2006 Weineck Cobra…
C’est une sorte de formidable véhicule, un engin genre diligence-autobus-tramway-locomotive sportif à l’allure de Cobra, typiquement réplique, plastique pire en pire qu’une Scobra franchouillarde sur châssis et moteur VW flat-four, une espèce de PGO mutante, une Pilgrim body-buildée…, en tous les cas, elle et elles ne sont que des “plastiques-injures” à l’adresse de Carroll Shelby, en ce cas çi c’est une revanche Allemande sur la bataille des Ardennes, une arme de destruction massive, un V-8 en continuation des V-1 et V-2 Allemands, un truc apocalyptique emplit de morgue suffisante… de prétentieux mépris, une insulte esthétique à la mémoire d’AC…
Les Frères Claus et Jens Weineck, fondateurs de la société Weineck basée à Bad Gandersheim, Allemagne, ont depuis longtemps “le knack” pour les gros moteurs destinés à des courses de dragsters (voitures et bateaux), ils ont aussi un faible pour la Cobra anglo-américaine des années 1960, l’AC Cobra…
Cette alliance contre nature a donné naissance à la Cobra la plus puissante jamais créée, mais aussi une des voitures de route parmi les plus impitoyables jamais construites… et lorsque ce cataclysme roulant personnalisé a été déclenché en 2006, il atteindrait 124 mi/h en moins de 10 secondes soit au même niveau que l’Enzo Ferrari, la Lamborghini Murciélago, la Mercedes CLK GTR et la Porsche 911 GT1…, pour y faire, c’est un V8 Nascar de 12L900, développant plus de 1.000 chevaux qui y a été greffé
Oyez, oyez, Gentes Dames, Gents Messires, oyez et regardez cette Weineck Cobra…, l’Allemagne automobile (Deutchand Uber Alles), ne souffre aucune rigolade… aucun humour… pas l’ombre d’un double-sens franchouillard… l’Allemagne automobile, c’est du sérieux, au garde à vous, arbeit, loss, le premier qui sourit se voit amputé des dents, scotché, interdit de séjour…, l’Automobile Allemande est belle comme une Gréta Munichoise, bière comprise entre les cuisses, fière, chacun doit bander et hurler sa joie…
C’est parce que vous ne connaissez pas le subtil contenu des revues automobiles allemandes que vos yeux ébahis ne parviennent pas à transmettre à votre cerveau embrumé ce que vous lisez, et qui est pareil à ce que j’ai écrit :
Dans une revue Allemande une auto se décrit avec emphase et bonheur, style :
Ach so, ceci est une auto…
Ceci est une auto grise…
L’auto grise est grise…
L’auto grise est une Weineck…
Essai…
J’ouvre la portière…
La portière est ouverte…
La portière ouverte n’est pas fermée…
Je m’assied dans l’auto grise, qui est une Weineck, par la portière ouverte…
Je suis assis…
Je ferme la porte…
La porte est fermée…
Le volant est devant moi…
Le volant est rond…
Zzzz…zzzzzzzzz…. zzzzzzz… rrrr…zzzzzz zzzzzz zzzzz… zzzzzz…zzzzzz
Pour illustrer ce type de texte interminable qui est TOUJOURS suivi d’un tableau technique tenant compte de l’importance de la gravité lunaire, de la pression barométrique, du sens du vent et de l’âge du conducteur avec son curriculum vitae… sont disposé, en ordre serré, rigoureux, des photos en plans colorés d’énormes dimensions…., un délire !
C’est parce que la langue allemande a un mot pour décrire chaque chose, tout se décline, donc pas de double-sens possible, c’est tout un pan de l’humour typiquement franchouillard qui y est intraduisible…, même l’humour britannique y est hermétique, comme en ’40…
Arrivons-en à cette auto…, cette apocalyptique engin, machine aux roues colossales… cette diligence fantastique… avec d’énormes moyeux… une chaudière genre marmite de distillerie… deux cheminées d’échappement horizontales, longues, chromées, immenses… méritait une description à l’avenant de ce qu’elle est…, suivez le guide…
A l’avant… des pistons cuivrés en oxyde de titane, terribles… toutes des espèces de balanciers… soupapes… ustensiles inouïs… et puis quelques coquetteries sublimissimes d’un total mauvais goût…, il manque des dais, guirlandes,… crédences, fanfreluches et même quelques pots de fleurs et aussi un nain de jardin au volant, important…, une naine sans culotte sur le siège de la passagère, mais avec culotte de cheval acceptée pour faire zoli, “shoennne“, beauté rare, illuminescence de la connerie, ce bazar hétéroclite est un mélange de machinerie et de fanfreluches romantiques…, ne manque qu’une banderole, une inscription : “Das Grosse Machine” Wunderbar ! Prosit !
Cet extraordinaire chariot walkyrien roulera même… dans un grand accompagnement de musique effrayante, avec cuivres et tubas… au moment voulu… de tonnerres fulminants.
Ah ! Quelle surprise !… que cette chose ! Vous avez vu cet émoi qui est mien ?… Qu’on est heureux de la voir !… Après tant d’années moroses… passées dans les larmes… Je veux être le tout premier à embrasser les auteurs de cette fumisterie… Quelle joie !… Quelle joie !… Sans nul doute des Herr Doktors, des ingénieurs garantis d’époque… pesants… tranchants… discuteurs… redingotes… avec des aides portant divers instruments… d’arpentage… des équerres… des chevalets…
Si croyez-moi, j’en agrippe un par le bras levé en salut, cet ingénieur me fait des signes, des calculs sur le sol…
“Monsieur !… Monsieur !… Qu’est-ce que cela ?… Cette énorme horreur… dites-moi ?… Quelle épouvante !…”
L’ingénieur ne répond pas…, il est plongé dans ses calculs… ses assistants mesurent le sens du vent… mesurent encore… jaugent… estiment… les distances…, je m’affaire… m’effraye… Non vraiment cela !… ne comprend plus rien…, enfin les calculs sont terminés…
“Elle passera le T.Ü.V.“, déclare l’ingénieur fermement…, c’est sa conclusion…, les autres répondent en choeur : “Elle passera le T.Ü.V. !“…
Effroi… je regarde l’abominable monstrueuse mécanique… le sens des choses me tombe des mains…, très grande animation… A quoi sert cette abomination ? A aller au fond des tavernes… bouges… boutiques… bastringues… un bordel… au coin d’une rue…? Et pour qui ? … voyous débraillés… marins ivres… quelques bourgeois… des douaniers transsexuels ?
Confusion… cohue… petits ensembles… trios… refonte des idées dans la masse… le moment est venu, viendou le temps de se faire enculer profond…, le principal intérêt de se pavanner dans l’objet…, c’est assurément de reluquer quelques filles de joie, qui, de joie, vont s’extasier d’horreur…, les prostituées en chemise risquent de sortir effarées du bobinard…
Débardeurs… soldats… poursuivants… marins… marchands de frites… bistrots… etc… devraient suivre, épouvantable émeute, suivis par le fantome de Carroll Shelby et ses huissiers, avec la cavalerie, John Wayne ressuscité…, la charge héroïque, Apocalypse now… Tirez pas sur le pianiste !
Mais voici un groupe de clients plus homogènes…, des gnous bétifiants amateurs de kit-cars, des enculés transportant des sacs d’or pesants…, ils avancent en érection de béatitude à la queue leu jeu… vers cette chose abominable, voyez ils se branlent autant que d’autres s’en branlent…, ils avancent fort péniblement… mais toujours dansant, tanguant, cependant… pesants comme des ours… Ils s’appuient sur de lourdes cannes.
Eclate, à ce moment même, du moins c’est ainsi que ça devrait être…, au fond de votre écran, la farandole criarde de quelques pianos mécaniques…, la farandole des enculés…, fantaisie… une danse d’ensemble…, ils gesticulent leur bonheur…, ils parviennent même à jouir après mille efforts et puis, stomaqué de folie, disparaissent dieu seul sait où…
La foule…, la foule arrive, transportée de joie, walkyrie, pour acheter la Grosse Machine, ein, zwei, drei… ali allo, allah qui n’en peut… piting !, la foule est là avec des soupières pleines d’or, avec des grosses valises remplies de billets, des vieux ReichMarks… malles, coffres etc… tous les pays… chacun avec son véhicule typique à échanger, plus si affinités…, un riche Anglais avec son domestique…, un lord en mail-coach… quelques Français avec leur bérèt basque, litron de pinard et baguette sous le bras… ils demandent le prix du superbe engin… On le leur dit… 150.000 euros plus les suppléments, et il y a plus de suppléments que d’auto…, ils sont contents !
Gigue…, toute la foule danse un petit moment avec eux…, les FeldGendarmes essayent de ramener un peu de calme…, les douaniers sont débordés, sacrent et menacent…, voici une famille espagnole qui débarque par l’autre côté…, mère solennelle… filles…, senoras… un grand char-à-bancs, des mules…, la route 66 en Cobra Weineck !…
Voici des Russes qui débarquent avec leurs traîneaux et leurs ours…, danse des ours et de la foule…, les ivrognes aussi… dansent, on s’amuse fort…
Mais voici d’autres clients… d’autres enculés vivants, le cul ouvert de bonheur… ceux-ci roulant d’énormes tonneaux d’or fondu…, danse autour des tonneaux… autour… entre… sur les tonneaux…, farandole…, voici même des Marchand d’autos… avec des pépèttes plein les bras…, danses…, les filles du coin veulent arracher leurs vètements… se doigter de plaisir…, la police doit intervenir…, grande bataille avec les enculés qui protègent les filles…, l’ingénieur en chef est partout à la fois…, il gronde… tempête et les douaniers partout toujours, furetants, ramassant les billets volettants.
Grande rigolade…, voici les boss, les deux frères Weineck qui débarquent avec leurs familles entières… ils comptent l’or et les billets… ils chevauchent un tandem tout primitif et un petit panier derrière pour les nombreux enfants, cinq ou six…
Voici un Sheik et son harem sur un dromadaire… (danse…), voici un maharadjah avec son éléphant sacré…, la foule s’amuse…, grand brouhaha…, la folle mêlée…, mais voici la grande clique des journaleux en quète de parapluies, de colifichets, de gadgets, tout et n’importe quoi pourvu que c’est gratuit en échange de quelques papiers totalement à l’inverse de ce que j’écris… congestionné… apoplectique…
Ho ! Hiss !… Ils tirent les journaleux… à coups d’efforts saccadés, soudés collés en grappe sur le câble du web…, immenses efforts…, ils sont vêtus de haillons…, terribles…, picoleux…, ils se passent le “rouge” tout en recopiant les commentaires du chef des relations publiques… et titubant à la “régalade“…, tout ceci en musique “putassière“…
Toute la grappe des journaleux est par instant, par sursauts, happée par le vide, besoin d’aller chercher d’autres parapluies et colifichets ailleurs d’ici…, c’est que le monde entier, le monde des enculés…vient à leur aide… bientôt tous s’y mettent… ils lisent leurs conneries, ils y croient même… c’est écrit dans le journal, donc c’est vrai de vrai… débardeurs… truands… soldats… marins… putains…, c’est la grande entr’aide des cons, comme dans un salon de l’auto, toujours en flux et reflux… Victoires et défaites… Le vent des pets conjugués de la médiocrité…, cependant, est le plus fort… finalement…, il entraîne tout le monde vers l’absurde… le monde se vide !…
Toute cette foule est pompée à rebours !… par un retrait soudain de leur câble…, tout essoufflés…; ils rencontrent des usagers qui se sont fait avoir dans la grande profondeur… niveau puits sans fond de la connerie, juste débarqués… et bien malades…, ces nauséeux chavirent, roulent et tanguent… allant et venant, regrettant de s’être faits enculer grâââââve…, ils sont verdâtres et défaits…, ils sortent de leur inconscient…, ils ne savent rien du tout !…, ils veulent rentrer chez eux dans leur auto grise… poursuivre leur voyage vers le néant…, on leur montre l’écriteau… “A vendre, prix d’ami“…, ils s’en vont par là titubants avec leur mélancolie…, joie !…, joie !… minute émouvante au possible !
On s’embrasse… on s’étreint !…, triomphe !…, on se fête…, on se cajole…, on s’esclaffe…, on jubile…, tout cela… très vivement… sadique… cruelle… mélange… chaos… tout est en ébullition…, moi-même, au comble de la joie de voir tant de mascarade inutile…, me rue sur ma voisine, ma voisine au hasard… le hasard fait bien les choses, grande mince, blonde, aux gros seins pendouillants…
Ich Liebe…, j’arrache son corsage… sa robe… la voici presque nue… elle a perdu toute pudeur…, sa Tante Odile est outrée…, elle essaye de me raisonner : “Monsieur, vous êtes quelqu’un de bien… prenez-moi plutôt qu’elle…“…, on retient tante Odile qui veut me violer…, ma voisine sanglote dans les bras de sa tante…, elle ne peut plus rien pour ma turgescence… je suis maudit…, l’esprit du mal est en moi…, tante Odile, si finement, gracieusement réservée et convenable, est à présent déchaînée… elle arrache ses vêtements… contaminée… elle se mêle aux voyous… aux prostituées… elle exige toujours plus de liqueur…, il lui faut du lubrique !… de la frénésie ! soit !…, le délire la saisit alors… monte en elle… elle danse avec plus de flamme encore, plus de fougue, plus de provocation, de lubricité, que tout à l’heure…, c’est une furie… une furie dansante…
Mais voici un boucan énorme !… fantastique !…, un bruit de locomotive… de pistons… de vapeur… de cloches… de trompette… de chaînes… de ferrailles… tout cela horriblement mélangé…, les ingénieurs de tout à l’heure repoussent la foule… se frayent un chemin…, un gamin les précède… avec un drapeau rouge et une cloche qu’il agite…, qu’on s’écarte… qu’on s’écarte ! place !… l’engin terrible… rugissant, soufflant, vrombissant… apparaît peu à peu… c’est la Weineck Cobra, la phénoménale beauté arienne de tous les véhicules automobiles… l’ancêtre de la locomotive, de l’auto, du tramway, de toute la mécanique fulminante… engin énorme, fantastique, effrayant… il a sa musique, genre fanfare Tyrolyenne en lui… la foule se tourne vers le monstre….
La machine infernale avance toujours peu à peu…, un homme debout sur le capot, joue de la trompette, l’émotion dans la foule est à son comble… l’enthousiasme aussi… des vélos entourent le monstre… les cyclistes tirent du pistolet, une farandole autour du monstre… faire du bruit !… on aperçoit à présent tout cet énorme ustensile qui avance tonitruant et majestueux… on fête le monstre vrombissant… on se passionne… le drapeau américain est déployé… l’engin vient d’Amérique disent les ingénieurs… la foule ne peut s’empêcher de regarder… fascinée… l’extraordinaire véhicule… la foule s’engouffre… derrière la Weineck Cobra… des jeunes filles, toutes émoustillées, effrénées, bondissantes, affirment que la vie est courte !… qu’il faut s’amuser… toujours plus loin… qu’il faut acheter la Weineck Cobra… qu’il faut boire et oublier…
C’est tout… et c’est trop…, cette magnifique horreur, se décrit en quelques lignes mais il en faut beaucoup plus pour les comprendre…, cette Weineck est un KitCar de pacotille vendu 6 à 7 fois sa valeur… un châssis et une carrosserie pompé de la marque Pilgrim, la pire, celle qui ne copie même pas correctement les lignes de la Cobra originelle… rien ne correspond, tout est mochement réalisé…, les jantes sont des abominations, rien à voir avec les jantes Halibrand des Shelby Cobra… les proportions loupées, l’intérieur saccagé…, le capot avec son nez de cyrano débile, les inscriptions 427 et autres 780 en contradiction entre-elles, tout, tout, tout…, la voiture parfaite du garçon coiffeur ou du portier de boîte de nuit, bodybuildé, maqueur, avec chaînettes en or et bagouzes, lunettes dorées et sourire perpétuellement con…
Le pire, le prix astronomique de 150.000 euros plus suppléments obligés qui doublent la note salée, la rendant inmangeable… pour qui connait vraiment le prix d’une Pilgrim et d’un Bloc V-8 importé du Mexique pour moins de 5.000 US$ tout compris…
Il n’y a rien d’USA dans cette bricole, la carrosserie a été mal copiée des Pilgrim anglaises qui ne sont déjà que des merdes ambulatoires, le châssis est “ingénièriquement” tordu avec des composants de Ford Escort et de MGB ainsi que Jaguar XJ-6, le moteur est mexicain, le tout est fabriqué par des Turcs et vendu par un Tyrolien avec une tête de Russe…, une voiture uniquement “vantée” (style pets) par des journaleux en quète de parapluie et de colifichets…
J’aurais peut-être été moins virulent, sanglant en d’autres circonstances, mais au Salon ou des Heer Doktors-ingénieurs exposaient cette affaire, l’ambiance était trop hautaine pour être acceptable…, je renvoie donc le pot de chambre, plein à ras bord…, vous avez bien le bonjour…, mort aux cons…
Cette “chose” qui devait atteindre les sommets vertigineux, a finalement été liquidée par RM/Sotheby’s à la vente de Paris du 6 février 2014 pour 61.600€uros…
Hommage inspiré à Céline…