La genèse de la Diablo remonte à l’année 1985, quand Patrick Mimran et Emile Novaro, les patrons de Lamborghini, lancent l’étude de la future remplaçante de la Countach.
Le cahier des charges se résume à cette idée : ce sera une supercar, qui sera la plus rapide du monde.
Baptisé 132, le projet est placé sous la direction de l’ingénieur Luigi Marmiroli, un ancien des services compétition de Ferrari et Alfa Romeo.
Conçue dans le sillage de la Countach, la voiture en reprendra l’architecture mécanique, un V12 disposé longitudinalement en position centrale arrière, avec la boîte de vitesses montée devant le bloc.
De même, le châssis sera constitué d’un treillis tubulaire.
La nouvelle Lamborghini devra tenir compte de l’évolution des contraintes en matière de pollution, qui à terme rendront la Countach obsolète.
Il faut également améliorer l’habitabilité, le confort de vie à bord et la visibilité arrière, toutes préoccupations fort peu prises en compte par la Countach…
Il convient aussi de doter la voiture d’une climatisation efficace et de vitres descendantes.
On sait l’importance qu’a toujours tenue la recherche esthétique chez Lamborghini, d’autant que le succès de la Countach est plus redevable à sa carrosserie qu’à ses performances.
Ayant pris quelque distance avec Bertone depuis l’arrivée de Marc Deschamps, Lamborghini s’adresse à Giorgetto Giugiaro, dont la firme Italdesign occupe le devant de la scène du design automobile.
Mais la proposition de ce dernier ne convainc pas Sant’Agata.
La marque se tourne alors tout naturellement vers Marcello Gandini, lequel a quitté Bertone pour entreprendre une carrière en solo.
Il lui est demandé de soigner l’aérodynamique, une démarche à laquelle avait échappé la Countach.
Faisant preuve de sa rapidité habituelle, le maître réalise son projet en quelques semaines.
De style très épuré, il intègre à l’avant un spoiler et des optiques escamotables.
Côté mécanique, le V12 de 5,2 litres de la Quattrovalvole est remanié.
Dès le départ, il est conçu pour recevoir l’injection électronique, tandis que la décision est prise d’équiper la voiture de la transmission intégrale.
S’attaquant aux faiblesses qui ont toujours affecté la Countach, les techniciens de Sant’Agata améliorent le refroidissement du moteur en disposant des radiateurs de dimensions plus généreuses derrière le moteur. Les suspensions sont également redessinées.
Le travail sur le premier prototype démarre en juin 1986. Il est achevé en mars 1987, au moment où le futur modèle reçoit son nom de baptême, Diablo, en hommage à un célèbre taureau de combat du XIXème siècle.
Sur ces entrefaites, intervient le rachat de Lamborghini par Chrysler, annoncé le 23 avril 1987, qui ne sera pas sans conséquences sur le développement de la voiture.
Les premiers essais routiers révèlent des performances inférieures aux prévisions des ingénieurs et le moteur chauffe.
Cheville ouvrière du projet, Luigi Marmiroli, nommé directeur technique de Lamborghini après le retrait de Giulio Alfieri, décide d’augmenter la puissance et le couple en portant la cylindrée à 5,7 litres.
La voiture prend du retard, d’autant que les collaborateurs de Lee Iaccoca demandent de nombreuses modifications.
Ils souhaitent modifier la ligne dans le style américain, d’où quelques échanges nerveux avec Detroit…
Marcello Gandini se remet au travail et présente en octobre 1987 une maquette asymétrique de la Diablo : le côté gauche conserve le design originel, tandis que la partie droite présente la nouvelle ligne au style plus souple, moins épuré.
Synthèse des deux précédents dessins, la troisième maquette de Gandini est finalement adoptée.
La filiation de cette superbe sculpture monocorps avec la Countach est évidente.
Mais aux lignes acérées de cette dernière succèdent les rondeurs de formes sensuelles.
Pas moins de huit prises d’air sont ménagées dans la carrosserie.
Parfaitement intégrées au design, elles ne l’alourdissent pas et leur présence ne gêne pas l’œil. C’est cette robe qui habille le deuxième prototype, équipé du moteur de 5,7 litres (type 522), qui frise les 500 ch.
Après des essais de développement menés par Sandro Munari, le célèbre pilote de rallyes, la Diablo est enfin prête en 1990.
Capable de dépasser les 320 km/h, elle est présentée comme la voiture la plus rapide du monde.
Deux ans plus tard, la version roadster fait son apparition au Salon de Genève.
En 1993, toujours dans le même cadre, est dévoilée la Diablo VT (Viscous Traction) à transmission intégrale, système dont le développement avait été retardé.
Le lancement du Roadster VT en 1995 est suivi l’année suivante de la présentation de la Diablo SV (pour Sport Veloce), une version plus puissante (525 ch), dont l’appellation renvoie à la Miura SV.
Parallèlement, la Diablo SVR est conçue pour prendre part à un championnat Lamborghini.
Chaque année, une trentaine de Diablo SVR participeront ainsi à cette compétition monomarque disputée sur les principaux circuits européens
Après qu’elle a vu son moteur porté à 530 ch, la Diablo bénéficie en 1999 de nombreuses améliorations.
Dans un châssis tubulaire en acier renforcé par des éléments en fibre de carbone, prend place une nouvelle évolution du V12 Lamborghini.
Avec une cylindrée accrue (six litres), la puissance gagne 20 ch pour monter à 550 ch, le couple grimpant à 620 Nm.
Ayant atteint le zénith de son évolution, la Diablo est dotée d’une carrosserie en fibre de carbone, à l’exception des portes réalisées en aluminium et du toit en acier, et l’habitacle redessiné accueille une nouvelle climatisation.
Son design évolue également.
La face avant est remaniée (nouveaux pare-chocs et spoiler), tout comme les ailes afin de recevoir les voies nettement élargies.
Après le rachat de Lamborghini par Audi AG en 1998, tous les nouveaux projets en cours de mise au point et déjà terminés seront congelés par les allemands.
Cela concerna aussi le modèle qui devait remplacer la Diablo.
La direction d’Audi préféra exploiter à fond le potentiel de cette supercar.
La VT 6.0 sera le premier et le dernier véritable restyling accepté mais qui, en réalité, ne sera qu’une simple mise à jour esthétique du modèle existant.
Les modifications concernent quelques éléments de carrosserie et les revêtements intérieurs.
Le pare-chocs avant et les prises d’air ont un nouveau dessin.
L’instrumentation est retouchée ainsi que le levier de vitesses.
Par contre, Audi choisit de remplacer la fameux moteur Lamborghini V12 par un moteur hybride de 6 litres de cylindrée, dérivé du moteur de la Diablo GT.
Le résultat ressenti par le pilote est un passage plus lent de la puissance aux roues.
De plus, les ingénieurs Audi voulurent revoir la version quatre roues motrices en s’inspirant de leur Audi Quattro…, mais on ne traite pas de la même manière ce genre de voiture.
La production cessa et la Diablo laissera sa place à la nouvelle Lamborghini Murciélago.
Bien que Audi ait décrété d’arrêter la production de la Diablo en fin d’année 2000, la rigueur allemande les poussa à lancer en 2001 deux modèles Editions Spéciales en nombre limité.
La première, la Millennium Roadster, utilisait la carrosserie du dernier modèle VT Roadster mais sans la traction intégrale du modèle VT ni même les suspensions à gestion électronique.
Disponibles uniquement dans une seule teinte dénommée “Argent métallisé Millennium“, ce n’était qu’une version dépouillée de la vraie Diablo.
Une version spéciale de la très fameuse Diablo 6.0 sera proposée au public lors du Motor Show de Genève 2001.
La VT 6.0 Special Edition n’était en fait que la réédition de la version redessinée par Audi en 2000.
Les nouveautés mises en avant étaient la peinture “Oro Elios“, une couleur très teutonne or métallisé de la grande époque, ou “Marrone Eklipsis“, un marron sombre métallisé.
Seule vraie nouveauté digne d’intérêt pour une voiture sportive comme la Diablo était l’ajout d’un lecteur DVD audio !
Cette mascarade convaincra 42 clients.
Au cours de la longue carrière de la Diablo, plusieurs modèles spécialement destinés aux courses furent fabriqués.
Il y eut une première version conçue pour courir en catégorie GT1 aux 24 heures du Mans, deux différentes versions pour la catégorie GT2, et des modèles de course appelés SV-R (à ne pas confondre avec le modèle SVR) et SVS.
– 1996 Diablo SVR, la Sport Veloce en édition racing. Produite à 31 exemplaires,
– 1997 Diablo Roadster R, 1 seul exemplaire pour les Etats-Unis,
– 1997-98 Diablo GT1, 2 exemplaires,
– 1998 Diablo GT2 prototype d’usine pour la Diablo GTR
– 1998 Diablo GTR 30 exemplaires produits en 2000, présentée au Motor Show de Bologne en 1999.