Mercredi 13h55, heure critique, à ce moment précis, je vais, selon mon ami Patrick P…, remettre en cause toute mon existence…, enfermé dans son véhicule sur un parking désert, je visualise mon reste de semaine avec ennui : dossiers, réunions, entretiens, rangements, compromis et tapotages divers de textes d’humeur pour passer mes nerfs à vif…, cinq minutes interminables : budget, révision, déplacement, dépense, administration…, l’horreur…, mais j’ai encore la force de tourner la clé dans le barillet… et…
14h01, assis dans un siège baquet en cuir noir je découvre la Mazda RX8 de mon ami…, mon agenda attendra…, mes résolutions de changement immédiat également…, en écoutant le moteur, j’entend une voix : “Je suis belle, ô mortel, comme un rêve éternel… et mon design, pour lequel chacun s’extasie tour à tour, est fait pour inspirer aux épicuriens un amour sans pareil… Je trône dans le monde comme une princesse incomprise ; j’unis un cœur inédit à la légèreté d’une sculpturale beauté ; je réinvente le mouvement qui déplace et fascine, et jamais ne déprime. Les esthètes, devant mes grandes attitudes, que j’ai l’air d’emprunter aux plus fières désinvoltes…, consument leurs jours en d’austères études ; car j’ai pour illuminer les amants qui me maitrisent, des temps d’extases extatiques infinies qui rendent toutes choses plus belles : dans une clarté éternelle” !
On dirait que c’est extrait du roman “Les Fleurs du mal” de Charles Baudelaire…, piting, que c’est bôôô, commence une errance qui va se révéler être une illumination, une envie d’aller plus loin, d’aller de l’avant…
Frisson dans la nuque, sourire sur mon visage, je dois me questionner 3 ou 4 fois d’affilée sur le sens de la vie pour être sûr que je ne suis pas passé à côté de quelque chose…, comment ai-je-pute ignorer cette auto sans la posséder et me laisser posséder en cette suite ?
L’originalité et l’innovation sont plus qu’une stratégie, c’est une culture d’entreprise, chez Mazda, le dernier constructeur qui perpétue la technique du moteur rotatif…, des années de persévérance, en ce compris la Mazda Cosmo Sport, qui a décroché une victoire d’anthologie aux 24 Heures du Mans 1991, qui eut un tel retentissement que la sonorité du moteur rotatif de la voiture de tête a marqué les esprits.
Avec sa Mazda RX-8, présentée initialement sous la forme d’un concept car en 1999, Mazda a voulu perpétuer sa “longue” tradition des coupés à moteur rotatif, avec en prime le concept d’un Coupé-Sport quatre portes !
Au lancement, le coupé Mazda était proposé en 2 versions : RX-8 192 chevaux, RX-8 231 chevaux…, commercialisée en 2003, le Coupé Mazda RX8 (4m43 de long pour 1m34 de haut), reprenait l’essentiel du concept RX-Evolv, dont les portes arrière antagonistes de petite taille…, il s’agissait d’une voiture entièrement nouvelle construite sur une plateforme spécifique, posée sur des jantes de 18 pouces.
L’empattement de 2m70 avait permis d’aménager un habitacle pour 4 passagers, Mazda y avait ajouté une petite astuce qui permettait un accès facile et rapide aux deux places arrière par l’absence de montant central : les portes arrière accueillaient le mécanisme de blocage des portes avant.
La partie avant est plutôt sympa avec ses ailes rebondies et ses petits phares en amande, le capot long et plongeant vers une calandre bien ouverte comporte dans sa partie haute un bossage triangulaire, en rappel à la forme du piston rotatif qui anime le petit moteur installé dessous.
Les feux arrière sont typiquement à la sauce japonaise et imitent le style “Cristal” inauguré par Lexus sur l’IS 200…, le coffre s’ouvre avec deux vérins et présente une taille assez intéressante, dessous, le bouclier englobe les deux sorties d’échappement à chaque extrémité d’une grille d’extraction d’air qui contient un feux de brouillard triangulaire en son centre, qui rappelle la forme en triangle du moteur Renesis…, les productions japonaises nous ont souvent habitués à moins de personnalité dans leur design.
L’ensemble de l’habitacle est traité très sportivement en ses multiples détails de finition est un vrai délice, une fois la porte avant entrouverte, la sellerie cuir (de série) saute aux yeux…, ces baquets, d’un design vraiment high-tech, évoquent eux aussi le moteur Renesis par les intérieurs triangulaires en aluminium vissé des repose-tête !
Le pédalier ajouré est en alu, il y a des rappels de cuir sur les contre-portes et le volant… et un long tunnel central (avec des rebords en aluminium poli) qui traverse l’habitacle, séparant la banquette arrière en deux petits sièges profonds faciles d’accès.
Trois compteurs ronds sous une petite casquette façon moto (avec le compte-tours superposé au milieu des deux autres), donnent le ton…, zone rouge à 7500 tours, selon la motorisation choisie…, le petit volant en cuir regroupe plusieurs boutons de commandes, car l’équipement livré en série sur la RX-8 est ultra complet (Climatisation, changeur CD, Hi-FI Bose, etc…).
Enième rappel de l’exclusivité mécanique de la RX-8, le petit levier de la boîte à six rapport trône au milieu du tunnel central de transmission, avec son pommeau en alu de forme triangulaire.
L’originalité esthétique de la Mazda RX-8 ne serait sans doute pas aussi fortement motivée par la mécanique qui l’anime si cette dernière n’était pas un cas vraiment à part dans la production automobile, en effet Félix Wankel n’aurait sans doute pas imaginé en 1957 que son invention du moteur à piston rotatif propulserait Mazda sur la plus haute marche du podium des 24 heures du Mans en 1991 !
Sans doute fier de ce succès et ayant développé avec brio plusieurs générations de coupés sportifs depuis la Cosmo Sport, Mazda perpétue ainsi depuis presque 40 ans une technologie dont il est resté le seul défenseur, avec le moteur Wankel la différence technique est telle qu’elle ne permet pas de comparaison réellement équitable…
Sous le capot de la Mazda RX-8, le bi-rotor atmosphérique type 13B-MSP (multi side port) cube 2 x 654 cm3, soit 2616 cm3 en équivalence moteur à 4 temps…, mais contrairement au 13B-REW de la RX-7, le moteur rotatif de la RX-8 n’a pas le renfort de turbocompresseurs…, il développe toutefois la puissance assez respectable de 192 chevaux à 7000 tr/mn (et même 8200 pour la version “high power” de 231 chevaux) !
Pour les différences techniques entre les deux, le 192 n’a que 4 ports d’admission, là où le 231 en a 6…, on obtient ainsi une valeur de couple spécifique plus favorable au Renesis 192 tandis que le 231 privilégie la puissance gâce à une ECU différente…, la RX-8 231 chevaux gagne même un 6ème rapport pour l’autoroute…, ce coeur mécanique placé en position avant longitudinale est particulièrement peu encombrant et très léger, c’est évidemment l’un de ses principaux points forts…, ainsi, malgré un équipement pléthorique, la RX-8 pèse un peu moins de 1400 Kg là où ses rivales directes sont plus proches de la tonne et demi…, le rapport poids/puissance s’établissant à 5,8 Kg/ch pour la version la plus puissante.
L’avantage du Wankel est la faible inertie et la spontanéité du moteur qui en découle à la moindre sollicitation de la pédale d’accélérateur…, on sent instantanément l’envie de monter dans les tours de ce petit rotatif… et cela n’est pas pour déplaire, surtout avec une zone rouge très haut perchée qui déclenche une petite sonnerie d’alerte lorsque l’on tape le rupteur.
La sonorité du moteur est également plutôt flatteuse pour les tympans, légère et aérienne, elle ne ressemble à aucune autre…, pour appréhender le comportement routier de la Mazda RX-8 il convient de jeter un oeil à sa fiche technique : grâce à sa petite motorisation, la RX-8 est relativement légère, en plus de cela, elle bénéficie d’une répartition des masses quasi idéale, soit 52% du poids sur l’avant et 48% sur l’arrière…, les liaisons au sol sont assurées par des doubles triangulations à l’avant et un essieu multibras arrière.
De surcroît, la Mazda RX-8 est aussi une propulsion équipée d’un autobloquant Torsen avec différentiel à glissement limité sur l’arrière…, enfin, les grandes roues en alliage léger de 18 pouces sont généreusement chaussées en 225/45 Bridgestone (des Potenza RE 040)…, le tout est secondé par une bride électronique TCS comprenant l’ABS, le répartiteur électronique de freinage et un correcteur de trajectoire.
Le freinage à quatre disques ventilés est mordant et efficace, la direction assistée est électrique, le train avant vif et précis, permet de bien placer l’auto très peu sujette au sous-virage…, l’arrière suit sans broncher, la RX-8 survirant alors gentiment à plat, le Torsen démontrant sa suprématie sur les autres systèmes…, on en vient alors à se demander si les aides électroniques embarquées présentent un réel intérêt, tant l’équilibre du châssis est extraordinaire…, cela bride un peu le plaisir, mais la suspension assez ferme maîtrise très bien le roulis et les mouvements de caisse, bien aidée par les pneus à flanc bas.
Volontaire, performante, équilibrée, efficace et réellement grisante, la Mazda RX-8 affirme donc bien son tempérament sportif quand on lui rentre dedans…, les chronos sont d’ailleurs là pour le prouver : 0 à 100 Km/h en 7″4, 1000m DA en 26″9 et une vitesse maxi de 235 Km/H…, sur parcours sinueux, les relances après chaque virage sont assurées par le moteur atmosphérique très progressif et linéaire qui permet de ne jamais être surpris par des réactions brutales, ici l’homogénéité, l’efficacité et le plaisir sont les maîtres mots !
Fin 2008, une refonte de la gamme a été opérée, incluant des modifications esthétiques (restylage de la carrosserie avec l’adoption de nouveaux boucliers et de nouvelles jantes) et des modifications techniques (rapports de boîte raccourcis, rigidité structurelle augmentée et une baisse de poids de 41 kg)…, Mazda a arrêté la production mondiale de la RX-8 en juillet 2011…, la cote de premiers coupés Mazda RX-8 192 chevaux est (temporairement) descendue sous la barre des 10.000€, ce qui constitue un prix d’appel terriblement alléchant.
Côté entretien, le moteur Renesis accepte très bien les huiles synthétiques modernes, comme par exemple la Dexelia 5W40 recommandée par Mazda, avec une vidange tous les 10.000km ou annuelle…, principalement, il faut prendre soin de laisser le rotatif monter en température avant de rouler et éviter de couper le moteur à froid pour éviter tout risque de le noyer…, Mazda a corrigé cela, avec un nouveau démarreur (dont cette voiture est équipée) et une mise à jour de l’ECU pour l’injection d’essence (un rotatif sain a un démarrage sans à coups, un ralenti qui se place à 2000 tours à froid puis baisse progressive vers les 900 tr/min une fois chaud)…, véritable anticonformiste dans la production automobile, la Mazda RX-8 joue la carte de la différence doublée de celle de la sportivité en coupé 4 places…, vendue à un prix abordable, cette Mazda RX-8 séduira tous ceux qui refusent le conformisme…
Rougeur des yeux, éclats de rire spontanés, légères difficultés motrices et temps de réaction supérieur à la normale…, voilà mes symptômes en finale de cet essai, il est en effet fréquent que, quelque temps après un choc émotionnel positif intense, je ressens une désorientation entraînant une potentielle dépendance et un syndrome motivationnel…, en cette suite, reviendou dans ma voiture, je me suisse demandé si un non-voyant pouvait rêver en couleur… et durant les trente minutes de mon trajet-retour, j’ai voulu répondre aux grandes questions de l’existence pour tenter d’oublier mon extase en RX8 : les trous noirs par exemple, je suis sûr qu’il est possible d’en recréer avec des produits ménagers, il suffit de chercher la recette… et puis, aussi, existe t-il un monde parallèle dans lequel il n’y a pas de monde parallèle ?
Ça bouillonne dans ma tête…, internet est avant tout un espace de divertissement, une pause…, fin de la discussion…
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