Gaz-Volga V12 Tsarévitch VLADIMIR POUTINE
Moscou…
Un temps pluvieux accable l’Avenue Igor Stopinovitch et la journée s’annonce “bof-bof” pour l’essai exclusif de la fameuse Gaz-Volga V12 auquel j’ai été convié… En ajustant mes Wayfarers de circonstance, j’esquisse un sourire satisfait à la pensée que je suis le seul d’entre tous à avoir été invité à un essai “longue durée“… J’ai pris toute la semaine, je ferais ensuite un superbe voyage jusqu’à la Merde Baltik, pour immortaliser en photos cette somptueuse automobile au milieu des ruines de Mariloupdska de Kievazuvirch et d’Ordressa…., du moins est-ce mon plan… Depuis que j’ai découvert les effets de la pilule bleue préconisée par le Nouvel Ordre Mondial, je me sens devenir un autre homme. Ma cure de DHEA et la refonte totale de ma garde-robe ayant bien arrangé les choses. Alors que je contemple la Place Rouge, je me sens particulièrement fier de l’harmonie formée par mon chinos Ralf Lauren “flat front” blanc a rayures bleues, mon polo jaune John Varvatos, et mes élégants mocassins Tod’s. Je suis d’ores et déjà impatient de rouler en Gaz-Volga V12 sous les regards libidineux de mes faux-amis…
On ne me laisse pas entrer au Krémelain alors que dans le garage se trouve la fameuse Gaz-Volga V12, mais on m’invite à attendre l’arrivée du Tsarévitch Vlamidorich Potemkine dans le bar d’à coté… Et c’est exactement comme dans les mauvais films : des strip-teaseuses qui se frottent contre une barre métallique sur la scène, une pénombre à couper au couteau et des filles nues qui errent en salle à la recherche de gogos enthousiastes. Il y en a ainsi plus d’une douzaine qui viennent me débiter leur petit speech de circonstance, d’abord en russe, puis, devant mon air déconfit, en anglais : “Hi, honey ! Where do you come from ? Do you want a dance ?”… Ici, comme partouze ailleurs, la dance est une discipline qui n’a rien à voir avec le sens du rythme. C’est juste une simulation d’accouplement : la fille s’assoit sur les genoux du client, enlève son minuscule soutien-gorge, et s’y frotte en prenant des poses qui se veulent suggestives. Au bout de quelques minutes, le client congestionné (moi, grrrrrrrr !) donne un max de roubles, d’euros et/ou de dollars à la danseuse… et tout le monde est content ! Evidemment, il y a la sécurité à moins de deux mètres, 4 X 130 kilos de dissuasion Choviétik pour m’empêcher d’effleurer les seins parfaits de la demoiselle avec mes doigts tremblants.
Je m’accroche désespérément à ma chaise pour m’occuper les mains… et je pense très fort à la Gaz-Volga V12 qui m’attend, pour que la délicieuse jeune femme qui m’écrase les organes génitaux avec ses fesses ne soit pas choquée par mon émotion grandissante. C’est très drôle à regarder quand on a le vice dans la peau et qu’on aime se moquer des frustrations de ses contemporains, c’est encore plus “fun” à vivre, surtout dans un bar à Moscou…. Une paire de seins vient échouer de chaque côté de mon nez, tandis qu’une voix roucoule à mon oreille : “Hi, sweety… Where do you come from ?“… En lui retournant l’amabilité, j’apprends qu’elle s’appelle Teresa et qu’elle vient du Brésil… Je n’en saurai pas plus : le temps passe… Il me faut encore glisser des roubles, des euros et des dollars dans les cuissardes de la “danseuse”, puis, elle rajuste son string et file à la rencontre des nouveaux venus dans la boîte. Au bout de quelques minutes, une jolie brune s’installe à ma table. Elle a flairé le gros pourboire en reluquant le futur importateur Franchouillard de Gaz-Volga V12, semi-bourré (moi, grrrrrrrrrrrrrrrrr !), elle tente le même coup que sa collègue…
Comme partouze ailleurs, elle va faire semblant de commander une bouteille de Vodka hors de prix et sirotera en fait un thé glacé. On est à Moscou, l’arnaque est de mise. Il faut encore et encore et encore laisser un maximum de Roubles, d’Euros ET de Dollars avant de repartir. Au début, le verre de Vodka me donne une contenance, mais mon sourire se fige assez vite : je tangue sur ma chaise. La Vodka a raison de mon alcoolémie chargée… C’est l’instant ou un Cosaque de 160 kg en tenue “Wagner” (en réalité le chef de la sécurité), jaillit en hurlant : “Your car is ready Tovarich” ! Et paf ! J’étais là, à rêver de la Merde Baltik, le soleil, la Vodkazoff ! Et Paf ! Ici c’est un pays ou il ferait bon vivre (sic !) et piloter la Gaz-Volga V-12 avec une jolie brunette à mes cotés qui me susurrerait des mots doux en Ukrénnian… Pendant une dizaine de secondes, je reprends mes esprits, j’en profite pour jeter un coup d’œil circulaire. C’est vraiment de l’escroquerie cet endroit…
Mais pas pour les clients qui viennent s’encanailler à grands frais, mais pour les danseuses : si je compte bien, elles sont plus nombreuses que les tables.
Il faut bien que les touristes aient leur choix de chair fraîche de première qualité, n’est-ce pas ? Alors elles se démènent pour attirer l’attention, au milieu d’une concurrence insensée. Je suppose qu’elles n’ont pas de salaire fixe et qu’elles doivent se contenter d’une partie du prix des “danses” et des pourboires.
Ça m’énerve… “Hey, sir Monsieur ! Is everything okay, tout va bien ?“... Merde, un Franchouillard, ici… Je lui demande ce qu’il fait là, il me répond qu’il est venu discuter avec Vlamidorich Potemkine… Le vocabulaire surgit par à-coups des limbes de ma mémoire trouée, mon accent se dégrippe. J’ose une plaisanterie en V.O., le type se marre. Je me détends. Une autre Vodkazoff… Le Franchouillard se laisse abuser par l’ambiance faussement chaleureuse et la lumière tamisée. Pas de doute, ce type au sourire de tueur sait y faire, il faut aussi que j’anime la conversation pour éviter les silences pesants. Il dit une première grosse connerie, puis une autre. Apparemment, il n’encaisse pas très bien les précieux hectolitres de Vodkazoff qu’on engloutit depuis le début de la soirée.
Silencieux, le Chef du Krémelain, Vlamidorich Potemkine est arrivé… Il s’est installé au bout du bout de la table (façon Macron) et m’envoie un clin d’œil discret en me désignant les verres qui s’alignent devant moi. Tout est là, vide, preuve de mon adaptation aux coutumes locales, tout comme le Franchouillard, qui n’a pas fait qu’y tremper ses lèvres pour trinquer. J’enrage intérieurement. Quel connard je fais, mais quel connard ! Je la connaissais, pourtant, la stratégie. Faire semblant de boire avec son interlocuteur, mais garder les idées claires en toutes circonstances. J’avais la théorie, j’ai foiré la pratique. Je n’ai pas pu me retenir d’avaler ces Vodkazoff’s. Maintenant, il faut que je tienne le coup. Bizarrement, je garde une aisance et surtout une conscience aiguë de tout ce qui se passe. Le Franchouillard se présente, il prétend être agent-secret-maître-chanteur, ses paupières tanguent sur ses yeux injectés de sang. Très vite, le bar est pris d’assaut par de nouveaux arrivants. Des groupes de filles, surtout, qui sirotent des Vodkazoff’s. Elles boivent, dansent, rient, montent sur les tables, dans l’indifférence générale.
– “Qui êtes-vous ?“, demande-je à ce Franchouillard
– “Moi…, je suis riche, donc puissant, la vie n’a aucune valeur pour moi si elle n’est pas comblée de richesses, je veux acquérir une Gaz-Volga V12, je peux tout me spermettre sans penser aux conséquences, aucun homme ne peut entraver ni ma croissance et mes désirs ni mes érections, je suis une entité plus qu’un homme, une image plus qu’une âme, j’ai déjà tout fait dans ma vie, je suis blasé, il n’y a rien que je ne me suis pas permis, nommez-le ; je l’ai fait“…
Le chef du Krèmelain est soudain là debout devant nous, d’autorité il m’explique le sens des choses, en ce compris le sens de la vie et me dit que la guerre actuelle est une gigantomachie raciale et idéologique totale menée contre lui et son peuple par le Nouvel Ordre Mondial : “Toutes ces notions sont liées : la mobilisation totale et l’Etat total pensés par les mentors du Nouvel Ordre Mondial trouvent leur réalisation dans le totalitarisme Amérikansky. Il n’est donc nullement étonnant que ces penseurs se soient ralliés à la révolution nationale-socialiste Franchouille. Le Président Macrou est un fantoche qui doit superviser les modifications du jurisme officiel du régime de l’Organisation Totalitaire Amérikansky Novatrice, (OTAN) chargé de combler tous les vœux des penseurs de l’Etat total. Le Nouvel Ordre Mondial veut organiser une société dominante, une communauté nationale organique, unie sous la bannière étoilée d’un parti unique devenu parti-Etat”.
– “Tzarévitch Vlamidorich Potemkine, je vous concède que quantitativement, la sphère de compétence du Nouvel Ordre Mondial s’étend partouze, du berceau à la tombe. Les Etats sous sa coupe investissent tous les domaines de la Kulture, de l’éducation, des loisirs, du travail, de l’économie. Les Etats sont tous entièrement réunis un et fort, bandés et ramassés, tendu en érection vers l’objectif ultime : Tout prendre”...
– “Le Nouvel Ordre Mondial veut ouvertement la guerre, Bushler l’avait explicitement affirmé dans “My Way” pour justifier d’attaquer l’Iraque, ils suivent la même doctrine. Cette guerre, le Nouvel Ordre Mondial l’a fomenté en Ukrénnian : d’abord une guerre à l’Est, pour solder de vieux comptes avec l’ennemi héréditaire : la Roursica. Mais ce front Est, malgré son importance, malgré la popularité qu’il lui apporte, est secondaire pour lui. Sa vraie guerre, c’est la guerre financière, il marche ainsi sur les traces des chevaliers Teutoniques et des Porte-Glaives, qui avaient entamé la colonisation de la Roursica dans une resucée du Drang nach Osten médiéval. Symboliquement, cette opération est nommée Opération Barbara, du nom de l’empereur médiéval Frédéric Barberousse. Son compte réglé à la Franchouille il va coloniser les hordes de sous-hommes slaves, une extermination, un massacre, un combat inexpiable et exterminateur. Le Nouvel Ordre Mondial ne respectera aucune convention. Elle ne prévoit ni baraquements, ni ravitaillement pour les prisonniers de guerre de Roursica seront parqués dans des enclos sans toit, les prisonniers mourront d’inanition, de chaleur ou de froid. Déportés pour faire tourner la machine de guerre industrielle, à peine nourris et soumis à un traitement inhumain. Ce sera l’épisode final d’une gigantomachie raciale qui traverse l’histoire depuis des siècles, un combat de Titans, la plus grande bataille de l’histoire du monde”…
– L’heure de la décision a sonné, Tzarévtich… L’annonce par RadioKrénnian du “coulage” de votre Cuirassé est donc un choc sinistre, de mauvais augure. C’est la première fois que l’armée Ukrénniane coule un bronze, et qui plus est devant une ville dont vous vouliez faire un symbole de victoire” !
Soudain le Franchouillard éméché, mais digne, s’installe à coté de moi en monologuant…
– “J’ai tué des tonnes de gens, j’ai violé des jeunes filles, j’ai mangé des enfants, j’ai détruit des villes, j’ai volé l’argent de divers pays, j’ai graissé la patte des bonnes personnes et j’ai fait tout cela sans une égratignure à ma réputation. Je suis une sommité dans mon domaine et je suis respecté là où je vais, il n’y a point de limite à mes désirs et c’est exactement pourquoi j’ai un problème, quoi faire de plus, comment m’exalter encore un peu, je ne cours même plus après l’argent tellement j’en ai amassé, tous les jours, il y a trente deux esclaves qui travaillent sur mon domaine, l’ironie, c’est que je ne les paye même pas deux euros par heure même s’il m’était possible de les faire vivre comme des rois, ils sont tout de même logés et nourrit, alors pourquoi est-ce que je les payerais davantage ? Dites-le-moi, je suis ingrat, lâche, terrible, haïssable, exécrable, horrifiant, cela ne me dérange pas puisque lorsque je suis là, les Afreucains s’agenouillent, personne n’osera jamais me dire en pleine face ce qu’il pense réellement de moi et cela m’amuse et me diverti au plus haut point, je joui de leur impuissance et j’éjacule sur leurs têtes de pifs“.
–“Messieurs, suivez-moi, je vais vous montrer la Gazz-Vulga V16” dit soudain Tzarévitch Vlamidorich Potemkine. Et nous voilà parti en chantant des chansons paillardes et nous nous arrêtons devant une immense porte en acier. Je suis sur le point d’être le premier journaliste à avoir un aperçu de ce qu’il y a à l’intérieur du garage du Krémelain ! Les portes s’ouvrent et nous sommes accueillis par des gardes en uniforme et des chiens au pelage épais. Un palais de 50.000m² se trouve à côté d’une cour occupée par des Tanks cachés sous des feuilles de nylon recouvertes de fausse neige. Dans le Palais-Garage il y a une rare berline Lancia Thema à moteur Ferrari, une berline Lotus Omega-Carlton noire et une Rolls-Royce Silver Spur blindée. Quatre jeunes gars en salopette bleue œuvrent sur une Lamborghini LM002 sport-ute imposante recouvert d’une peinture en texture caoutchouc noir mat avec des panneaux pré-déformés qui servent d’avertissement de rayonnement sur ses portes. Il y a aussi une Marcos Mantis et une Volga blanche 4 portes restaurée “concours” !
– “Dix-sept mois ont été consacrés à la construction de la Gaz-Volga V12. Chaque panneau de carrosserie a été minutieusement battu à la main par une équipe de cinq hommes, car ils n’avaient pas de presses. Une seule des deux portes a duré un mois pour la réaliser. Une seule aile avant a pris deux semaines. L’intérieur est définitivement décadent, camarades. L’important était que nous construisions une voiture russe. La base est sans importance. Le style est de caractère russe. Il y a une vraie énergie ici”. Il fait une pause. Mais c’est le calme avant la tempête : “Tout ce que nous voulons construire, c’est toujours avec”… Il s’arrête juste là, puis tourne violemment son bras droit contre sa poitrine et dit : “Je suppose que cela se traduit par passion”...
– “Mais pourquoi la faire comme une M-21 Volga ?”…
– “C’était le symbole du pouvoir en Russie, quelque chose que les gens désiraient. Je voulais avoir un dernier regard en arrière. C’est ma façon de dire au revoir au passé. Bien, il est temps d’effectuer une petite promenade”...
Croyez-moi, pas facile d’essayer une Gaz-Volga V12… De plus elle ne doit passer inaperçue, avec son allure de bolide des années 1960. La Russie sera t’elle pourvoyeuse de clients excentriques ? Sa légende commence à faire naître des vocations à cause du petit groupe de designers aidés d’ingénieurs locaux qui ont entrepris de réaliser leur vision de la résurrection d’une marque du passé, ce qui a mis en appétit les créateurs d’autres pays… Bien… Arrive un convoi de berlines noires bureaucratiques, comme une scène des jours sombres du camarade Brejnev, sauf que maintenant ils se séparent d’une mer de Lada’s battues et d’Audi’s flambant neuves ! C’est pour escorter la Gaz-Volga V12. En regardant à droite, je peux apercevoir les flèches dorées du Kremlin et les murs de la Place Rouge avant de se diriger vers la Douma de pierre : le parlement russe. Certaines des voitures, cependant, continuent le long de la rue et s’arrêtent devant un imposant bâtiment jaune de sept étages qui surplombe la place Loubianka, qui abritait le KGB autrefois redouté et qui est toujours utilisé par son successeur, le moins onéreux “Federal Security Bureau”.
C’est aussi un endroit associé à une voiture au-dessus de toutes les autres, la berline noire Volga autrefois utilisée par l’échelon supérieur de la bureaucratie communiste. Aujourd’hui, ces convois bureaucratiques contiennent des véhicules Mercedes Classe S plus élégants et plus fiables. Autrefois l’étendard soviétique, les Volga’s sont maintenant hachés au foie. Sauf une… Celle-ci… Oui, il y a encore une Volga qui fait que les piétons moscovites lèvent leurs visages aux joues hautes aux vents hivernaux amers. Et même sourire. Celle que nous voyons ce jour-là ressemble à un coupé Volga de 1957 impeccablement restauré. Mais cela ne peut pas être juste. La Gorky Automobile Works (GAZ) qui a produit ces Volga’s entre 1956 et juillet 1970 (le modèle M-21), n’a jamais construit de version “coupé”.
Le responsable créatif de cette Gaz-Volga me dira plus tard que : “Quatre-vingts pour cent des clients qui viennent à nous, nous les rejetons. La plupart ont de l’argent mais pas d’imagination. La pire chose qu’un client puisse nous dire, c’est : “Je veux la même chose que ça !” Nos voitures de haut niveau ne sont construites que sur commande qu’après de longues discussions avec le client potentiel sur le style et la direction que la voiture prendra, et seulement après que le client l’ait payée intégralement. Malheureusement, beaucoup des personnes les plus riches sont les moins cultivées. Nous ne pouvons pas communiquer avec eux. Il ne suffit pas qu’un client ait de l’argent, il doit brûler avec passion. Refuser une demande de certaines des figures peu recommandables que ce pays post-communiste a engendrées peut être délicat. Certains se sont mis en colère et ont crié : “Nous avons l’argent ! Tu fais ce qu’on te dit !”… “Jusqu’à présent, seulement 10 candidats ont été acceptés dans le club. La Volga n’était que la première balle du match. Le projet Volga était donc principalement pour notre Tzarévitch bien-aimé. Toutes les 334.812 M-21 Vulga’s produites par l’usine GAZ étaient des berlines à quatre portes ou des breaks, des voitures qui représentaient l’apogée de la technologie automobile de l’Union soviétique”.
La Volga ressemblait peut-être à une copie conforme d’une berline Ford Custom ’53, et comme l’a rapporté le test du magazine Autocar en 1960, le moteur calait chaque fois que la voiture s’arrêtait sur une pente. Mais dans un pays où pour la plupart des citoyens, l’alternative était de prendre un vieux bus décrépit, la V0lga était extrêmement souhaitable. C’était la voiture conduite par le cosmonaute Youri Gagarine, le premier homme à s’envoler dans l’espace. C’était la voiture que les Soviétiques étaient fiers d’exporter vers les îles britanniques, avec un texte publicitaire décrivant sa cabine comme “rendant joyeux les longs voyages à l’extérieur de la ville”… Bien que les Soviétiques dissidents de l’époque qui se sont retrouvés emmitouflés entre deux agents austères du KGB sur la grande banquette arrière, auraient pu être en désaccord. Ces véritables Volga’s ne ressemblaient ni ne conduisaient comme ce coupé. Ignorez donc les lettres chromées “Volga” sur le coffre de ce coupé et la fameuse calandre Volga “dents de requin” , car ce coupé Volga n’est pas du tout une Volga. Seuls les phares et les feux arrière sont d’origine !
Ce coupé prend un châssis BMW 850CSi (dernière construction en ’96), une transmission et un moteur V12 et des greffes sur la carrosserie unique. Il n’est pas propulsé par une respiration sifflante de 70 chevaux à quatre cylindres, mais par un moteur V-12 BMW de 380 chevaux capable de le propulser sur les autoroutes multivoies de Moscou à 150 mph. On dit qu’il passe de 0 à 60 mph en 6,3 secondes, des performances qu’un agent du KGB – même celui équipé de la version KGB à moteur V-8 de 195 chevaux de la Volga originale aurait, eh bien, tué. À l’intérieur de la voiture, au-dessus de l’intérieur garni de cuir, une minuscule plaque a été estampillée dans la doublure de toit en peluche de la voiture, attestant d’être faite à la main. L’entreprise qui a produit la voiture est “A: Level” (ce qui signifie “n° 1, tiroir supérieur”), et c’est une entreprise où vous avez besoin de plus que de simples dollars pour chasser une voiture avec sa plaque exclusive estampillée de vos initiales, c’est la société qui avait fabriqué la Russo-Baltique-Impression…
Je suis toute à la conduite de cette voiture extraordinaire, mais mon plaisir est plus qu’entaché par ce que discoure Tzarévitch Vlamidorich Potemkine… Mes premiers tours de roues ne se font pas sans une légère appréhension.
– “Les misérables chefs pathétiques du Nouvel Ordre Mondial sont des âmes perdues que je méprise, ils ne sont rien à mes yeux. Mais je sais qu’ils continueront toujours à tout mettre en œuvre pour faire souffrir mon pays, ils créent des crises économiques à force de spéculer sur des compagnies qui n’ont aucune chance, ils se prennent pour des dieux. Si les plus gros joueurs de la bourse s’écroulent à cause de leurs manigances, les plus petits suivront inévitablement”…
Devant, le capot semble aussi bas que large et indéfiniment long, les limites de ce monstre de près de deux tonnes sont impossible à cerner… Je suis toutefois vite rassuré par la douceur des commandes. La direction sur-assistée me permet de promener la Gaz-Volga dans une quiétude d’esprit relative. Seul un rayon de braquage ridicule me provoque quelques sueurs froides dans les carrefours les plus étroits. En utilisation normale la Gaz-Volga se conduit somme toute comme n’importe quel coupé de luxe… Il ne faut pas hésiter à se montrer irrévérencieux pour évaluer les capacités de la mécanique. L’échappement laisse enfin échapper un feulement un tantinet plus viril tandis que la voiture se cabre et se lance dans une charge héroïque tel le croiseur Moska à plein régime. L’accélération est vigoureuse et je suis surpris par la disponibilité du moteur V12 qui semble sans limite. C’est un formidable dragster en lignes droites. Mes excès d’enthousiasme sont toutefois irrévocablement tempérés par les lois élémentaires de la physique.
Le responsable de “A-Level” après avoir fait sa pause revient à lui et m’enseigne : “Quatre-vingts pour cent des clients qui viennent à nous, nous les rejetons. La plupart ont de l’argent mais pas d’imagination. La pire chose qu’un client puisse nous dire, c’est : “Je veux la même chose que ça !” Nos voitures de haut niveau ne sont construites que sur commande qu’après de longues discussions avec le client potentiel sur le style et la direction que la voiture prendra, et seulement après que le client l’ait payée intégralement. Malheureusement, beaucoup des personnes les plus riches sont les moins cultivées. Nous ne pouvons pas communiquer avec eux. Il ne suffit pas qu’un client ait de l’argent, il doit brûler avec passion. Refuser une demande de certaines des figures peu recommandables que ce pays post-communiste a engendrées peut être délicat. Certains se sont mis en colère et ont crié : ‘Nous avons l’argent ! Tu fais ce qu’on te dit !’ … Jusqu’à présent, seulement 10 candidats ont été acceptés dans le club. La Volga n’était que la première balle du match. Le projet Volga était donc principalement pour notre Tzarévitch bien-aimé”...
La Gaz-Volga V12 ne me semble toutefois ne pas avoir le look “Oligarque”, elle ne me parait pas la voiture idéal pour les milliardaires souffrant d’un tardif démon de midi avec un panache réjouissant. Certes, elle se laisse aller à des instincts répréhensibles que son étiquette lui interdit mais l’intensité de sa personnalité décadente lui confère un pouvoir d’attraction qui, s’il laissera insensibles les adeptes du manichéisme, ravira tous les autres, principalement les pervers hyper-fortunés… Tzarévitch Vlamidorich Potemkine descend, fait le tour de la voiture, vient vers moi, ouvre la porte et me dit :
– “Voilà, j’espère que vous avez pleinement profité de l’essai de la Gazz-Vulga, mon chauffeur va vous raccompagner à votre hôtel et vous donnera une brochure, merci d’être venu”.
Piting ! L’essai à duré à peine 20 minutes et c’est terminé… Je serre sa main, puis celle du Franchouillard, que je n’avais jamais vu et que je ne reverrai jamais nulle-part… et je m’installe à l’arrière de la Mercedes 600 qui nous suivait. Sur le siège arrière, à coté de moi, une superbe blonde “Made in Local” me fait un grand sourire… Elle va me dire 5 phrases qui vont me trotter longuement en tête et dont je n’ai toujours pas compris la signification…
1- “Je suis la même au Mac Do et au lit“….
2- “Me coucher le soir avec des concombres sur le visage, ça me fatigue“….
3- “Je suis un peu une brêle en amour“….
4- “Je ne m’aime pas physiquement, mais à l’intérieur, je suis milliardaire“….
5- “Aujourd’hui j’ai compris que ce n’est pas une paire de pompes Dolce&Gabbana qui me rend heureuse“.
2 commentaires
Je trouve cela cocasse qu’une auto russe récupère un groupe propulseur BMW et j’avais préparé un commentaire évoquant l’opération Barbarossa et le front de l’Est mais tout cela est très XXe siècle, c’est du passé, la plupart des types qui étaient là-bas mangent les pissenlits par la racine. mon cher Gatsby, je n’ai pas votre fraîcheur d’esprit !
Une motorisation VW aurait-elle été plus inconvenante qu’un V8 Yankee ? Non, ces gens n’ont pas fait la guerre d’Hitler et il n’y a plus de “VIVANT(E)S y ayant survécu pouvant s’en offusquer ! Je me révèle être un désabusé lucide ayant le sens de l’humour nécessaire à commenter les pires crapuleries !
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