2003 Nemobile (La Ligue des Gentlemen Extraordinaires)…
En collaboration étroite avec Alan Moore, le scénariste de Watchmen…, From Hell… et V for Vendetta…, Kevin O’Neill a mis en scène La Ligue des Gentlemen Extraordinaires.
Cette épopée hors-normes raconte l’épopée burlesque d’un groupe de personnages luttant pour la survie de l’Humanité…., rien que ça !
Je m’efforce d’agir de même en tapotant sur mon clavier d’ordinateur, en allusions littéraires et artistiques, mais sans (encore) parvenir à réaliser une telle saga !
Celle-ci a pour épicentre une ville de Londres baignant dans le fantastique et les mystères de l’époque victorienne, ou le duo de créateurs emmène la Ligue vers le psychédélique, adaptant la non-logique des équipes de super héros américains à des personnages issus de la littérature fantastique du 19e siècle.
De la combinaison de ces deux mondes jaillit un univers nouveau, mais étrangement familier.
C’est ainsi que Miss Mina Murray, issue du Dracula de Bram Stoker, recrute le Capitaine Nemo de Jules Verne…, Allan Quatermain de H.Rider Haggard…, Dr.Jekyll et Mr.Hyde de Robert Louis Stevenson… et l’Homme Invisible de H.G.Wells.
Devenus immortels, Murray et Quatermain continuent le rôle de sauveurs du monde dans les différents cycles de la La Ligue des Gentleman Extraordinaires….
Les 2 premiers volumes se déroulent dans le Londres victorien et les opposent à Fu Manchu et à l’invasion martienne de La guerre des Mondes de Wells.
Dans les cycles suivants, Murray et Quatermain régénèrent la Ligue, en recrutant d’autres personnages issus d’autres univers romanesques.
The Black Dossier (non traduit en français pour des raisons de droits d’auteur), se situe juste après l’agitation provoquée par la publication, en 1948, du roman 1984 de George Orwell.
Mélangeant textes, illustrations et bandes dessinées, ce livre révèle l’histoire secrète d’une LGE désormais dissoute, avec des allusions subtiles à James Bond et Emma Peel.
Century, le troisième volume, traverse cent ans de la vie londonienne, en 3 périodes : 1910, 1969 et 2009.
A chaque fois, Moore et O’Neill mettent en scène les événements-phares et les forces culturelles de chaque époque.
Kevin O’Neill est un artiste hors-normes, dessinateur de Marshal Law et de Nemesis the Warlock, deux séries scénarisées par Pat Mills, ou Kevin O’Neill atteint son niveau optimal en terme de narration graphique.
Ses planches baroques combinent le goût du détail des illustrateurs du 19e siècle à une sensualité extravagante, son dessin détaillé génère, à chaque lecture, de nouvelles découvertes.
O’Neill est une Ligue à soi.
Le film par contre est d’un tout autre tonneau…
Le XIXème siècle touche à sa fin et avec lui se meurt l’âme de l’ancien monde, écrasé par l’implacable ère industrielle.
Au tournant de l’histoire, de grands périls sont tapis dans l’ombre et un mystérieux bandit nommé le Fantome, ourdit quelques machiavéliques complots.
Au nom de la reine, le mythique Alan Quatermain sort de sa retraite, chargé de recruter une équipe de gentlemen aux talents réellement extraordinaires, afin d’enrayer les plans du coquin.
Embarrassant cas de figure pour moi…, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires fait partie de ces films qui souffrent d’une dichotomie gênante entre choses d’excellentes factures et d’autres beaucoup moins intéressantes.
Basé sur l’œuvre récente et déjà culte d’Alan Moore (qui fut déjà adapté via le raté mais curieux From Hell, spéculant sur l’identité de Jack l’éventreur), toute la force du film réside dans une puissante identité visuelle (parfois gâchée par l’insuffisant budget alloué au département effets spéciaux).
L’histoire raconte les aventures de personnages hors du commun tirés de la littérature d’aventure de la fin du XIXème siècle.
Ainsi, nous retrouvons Sean Connery en Alan Quatermain ou Stuart Townsend en Dorian Gray.
D’autres protagonistes répondent à l’appel, tels qu’un Dr Jeckyll mal accompagné, un Tom Sawyer loin de l’Amérique et des bords du Mississippi, ou une Mina Harker vampirique, rescapée de ses affaires draculéennes.
A priori, adapter le roman graphique de Moore pouvait relever de la gageure.
Œuvre particulièrement sombre et adulte, mêlant mythologie moderne et audaces visuelles, le récit se distingue par un romantisme amer, une violence outrée et un lyrisme propre à l’Angleterre victorienne.
A posteriori, le pari semble gagné, du moins en partie.
Si une édulcoration du récit était inévitable, les extrapolations et les rajouts que le scénariste a semés dans le terreau d’origine, se justifient plus difficilement.
De l’ajout douteux de personnages à la modification du rôle et de la psyché de certains autres, les trahisons ne manquent pas.
Mina Harker ou le capitaine Nemo deviennent de pâles figures réduites à la simple fonction de leur originalité…, la femme n’est plus qu’une créature de la nuit et se voit destituée de son rôle de leader de la Ligue au profit de Quatermain, alors que le trouble indien Nemo perd son imposante carrure, son mystère et sa cruauté.
Il est aussi difficile de pardonner l’ajout impromptu d’un Tom Sawyer totalement inutile, ne servant qu’à fédérer un public américain supposé rétif aux charmes de la vieille Europe.
Sans oublier Dorian Gray…, absent de l’œuvre de Moore, mais dont le charme, la stature et les talents apportent une certaine classe supplémentaire.
Cependant l’échec majeur du film se situe dans la structure même de la narration.
Les péripéties, pour être excitantes, n’en demeurent pas moins convenues et mal amenées.
Le film passe de rebondissements en déconvenues sans prendre le temps de soigner les transitions, transformant le cachet bis de l’aventure en fouillis dramatique.
Les rares thèmes sont réduits à l’état d’ébauches malhabiles et caricaturales (particulièrement dans la relation père/fils spirituel, vue et revue entre Quatermain et Tom Sawyer).
Une fois passée la désagréable et brouillonne impression laissée par l’intrigue trop plate, La Ligue des Gentlemen Extraordinaire peut séduire grâce au soin particulier apporté au design d’inspiration Art Déco.
Conséquence directe de la première révolution industrielle, les objets, les costumes et décors du film sont issus de l’heureux mariage du fer forgé et du bois…., mélange rustique d’ancien et de moderne, aspiration au futurisme, c’est l’esprit de H.G. Wells et de Jules Verne qui pulse dans ces veines.
Alors, malgré son aspect épisodiquement cheap, le film devient la plus belle illustration des délires du dessinateur de l’œuvre, Kevin O’Neil.
Et si, à l’instar d’X-Men 2, certains personnages sont sous traités, d’autres, dont le Dr Jeckyll (employant le numéro en vogue des miroirs schizophrènes), apportent au film la touche salvatrice de valeur ajoutée qui l’empêche définitivement de sombrer dans l’oubli.
Si un héros ne suffit plus à attirer le public, on en prend une poignée et on les met dans le même sac de noeud, bien sûr.
Tout le monde s’en fout d’Allan Quatermain, pas grave !
Personne ne s’intéresse à Dr Jeckyl et Mr Hyde, pas grave.., on y a le droit aussi !
Je vous passe l’homme invisible, les vampires et un Highlander dandy proche du grotesque.
Ce n’est pas un film c’est une partie de jeux de rôle, chacun devant utiliser son pouvoir ultime au dernier moment pour rendre le suspens entier…, que néni !
De suspens il n’y a pas, le méchant est vite identifié, sa destruction programmée par nos super zéro n’est qu’une formalité.
Vous l’aurez compris, les personnages et le scénario sont proches de l’inintéressant.
Coté image, si le style gothique est prédominant… et non sans élégance, les jeux de caméra ne sont pas tout à fait à la hauteur : plans trop rapprochés sur les combats de face à face, manque des ombres sur les images de synthèse.
Mais l’idée gothique est plaisante entre un Londres pluvieux et une Venise décadente.
L’intérêt de ce film réside dans son anachronisme, une connaissance des sciences hors du commun, une batmobile à six essieux en 1899… et un sous-marin argenté de Némo qui tourne au nucléaire !
J’oubliai les combinaisons de scaphandriers et les missiles balistiques.
Qu’est ce que j’en ai pensé : ça détend mais étant entouré d’incohérences j’ai eu du mal à me laisser berner par l’aventure.
Ne faites pas l’erreur d’emmener Quelqu’un (d’autre), à visionner le DVD de cette bêtise hallucinatoire, il ou elle vous en voudrait.
Si je me suis laissé aller à vous conter tout cela, c’est à cause de la voiture à 6 roues !
Lorsque la Ligue arrive à Venise à bord du Nautilus, ils débarquent du bateau accompagnés par des marins-Nemos-gardes… et un cadre de bien équipés plongeurs sous-marins…
Mais le spectacle le plus impressionnant pour sortir du Nautilus est la Nemobile…, un véhicule à couper le souffle que les fous de la Ligue lancent à des vitesses élevées, audacieusement à travers les rues de Venise.
D’un blanc brillant et ornée de sculptures d’argent audacieuses (en réalité du plastique peint en argenté), cette voiture spectaculaire est ostentatoire… et contrairement au Nautilus réalisé en images de synthèses, cette voiture est réelle, quoique des maquettes à 1/2 et 1/4 ont été réalisées pour diverses scènes !
Elle a été construite à Londres par Retromotoring…sur le même principe que la Panther Six, un châssis en échelle avec 4 roues avant et 2 arrière, avec une suspension indépendante, des vérins hydrauliques pour soulever et abaisser la voiture… le tout motorisé par un bloc aluminium provenant d’une Range Rover LSE 4.2 V8.
La carrosserie a été intégralemen réalisée en en fibre de verre à Prague…
Le véhicule de presque 8 mètres, qui pèse 3T5 et atteint la vitesse record de 59 mph (90km:h)…, est d’une beauté à contempler et un ours à conduire !
Eddie Perez, la doublure technique de Shane West, a fait beaucoup de route pour les séquences de cascades frénétiques ou le bestiau rugit dans les chemins de halage étroits, entre les colonnades.
“La voiture est incroyable”, m’a dit West. Il devient même ridicule de chercher une Batmobile…
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