432 Nm de couple et était gavé (sic !) par 6 carburateurs double corps (généralement des Webber, mais quelques exemplaires employaient des Solex)…, la boîte à 5 rapports étant installée à l’arrière et formant un seul bloc avec le différentiel.
Le sound était une nouvelle fois un chaos sans nom, comme une arme vicieuse à même de faire saigner les oreilles sensibles, c’était un véritable festival de disparités sonores ultra-violentes, d’incrustations phoniques hasardeuses…, et, de devoir supporter cette cacophonie…, les abords des routes ou la Daytona passait, ce n’étaient que silences gênés de voir tant de carcasses d’animaux morts, désespérés par tant de haine sociétale…
Ferrari écoutera ensuite Luigi Chinetti qui lui réclamait un cabriolet pour le marché américain…, en 1971 apparaîtra donc la 365 GTS/4, surnommée “Daytona Spyder” réalisée par Scaglietti, conservant l’essentiel des aspect du coupé mais échangeant cependant la fibre de verre contre de l’acier en divers endroits (cloison arrière, ailes…) afin de compenser la perte de rigidité liée à la suppression du toit.
Au total, 122 Spyder’s officiels verront le jour, en plus des 1.279 coupés produits entre 1968 et 1973.
Durant la bulle des années ’80-’90 un certain nombre d’ateliers vont proposer des conversions “Spyder”…, un peu plus d’une centaine de coupés ont ainsi perdu leur toit durant cette période.
Deux ateliers californien, un spécialiste britannique et un dernier à Modène se partageaient la majorité de ces conversions, les autres étant effectuées par des artisans isolés.
On évoque souvent une poignée de transformations réalisées par Scaglietti, ce qui est faux, en réalité, Scaglietti a fourni à certains des ateliers (principalement Auto Sport à Modène) des pièces de rechange destinées aux Spyder (coffre, ailes arrière, capote).
A noter que la similitude entre la Corvette “C3” et la Daytona à donné l’idée à Tom McBurnie de transformer (facilement) des Corvette’s “C3” en Ferrari Daytona Réplica…, la plus célèbre étant utilisée dans le feuilleton TV “Miami Vice” première mouture.
Ferrari était alors un édifice branlant…, pépère Enzo gérant atrocement mal ses multiples intrigues, balançant son climax jusqu’à plus soif pour finir sur d’atroces auto-contemplations…, quant à la Daytona, ayant été possédé par une en un temps ou elle ne se vendait d’occaze qu’à l’équivalent de 8.000 euros…, ce que j’en pense c’est que c’est une voiture basse, avec un grand volant à la jante trop fine, un pédalier atrocement décalé sur la droite et que le levier de changement des rapports de boite se situe sous le genou…, l’ensemble obligeant à adopter la position “de la grenouille”…, inconfortable et ubuesque….
La voiture était une toupie dans un tourniquet, les accélérations comparées à ne serait-ce qu’une Mercedes SLS 2017, étaient léthargique… et les décélérations ne se montraient pas des plus puissantes, avec au moins le mérite de freiner plus ou moins droit, un plaisir rare dans une Ferrari.
Le double débrayage permettait de m’offrir une ration supplémentaire de vacarme à l’approche de chaque virage, pas de déchaînement violent, mais une force tranquille (gag !) et constante (sic !)…, la direction douce était floue, tandis que les suspensions étaient souples dans un excès de mouvements de caisse.
Clairement, la Ferrari Daytona n’était pas une sportive et surement pas la plus adaptée à un quelconque autre usage qu’un “cruising” du dimanche entre débiles mentaux ferraristes…, il ne faut que quelques minutes pour réaliser à quel point elle n’est pas du tout à son aise sur une route sinueuse… et qu’elle est incapable d’aborder des virages à des vitesses indécentes, elle est traîtresse…
Septembre 2017…, guidé par une conscience aiguë des enjeux du monde, je consulte la presse internationale et m’informe (avec un air pénétré) sur les conséquences de tout et rien…, le visage grave, je m’interroge sur une montée des tensions entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, la mine sombre, j’apprend que des émeutes meurtrières éclatent un peu partouze…., mais aussi qu’une Ferrari Daytona sera mise en vente dans quelques jours à Maranello par RM/Sotheby’s dans le cadre de “Leggenda & Passione”, un événement organisé dans le cadre des 70 ans de la marque au cheval cabré…
Waouwwww, je ne peux rater ça !
A l’instar des vieux vins, il est maintenant à la mode de proposer les voitures dans leur jus, la poussière devenant presque un gage d’authenticité… et l’histoire de cette Daytona est peu banale et mérite d’être racontée.
Comme déjà écrit ci-avant, la Ferrari 365 GTB/4, produite entre 1969 et 1973 était la réponse directe à la Lamborghini Miura…, 30e Daytona produite, terminée en juin 1969, elle aura pour premier propriétaire Luciano Conti, l’éditeur de la revue italienne “Auto Sprint”.
Vendue au Japon en 1971, elle devient en 1979 la propriété de Makoto Takai alors qu’elle a 36.390 kms au compteur…, curieusement, il la stocke dans une grange durant près de 40 ans, en n’utilisant, semble-t-il que le marteau de caoutchouc prévu pour taper sur les papillons de roues !
La garder dans le plus strict état d’origine possible ou la restaurer à grands frais pour lui enlever patine et personnalité, tel sera le dilemme de celui qui déboursera plus d’un million et demi d’euros (prix de réserve)…
Un grand nombre de mafieux, affairistes, garagistes fortunés, escrocs et divers lobotomisés étaient présents à cette vente…, caché dans la tribune au milieu de la foule des adeptes, je flairais le coup fourré habituel des ventes aux enchères, mon œil de lynx tentant de repérer quelques fourbes et malfaisants avant qu’ils ne puissent nuire…, le pacifisme c’est bien, mais il ne faut pas trop pousser le gourou dans les hortensias…, c’est humain.
Prise hors contexte, c’était une vente ridicule et drôle qu’il m’a été donné de voir…, toujours plus haut, toujours plus fort, toujours plus ringard…, impossible toutefois d’oublier que cet ego-trip hallucinant de trois heures fut tout entier consacré à la gloire de Ferrari et j’ai assumé sans peine en riant…, sans tendresse, voire avec un soupçon de joie mauvaise… de voir la Daytona adjugée US$ 2,971,972…
J’espère que l’acquéreur la laissera dans cet état et ne va pas commettre l’irréparable de la restaurer…
D’autres Ferrari adjugées…
2017 LaFerrari Aperta, €8,300,000 ($10,043,000)
1959 Ferrari 250 GT LWB California Spider by Scaglietti, €7,855,000 ($9,504,550)
1958 Ferrari 250 GT Cabriolet Series I, €4,719,000 ($5,709,990)
1955 Ferrari 750 Monza, €3,375,000 ($4,083,750)
1985 Ferrari 288 GTO, €3,263,000 ($4,958,340)
1966 Ferrari 275 GTB Alloy, €2,927,000 ($3,511,742)
1953 Ferrari 250 Europa Coupé, €2,871,000 ($3,474,920)
1973 Ferrari 365 GTB/4 Daytona Spider, €2,479,000 ($2,999,590)
2004 Ferrari Enzo, €2,311,000 ($2,796,310)
2017 Ferrari LaFerrari Prototype, €2,129,560 ($2,576,767)