78’Oldsmobile Delta 88 Diesel V8…
La preuve que les américains ne sont pas allés sur la lune !
Attention : ce spectacle n’est pas pour les esprits rationnels mais pour les adeptes d’univers irréels, où l’on se laisse porter, acceptant de ne pas tout saisir pendant la traversée.
A cette condition, on passe un moment envoûtant !
On connaissait le penchant des pseudos-créatifs américains de Détroit dans les années ’70 pour les formes quasi-ésotériques et les ambiances énigmatiques, mélange d’univers de cirque et de théâtre pour guignols qui continue de rendre fou d’amour une poignée d’irréductibles “westerniens” en Europe bien longtemps après que certains politiciens (avisés) ont projeté d’édicter une loi obligeant à effacer ces délires automobiles de la mémoire collective suite à un accident entre une Oldsmobile 1978 Delta Diesel (si, si, c’est vrai) et une Cadillac Seville Diesel, après un concert Rock…, fait divers d’hiver qui a attiré l’attention du monde entier sur les dangers cérébraux que représentaient ces engins diélisés auprès des jeunes customizeurs…, ce qui a aidé, prétendent certains, au déclin de l’industrie américaine.
Rarement ai-je participé à voyage plus étrange que cette plongée onirique dans les eaux troubles de la mémoire…
Cette automobile fait partie de ces expériences absolument inracontables, ces moments où rien ne semble faire sens mais où, à la fin, tout se tient !
Ce sont à peu près les seules bribes de réalité auxquelles vous pourrez vous raccrocher en lisant la suite de cet article, alors que, happé dans les abîmes de votre mémoire pleine d’appel d’air, vous entrez en fantasmagorique, avec votre imagination comme principal brise-glace.
Tout est possible…, l’auto-radio ne crache-t-il pas une ritournelle obsédante à propos de Jonas dans le ventre de la baleine, hurlée par une chanteuse lyrique sur des riffs de guitare électriques…
Vous pouvez imaginer que le coffre contient le cadavre d’un designer congelé qui était auparavant caché dans un des placards de General-Motor à Détroit…
Ce cachalot mécanique étincelant, n’est-il pas l’oeuvre d’un Kustomizeur dingo jouant avec l’espace comme sur les parois d’un cerveau en ébullition ayant composé une subtile métaphore métallique des méandres de sa mémoire ?
Protégés par votre écran d’ordinateur, comme pris dans les rets d’un rêve océanique, vous ne pouvez qu’entrer virtuellement dans cet univers d’une incontestable laideur…, un monde qui vous aurait sinon, enveloppé aussi sûrement et moelleusement que la déraison de l’intérieur multicolore de cette mystérieuse Oldsmobile chasseresse de paysages imaginaires…
En toute logique, les tentatives des “Big-Three” (les Trois Grands) d’importer leurs productions en Europe, se sont toujours soldées par des échecs constants et répétés.
Les voitures américaines, depuis les années cinquante, suscitent attirance ou répulsion : les dimensions extravagantes, les énormes moteurs, la tenue de route de péniche folle, les aménagements intérieurs dignes de Luna Park…, tout oppose les conceptions de l’automobile de part et d’autre de l’Atlantique.
En 1978, les dirigeants de General Motors qui disposaient d’une mécanique Diesel de 5.7 litres et de 122 chevaux (des caractéristiques négatives sans équivalent en Europe à l’époque)…, se sont dit (comme pour l’invasion de l’Irak), que le moment était venu de frapper un grand coup.
Mais ce grand pays plein de ressources, qui a prétendu envoyer des hommes sur la Lune (il suffit de constater l’ingénierie débilitante des productions mécanique américaines de l’époque pour avoir de sérieux doutes)…, n’hésite pas à sacrifier sa jeunesse en Irak et en Afghanistan pour enrichir quelques pontes d’Halliburton…, ne se laisse pas facilement abattre.
D’où venait cette lubie ?
Dans ces années qui suivent les premiers chocs pétroliers, tout le monde s’activait à développer des motorisations moins gourmandes en énergie.
En Europe, le Diesel n’était plus seulement l’apanage des “historiques” Mercedes et Peugeot, mais aussi de Volkswagen, Opel…, avant que dans les années ’80 chaque constructeur y aille de son mazout personnel (ou acheté au voisin).
Econome, endurant (mais polluant, quoiqu’à cette époque tout le monde s’en f…), le diesel faisait oublier son bruit de tracteur agricole et ses épaisses fumées noires : il commençait même à devenir “tendance”.
Comme il n’était pas question de développer un modèle dédié à cette technologie d’avant-garde (Il fallait quand même rassurer dans les campagnes du Middle West), la très classique Oldsmobile Delta 88, qui n’avait que deux ans mais qui semblait avoir toujours existé (gag !), fut choisie pour héberger le bijou (re-gag !).
La Règle et l’Equerre régnaient sans partage à Detroit dans ces années-là.
Formes classiques, véritables fausses roues à rayons en plastique imitation chrome, sièges en skaï (le velours vert bouteille ou mauve était disponible également !), tableau de bord dont les riches imitations d’essences rares se mariaient à merveille avec le placage de chrome, cadrans datant des années ’60 sous un superbe placage de plastique champêtre…, toute l’Amérique était là !
Mais le moteur ?
Les versions destinées à l’Europe furent censées recevoir des réglages de suspensions spécifiques destinés à renforcer la tenue de route (re-re-gag !)…, mais pour le conducteur moyen assis dans des sièges mous (pourquoi se fatiguer à dessiner des sièges quand la banquette du salon suffit amplement ?), la liaison au sol semblait être confiée à des chamallows et le volant ne servait qu’à donner de vagues indications de la direction à suivre.
Parce que c’est quand même pour ça que vous êtes venus, misérablement appâtés par l’abominable Kustom d’entrée en matière (fécale, je précise, tant ça pue la médiocrité) !
Mais avec sa fixation de culasse défaillante, son filtre à gasoil qui laissait entrer l’eau (et ça, aucun moteur n’aime ça !), son absence de résistance à la chaleur, sa ligne d’échappement kafkaïenne…, ce monument d’ingénierie américaine ne dépassait pas les 60.000 km à l’usage !
Eh bien contrairement à une légende répandue, ce n’était pas un bloc essence “diésélisé” mais une pure création des motoristes maison !
Bien évidemment, à l’occasion, les intrépides pouvaient dépasser 150 km/h (ne rigolez pas!) avant que le joint de culasse ne cède…
A l’inverse, au ralenti, le bruit de char “Sherman” faisait de chaque conducteur, une célébrité dans son quartier.
Les soucis mécaniques se multipliant, parfois bien avant l’échéance de la garantie, tout ceci amena naturellement la fin de l’aventure.
Les Oldsmobile Delta 88, étaient sujettes à la corrosion et à divers soucis électriques, les chromes se révélaient rapidement constitués d’une simple pellicule qui ne demandait qu’à s’effacer à l’usage… bref, ces carrosses se transformaient assez vite en citrouilles.
General Motors décida soudainement, d’interrompre l’expérience : et, après avoir réduit la puissance à 105 chevaux en 1980 (gag !), l’exportation vers l’Europe cessera…
Et…, à la fin de la production de cette génération de Delta 88 en 1985, le Diesel sera abandonné pour ne plus jamais revenir sur le sol américain, du moins dans autre chose qu’un poids lourd ou une machine agricole !