Lorsqu’en 1953, Chevrolet a présenté sa première Corvette, on était loin d’imaginer alors quelle serait la longue et fructueuse carrière de la nouvelle GT de Détroit…, l’escalade à la puissance et au design, toujours plus agressif et exubérant, était alors de mise pour la Corvette et les autres “Muscle Cars”…, au menu : Gros V8 débordant de chevaux et lignes agressives.
À la fin des années ’70, les nouvelles normes antipollution deviennent draconiennes aux U.S.A. et les puissances chutent en même temps que le design des Corvette s’affadit, mais en 1984, est présentée la 4ème génération de Corvette au design novateur…
Pour General Motors, la Corvette est bien plus qu’une voiture de sport, elle est devenue, au fil des décennies, l’emblème même de la GT “made in USA”, qui, bien avant la Mustang de Ford, a fait comprendre aux “prétentieux européens” (sic !) que les Américains savaient eux aussi construire des voitures de sport.
Certaines générations ont marqué encore plus que d’autre les esprits, mais le concept général est toujours resté identique : propulsion, un gros cube (presque toujours un V8 sauf les premières années) sous le capot à l’avant et une ligne agressive…, pourtant, à la fin des années ‘ 70, il paraît assez clair que la Corvette, présentée et commercialisée initialement en 1968, est dépassée et se fait même rattraper par certaines de ses cousines comme la Camaro ou la Firebird.
Chevrolet prend les choses en main, et la future Corvette C4, (pour 4ème génération de Corvette), a pour mission de faire date dans les esprits et s’inscrire dans une montée en gamme et en technologie…, après plusieurs années d’études et de recherche, les hommes de la GM peuvent être fiers de leur travail…, par rapport à sa devancière, la nouvelle Corvette ne possède rien en commun !
Tous les trains roulants sont revus et réétudiés avec un châssis qui adopte une structure de conception mono-poutre… et des suspensions en aluminium…, tandis que la carrosserie est réalisée entièrement en fibres composites avec un dessin plus dynamique et très acéré…, clairement, c’est une impression de puissance et de vitesse qui se dégage de ce design, bien dans la lignée des célèbres StingRay.
L’intérieur n’est pas en reste en matière d’innovation, de très bons sièges esthétiquement réussis accueillent le pilote et son passager…, l’équipement est complet, surtout au niveau de l’instrumentation…, quoique GM a cédé (comme beaucoup de constructeurs au début des années ’80) à la mode des tableaux de bord électroniques très futuristes d’aspect.
Un V8 de 5,7 litres développant 205 chevaux équipe la voiture…, deux boîtes de vitesses sont proposées au client : une auto à 4 rapports ou une manuelle à 7 rapports (4 + 3 surmultipliés)…, la bonne aérodynamique de l’auto lui permet de franchir la barre des 200 km/h et elle abat le 0 à 100 km/h en 7 secondes…, la Corvette voit ses ventes progresser avec 51.547 exemplaires dès le premier millésime, sachant qu’il n’y a pas eu de millésime 1983 ni en C4, ni en ancienne génération.
En 1985, GM corrige et améliore son enfant chéri… et le moteur L98 gagne 25 chevaux supplémentaires par l’adoption d’une injection électronique multipoint…, les performances progressent sensiblement avec notamment un 0 à 100 km/h en 6 secondes…, quelques détails sont corrigés, comme pour tout modèle après une année de production, mais les ventes chutent et la production s’établit à 39.729 exemplaires.
La Corvette C4 est relativement moderne de comportement, grâce à son bon équilibre des masses, son centre de gravité bas et sa suspension à 4 roues indépendantes, même si l’arrière conserve des ressorts à lames…, mais en conduite dynamique, le train arrière à tendance à envoyer de sérieux “coups de raquette” lors de reprises d’adhérence parfois brutales sous l’effet du couple et des gommes larges…, le survirage auquel le V8 se prête toujours de bon coeur est donc à manier avec précaution, du moins sur route ouverte…
En 1986, la version cabriolet est lançée en grande pompe…, les tarifs augmentent…, permettant à GM d’introduire en série, sur toutes ses Corvette C4, l’ABS et un troisième feu stop (sic !), la production se stabilise à 35.109 exemplaires sortis des chaînes de l’usine…
Pour l’année 1987, le moteur gagne 10 petits chevaux pour s’établir à 240, ce qui reste toujours loin des valeurs revendiquées par les concurrentes allemandes et italiennes…, mais l’année suivante (1988), le V8 grappille 5 chevaux de plus (245)…, une version spéciale 35ème anniversaire est commercialisée uniquement en blanc… et des nouvelles jantes alu 16″ sont montées de série, tandis que les jantes de 17″ font partie des options…, toutefois les ventes chutent et seulement 22.789 exemplaires sortent de chaine, tous modèles confondus.
Pour 1989, GM prend l’évolution de la Corvette C4 très au sérieux…, il faut faire remonter les ventes…, le modèle standard avec son V8 5,7 litres de 245 chevaux dispose enfin d’une vraie boîte manuelle, à 6 rapports…, la suspension peut être équipée en option d’un contrôle électronique…, des jantes de 17″ sont montées en série améliorant la tenue de route (et également le look de l’auto)…, l’Airbag est généralisé sur toute la gamme et le V8 traditionnel gagne encore 5 chevaux pour en développer 250.
La suspension pilotée à 3 modes, proposée en option à partir de 1990 permet à la Corvette C4 d’atteindre les standards européens…, d’autant qu’avec ses gros disques ventilés, la Corvette C4 se montre plutôt aussi bonne freineuse qu’une Porsche, bien que l’endurance montre quelques signes de faiblesse sur circuit à cause du poids, rien de vraiment insurmontable.
1991 est le grand tournant pour la gamme Corvette C4…, après sept années sans le moindre effort opéré sur le style (hormis la ZR-1), toute la gamme Corvette est retouchée avec bonheur…, l’arrière est maintenant identique à celui de la ZR-1 et l’avant s’est lui aussi arrondi…, l’allure générale de la Corvette y gagne encore en agressivité mais également en élégance et fluidité.
En 1992, GM poursuit sur sa lancée…, après l’habitacle en 1990…, le style extérieur en 1991…, c’est désormais un nouveau V8, le LT1 de 5,7 litres qui équipe la Corvette, il développe enfin une puissance en rapport avec la cible et les concurrentes de l’engin : 300 chevaux.
L’équipement dynamique est aussi bénéficiaire puisque l’anti-patinage et la suspension pilotée sont montés en série…, la Corvette est encore plus belle, plus efficace, plus performante, en un mot : elle est désirable… et, cette même année, GM sort la millionième Corvette des chaînes de production !
L’année suivante (1993), GM se penche sur le moteur de la ZR-1…, résultat : 405 chevaux, soit plus de 30 supplémentaires…, les performances sont donc en légère progression… et pour ses 40 ans, la Corvette se dote d’une série spéciale uniquement livrable en bordeaux métal.
Plus de 200 modifications ont lieu sur le millésime 1995 (intérieur, freins, amortisseurs…), mais la ZR-1 tire sa révérence dans la discrétion la plus totale, car toutes les attentions sont tournées vers la future C5.
Pour son chant du cygne, en 1996, la Corvette C4 s’offre deux séries spéciales avec un nouveau moteur V8 (le LT4), toujours de 5,7 litres développant 330 chevaux…, une série spéciale sur base du cabriolet peint en gris argent métal avec intérieur assorti (Collector Edition)… et une autre série spéciale sur base du coupé peint en livrée bleue avec une bande blanche centrale et des jantes alu spécifiques (à oter que les Corvette standard pouvaient recevoir en option le moteur LT4… et en 1997 les pleins phares sont tournés vers la nouvelle Corvette C5.
CHRONOLOGIE
1984 : Commercialisation de la nouvelle Corvette C4 avec le V8 L83 (205 chevaux).
1985 : V8 L98, injection multipoints et nouvelle instrumentation.
1986 : 3ème feu stop et ABS montés en série. Commercialisation de la version cabriolet.
1987 : Reeves Callaway commercialise une Corvette V8 twin turbo qui développe 400 chevaux.
1988 : Version spéciale 35ème Anniversaire toute de blanc vêtue.
1989 : Nouvelles jantes alu de 17 pouces et boîte manuelle 6 rapports.
1990 : Nouvel intérieur et Airbag en série.
1991 : Restylage de la Corvette avec un avant et arrière arrondis. Nouvelles options et suspensions sport pilotées.
1992 : La millionième Corvette sort des chaînes de production. Nouveau moteur LT1.
1993 : Apparition du verrouillage à distance.
1994 : Injection séquentielle, double Airbag et nouvel intérieur.
1995 : Nombreuses retouches.
1996 : Option moteur LT4 de 330 chevaux. Séries spéciales Collector Edition et Gran Sport
1997 : Commercialisation de la Cinquième génération de la Corvette : la C5.
Aujourd’hui la génération C4 est toujours aussi attirante et attractive à tout point de vue…, la palette des prix en occasion est très variable puisque cela démarre en France à 15.000 € pour les moins chères (souvent des 204 chevaux Coupé de 1964 des premiers millésimes avec beaucoup de miles au compteur), jusqu’à 40.000 € pour une très belle ZR-1 ou une Gran Sport si on en trouve…, entre ces deux extrêmes, tous les prix et tous les états sont possibles.
Si nous devions opter pour un modèle précis, nous recommanderions les Corvette à partir de 1991 dont tous les petits soucis de jeunesse (de 1984 à 1990) ne sont plus que de lointains souvenir… et aussi, ce sont les premières Corvette importées officiellement en France par la NAVY puis par GM France (avant, les Corvette’s étaient importées au coup par coup soit par des particuliers, soit par des professionnels).
Une belle Corvette entre 1990 et 1996 se vend dans les 30.000 €… et elle les vaut bien car elle reste la plus homogène de la gamme : fiable, performante, facile d’entretien, disposant d’un V8 charmeur et sonore…