2004 Ferrari F430, crépusculaire !
“Instantanément cultissime dans sa perversité…, politiquement correcte…, crépusculaire…, viscéralement effrayante…, d’une mélancolie rare…, jalon dans l’Histoire des automobiles abominables…, dans son réalisme effrayant, elle vous mène jusqu’au bout des ténèbres, celles dont on ne revient jamais”…
Voilà les commentaires enthousiastes que je tapote avec délectation après avoir roulé (trop longtemps) en F430 !
Devant le spectacle rare de ce qui est sans doute l’une des plus mauvaises Ferrari de l’Histoire des mauvaises Ferrari, tous genres confondus, je me suis fait rapidement la remarque que les irresponsables auteurs de cette bêtise, ont du fumer un sacré paquet de joints !
Ce chef d’œuvre ultime, cette pierre angulaire de l’automobile…, réalisée avec toutes les concessions d’usage en matière commerciale par des amoureux des profits importants et rapides dont la sincérité en cette cause n’est bien sûr pas à remettre en doute…, je me dois tout de même de nuancer légèrement mes critiques, peut être légèrement empreintes de connivence avec les milliers de malheureux dont certains en ont été presque ruinés…, pour vanter à l’unisson les qualités stupéfiantes de ce chef d’œuvre !
Je pense en premier lieu à l’immense porte-à-faux avant, aussi stupide qu’inutile et très mal conçu, qui empêche de rouler normalement, de passer un dos-d’âne (casse-vitesse), d’entrer ou sortir d’un parking donc l’accès en en forte pente… etc.etc…, alors que ce soit bien clair, il n’y a pas assez de technologie dans ce bestiau pour en faire ne serait-ce qu’une simple automobile…, attention…, c’est un “machin transgressif” qui vire au crépusculaire !
L’apanage de tous les machins qui ne servent à rien que de vous soutirer un max d’Euros… est de virer immanquablement au n’importe quoi…, on a donc un engin d’une rare “beauferie” sur le thème “j’suis une Diva !”, laissant seule l’héroïne qui pose presque nue sur les photos d’illustration…, elle passe devant, derrière, toujours quand le photographe a le dos tourné, glissant dans le siège “conducteur” comme un pet sur une toile cirée.
Au bout d’une petite heure de conduite, n’ayant peur de rien de pire, j’en suis arrivé à m’affranchir de la nullité aberrante de cette voiture pour pousser mes investigations un cran plus loin, assumant sans honte de rouler dans une auto franchement hilarante en dépit des intentions initiales du cahier des charges des ingénieurs qui se sont perdus entre leur table de dessins et le disjoncteur… et qui se sont comme fait tirer dessus à bout touchant dans les yeux à coup de flash apoplectique en ressuscitant tout d’un coup une sorte de zombie automobile croquignolesque !
Chapeau bas messieurs les artistes…, finalement j’attendais un truc plus violent et plus viscéral, qui aurait pu justifier les louanges vendues par le service presse Ferrari…
Très paresseusement, la Ferrari 430 n’a pas grand chose à proposer de plus à part une surenchère gore totalement vaine que le modèle qu’elle remplaçait quand elle était encore la vedette de la marque.
C’est toutefois une Ferrari…, finalement assez timorée en design, aucun rapport avec une Pagani ou une Spycker… et je passe sous silence le reste de ce que j’ai constaté, pour arriver directement au twist final qui donne bien sûr une ampleur prétentieuse à l’ensemble et qui finit de consterner, d’un coup fort soupçonneux sur la date de péremption…
Foin d’intoxication, pour écrire ces quelques lignes je me suis repassé les souvenirs qu’elle m’a chèrement fait payer… et les nouilles, la bière ou la tarte au sucre sont hors de cause !
Il en va ainsi depuis plusieurs générations, les fameuses “berlinetta” de Maranello subissent à mi-vie, des profondes évolutions à mi-chemin entre une nouvelle voiture et un restylage : 308, puis 328, 348 puis F355, Modena puis F430.
A la sortie de la Modena, le contexte avait évolué…, Lamborghini, tombé dans le giron d’Audi, ne se contentait plus de produire des supercars inutiles, la jeune Gallardo élargissait la gamme vers le bas avec une prise en main au quotidien plus ou moins envisageable pour un masochiste fortuné et 500 chevaux sous le pied droit, soit 100 de plus que la Modena.
Et puis en Allemagne, une autre concurrente bien connue, la Porsche 911, avait aussi gagné en rendement et les GT3, un peu moins puissantes et un peu moins lourdes, s’avéraient de sérieuses rivales pour tous les amateurs de circuit.
Bref, la Challenge Stradale n’ayant été qu’une (rocambolesque) façon de faire patienter les clients… et une Ferrari devant rester une Ferrari…, les ingénieurs n’y sont pas allé par quatre chemins et ont tout simplement donné naissance à la F430…
Une bonne façon de constater que dans un contexte de plus en plus autophobe, à Maranello, la petite entreprise ne connaîssait pas la crise…
A première vue, le travail accompli ne paraissait pas si flagrant, l’évolution stylistique laissant penser à un simple restylage, comme beaucoup de constructeurs sachant le faire pour relancer un modèle à mi-vie…, le suspense n’aura pas été bien long, le 24 août 2004, la F430 était présentée au public.
Mais en découvrant cette “nouvelle” Ferrari, présentée en première mondiale au salon de l’automobile à Paris, exactement un mois plus tard, il m’a fallu me rendre à l’évidence, avec un réel déplaisir, que la F430 était bien moins une nouveauté que le service presse Ferrari/Fiat l’annonçait…, quoique la Ferrari F430 inaugurait un nouveau moteur V8.
Fait étrange, ce n’était pas une Ferrari, mais une Maserati qui avait pourtant eu la primeur de ce nouveau moteur, dérivé du 3.6L de la Modena…, en effet, le bloc moteur de la F430 n’était autre que la base mécanique de la Maserati 4200 GT.
Toutefois, sportivité oblige, la Ferrari héritait d’une cylindrée majorée, atteignant 4,3 L, soit 4 308 cm3 exactement, obtenus par un alésage de 92mm et une course de 81 mm.
Grâce à des régimes de rotation élevés, le V8 de la F430 développait ainsi 490 chevaux à 8500 tr/mn pour un couple maxi de 465 Nm à 5 250 tr/mn…, malheureusement, le poids de la berlinette était en hausse de 60 Kg et atteignait 1.450 Kg à jeun sur la balance, en kilos Ferrari bien sûr…
Le V8 italien était désormais livré exclusivement avec la transmission séquentielle robotisée F1 à six rapports, effectuant chaque changement en 150 millisecondes, seul intervalle de répit imposé entre chaque montée vers le septième ciel mécanique !
Côté châssis, la F430 reprenait la base en aluminium de la 360 Modena, avec le moteur implanté longitudinalement en position centrale arrière…, ayant tiré un trait sur les châssis tubulaires, la Modena se “distinguait” par la réalisation d’un châssis composite par la société Américaine Alcoa, travaillant habituellement des alliages pour l’aéronautique.
Parmi les nouveautés susceptibles de coûter un maximum lors des réparations et entretiens, je cite notamment le différentiel électronique (E-Diff) gérant le contrôle de traction couplé à un “launch control” (gag !).
Pour répondre à Porsche et à ses disques de freins en céramique, Ferrari avait introduit sur la F430 des disques de freins en carbone-céramique, comme sur l’Enzo (et aux même prix stratosphériques), dont l’endurance devait égaler le temps de l’entretien suivant (sic !).
Misère misère et super misère…, la morsure de la cruelle déception a planté en moi ses canines plus profondément que l’aurait fait n’importe quel infecté à la con qui court partout en vociférant d’inintelligibles dialogues qui semblent avoir été écrit par Danny Boon pour ses films !
Voilà donc une automobile vendue très chère sur son impact flippatoire, mais qui au final faisait aussi peur que rire…
Eh oui, vous êtes prévenus, faites foin de l’enthousiasme débordant pour cette automobile, il serait aussi inexplicable que l’épidémie d’incohérences débitées par le big-chief des relations publiques de Ferrari…, je vais toutefois être “sport”, en vous écrivant d’abord de ses qualités qui seront aussi rapidement évacuées que l’espoir que je portais de gagner l’Euro-million trois fois de suite… et c’est ému que je vais en terminer là…
Bref… on est passé pas loin du chef d’œuvre…, tant pis…, quiconque d’autre que moi (allez savoir pourquoi !) aurait crié au génie et aurait chanté, hurlé, se serait levé et aurait embrassé les 4 pneus… et puis, entre deux cantiques, se serait masturbé à genoux pour éjaculer l’aboutissement de toute sa vie sur le pare-brise…, un râle dans la gorge, en promettant à qui voudrait l’entendre que désormais il ne parlerait plus qu’italien, ne vivrait plus qu’à Maranello, ne mangerait plus que des Spaghetti et ne boirait plus que de l’huile de vidange Ferrari… !
Mais alors ?
Etais-je trop vieux, trop cynique, ou trop fatigué ?
Si techniquement la Ferrari F430 était plutôt immersive (enfin, un peu comme si on s’endormait dans sa baignoire) comment diable son design convenu, répétitif et aussi peu inventif arrivait-il à créer une quelconque tension chez les Tifosi ?!?!
C’était d’une connerie pas possible…, en fait il ne se passait rien de plus intéressant à la regarder qu’à la conduire…, que l’on n’ait déjà subi mille fois ces dernières années…, le budget croquettes avait-il été sucré par la direction de Fiat trop pingre ?
J’ai attendu, fébrile le prochain navet automobile pour savoir si…
Blam ! Blam ! Blam ! Ah ah ah !
Ca m’a donné envie d’aller dormir !