2005 Ford Mustang Giugiaro…
Présentée au Salon de Los Angeles 2006 entre la sportive brute à l’américaine et la GT italienne aux bonnes manières, Ford et Giugiaro semblaient avoir trouvé un terrain d’entente.
Le premier avait donc fourni une Mustang au second, qui était chargé de réaliser une pièce unique pour le plaisir des yeux.
Il n’est pas surprenant, compte tenu de sa profession, que Fabrizio Giugiaro, fils de Giorgetto Giugiaro, réalise ses nouvelles conceptions automobiles, de la façon dont un alpiniste entreprend l’escalade de l’Everest (pour lui, la Bentley Continental GT et la VW Phaeton méritent la même admiration).
Mais quand il a enfin terminé son re-design de la Ford Mustang 2005 (la plus belle Mustang que j’ai vu depuis des décennies), Giorgetto Giugiaro, son père, a su immédiatement que son fiston avait escaladé un nouvel Everest .
Il a dû y grimper.
Ce concept-car a fait suite à une discussion que j’ai eu avec J Mays, le directeur de la création chez Ford, au salon de l’auto de Detroit 2005…, me dit Fabrizia Giugiaro, directeur de Ital-design Giugiaro SpA, une société basée à Turin que son père Giorgetto a fondé en 1968…, Je lui ai dit que je voulais créer un concept-car sur base Mustang, pour le Salon de Los Angeles 2006…, et J Mays, que je connaissais depuis longtemps, m’a dit : Great, voulez-vous un modèle Ford Mustang dans quelques jours ? Eh bien, j’ai tout de suite répondu : Je veux la toute nouvelle Mustang ! Et J Mays, après une pause m’a répondu : Euh, oui, ok, pour ce que je vais pouvoir en vérifier l’année prochaine…, faites-en ce qui vous plait…
Giugiaro glousse en y repensant : Bien sûr, peu de temps après il est revenu vers moi et m’a dit : Votre création, sera la star du salon automobile de novembre 2006 à Los Angeles où elle fera ses débuts mondiaux, puis en 2007 elle sera la star de Détroit en Janvier et ensuite elle partira en Suisse, au Salon de Genève mi-Mars.
Entre le Salon de Détroit et le salon de Genève, au pays du chocolat et des montres Rolex, un ami travaillant pour un magazine automobile a pu réaliser un reportage de ce ponycar de plusieurs millions de dollars…
Fabrizio Guigiaro à partir de l’Italie, l’a informé de tous les détails techniques possibles.
À ce stade, vous pourriez raisonnablement vous demander pourquoi un designer qui admire une voiture, voudrait la changer.
Eh bien, sachez qu’en 1965, le père, Giorgetto, a créé un concept Mustang tout en travaillant chez Bertone.
Donc pour le fils Fabrizio, la Mustang 2005 est comme l’aboutissement ultime représentant un défi qu’il ne pouvait pas ignorer : C’était un très proposition très délicate, admet-il, mais il était aussi nécessaire pour nous de le faire. Je voulais montrer que nous pourrions créer un nouveau design, pas mieux, mais différent, tout en représentant l’icône, un maintien de son identité Mustang ! De plus, il était important pour l’entreprise de montrer que nous pouvions créer des concepts réels… et pas seulement des fantasmes. J’ai conduit plusieurs fois cette Mustang Concept tout autour de Turin, mon père également, car il conduit tous nos prototypes.
– Avez-vous-eu peur d’un-accrochage ?
Les sourcils levés, Fabrizio Giugiaro hausse les épaules : Après tout, ce ne sont que des voitures. Le Concept a eu une gestation exceptionnellement longue, en partie parce que le travail sur ce projet a été interrompu lorsque mon père, Giorgetto Giugiaro, a détourné une grande partie des ressources d’Ital-design pour créer sa Ferrari à base d’une GG50 concept-car 612, dévoilée en 2005 pour célébrer le 50ième anniversaire de la maîtrise familiale dans la conception des voitures. J’ai fait quelques esquisses, soit rétro et d’autres trop avant-gardistes…, trop trop loin. J’avais commencé avec un effet de serre, un tronc tri-corps de conception unique. J’ai donc fait une modification, essentiellement une forme fast-back. De plus, ma Mustang était plus petite, plus basse, plus large, plus dans le design d’une Corvette. Quand j’ai construit mon premier modèle, cependant, j’ai cru qu’elle était trop petite à l’extrémité arrière. Mon père a fini par travailler sur la conception arrière.
– Ce magnifique concept-car se veut agressif tout en arborant de belles courbes allant jusqu’à la lunette arrière qui d’ailleurs cache l’ouverture du coffre, vous remarquerez l’inspiration des Mustang de 1964 avec les ailes et les feux. Autant le dire sans équivoque moi-même, elle est sublime ! Son pare-brise courbé qui court jusqu’à la lunette arrière renouvelle son agressivité, sentiment confirmé par l’allongement de la lunette arrière qui a fait disparaître l’ouverture du coffre. La face avant gagne en subtilité grâce à un dessin aux lignes plus douces, mais n’en conservent pas moins son caractère agressif.
– C’est tout votre mérite de donner à la Mustang une ligne moins sauvage tout en conservant son agressivité. La Mustang, avec vous, se civilise, mais sous son masque le monstre bouillonne toujours.
– Oui… Les ailes arrières prennent fièrement la pose telles leurs aïeules en 1964. Les clins d’oeil historiques continuent avec les feux arrière en trois parties comme en 1964, tout en restant dynamique grâce à un dessin “en flèche”. Sous le capot, Ford Racing a retravaillé le moteur V8 4.6 l. Équipé d’un compresseur volumétrique et diverses améliorations, il affiche une puissance de 500 chevaux. Un mode “boost” permet au conducteur de faire appel à 200 chevaux supplémentaires au cas où il croiserait une Bugatti Veyron en chemin.
– Et ? Pour le reste ?
– Les grosses jantes de 20″ font 275/40 à l’avant et 315/35 à l’arrière et le châssis originel a été rabaissé de 32 millimètres. Pour accéder à l’intérieur, il faudra appuyer sur un bouton pour ouvrir les portes en élytres. Une fois installé, face à lui le conducteur se voit offrir un magnifique volant qui marie métal brut orangé et cuir foncé.
– L’instrumentation a laissé au placard toute notion d’ergonomie…
– Au final, l’aménagement intérieur dégage un sentiment un peu science-fictionnesque. 30.000 heures de travail ont été nécessaires pour réaliser ce modèle hors normes, qui n’a bien sûr jamais été commercialisé…
– C’est vrai que votre interprétation de la face avant reste très pure avec des lignes tout en douceur mais un regard plus qu’agressif. C’est une très belle Muscle Car !
– Non ! C’est un beau coupé rageur…
– Oui, sans doute et je préfère ainsi !
Les deux dernières générations de Mustang ont clairement pris leur inspiration dans les livres d’histoire de la marque.
La toute nouvelle monture version 2010 reprend plusieurs éléments de la version 1967 ainsi que le design de la Mustang de Giugiaro, avec une évasure de calandre sur-ouverte en son centre.
Le résultat, une gueule prête à l’assaut.
Les Mustang sont à chaque millésime, une évolution de la précédente série, bien qu’en apparence, elles semblent similaires à la série remplacée.
Les changements apportés par Giugiaro sont surtout apparents à cinq endroits, l’avant, l’arrière, le toit, les portes et l’intérieur.
L’avant complètement retravaillé lui confère une plus grande agressivité et une allure plus massive.
Les feux arrière, particulièrement lumineux, sont mis au goût du jour en reprenant les trois sections typiques aux Mustang.
Le toit, intégralement vitré et qui forme la ligne supérieure de la voiture, est une pièce maîtresse de l’ensemble et à coup sur, s’avère sa plus grande originalité.
Les portes doivent s’ouvrir pour qu’on voit qu’elles sont en élytres, comme celles des Lamborghini Countach.
Pour l’intérieur, on observe rapidement une grande amélioration de la qualité de fabrication avec des ajustements de panneaux de carrosserie presque exemplaires et surtout un intérieur typiquement western en cuir brun et peau de vache (en double sens)…
Le look accrocheur passe aussi par les jantes de 20 pouces.
Lorsque l’on accède à bord, on remarque que les seuils de porte ont l’inscription MUSTANG illuminé en bleu, beau coup d’œil, surtout que ce genre d’élément est habituellement réservé aux voitures beaucoup plus chères.
Les autres cadeaux incluent le toit intégralement vitré qui permet une belle luminosité et réduit l’effet d’écrasement à bord, un écran de navigation sur-dimensionné, le système SYNC, une caméra de recul et la radio satellite SIRIUS.
Un plan qui n’a pas été négligé est le confort des deux personnes assises à l’avant.
Les sièges offrent de très bons supports latéraux.
Par contre, les enfants risquent de conserver un souvenir un peu moins impérissable que le mien par rapport à la Mustang.
Les sièges arrière ne font aucun cadeau.
Bon, la Mustang n’est pas une voiture à vocation familiale, j’en conviens, mais les ingénieurs devaient tout de même prévoir que des personnes allaient s’y asseoir à l’occasion.
Je vais être clair, avec son V8 4L6 de 500/700 chevaux et compresseur volumétrique, la Mustang Giugiaro réalise le quart de mille en 13,83 secondes avec 163 km/h, un 0-100km/h en 5,4 secondes et sa distance d’arrêt est de 100-0km/h en 40 mètres.
Avant que tout le monde appelle la police pour me faire surveiller, il faut prendre en considération que j’ai fait gronder le gros V8 de 315 chevaux en milieu contrôlé et que je portais un casque !
Mon utilisation abusive de la puissance, m’a donné une consommation de 23,5 l/100km.
Ce qui surprend, c’est malgré un surplus de chevaux-vapeur, les performances de la Mustang Giugiaro m’ont paru à peine plus intéressantes que la Mustang “de série”.
La clef de l’énigme serait la suspension un peu molle, donc en accélération, le transfert de poids va sur l’essieu arrière qui propulse la voiture…., le couple de 320 lb-pi, donne toute sa poussée à 4.500 tr-min.
En ligne droite et en pleine accélération la mollesse de la suspension n’est pas trop incommodante. Toutefois sur le circuit, le jeu de la suspension rend la voiture sous-vireuse à cause, entre autres, du poids du moteur.
Le résultat est que je n’ai jamais pu vraiment placer la voiture en virage exactement là où je voulais.
La transmission manuelle à cinq rapports offre un embrayage assez long mais tout de même précis avec une bonne prise en main.
La direction est aussi adéquate, on ressent bien les bosses (gag !), mais moins que jadis.
Elle est communicatrice et directe.
Évidemment, comment ne pas avoir de plaisir derrière le volant, tous les éléments sont en fonction des performances et la voiture transmet un message clair sur le sujet.
Les disques de freins ont un bon diamètre, mais un peu plus gros seraient bienvenus.
L’ABS, dictant la qualité du freinage, est super efficace et intervient au bon moment.
Aujourd’hui, la compétition des Muscle Car est bien vivante avec le retour des deux icônes et de deux nouveaux joueurs comparables.
Chevrolet Camaro 1SS (à partir de 36.999 $), Dodge Challenger R/T (à partir de 34.995 $), Hyundai Genesis 3.8 GT (à partir de 34.999 $) et la Mazda RX-8 R3 (à partir de 41.995 $).
La Mustang GT 2010 débute à partir de 36.999 $.
La Mustang a l’art d’attirer tous les types d’acheteurs de ce genre de voiture.
Les nostalgiques aussi bien que les néophytes amateurs de gadgets.
Le bien-être n’est plus un problème comme autrefois, aujourd’hui elle est même un peu trop confortable. Sans vocation familiale, elle est un véritable coupé de grand tourisme, agréable pour les promenades du dimanche et performante pour les autoroutes dégagées…