1995 Chevrolet Speed Racer Mach 5 ?
L’automobile illustrée sur l’affiche ci-dessus, serait, d’après le garage qui tente de la vendre 100.000 US$…, ramenés à 79.000 US$ si affinités (oui, mais lesquelles ?), l’une des cinq Chevrolet Speed Racer Mach 5 construites par l’entreprise Speed Enterprise… dans le fil (sic !) du film Speed Racer…
Lorsque je me suis renseigné sur les “affinités” possibles ou potentielles permettant une réduction de 21.000 US$ en rapport d’un prix largement surfait…, un des vendeurs de ce garage spécialisé en voitures très chères : Volocars, aux USA (ou cela pouvait-il être d’autre), m’a bêtement répondu qu’en raison des coûts élevés de construction de ces voitures, seulement 5 avaient été construites sur base Corvette cabrio 1995…
1995 ?
Et 79.000 US$ pour une telle horreur, qui n’est qu’une Corvette customisée, avec les panneaux ajoutés de carrosserie mal posés et le pare-brise inchangé ?
Etrange affaire…
Serait-ce un foutage de g… ?, une blague… ?, une escroquerie ?
Je n’ai découvert nulle part sur (et dans) notre planète, d’entreprise nommée Speed Enterprise…
Par contre, j’ai trouvé que Speed Racer, également connu sous les noms de Mach GoGoGo… et Mahha GoGoGo, étaient des Mangas japonais contant des histoires sans fin, ni queue ni tête…, sérialisés sous forme imprimée en 1958 dans un livre nommé Shueisha…
Début des années ’60, ces Mangas ont ensuite été re-publiés dans les magazines américains Sun Comics… et re-re-publié au Japon par la maison d’édition Fusosha.
En 1967 et 1968, ils sont devenu une série télévisée de 52 épisodes diffusés aux Etats-Unis.
Certains chapitres ont été repris par NOW BD dans les années 1990 sous le titre Classics Speed Racer, puis ré-utilisés par DC Comics division Wildstorm Productions, sous le titre : Speed Racer…
En 1998, sous le nom de son titre américanisé Speed Racer Mach GoGoGo, dans leur intégralité, les Mangas ont été re-re-re-publiés aux États-Unis par Digital Manga Publishing et diffusés sous forme d’un coffret unique (et très cher), pour commémorer le 40ième anniversaire de la franchise USA/Japon, ce qui commercialement coïncidait avec un film portant le même titre qui sortait en salles dans le même temps…
Réalisé par les frères Wachowski (Larry et Andy), déjà auteurs de la trilogie The Matrix, le film est sorti le 9 mai 2008 en Amérique du Nord et le 18 juin 2008 dans les salles françaises.
Cette adaptation “live” de la série japonaise Speed Racer des Années 1960, rapidement devenue objet de culte, voire d’études philosophiques plus ou moins fumeuses, n’augurait rien de bon dès le départ, ce “machin” servant de paravent à une totale nullité s’adressant prioritairement à un jeune public.
Le scénario de Speed Racer, se résumait ainsi : Garçon à peine majeur, Speed est un as du volant bien décidé à reprendre le flambeau de son frère aîné, pilote fauché au faîte de sa gloire. Sur l’asphalte l’attendent de puissants concurrents prêts à tout, manipulés par de véreux hommes d’affaires. Fidèle à la petite entreprise familiale qui bichonne ses voitures, Speed va se battre pour être un champion exemplaire.
Venait ensuite la vitesse, celle des bolides du film fonçant comme des vaisseaux spatiaux, mais aussi celle du récit…, Speed Racer étant le règne de l’ellipse et de la synecdoque…, un univers hypercodé où les looks, les allusions cinématographiques (de Muybridge à James Bond), les symboles graphiques ou culturels, les icônes design…, abondaient, fusaient et fusionnaient, créant un étrange cachet rétro-futuriste.
Le délire allait assez loin, dans le temps et la géographie, les courses ayant lieu sur piste comme sur route, villes et déserts… et on traversait l’Italie, le Maroc, l’Allemagne, la France, dans un total non-sens de désordre (les américains sont nuls en géographie), à travers un savant mélange d’infographie et de prises de vues réelles.
Cela tenait du jeu vidéo, mais humanisé grâce aux acteurs, plutôt savoureux, tous donnant l’impression d’une innocence retrouvée.
Et la voiture dans tout ça ?
La vedette de ce navet était un étrange et surréaliste Roadster blanc qui volait, faisait du kung-fu, glissait comme un skate… et respirait comme un humain….
A son passage supersonique, les routes se déformaient, ondulaient comme des rubans phosphorescents…
En 1999 et en finale du tournage, elle a été placée sur ebay et vendue 125.000 US$ au musée automobile Petersen de Los Angeles désireux de l’exposer, dans l’esprit que des millions de jeunes américains fanatiques du film et de la série télévisée ainsi que des “comics”, finiraient par traîner leurs familles à venir la voir au musée, dont le prix du ticket d’entrée n’était (et n’est toujours), pas donné….
Fidèle dans ses formes aux Mangas, cet engin, construit par un obscur mais très compétent carrossier d’Hollywood, avait été agencé en 1995 en prévision du tournage du film, sur une plate-forme De Tomaso Pantera des années ’70, accidentée, dont le moteur Ford V8 5L7 central d’origine avait été remplacé par un V12 Lamborghini 8L0 équipé de turbos, portant la puissance à 1700 chevaux à 8000 t/m et 1400 lb-pi à 5500 t/m…
Ces chiffres étaient bien évidement faux…, destinés tout simplement à faire mousser le public !
Le monstre, par contre, était équipé de vrais pneus 245/40ZR18…
La suite de cette étrange affaire (gag !), selon Volocars, (c’est là que se situe le départ d’une assez minable escroquerie), est qu’un “génie” a eu l’idée en 1995, de créer une version “signature-100” de cette voiture, sans s’obliger à respecter véritablement le design général.
En 1995 ?
Soit en même temps que la construction de la voiture du film ?
Impossible !
L’escroquerie fut ainsi mal enmanchée, quoique le crime eut pu être parfait !
En réalité, les studios Warner Bros avaient fait construire une seconde Speed Racer pour la promotion du film, une voiture plus simple à fabriquer, sur base d’une Corvette de 1995.
Les portes n’étaient pas aussi échancrées et travaillées, mais le pare-brise avait le mérite d’avoir été moulé spécialement plus ou moins comme l’original de la voiture du film…
De plus, le travail de carroserie était impeccable, les finitions parfaites, le look général irréprochable… alors que la Speed Racer de Volocars est une pitrerie…
Vous pouvez voir cette version “Promotion” dans la vidéo ci-dessus.
La Speed Racer originale du film exposée au musée Petersen…
La Speed Racer construite pour le compte de Warner Bros pour assurer la promotion du film…
La Speed Racer de Volocars…, à vendre 79.000 US$…
Il m’est donc paru évident que la Speed Racer que Volocars proposait à la vente, n’était ni la Speed Racer originale du film…, ni la Speed Racer construite par Warner Bros pour en assurer la promotion dans diverses expositions…
Volocars via un de ses vendeurs, a pourtant continué de m’affirmer sans rire, que “sa” Speed Racer était une des 100 exemplaires “originales” d’une série limitée nommée “Signature-100″…, dont les modifications étaient complexes et très soignées…, que le moteur 5L7 d’origine de 345 chevaux était profondément modifié mécaniquement, que son look avait fait l’objet d’importants travaux… et que de nombreux éléments d’embellissement, chromés, étaient ajoutés…, le prix s’affichant à 79.000 US$…
Michael Giacchino Peter Fernandez
Le même loustic de Volocars, m’a affirmé également que l’appellation indiquait en elle-même que seulement 100 exemplaires avaient été fabriqués… et que l’appellation signifiait que chaque voiture portait la signature de l’acteur Peter Fernandez, un acteur et scénariste américain, né le 29 janvier 1927 à New York, États-Unis, mort à Pomona, New York, le 15 juillet 2010…
C’était la voix américaine du film Speed Racer… et aussi celle de l’ancienne série télé éponyme…, qui était aussi l’interprète de la chanson thème créée par Michael Giacchino qui s’était fait remarquer dans les années 1990 en composant les musiques de jeux vidéo comme Le Monde perdu : Jurassic Park (1997), Gargoyles (1995) puis la célèbre série des Medal of Honor (de 1999 à 2007)..
Pour parfaire tout cela, il est vrai… et c’est resté dans certaines mémoires (c’est un des argument de vente de Volocars)…, qu’un essai routier de la Speed Racer version “Promo”, fut publié sous la plume de Sam Mitani dans le magazine automobile américain Road&Track, ou il affirmait que la voiture était extraordinaire…
Il faut savoir que le film était entièrement composé d’effets spéciaux, les scènes automobiles étant réalisées dans un studio devant un écran vert…
John Gaeta, superviseur des effets spéciaux et son bras-droit, Danny Glass, aidés de 20 techniciens, ont réalisés plus de 400 séquences ensuite animées d’effets spéciaux sur ordinateur…, le reste du film étant l’oeuvre virtuelle de Digital Domain…, Sony Imageworks… BUF… et Cosmopolis and Royalton’s factory aidés par ILM et Evil Eye Pictures….
Tout fut configuré puis réalisé entre juin 2007 et avril 2008 pour compte de la Warner Bros en VFX.
Le problème, pour les dires de Volocars, c’est :
– que cet article a été publié le 1er avril 2008… spécialement pour servir de gag promotionnel de poisson d’avril…, après avoir été réalisé dans le studio-hangar ou les effets spéciaux et le film tout entier avaient été créés…
– qu’il n’existe nulle trace, strictement aucune, d’une quelconque série limitée de 100 voitures proposées à la vente, nulle part dans le monde… et qu’après la sortie du film en salle, plus personne n’a jamais plus entendu parler de cette série de voitures uniques réservées à seulement 100 épicuriens passionnés…
Si je n’ai découvert nulle part sur (et dans) notre planète, d’entreprise nommée Speed Enterprise…, c’est parce qu’il n’y a JAMAIS eu d’entreprise de ce nom, car AUCUNE Speed Racer ne fut JAMAIS fabriquée…, si ce n’est l’exemplaire original ayant servi au tournage du film, puis vendue au musée Petersen et la voiture du même style, mais simplifiée, ayant servi aux propotions commerciales.
Les photos et l’essai prétenduments réels, étaient totalement faux… et les photos de la voiture avaient été retouchées pour donner l’illusion d’un test routier, par la la firme Polyphony Digital Inc…
C’était d’ailleurs indiqué en fin de cet article qui ne cachait pas son parfum de poisson d’avril…
A voir ICI : http://www.roadandtrack.com/special-reports/racer-motors-mach-5
J’ai donc poussé mon enquète plus avant…, toujours dubitatif et suspicieux envers Volocars…
Alors que je continuais à chercher pour obtenir des infos réelles et récentes sur l’étrange cinquième Corvette Speed racer “Signature” Mach 5 de 1995…, j’ai découvert que l’année indiquée ne correspondait à rien de vrai, de même que l’appelation et tout le baratin utilisé par le garage Volocars…
Je suis allé y faire un tour et…
J’ai découvert dans le parking, leur fameuse et fumeuse Speed Racer dans son état réel…
Leur Corvette n’est en réalité qu’une Corvette cabrio mal customisée à la manière de la Speed Racer ayant servi à la promotion du film… et strictement personne à cette époque n’a jamais voulu en fabriquer cent exemplaires…
L’affaire se résume simplement :
– Une première Speed Racer est construite pour le tournage du film, elle respecte le dessin de la Speed Racer des Mangas…
– Dans le même temps une seconde Speed Racer simplifiée mais avec un pare-brise proche, est fabriquée sur base d’une Corvette 1995 afin de servir pour la promotion du film…
– Il n’y a donc aucune autre Speed Racer qui a été fabriquée en cette suite dans la perspective d’une commercialisation d’une série limitée…. et par conséquent strictement AUCUN illuminé ne s’est porté acquéreur d’une des voitures d’une série qui n’a jamais existé…
– Il n’y a, non plus, en cette suite, jamais eu, ni 100 Speed Racer “Signature-100″…, ni cinq Corvette Speed racer Mach 5 de 1995, mais une seule…, celle en vente chez Volocars…, cette date étant une tromperie destinée à créer une confusion avec la date à laquelle la voiture originale du film avait été construite avec un moteur Lamborghini…
En effet, comment pourrait-il exister une série de 100 Speed Racer réplicas millésimées 1995, soit datant de l’année ou les deux voitures de Warner Bros étaient fabriquées… et 3 ans avant qu’elle soient présentées publiquement en même temps qu’un article humoristique du 1er avril 2008…, alors que l’authentique et unique Speed Racer maintenant exposée au musée Petersen, y est présentée comme millésime 1999…, ce qui est une erreur… ou la date de sa première immatriculation…
A en avoir des maux de tête !
J’en déduit, que c’est Volocars qui a fait récement modifier une Corvette 1995 cabrio aux spécifications approximativement simplifiées (les ajouts de carrosserie sont grotesques, le pare-brise n’a rien en commun avec celui de la vraie Speed Racer, c’est le pare-brise non modifié de la Corvette qui a servi à cette supercherie)…, tout cela n’est qu’une arnaque…
On ne recrèe pas si facilement le coup de la Batmobile et du Ghost Busters wagon en espérant vendre leurs clones-répliques aux détenteurs de billets de loterie gagnants…
La misère aime la compagnie des rêveurs abrutis…
Je me suis dit que les yeux du Boss de Volocars, en lisant mon reportage, allaient surement s’allumer… et qu’il allait se mettre à prier avec ferveur le dieu indiqué sur les dollars US afin de ne pas perdre sa réputation (mais en existe-t-il une ?)…
La vraie Speed Racer, dans le film éponyme, virevoltait roue dans roue avec les voitures d’un gang de bandits de course (c’est typiquement japonais ET américain) dont le chef ressemblait à Tony Stewart Tinkerbell, un pilote-champion de courses NASCAR.
La réplique Speed Racer “Signature-100”, a été fabriquée l’année dernière pour attirer un seul beauf crédule comme il en existe typiquement aux USA…
Elle a été nommée Speed Racer Mach 5… afin qu’une histoire assez crédible, permette de vendre une Corvette de 1995 pour quatre fois le coût total de la réalisation, grâce à un ensemble de mauvais gags…
Elle a tété affublée de quelques accessoires grotesques et de panneaux plastique collés sur la carrosserie, avec une peinture lustrée et un intérieur neuf acheté chez un spécialiste des rénovations de Corvette anciennes (Ecklers en Floride)…, …
C’est pas plus… et pas moins…
Mais, si on aime, qu’on a les moyens, qu’on n’a pas peur du ridicule, pourquoi pas ?
Pour en savoir plus , lisez (en anglais) : Inside ‘Speed Racer’…