Une voiture qui accélère aussi fort qu’une Porsche 911 GT2, qui consomme autant qu’une Smart Fortwo (en usage normal)… et qui offre internet à bord, à l’image de la BMW série 7, c’est étonnamment possible.
C’est en tous cas les caractéristiques avancées par IFR Automotive, un nouvel artisan Anglais qui se lance dans l’automobile avec sa création, l’Aspid (”aspic”, en espagnol).
En fait, il faudrait préciser “Anglo-ibérique”, car son fondateur s’appelle Ignacio Fernàndez Rodriguez (ex-ingénieur Subaru Prodrive et Mitsubishi Ralliart).
Rodriguez possède une société de consulting, IFR Automotive… et c’est elle qui a créé l’Aspid.
Oscillant entre Lotus Seven, Donkervoort et un soupçon de Caterham, l’IFR Aspid est donc une supercar hispano-anglophone de par ses racines et de par son propriétaire actuel.
C’est une “barquette” sportive propulsée par un moteur 2.0L atmosphérique de 270 chevaux en version de base, ou, avec la même mécanique avec l’ajout d’un turbo qui fait alors passer la puissance à 400 équidés !
La carrosserie en fibre de carbone et le châssis en aluminium, confèrent à l’Aspid un poids plutôt léger établi à 700 kilogrammes.
Si la vitesse limitée à 250 km/h n’atteint pas des “sommets” de sportivité absolue, le 0 à 100 km/h atteint en 2.8 secondes et le 0 à 160km/h atteint en 5.9 secondes (version 400cv), suffisent à vivre son lot de sensations fortes.
Heureusement le système de freins à double disque facilite la tâche de son conducteur pour faire délicatement redescendre l’aiguille…
La carrosserie peut également subir quelques transformations intéressantes comme la possibilité de retirer les portes et supprimer le toit (pas de précisions techniques).
La voilà donc en cabriolet potentiel !
IFR Automotive permet aussi à ses riches clients (l’Aspid est commercialisée à partir de 95.000 €uros hors taxes), de choisir le coloris de la carrosserie ainsi que quelques équipements intérieurs.
Navigation satellite par GPS, écran tactile, connectique Bluetooth, Wifi, inserts en fibre de carbone, permettent de convaincre les acheteurs, limités à 50…, à repartir au volant de l’Aspid.
Tenté ?
Son premier secret pour parvenir à un tel exploit est son poids plume obtenu grâce à l’utilisation de matériaux tels que l’aluminium et la fibre de carbone.
Ses 700 kilos permettent d’afficher une consommation de 5,5 L aux 100 kms lorsque la voiture est utilisée en “bon père de famille“.
Mais lorsqu’elle est brusquée, l’Aspid affiche des performances hors normes.
Le 0 à 100 km/h est abattu en 3,7 secondes avec le moteur de 270 chevaux tandis que la seconde motorisation de 400 chevaux abaisse le chrono à 2,8 secondes !
Le construcuteur précise que cet engin est, malgré ces chiffres, adapté à une utilisation hors des circuits.
Pour preuve, son équipement intérieur qui agrémentera les trajets quotidiens.
On y trouve ainsi un système de navigation doté de connexions USB, Bluetooth et Wi-fi qui permettent un accès internet, ainsi qu’un système multimédia dont le poids a été réduit…, bien entendu !
Avec son différentiel à glissement limité, il y a de quoi s’amuser, d’autant plus qu’elle revendique jusqu’à 1,6G d’accélération latérale en virage (la plupart des voitures décrochent à 1G)…
De tout temps, l’homme a cherché à repousser les limites du raisonnable et de l’atteignable.
Sur route, sur mer ou dans les airs, l’homme n’a eut de cesse d’aller plus vite, toujours plus vite.
Peut être tout simplement pour se rapprocher encore plus près des dieux de l’Olympe…
Pour la semaine particulière d’essais divers de cette Aspid, outre visiter l’Espagne et particulièrement l’Andalousie en quète du fantôme d’Anamary del Miguel Saavedra (seuls les inconditionnels de ce site et de www.SecretsInterdits.com peuvent comprendre)…, mon objectif était d’atteindre les 250 km/h revendiqués par IFR Automotive…
Un objectif ambitieux avec l’espoir de pouvoir la confronter sur route avec des Porsche, des Ferrari, des Lamborghini, des Corvette ou des Mercedes AMG, Audi RS et BMW Motorsport.
Mais ce type d’évènement est toujours délicat à réaliser…
Il faut alors compter sur la confiance des heureux propriétaires de machines fantastiques qui sont également lecteurs assidus de www.GatsbyOnline.com.
Mais le hasard fait parfois bien les choses, et Noël devait venir en avance pour moi en cette fin de juillet 2008 !
Pour ce rendez-vous exceptionnel, sous l’égide de l’asbl Les Automobiles Extraordinaires, j’ai presque réussi à obtenir le déplacement d’une bande d’olibrius sympathiques mais diablement courageux et talentueux pilotes et propriétaires de supercars comme vous avez peu l’habitude d’en croiser en aussi grand nombre au même endroit et lors d’une même journée…
Un duel amical pour savoir si l’Aspid pouvait prétendre à faire partie du club de moins en moins fermé des voitures hors du commun dépassant les 250 Km/h…
Pour les conseils de pilotage de la journée, Patrick Henderickx, pilote en Le Mans Series avait répondu favorablement à l’invitation.
Outre des motos qui devaient effectuer le déplacement avec des modèles très puissants et performants (sans parler de leurs pilotes au talent et mental irréprochable), de nombreuses autos toutes aussi intéressantes les unes que les autres devaient être présentes.
Qui dit tests à près de 250 km/h, dit des autos de très gros calibre dotées de performances générales exceptionnelles.
Ainsi, il ne fallait pas chercher trop loin les productions capables de telles performances… :
Ferrari F355 Challenge, Ferrari F360 Modena, Ferrari F355 GTS, Ferrari F575 Maranello F1, Ferrari Enzo…, Porsche 911 biturbo (993), Porsche 911 Carrera 4 (996), Porsche 911 GT2 (996), Porsche 911 Carrera 4 (964), ,Porsche 911 Turbo (965), Porsche 911 Turbo (996)…, Lamborghini Gaillardo, Audi RS4 MTM, Audi 90 Production ex-Marc Sourd, Corvette ZR1… et une Ford GT ainsi qu’une Subaru Impreza WRX STI…
Le matin du troisième jour de cette semaine…, les premières sessions devaient surtout être employées à ce que pilotes, autos, motos et radars calent au mieux leurs mesures et leurs repères.
Toutefois… à la fin de la matinée, il n’y avait personne d’autre que Patrick Henderickx et moi-même !!!
Passé ce premier écueil, Patrick a décidé de tester le faisceau radar avec l’Aspid…
La première mesure est ainsi tombée : 243 km/h…
Un seuil certe élevé, mais qui décevait un peu.
Patience cependant.
N’en déplaise aux vrais accrocs des quatre roues, je dois cependant avouer que voir passer Patrick Henderickx cramponné au volant de l’Aspid à presque 250 km/h… force le respect et l’admiration.
Je laisse, ici, Patrick s’exprimer librement…
<< Putain, fait chaud, fait lourd, c’est moi, c’est le temps, c’est l’ambiance, c’est le stress, c’est l’envie, c’est le besoin…
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp…, mon pied droit actionne l’accélérateur, quelques petits coups furtifs pour laisser respirer le coeur de l’Aspid…, un coup d’oeil aux compteurs, huile en chauffe, eau en température…, je ferme les yeux…
Waaaaaaaaappppppp, waapp…
Avant d’entrer dans cette Aspid, j’ai zippé ma combi et ajusté mes bijoux de famille pour être à l’aise.
Je me suis faufilé dans le cockpitt très étroit…
Putain, tout ça pour quoi ?
Pour rien, personne n’est venu…, c’était à prévoir, qui se taperait 2.000 kms X 2 (aller et retour) avec des consos de 30 à 50L aux 100… rien que pour faire de la figuration autour de cette Aspid ?
Fait chaud…
Fait lourd..
Tout le staff d’IFR Automotive est en plein travail autour de l’Aspid…
Aspid…, si loin de mon ex Ford GT40, ma belle, jaune, lignes blanches, chaude comme dans nos étreintes… Putain, fait chaud, fait lourd… et cette Aspid n’est pas jaune, ni chaude, elle est grise et froide…
A part le bruit typique de mon coeur battant la chamade, rien ne perturbe mon extase et l’ambiance sereine du lieu.
Patrice, m’a accueilli avec un sourire qui se voulait rassurant, j’ai rien dit, juste maugréé, balbutié ; “Ouais, cool…“.
Il m’a rétorqué que le moment était déterminant, essentiel pour www.GatsbyOnline.com.
Putain, fait chaud, moite, je suis installé dans mon siège baquet.
Le boss d’IFR Automotive me donne ses dernières consignes.
Je suis seul avec moi-même tout en étant raccordé avec lui par radio.
L’instant est magique, la réalisation d’une connerie.
Je rouvre les yeux…
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp…
Un autre coup d’oeil aux compteurs, huile toujours en chauffe, eau à température, clack, je débraye, j’enclanche la première…
Voilà, c’est parti.
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp…
Mon coeur bat à tout rompre… comme un message d’amour, strident, fort… comme pour me provoquer.
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp…
Première, Waaaaaap, seconde, Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp… troisième.
Putain, tout est encore trop froid, comme les pneus et l’huile je ne peux pas encore monter à fond dans les tours…
L’euphorie m’envahit, soudainement, une extase… et le meilleur reste à venir…
J’attaque, relax, 200 km/h…
Putain, Aspid, fait moi jouir…, l’huile a atteint sa bonne température, les pneus aussi sans doute…
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp… Waaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
J’ai juste le temps de plonger en freinage, waaap, waaaap, waaaaaaa… deuxième.
Putain, déchaîne-toi, déchaîne-moi…
Là, c’est la ligne droite…
Putain, fait chaud, moite, le moment est inexplicable, le temps s’arrête plus qu’une fraction de seconde.
Je n’entends qu’une seule chose dans mon écouteur…; “Vas y, maintenant tu peux…”
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp… Waaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
Mon cerveau se déconnecte du raisonnable, je mets “godasse au plancher“… pied dedans, à fond pour les néophytes, plus à fond encore comme si je pouvais transpercer la cloison pare-feu pour y chercher les millièmes de jouissances et d’extases…
Aspid, oui, fait-moi jouir….
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp…
Je tape la troisième, la quatrième, la cinquième, 200 km/h… J’attaque.
Les sensations sont à la limite du supportable.
Je ne vois que le ciel, comme si on décollait dans l’infini, là ou le ciel est la route…
Putain de dévers…
Et waaaaa, j’attaque…, 250 km/h au compteur.
Mon bonheur est tellement fort que je gueule à me décrocher la mâchoire, je jouis de métal et de bruits, l’extase mécanique, l’ultime….
Aucune femme ne m’a procuré de telles sensations.
Jamais !
Soudain…
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp…
Le bruit strident du moteur 4 cylindres 2L0 turbocompressé poussé à fond me ramène dans la réalité, comme une éjaculation terminée ramène au vide de la vie à en crier encore et encore jusqu’à plus savoir… et j’écrase la pédale des freins.
Aspid, je t’aime, amour….
Je transpire tellement qu’une goute de sueur se transforme en goute de pleurs jusqu’à mon oeil et m’oblige à le fermer…
Putain, pardon, amour, toujours, je rate mon freinage, je rate ma trajectoire…
Putain, fait chaud, fait lourd, c’est moi, c’est le temps, c’est l’ambiance, c’est le stress, c’est l’envie, c’est le besoin… et je sens la voiture partir en couille…, je vais mourir, je te tue !Waaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa Waaap Waaaaap iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
J’ouvre les yeux et comprend que je suis dans l’obscurité de mon bureau….
Je suis en transpiration mais vivant.
Demain…
Oui, je dois rendre mon texte sur l’essai de cette Aspid pour demain…
Patrice m’a téléphoné, il m’a dit que ça va changer le monde…
Putain, fait chaud, moite, c’est quoi ce bordel ? >>
Après une pause repas bien méritée, l’après-midi, les affaires “sérieuses” sont reparties de plus belle.
Il n’y avait toujours personne au rendez-vous et nos téléphones portables restaient étrangement muets…
Chacun a toutefois repris ses repères, notamment pour les freinages.
Si les 250 km/h n’ont pas été atteints sur la ligne droite délimitée, nous sommes passés tout près de l’exploit.
Quelle performance !
Si Patrick Henderickx, hilare a finalement retiré son casque après son exploit, il avait du mal à reprendre son souffle après sa performance…
De belles séquences et de belles images que nous ne sommes pas près, lui et moi, d’oublier !
En plus de cette session “haute vitesse“, j’avais aménagé des sessions “balades” pour permettre de nous défouler le reste de la semaine.
Evidemment, notre Aspid, même avec sa puissance “boostée” à 400 ch au lieu des 270 ch d’origine, n’a pu faire que de la figuration touristique d’un bar à l’autre…
Mais vos serviteurs y ont pu largement se rattraper en ingurgitant force Mojitos à la santé de l’Aspid !
Les 700 kg de cette auto avec son centre de gravité très bas ont fait merveille.
Quelques chalands et touristes égarés ont été étonnés de sa forme et ses performances.
Force est de constater que la maxime de Colin Chapman (The light is right) est toujours autant d’actualité, surtout “pompée” par les autres….
Malgré le manque total de patrimoine sportif et de pedigree de l’Aspid, ainsi que la différence entre des autos dont les caractéristiques sont propices à une bonne tenue… et cette prétendante aussi étrange, bizarre, étonnante, curieuse et puissante soit-elle… et malgré l’émotion (et disons une fièreté dissimulée) et l’excitation…, c’est avec une certaine amertume que nous avons dépassé quelques modèles mythiques du Commendatore qui étaient garées sur le parking du port…
A cet instant, nous avons re-pensé à l’expression d’Enzo Ferrari lui-même qui disait avoir “tué sa mère” en remportant ses premières victoires en Formule 1 contre son ancien employeur, Alfa Romeo dont il dirigeait le service course.
On ne double pas impunément une auto construite à Modène sans une certaine dose de rigolade, surtout en étant un non-adorateur de la marque et des voitures de sport comme nous le sommes, d’autant qu’elles étaient en stationnement !
Et puis passé le premier effet de surprise, la raison rappelle tout simplement les lois de la physique et ce génie qui caractérisait alors les “bricoleurs” anglais (comme surnommait alors avec sarcasme Enzo Ferrari les Cooper, Chapman, Brabham), en effet, une Aspid pèse 700 kg et une Ferrari Testarossa 1,5 tonnes !
Lorsque la route se ressère et se tortille, la raison l’emporte face à la passion.
Mais dans les lignes droites, nous avons goûté avec délice aux vocalises d’un moteur 4 cylindres poussé à fond de ligne rouge…, un pur bonheur pour mélomanes-crécellistes avertis.
Quelle journée !
Inviter les pilotes les plus talentueux au volant de leurs bolides mythiques (Ferrari, Porsche, Lamborghini…) et constater que personne ne vient…, n’est pas commun.
L’objectif était fixé à 250 km/h…, objectif manqué de peau avec 243 km/h.
Par contre, le second objectif était de passer une semaine de vacances tous frais payés par IFR Automotive…, objectif réussi !
Superbe !…