2008 Audronis Gestautas Excalibur…
S’il faut vivre caché pour vivre heureux, élites et idoles trouveront dans la création d’Audronis Gestautas, un Lituanien, le meilleur moyen de rouler de manière débridée… Lorsque la firme Excalibur de Milwaukee, Wisconsin, USA, a mis pour la troisième et dernière fois la clef sous le paillasson, c’est Audronis Gestautas qui l’a piquée en pleine nuit pour s’en revenir dans sa Lituanie natale, y recréer la marque Excalibur… Ce fait d’arme digne des plus grands romans de la chevalerie, est passé totalement inaperçu du monde entier, qui de toute façon, n’en avait rien à faire !
Fier de cet exploit, Audronis Gestautas s’est mis en tête de réaliser un chef-d’œuvre automobile dont le design dépasserait absolument tout ce que les humains pouvaient imaginer. Mais, pratique, il s’est basé sur une Mercedes Classe CL du modèle précédent d’avant (car ça passe vite, tout change et se démode), pour créer son véhicule hors du commun. Erreur de casting, car toutes encore alors, et toujours à toutes époques, sont achetées pré-banalisées en gris passe-murailles par des classieux bourgeois façon notaire, de peur d’attiser la haine des plus riches qu’eux !
Elles sont évidement dépourvues du chiffre de cylindrée à l’arrière pour ne pas ranimer la lutte des classes, ! Ce chef d’œuvre de convenance BCBG qu’est la Mercedes Classe CL, restera pour longtemps l’un des moyens les plus sournoisement faux-culs de traverser crises économiques et troubles sociaux à l’abri de la vindicte populaire. L’esprit de clocher… Ce n’est certes pas là le signe d’un esprit très rebelle, quand bien même certaines portent la discrète mention “Avant-garde” sur les ailes avant.
Il va sans dire qu’une Classe CL “packagée” à l’Avant-gardisme, traduit le même élan de spontanéité que : 1° le mot liberté dans la bouche d’un stalinien revanchard et pratiquant… ou que 2° l’évocation de Jean Jaurès perdue au beau milieu d’une harangue sarkozyste débitée à des élus d’une autre tendance politique… Or, je le rappelle à ceux qui n’auraient d’autres références culturelles que le journal l’Equipe situait à sa sortie, la Mercedes Classe CL comme étant une sorte de geste de manière artistique, l’équivalent assez exact d’un bras d’honneur adressé à tous les conformismes…
Audronis Gestautas (qui prend la pose en photo ci-dessus) va donc expliquer en quoi ces quelques 1800 kilos d’orthodoxie germanique modifiées en Lituanie, rompent avec les conventions sociales et esthétiques d’un certain establishment classieux Européen, dès l’instant ou il y a transposé sa vision surréaliste. Rude gageure ! Je crois que l’Opération Spéciale Russe en Ukraine a été lancée pour des motifs presque semblables… C’est symptomatique d’une génération ayant dissolu l’esprit de sédition dans l’aisance, politiquement correcte !
Cela va jusqu’au point de dissimuler les plus licencieuses grosses cylindrées sous les dehors trop oubliables d’un taxi ordinaire, conforme aux sempiternels codes esthétiques prisés des Rastignac’s et Machiavel’s soucieux d’incognito, rigoristes jusque dans leurs ténébreuses désharmonies intérieures… La Mercedes Classe CL destinée à ce type de clientèle, cache fort bien les penchants révolutionnaires de conducteurs assez peu suspects d’idées contestataires. La réalité est toute autre, c’est la clientèle type des boites partouzes BDSM !
Tant qu’à se réclamer de l’avant-garde, Mercedes aurait certes pu s’inspirer des plus audacieuses compositions de Kandinsky pour élaborer ses sinistres nuanciers, voire enluminer ses habitacles funéraires de sérigraphies colorisées à la Andy Warhol, sinon faire dans l’Art Cart façon BMW. Nul doute en conséquence, que la Mercedes Classe CL re-créée par Audronis Gestautas séduit la clientèle des cuistres soucieux d’exhiber leur goût pour les arts, fussent-ils de merde enveloppée, dans les milieux tenus pour distingués.
Par quel miracle du marketing en est-on arrivé là ? Admettons que pour les résolument non francophones, la langue de Montaigne, même employée à tort et à travers, possède d’incontestables vertus pédantes qui feraient passer certaines de mes plus viles expressions pour le comble du raffinement mondain… Et si pareille antinomie ne provoque en général qu’un hochement de tête résigné, il est rassurant de savoir, comme l’avait démontré Desproges, que l’on peut très bien vivre sans aucune espèce de culture.
L’Allemagne, on le sait, est le pays de la musique et le mélomane averti ne trouvera guère d’objection à ce que Mercedes figure parmi les meilleures compositrices d’opéras symphoniques à quatre temps pour quatre, six, huit ou douze cylindres. Dommage que l’audition orgasmique d’aussi fougueuses envolées, nécessite l’abattement moral d’une esthétique aussi indigeste. Volumes atrophiés, profil congestionné et haut sur pattes, que des lignes torturées tentent en vain d’alléger… Tous les ingrédients réunis pour faire de la Mercedes Classe CL une étoile de l’inesthétisme..
Au pays de Wagner, on ne loge toujours pas à la même enseigne les musiciens et les stylistes. La tâche bassement rébarbative de ces derniers se résume depuis Mathusalem à l’habillage sans génie des chefs-d’œuvre du répertoire mécanique. Mais, après tout, qu’importe le flacon tant que les ploucs ont l’ivresse. La Lituanie, plus que tout autre pays dit de l’Est, se nourrit d’idéologies qu’elle porte ou révèle, tantôt miroir de la société, tantôt entreprise prosélyte. A l’instar des grands mythes fondateurs de la Lituanie (la frontière et la destinée manifeste) la superstition conditionne l’esprit des habitants.
De fait, certaines valeurs sont mises en avant et y présentées comme sacrées. Mais si le régime politique d’exploitation a consacré le militarisme et le patriotisme comme de véritables “gimmicks”, bien rares sont les indigènes locaux pour qui le design automobile occupe frontalement le premier plan et conditionne tous les enjeux. C’est pourtant le cas grâce à cette innommable quoique extraordinaire AG-Excalibur qui balance une séquelle très personnelle de clichés “Bling-bling” et assène, via Audronis Gestautas, un tel moralisme de l’inesthétisme, qu’on a l’impression, en l’écoutant (vous l’écouterez en regardant la vidéo que j’ai positionnée un peu plus bas dans cet article), de passer 20 minutes à se faire endoctriner par un membre de l’Opus Deï.
Comme tous les Lituaniens traitant de problèmes philosophiques ou sociaux, Audronis Gestautas débute son oraison par une sorte de psaume (j’ai recopié ici un truc du genre : “Écoutez bande de têtards, moi je vais vous apprendre à flipper du Big Boss”), censé donner une certaine consistance à son design qui oscille constamment entre un premier degré hilarant et la caricature pathétique de ses intentions. Avec Audronis Gestautas, l’Humanité (avec un “H” majuscule), a un nouveau sauveur pour guider le monde automobile. Toutefois, il nous balance une voiture culpabilisante !
Ce qu’on peut déjà concéder, c’est que dans ce pays de cocagne qu’est la France, lorsqu’un ange descend sur Terre pour sauver l’Humanité, c’est Mimi Mathy qui vient à la rescousse d’une pauvre mère isolée pour l’aider à remplir sa déclaration RSA. Aux États Unis, lorsqu’un ange descend sur Terre, c’est pour la fin des temps et l’extermination finale dont il s’agi… Et, à la place d’ une naine qui trottine dans un studio de la Plaine St Denis, on a Paul Bettany (sorte de Pascal Gregory américain) qui défouraille des M16 dans le désert de Mojave. Ça a quand même un peu plus de gueule.
Enfin, en Lituanie, le peuple a Audronis Gestautas… qui sur-joue son rôle comme si sa vie en dépendait. Ce qui est presque vrai ! Cette gueule sympathique a eu beau tout tenter pour essayer de m’impliquer dans ce bazar, le résultat final, particulièrement le traitement de l’intérieur, est tellement mélodramatique qu’il plombe le design général, et ce, avec un tel sérieux, qu’on rirait de bon cœur si on n’avait pas l’impression que la voiture est destinée soit au Pape soit à un trafiquant d’armes et/où d’héroïne et cocaïne, voire d’organes, d’orgasmes et de retours sur dons de charité… L’intérieur, c’est à dire l’habitacle, est en effet parsemé de cristaux Swarovski, chaque bouton (il y en a 800) étant un morceau de cristal imitation pierres supers-précieuses.
En outre, même le levier de vitesses est surmonté d’une boule de cristal. Pour rendre le stationnement “plus facile”, la voiture est équipée de 8 caméras : deux sont dans la calandre, quatre sont dans les rétroviseurs extérieurs (deux caméras dans chaque rétroviseur) et les deux dernières sont se découvrent dans la partie arrière. A ce stade de précaution, on devine qu’il a du être traumatisé par une agression sodomique ou sodomite, voire en simultanéité… Son objectif (gag !) principal lors de la construction de cette automobile était de créer une voiture absolument nouvelle, d’où des jantes sur-dimensionnées de 30 pouces à l’avant et 40 pouces à l’arrière !
Au milieu de cette caractérisation à la truelle, Audronis Gestautas mérite tout de même une certaine considération pour son air de chien battu au grand cœur. Reconnaissons également à cette AG-Excalibur quelques qualités techniques. Certains éléments ne sont vraiment pas dégueux et quelques-uns sont même très intrigants. Un peu comme si un mécréant perdu dans son équipe avait profité d’un dimanche matin pour shooter ces plans dans le dos des responsables, surement plus occupés à accomplir quelques génuflexions qu’à se demander comment réaliser correctement ce qu’ils ont sur le papier.
Évidemment, avec un budget de réalisation relativement faible, Audronis Gestautas a du également composer avec une accumulation d’incohérences.
Mais ce ne sont pas vraiment les raisons qui font de cette “chose” une automobile particulièrement baroque… Le coté “baroque” n’est finalement pas bien grave lorsqu’on prend le temps d’écrire une liste de tout ce qui choque… et, de toutes façons, la voiture est là pour le bonheur de l’humanité, elle ne peut pas nous faire ni de mal ni du mal, en tous cas pas plus que de voir Audronis Gestautas habillé comme un figurant des Guerriers du Bronx… à coté de son futur chef-d’œuvre ! Manque de moyens ?
Oui sûrement, mais surtout parce qu’il n’a que faire du ramassis de clochards dégénérés qui se masturbent devant sa création. Bien qu’ayant grandi avec une foultidude de rêves automobiles yankees, voulus et créés pour et par des hordes de cul bénis au service du dieu pognon, j’avoue ma profonde inculture sur le design Lituanien quoique mes magazines destinés aux pays de l’EST sont imprimés à Cilnius sur des presses ultra avant-gardistes… Alors pour creuser un peu le sujet, je me suis renseigné sur place… Et là, Boum ! Je suis tombé des nues… si j’ose dire.
Le gars est un gros poisson, pas une petite sardine à mettre en boite, non, c’est carrément une huile en Lituanie.. J’ai appris qu’il était le patron d’une “grosse” boite de “Kaunass” (ce qui n’est pas un jeu de mots), sans pour autant savoir de laquelle…, Avouez que ça pète. Le reste est ubuesque, une véritable tête de gondole quoi. Alors même si cet engin qui a mis 9 mois pour venir au monde (si, si, c’est authentique là aussi), prend parfois la forme d’un jouet “Tomca” dont on peut se délecter au second degré, toutes les intentions contenues là dedans véhiculent un design aléatoire que certains qualifient de pire façon !
Même si bien sûr de ce côté-ci du monde, personne ne croira à l’existence de cette voiture ni à cette histoire, au premier degré? d’où l’utilité de publier la vidéo ci-après ! L’accumulation des valeurs portées, fait l’écho des hantises immondes des groupes les plus réactionnaires ! Voilà, voilou, la finde cet article remanié il y a peu lorsque j’ai appris qu’Audronis Gestauras avait réussi à vendre sa Mercos-Excalibur lors d’une vente RM Sotheby’s à Londres pour la somme dérisoire de 35.840 £…
2 commentaires
Mon cher Gatsby,
Voici une automobile tout à fait extraordinaire, puisqu’unique ! La réflexion du début d’article sur les Mercedes CL, symboles d’un luxe non assumé jusqu’à la couleur passe-partout mais promis à son propriétaire est très intéressante. De votre très riche expérience… pourquoi ? Pourquoi cet homme s’est-il levé un matin et a décidé que sa vie serait meilleure avec un intérieur automobile en cristaux Swaroswki, et a poussé la personnalisation à l’extrême ? Services d’artisan vendus à un client capricieux ?
C’est typique des rêveurs qui s’imaginent qu’ils vont briller en société avec leur création… Ils font le bonheur des pages chocs de bizarreries, tout comme les Pin-Ups qui se croient le centre de l’univers en agitant leurs seins…
Le Slave qui a réalisé cette Mercos de cauchemar l’a vendue, après 10 ans à courir partout, pour 30.000 euros… Rien que les frais pour parcourir toute l’Europe et “faire des shows” ce qui signifie hotels et restaurants sur place, les trajets, l’essence, les péages, les pannes et le nettoyage d’une journée avant le show, les taxis et autres, ce gars à perdu son temps, perdu au moins 50.000 euros et s’est rendu ridicule pour la moitié du monde… Non… Terminé… Ce genre d’ailleurs ne fonctionne plus.
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