Invicta S1…
« The most wonderful performance in the world », était le slogan d’INVICTA à l’époque où cette marque britannique était un gage d’excellence parmi les amateurs bien informés.
Invicta était un constructeur automobile britannique qui a existé par intermittence sur plusieurs décennies, de 1925 à 2012.
Fondé en 1925 à Cobham, Surrey (en) en Angleterre, par Noël Macklin avec l’appui financier d’Oliver Lyle, Invicta devait révolutionner le monde de l’automobile sportive, mais le rêve s’est terminé en cauchemar en 1933, pour renaître à Chelsea, près de Londres la même année : une tentative de reconstitution utilisant des composants Delage et Darracq qui n’a pas réussi à décoller…, à la suite de ce nouvel échec une cour de justice rendit une ordonnance de liquidation le 3 mai 1938…
Le succès sportif d’Invicta venait des capacités de conduite de Violette Cordery, la belle-sœur de Noel Macklin, elle remporta le demi-mile au sprint du West Kent Motor Club organisé à Brooklands en 1925 au volant d’une 2,7 litres…, en mars 1926, Violette Cordery et une équipe de six pilotes établirent de multiples records de longue distance à l’Autodromo Nazionale Monza en Italie, couvrant 10 000 miles à la moyenne de 56,47 miles par heure, et 15 000 miles à 55,76 mph5… et en juillet 1926 à l’Autodrome de Linas-Montlhéry de Paris, ils couvrirent 5 000 miles à 70,7 mph, en plus de 70 heures de conduite ininterrompue, supervisé par le Royal Automobile Club…, Violette Cordery obtint le Trophée Dewar pour cette performance, et l’obtint une seconde fois, plus tard en 1929, pour la conduite de 30 000 miles en 30.000 minutes à Brooklands, avec une moyenne de 61.57 mph5,6,7.
Donald Healey gagna une victoire de classe en 1930 au Rallye de Monte-Carlo, et a remporté purement et simplement la manifestation de l’année suivante dans une S-Type tandis que Raymond Mays décrocha le record de classe Brooklands Montain Circuit en 1931 et 1932, et carrément le record des voitures de sport à la Course de côte de Shelsley Walsh la seconde année.
Le nom fut repris après guerre, en 1946, par une organisation se dénommant “Invicta cars of Virginia Water” située dans le Surrey, qui fabriqua la Black Prince, une sportive de luxe en aluminium équipée d’un trois litres six-cylindres avec double arbre à cames en tête et trois carburateurs donnant 120 chevaux.
Extrêmement complexes et très coûteuses, ces voitures étaient équipées d’un convertisseur de couple (Brockhouse Hydro-Cinétique Turbo Transmitter) remplaçant entièrement la boîte de vitesses…, la suspension était entièrement indépendante, à barres de torsion et vérins électriques… et d’autres innovations de luxe comprenaient un chargeur intégré de la batterie sur le courant domestique, un appareil de chauffage d’immersion dans le moteur, le chauffage intérieur de l’habitacle et une radio…, seulement 16 Invicta furent construites et 12 ont survécu ! La nouvelle société dura jusqu’en 1950, elle fut achetée par Frazer Nash… qui n’en fera strictement rien d’autre que la revendre 30 ans plus tard, en 1980, à Michael Bristow.
Ce rêveur plus où moins bien fortuné va attendre 24 ans (quatre ans après le début du second millénaire soit 2004) pour créer “l’Invicta Car Company Factory de Chippenham, Wiltshire, Angleterre”…, pour produire l’Invicta S1 en collaboration avec Chris Marsh & Leigh Adams.
L’invicta du nouveau millénaire n’était qu’une sorte d’Aston-Martin réinspirée des Corvette avec la forme d’une Mustang aplatie… motorisée par un V8 4L6 de 600 chevaux fournis par SVT-Ford-America, l’engin diabolique étant censé dépasser 320 km/h.
La gamme de prix s’étalait entre 106 000 £ et 160 000 £ (156 000 à 236 000 dollars US), valeur décembre 2008…, la voiture disposait de freins AP racing à 6 pistons à l’avant et 4 à l’arrière, d’amortisseurs entièrement réglables, de double triangle de suspension, d’un différentiel BTR Hydratrak à glissement limité, le tout lové dans un châssis-cage tubulaire, la répartition du poids étant de 50/50
Pour les dirigeants de cette firme qui ont développé cette voiture dans le plus grand secret, la S1 était fidèle à l’esprit de cette marque prestigieuse qui proposait des véhicules de hautes performances, d’où la création d’un logo ressuscité vu pour la dernière fois en 1933, comportant au centre, un grand « I » chromé, le mot “INVICTA” en lettres noires inscrites verticalement l’une sous l’autre… tandis que deux ailes abondamment emplumées s’ouvraient largement sur les deux côtés, chaque plume passant du vert au bleu pour se terminer par une pointe rouge.
Ce logo, réalisé en émail, figurait sur l’entourage du radiateur des modèles classiques d’lnvicta comme la “100 mph S-type”, qui avait été gagnante en 1921 du Rallye de MonteCarlo pilotéé par Donald Healey, futur fondateur d’Austin-Healey.
Entre 1925 et 1930 cependant, les lnvicta arboraient un logo beaucoup plus simple, un rectangle festonné aux angles, encadrant élégamment le mot “INVICTA”, en lettres capitales noires émaillées., l’ensemble ressemblait plus à une plaque de notaire qu’à un logo de radiateur, mais il était impossible de les confondre avec une autre voiture.
Utilisé sur la luxueuse Invicta Black Prince de 1946-1959, le logo était également apposé sur les sièges en cuir, référence adroite au riche héritage Invicta.
Développés par la société britannique Invicta Car Company Limited, et construits “à la main”, les premiers modèles ont été livrés début 2004…, la S1 GT était annoncée comme un coupé sportif de grand luxe sans compromis, se positionnant donc à la fois comme une GT de grand luxe et comme une voiture de sport conçue pour la compétition (sic !).
Bien sûr, les feux arrières de VW Passat associés à la résurgence d’un vieux blason médaillé dans les années 30 faisaient faire tâche… et pourtant, l’Invicta S1 qui poursuivait de ses assiduités les regroupements d’automobiles d’exception depuis 3 ans n’avait rien d’une voiture du peuple…, bien au contraire.
Autant dire que le succès ne fut pas au rendez de l’histoire… puisque depuis 2006, seulement 9 voitures ont été vendues et que les 6 autres qui étaient en attente de production sont restées inachevées…, durant quelques années Michaël Bristow a tout tenté, en vain…, et en 2012 c’était terminé, la clé sous la porte et adieu….
Voyons le verre à moitié plein…, malgré un dessin guère engageant sous les spotlights, l’Invicta S1 se dévoilait mieux à la lumière du jour où ses proportions trapues et son pavillon ultra bas faisaient se retourner quelques rares quidam amateurs.
L’usine à gaz qui équipait la S1 n’etait qu’un V8 Ford qui équipait entre autres les Mustang et qui se voyait dopé dans sa version la plus belliqueuse (Shelby) par l’adjonction d’un compresseur qui s’il ne perdait pas connaissance au vu des courbes de la belle, se mettait en transe au lancement des 8 pistons.
La gamme (car il y avait une gamme !) proposait 3 types de puissance: 320 ch ou 420 ch avec le V8 4.6 l à 4 soupapes par cylindre et 600 chevaux pour le V8 3 soupapes de 5.0 l de cylindrée équipé d’un compresseur.
L’idée du boss était de créer une GT spacieuse doublée d’une sportive de haut niveau, de quoi voyager vite sur les routes toutes limitées en vitesse… ou en ville dans les encombrements ou le moteur chauffait comme une cocotte minute !
Côté sportivité, cela semblait toutefois pouvoir coller puisqu’en mode 600 chevaux, les performances annoncées faisaient état d’un 0 à 100 en moins de 4 sec et plus de 300 Km/h en pointe.
Autre particularité de l’engin, son châssis était tubulaire mais recouvert d’une couche de carbone…, une exclusivité technique (sic !) qui permettait à Michaël Bristow de prétendre que son Invicta ne pesait que 1400 kg.
Décidément l’Angleterre par ailleurs si moribonde était alors encore vraiment plus que dynamique pour attiser la curiosité des animaux à sang chaud, tout cela évidemment sur, et exclusivement sur le territoire britannique.
Pour refroidir tout ça, les tarifs débutaient à 155.000 euros pour “l’entrée de gamme”, 175.000 euros pour la version 420 chevaux et près de 220.000 euros pour la grosse Bertha…, les modèles peuvaient être livrés en conduite à gauche et également en 2 ou 2+2 places…, le tout étant assorti d’une garantie 3 ans ou 100.000 km.
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