1970 Ferrarillac Zagato Nart : la belle inconnue…
Méfiez vous des légendes automobiles basées sur les racontars de marchands d’automobiles “de collection” dans le but de vendre très très très très cher ce qu’il ont obtenu très bon marché…
Concernant cette automobile, la légende qui y est accolée et sert à escroquer les bienheureux en quête d’une affaire juteuse (gag !), dit qu’en 1968, un projet ambitieux a réuni General Motors, Zagato et Luigi Chinetti pour concurrencer Ferrari aux USA avec l’accord d’Enzo Ferrari en personne (sic !)…, en commercialisant une Gran- turismo hors-normes extraordinairement exceptionnelle…, badgée Ferrari-Nart-Zagato-Ferrari : que l’on surnomme maintenant en riant : “La Ferrarillac-Zagato-Nart” !
Dans cette légende d’occasion (sic !), Luigi Chinetti qui y sert de “faire-valoir” est un “célèbre” pilote de voiture de course Ferrari ET concessionnaire exclusif Ferrari pour tous les Etats-Unis de 1947 à 1970… qui parvient à deviner que deux ans plus tard (en 1970, puisque cette légende débute en 1968), pépère Enzo va lui faire un coup vache en déchirant son contrat de concessionnaire pour créer son propre réseau de vente…
Raison pour laquelle il aurait eu l’idée deux ans plus tôt (gag !) de pousser Cadillac à concurrencer Ferrari avec l’accord d’Enzo ! Délirant…
Dans cette légende bidon, Zagato prend l’apparence de Pininfarina avec quelques années d’avance pour collaborer avec Cadillac à la construction d’une pré-Allanté…
Il est vrai qu’en 1931 Battista Farina avait carrossé, à la demande d’Harley Earl, une Cadillac V16 Open Tourer pour le Maharaja d’Orhha… et qu’à partir de 1954, son fils Pinin va réaliser quelques “one off” pour Cadillac : 1954 Cabriolet Speciale…, 1958 Cabriolet Four-Posti…, 1959 Eldorado Brougham…, 1959 Coupe Four-Posti…, 1959 Starlight Coupe…, 1961 Brougham Coupe Jacqueline… avant de se lancer dans la création et la co-fabrication de l’Allanté (1987/1993)…
Dans cette légende fumeuse, General Motors aurait succombé aux propositions “géniales” de Luigi Chinetti consistant à commercialiser une Super Ferrari-Cadillac sur base d’une Mk VII Eldorado 1970 recoupée en tous sens (sic !), dont le design élaboré au sein du bureau de design Cadillac, aurait ensuite été confié à Zagato pour finaliser une construction en série avec une motorisation Cadillac…, constructeur qui aurait aussi, avec une incroyable perversité démoniaque… et au mépris de toutes les règles déontologiques ET dans le mépris des lois, accepté que cette voiture soit badgée “Ferrari”, alors que strictement rien de cette marque n’a un lien avec elle !
Sauf que…,la légende affirme en point d’orgue…, qu’Enzo Ferrari en personne, aurait donné son accord à toute cette mascarade !!!
Dans cette légende (débilitante), un certain Melvin A. Olshansky, de Glencoe, Illinois, USA… aurait acquit cette Ferrarillac Zagato Nart en 1987 parce qu’il était un grand ami la famille Chinetti… et que “la famille” voulait que ce soit lui seul qui perpétue le génie de Luigi Chinetti via cet éminent bijou de famille…
Raison pour laquelle il se serait mis à restaurer cette voiture de fond en comble, dans un effort titanesque de 2 ½ ans, par le biais de Mill Creek Motors pour la mécanique…, d’une société spécialisée dans les meubles rembourrés pour l’habitacle (Unlimited Factory de Clinton, Iowa)… et de Baileywicks de Fulton, Illinois, pour la carrosserie.
Cette légende n’est qu’un assemblage de mensonges qui s’articulent sur quelques semi-vérités sans aucun rapport entres-elles…, une histoire qui a été “montée” dans le but de vendre la Cadillac-Zagato à un prix stratosphérique, en prétendant mensongèrement que Ferrari y était lié et que c’était un projet de Luigi Chinetti…, alors que ce n’était qu’un “Dream-Project-Car” destiné à montrer aux Pontifes de la General-Motors, division Cadillac, le savoir-faire de Zagato, comparativement à Pininfarina…, la voiture étant finalement mise, par Zagato, en vente aux enchères par RM Auction à Monterey avec “6.545 miles from new”…
C’est trop simple et linéaire pour que le bestiau atteigne des valeurs stratosphériques…, car les beaufs en recherche de plus-values sur investissement minimal, aiment les histoires tarabiscotées…, et, curieusement, au plus les ficelles sont grosses, au plus elles sont formidablement acceptées… au point que le temps passant ne fait qu’amplifier les pires bêtises en y ajoutant quantités d’autres idioties…, ce qui augmente la valeur investie dans un coefficient très multiplicateur !
General Motors n’a strictement jamais rien eu à voir avec la conception de cette “Ferrarillac”…, Enzo Ferrari non plus…, Zagato n’a jamais été pressenti par Cadillac pour une collaboration… et Luigi Chinetti et son Team N.A.R.T. n’ont jamais été à l’origine de la création de cette voiture qui n’est donc pas une “N.A.R.T.”, mais une Cadillac-Zagato qui a été achetée par Luigi Chinetti pour sa société N.A.R.T.! (Si Pierre Tartempion achète une Renault Twizzy, celle-ci ne deviendra pas une Renault-Tartempion) !
C’est Zagato qui, tout seul dans son coin en Italie, a eu l’idée de créer une Cadillac Eldorado MK VII à moteur central pour en faire quelque chose de spécial…, afin d’attirer l’attention sur ses talents de carrossier vis-à-vis de Cadillac qui traitait de temps à autre avec Pininfarina…
Le moteur Cadillac V8 472ci, équipé de deux turbos re-évaluant le bestiau à 375 chevaux, (et pas 400) a été déplacé vers l’arrière avec la boite Hydra-matic 3 rapports…, créant une Cadillac Eldorado à moteur central-arrière et roues arrières motrices… qui ne dispose d’aucun coffre à bagage, le capot avant étant 100% réservé à une roue de secours !
La carrosserie Zagato, unique, en alu, a son intérieur déployé sur base du tableau de bord de la Cadillac Eldorado comprenant tout l’équipement de luxe disponible à l’époque, en plus des accessoires périphériques : vitres électriques, climatisation, radio AM/FM stéréo…, les feux arrière étant récupérés d’une Pontiac GTO 1966 !
En 1971, la voiture terminée, Zagato l’a exposée en tant que Cadillac-Zagato sur son stand au salon automobile de Turin… et Cadillac (amusé) n’a rien dit ni fait…, Enzo Ferrari non plus (son nom n’était alors indiqué nulle-part sur la voiture)… et aucune inscription N.A.R.T. ne figurait nulle-part puisque Luigi Chinetti n’avait quoi que ce soit à y voir…
Aucun client ne s’est manifesté pour l’acheter…, sauf Luigi Chinetti qui, venu à Turin faire son marché en même temps qu’il saluait pépé Enzo Ferrari, a proposé à Zagato d’acheter cet engin…, Luigi Chinetti, connu comme importateur exclusif Ferrari, avait de nombreux clients riches à la recherche d’attractions uniques et il utilisait leur argent pour re-carrosser des Ferrari…, il a eu une illumination à la vue de cette voiture, se disant qu’un de ses clients succomberait sans nul doute pour lui acheter à prix d’or…, Chinetti a alors exposé l’Eldorado Spéciale au Salon International de l’Automobile de New York en tant que Cadillac Zagato-Nart avec une puissance annoncée de 400 chevaux (AUCUNE mention à Ferrari n’était formulée) !
La voiture a alors été badgée N.A.R.T. mais toujours sans aucun logo Ferrari (voyez les photos en N/B ainsi que la voiture dans sa première couleur bronze)…, puisqu’elle n’a jamais réussi à être vendue…, a ensuite été oubliée au fond du box-garage de Luigi Chinetti Junior jusqu’en 1987, année ou elle a été acquise pour 10.000 $ par Melvin A. Olshansky, de Glencoe, Illinois, USA, qui n’était pas un grand (ni un petit) ami de la famille Chinetti, mais un ferrailleur qui vidait les stocks/surplus et ateliers à vider… à la recherche d’une automobile sortant de l’ordinaire à revendre un peu plus cher après en avoir profité comme voiture de loisirs…
Neuf années plus tard, il a inscrit la voiture chez RM Auctions à Monterey, en juillet 2006…, il espérait la vendre 30.000 $, mais elle n’a pas dépassé 24.600 $.
Le nouveau propriétaire (un garagiste italien spécialisé en voitures exotiques) l’a embarquée vers l’italie ou elle va, peu après et soudain…, devenir une “Ferrarillac-Nart-Zagato-Ferrari” par l’ajout du logo du Team Chinetti Racing d’Amérique du Nord, combinant le cheval cabré Ferrari stylisé sur un fond Stars and Stripes, le logo “Z” de Zagato et les initiales du N.A.R.T. (North American Racing Team)…, après avoir remplacé le moteur original (explosé) par un V8 basique de Cadillac Eldorado affichant quelques centaines de milliers de Kms récupéré dans une casse puis repeint “à neuf”…, mais remonté sans les turbos du premier moteur utilisé par Zagato…
C’est là que la légende a viré en mauvaise escroquerie qui s’invente une légende (gag !)
La voiture re-baptisée “Ferrarillac-Nart-Zagato-Ferrari” (gag !) est ainsi mise en vente 175.000 €uros sur le site Anamera le 08/12/2006 (Reference Number 5342).
http://www.finecars.cc/en/detail/car/5342/index.html
La mayonnaise ne prend pas, le garagiste de Venise ne peut faire face aux quolibets moqueurs des Ferraristes-Tifosi qui savent que cette “chose” n’a strictement rien à voir avec Ferrari…, puis, malgré l’inscription “vendue” ajoutée en fin de parcours d’annonce, la voiture est reproposée à la vente deux ans plus tard, le 28/11/2008, (Reference Number 34584) toujours sur Anaméra au prix de 125.000 €uros (appréciez le prix en accordéon), annoncée par le garage Legend Cars, 30037 Scorze-Venice VE Email: mferric@tin.it qui ne semble plus exister depuis lors…
http://www.finecars.cc/en/detail/car/34584/index.html
C’est Philippe Olczyk qui va l’acheter “à-la-casse” pour un peu plus de 50.000 €uros et ensuite la mettre en vente chez Bonhams à Monaco avec un prix de réserve de 500.000 €uros… et un historique “super-bidon”…
Personne ne va enchérir tant l’historique publié dans le catalogue de la vente Bonhams semble farfelu, quelques disputes vont même éclater entre Olczyk et des enchérisseurs (dont moi) en cause de ses affirmations dantesques comme quoi Enzo Ferrari en personne aurait cautionné cette affaire…, Bonhams sera à un cheveu de retirer la voiture de la vente, mais, bénédiction, elle ne se vendra pas !
La voiture a été ensuite placée en dépôt-vente au prix stratosphérique de 600.000 €uros dans un garage de Woluwe en Belgique (Vanderveken SA M.Grant 15-17 Chaussée de Roodebeek 1200 Bruxelles Belgium info@
Mais j’ai pisté la voiture qui devenait à 100% l’objet d’une escroquerie encore plus sordide en cause de son “historique” totalement sur-inventée, pire encore que chez Bonhams…, et je l’ai retrouvée annoncée dans la vente aux enchères du samedi 17 octobre 2015 à 16h00 au STADE ALLIANZ RIVIERA, NICE, Côte d‘Azur, par les (bons) soins du Commissaire-Priseur Stanislas Machoïr, Chàteau de Lasserre, 31380 Montastruc-la-Conseillère, France, Tél : +33 (0)561485392 contact@stanislasmachoir.com…
La “belle inconnue” devenait “la belle escroquerie”, car annoncée pour le prix époustouflant de 400.000 euros à l’appui d’une description surréaliste…, encore plus “bidon” qu’auparavant, destinée à tromper les idiots en leur affirmant les mensonges les plus abjects imaginables : “Luigi CHINETTI et son fils « Jr » ont réalisé 3 transformations pour des commandes privées, en 1950 le break Ferrari, en 1968 la 330 GT Vignale break et en 1975 la Ferrari Daytona, Sport Wagon. Mais le projet le plus important a été la NART, avec l’idée d’une super Grand Tourisme italo-américaine, associant le logo Ferrari à la mécanique Cadillac, sous l’œil bienveillant d’Enzo Ferrari. N’oublions pas les discussions entre FERRARI et FORD en 1963 avant l’accord Fiat-Ferrari. La NART, est en quelque sorte une Ferrari-Chinetti avec la vision de ce que pouvait devenir Ferrari aux USA, associé à un concurrent de Ford. En cela la NART est un ‘monument historique’ de l’histoire Ferrari, que cela plaise ou non à certains puristes. Les accords n’ayant pas eu lieu, et la crise obligeant Chinetti à se consacrer uniquement à ses affaires financières, cela explique la non réalisation des commandes de la NART, qui reste donc unique. On peut penser que Luigi CHINETTI était l’instigateur de ce projet avec l’accord de Ferrari, qui se découvrirait totalement en cas de réussite, comme cela est fait en compétition par le biais d’écuries privés (ex Promotorsport pour les Ferrari 308 : on exploite les victoires uniquement). En résumé la NART pièce unique réunit deux hommes CHINETTI et FERRARI, 2 continents l’Europe et l’Amérique avec la classe d’un artiste ZAGATO : tout pour en faire le must de la collection d’un passionné du cheval cabré ou du rêve américain.”…
http://www.stanislasmachoir.com/html/fiche.jsp?id=5311184&np=1&lng=fr&npp=10000&ordre=&aff=&r=
La honte pour ce Commissaire-Priseur et pour Philippe Olczyk, mais rassurez-vous, l’escroquerie n’a pas eu lieu, la voiture n’a pas été adjugée…, reste la tentative d’escroquerie mais faudrait-il “avoir un intérêt à agir”)…
La voiture a encore une fois été remisée en attente d’un miracle…
Bye bye, belle inconnue !
Je précise qu’il est à mes yeux inacceptable qu’un “érudit-écrivain” de livres sur diverses marques automobiles, tel que Philippe Olczyk, puisse se laisser aller à inventer une histoire totalement fausse afin de surévaluer cette Cadillac-Zagato qu’il a acheté dans un but exclusivement consumériste…