2009/2016 Bewerp Savage Rivale Roadyacht GTS/R…
La Savage Rivale Roadyacht GTS créée en 2009 par une société Hollandaise, était destinée à rayonner dans la catégorie des supercars “bling bling” énergétivores, ce qui, dans le contexte de crise économique et de réchauffement climatique de cette année, a été perçu comme de la provocation…
Ce Coupé/Cabriolet 4 portes (Gullwing) convertible à carrosserie polyester et carbone, était construit sur un châssis tubulaire “maison” en chrome-molybendium, son habitacle singeait un Yacht fantasmé sur 4 roues… et l’ensemble était motorisé par un V8 Chevrolet Corvette de 6 Litres suralimenté de 670 chevaux !
L’Innotech Corvette, la Gumpert Apollo, la Wiesmann GT MF5 présentées la même année n’étaient toutefois pas en reste car dépassant toutes les 300km/h avec des moteurs d’enfer…, des voitures qui à peine née appartenaient déjà au passé.
La Savage Rivale Roadyacht GTS : [Bewerp étant la marque et Savage Rivale Roadyacht GTS (un peu long non ?) le modèle]…, était l’œuvre d’Emile Pop et Justin DeBoer, 2 designers hollandais, qui travaillaient “le sujet” sur papier et sur ordinateur depuis déjà 5 ans et étaient passés à un autre stade grâce à leurs “économies” (sic !) en débutant la construction du premier prototype roulant en début d’année 2009.
Ils auraient pu valider leur cursus en grattant sur la copie du voisin…, mais les deux bataves ne mangeaient pas de ce pain là, c’est par leur talent qu’ils espéraient cueillir les éloges de leurs pairs.
Le design extérieur n’était qu’un conflit de lignes agressives offrant aux badauds un postérieur musclé, une ligne plongeante vers l’infini du rien et un avant effilé…, le nom de Savage provenait de la motorisation qui n’était pas si “sauvage” que présumé, soit rien d’autre que le V8 compressé LS7 de la Corvette Z06 dont la puissance atteignait ici non pas 670 chevaux, mais 450 chevaux…, le jeu d’écritures publicitaires destinées à émerveiller les merdias et éventuellement quelques clients naïfs, mais fortunés se retournait contre les deux designers-menteurs…
La transmission était, de plus, “bêtement” automatique et disposée sur le train arrière selon la technique de la Corvette “donneuse”, mais si le shéma de suspension présentait 4 triangles superposés raccordés à un système hydropneumatique fait maison…, le système de freinage était tout simplement celui de la Corvette LS7 : des disques de 380 mm à l’avant et 355 mm à l’arrière munis d’étriers à 8 et 4 pistons (AV/AR).
Le système d’ouverture ‘suicide‘ des portes papillons était volontairement spectaculaire, de la même eau que les DeLoréan afin d’impressionner les gens et surtout les merdias et les clients potentiels… qui devaient ensuite être bouche-bée en se laissant glisser dans l’habitacle ultra luxueux inspiré de l’univers des Yachts de prestige.
L’ingéniosité de nos deux ingénieurs blonds prenait tout sens dans la manipulation…, pour contrebalancer la ligne très “mordante” de ce “Yacht” à 4 roues…, l’intérieur soignait sa présentation avec un doublon cuir-alcantara couleur crème brulée…, un mariage réussi, bien que très classique et pas si bien fini que cela en comparaison de Rolls-Royce, Bentley et Aston-Martin…, mais, pour éviter les regards trop tatillons, une touche d’exclusivité, à savoir une bouteille de champagne incrustée aux places arrière, détournait bien à propos toutes les remarques…
Mais le clou du spectacle de cette Savage Rivale Roadyacht GTS n’était pas la bouteille de champagne intégrée à la sellerie, mais le mécanisme d’ouverture des portes qui cumulaient antagonisme et papillonnage…, les ahuris aux yeux écarquillés s’entendaient dire simultanément que cette 4 places découvrable n’avait que des qualités…
Boire du champagne ou conduire, la question ne se posait plus…, seulement 250.000 euros étaient nécessaires afin de disposer d’un exemplaire de cette très petite série.
Pour tester cette Bewerp Savage Rivale RoadYacht GTS à Monaco…, j’avais décidé d’aller préalablement visiter un paléontologue pour identifier le symbole équestre préféré du calife de Bagdad mis à sac lors de la quatrième croisade de Michel IX…, mon idée (saugrenue, mais je n’en ai plus rien à f… de quiconque depuis longtemps) était de me mettre dans la peau d’un richissime et multimilliardaire Emir (ou Sheikh) du pétrole moyen-oriental, confronté à cette chose orange… et qui, bien évidement se réfère en toute chose au Coran, dont j’avais piqué un exemplaire…
Déguisé en riche bédouin, assis sur la banquette arrière de la Bewerp Savage Rivale RoadYacht GTS…, avec une mouquère diablesse à damner tous les Saints-hommes de la terre à coté de mon auguste personne, je lisais donc le coran d’un air docte.
A la radio il y avait Justin Timberlake qui criait, je sifflotais en même temps…, il y avait une dichotomie flagrante entre la voix de ce minable et la météo…, j’ai alors poussé au hasard sur une touche de la télécommande qui se trouvait sur un support en cuir au dos d’un des sièges avant… et j’ai eu droit à l’enchantement d’une jeune lolita qui chantait l’amour.
Ce qui est bien avec ces filles de joies et de plaisirs charnels, c’est qu’elles mentent mais ne mentent pas vraiment simultanément…, un peu comme les potentats Arabes et les commerçants Juifs…, l’art ne les intéresse pas, elles veulent la gloire et leur producteur le fric, ils et elles ont tout pour s’entendre…, toute lolita-chanteuse veut être applaudie par un public inconnu et invisible afin d’être aimée par un homme connu et visiblement fortuné, un jour.
Dans cette mouvance intellectuelle, ou chacun/chacune est le faux-cul de l’autre, lorsque je daigne faire l’essai d’une bricole (car elles le sont toutes), mon principal souci est de savoir ou aller, accessoirement comment revenir…, car il existe des essais dont on ne revient pas indemne…
– Continuez, Edouard, disais-je à mon chauffeur avec un lourd accent d’Arabie…, filez moi l’allume-cigare ou un briquet ou une allumette ou deux morceaux de silex…, rapport au cigare que j’ai envie de fumer…
Je l’appelais Edouard par provocation…, il était en effet important que je me fonde dans la peau du milliardaire non atteint par la crise et qui a décidé de dépenser 250.000 euros pour circuler (y a rien à voir) dans cet engin dantesque…, me disant, car le sachant d’expériences innombrables, que je ne savais pas si les réels clients de ce genre d’engin étaient des hommes cultivés ou des hommes qui tentaient de l’être, ou qui arrivaient très bien à le faire croire…
J’avais l’impression que les créateurs de cette voiture se foutaient du monde, j’avais l’impression qu’il se cachait quelque chose derrière leur élucubration automobile, ils manipulaient l’opinion publique, ils tentaient d’embrumer les esprits milliardaires (en euros) par des vulgarités vigoureuses camouflées sous des kaléidoscopes métaphoriques de mauvais goût.
Je ne voyais pas non plus en quoi cela pourrait infléchir mon destin dans telle ou telle direction, je contrôlais parfaitement l’espace et la situation, je me conduisais moi-même vers mon destin, même si on pouvait croire le contraire…, toute tentative d’agir restait à l’état de pures anticipations potentielles, en réalité, j’étais comme une taupe à attendre que les choses s’arrêtent subitement…, la situation était tendue, de surcroit, l’inconfort était total, je regrettais de m’être laissé aller dans cet essai débilitant…
Mais à part ça, ça allait, il faisait chaud, il y avait maintenant Beyoncé qui prenait un bain dans la radio…, puis c’est un rappeur qui s’est mis à beugler pour expliquer à une femme que s’il était chauve, ce n’était pas la faute à sa tondeuse mais à la société : “Je n’ai pas peur de m’engager tu sais, c’est toi qui es trop exigeante, tu sais j’ai besoin de souffler aussi. Dis pas n’importe quoi, tu n’as pas honte, quelle manque total de vergogne, tu fais semblant de t’occuper de moi, si tu restes avec moi par peur d’être seule, dis le qu’on en finisse”…
J’avais soudain envie qu’on roule sur un trottoir pour écraser un maximum de cons…, pour sentir sous les roues un maximum d’os se briser…, le son de l’autoradio couvrant le carnage…, j’ai alors été transporté fugacement autre part, un sentiment croissait en moi, une existence qui me conduisait au-delà des limites connues, je pouvais en étudier une image quelque peu précise grâce aux très authentiques sensations qui émergeaient en mon sein et accessoirement par les mouvements se succédant…, je pensais à un truc beau pour changer, à un papillon noir, semblable à un automate grossier, qui s’envolait portant sur ses grandes ailes gluantes les dernières bribes de sensations qui me rattachaient à un sentiment de liberté…, tandis qu’à la radio le rappeur gueulait en langue odieuse des versets incompréhensibles…
J’ai imaginé me servir du Coran comme combustible…, le brûler lui et la voiture, grâce aux deux silex qu’Edouard planquait dans la boîte à gants…, j’observerais en silence la calcination, filmant le tout sur mon gsm, l’air grave et humble, c’est sûrement ce qu’il aurait souhaité le bougre…
Je devais mener à terme la dernière bataille décisive, sauver Michel IX des griffes de Vasco de Gama et de son empire Ottoman grâce aux indices trouvés par Auguste dans le musée grâce à ses mains marquées par Satan personnifié par l’Opus Dei.
La révolte grondait en moi…, j’ai repensé aux effluves de bonheur émanant des contractions des muscles fessiers d’une ancienne partenaire, les tractions de son bassin se muant avec une vivacité extraordinaire en pompe redoutable, une érection s’est enclenchée, le genre qui vous transforme en bête vénéneuse…, en animal hermétique à toute forme d’intelligence, en mâle en rut.
A la sortie du royaume des morts, m’attendrait mon fidèle Cocker Blacky, on gambaderait ensemble au milieu des champs, on disparaitrait vers l’horizon, je jetterais toutefois un regard vers le ciel et je penserais vraiment fort à tout l’amour que j’allais pouvoir offrir au monde, en écrivant qu’il ne fallait pas acheter cette bêtise…, toutes ces pensées secrètes sonnaient comme un crime, aussi inexprimable que la beauté du coucher de soleil vers lequel mon cette stupidité me conduisait.
Les deux Bataves, pas vraiment mécontent de la présentation de leur Yacht roulant à Monaco en 2009 ont remis le couvert en 2012, toujours à Monaco, pour présenter la version GTR… Bewerp étant toujours la marque et Savage Rivale Roadyacht GTS (supersport) devenant GTR en tant que modèle hypersport, tendance course de boulevard, avec 2 portes et un intérieur plus basique, c’est à dire vidé de tout confort (et il n’y en avait déjà pas beaucoup) !…
Que c’était beau de se relancer dans cette belle et grande aventure qu’est la quète de clients dans la Principauté de Monaco, de plus en plus désertée des milliardaires fous et lubriques à tendances trash et festivalières.
Emile Pop et Justin DeBoer, les 2 designers hollandais, ne s’étaient manifestement, pas beaucoup creusé leurs têtes pour gribouiller une version 2 portes…, rien de grave en soi, c’était juste que pour l’effet de surprise et de nouveauté, on allait repasser par la case départ.
Le style (sec, chirurgical, clinique) de cette version épurée, il fallait essayer de ne pas trop y penser, j’ai d’ailleurs essayé d’en faire fi, mais la filiation revenait trop souvent se rappeler à mon bon souvenir…, au-delà de cet encombrant héritage, pris de façon vierge et autonome, la Savage Rivale naviguait toujours GTS ou GTR entre défauts prononcés et qualités évidentes, parabole froide (puis absconse) sur la bêtise des play-boys et autres en mal de paraître de nos sociétés détraquées, en quête de gloire fantoche et d’inutilités.
Une ambiance étrange et quelques nouvelles girls n’ont pas suffit à me passionner complètement pour cette GTR en fin de course, déclinaison orientée piste et extrême de la “placide” berline quatre portes GTS, amputée de deux ouvrants, et bénéficiant d’une petite cure pour culminer à 1.030 kg.
Reposant sur un châssis optimisé (sic !), la bête hollandaise s’animait par le biais du même V8 porté à 6.2 litres (vous avez deviné l’origine américaine) poussé à 700 fantaisistes chevaux en base… et même à 800 chevaux et 750 Nm dans une exécution ultime et fantasmée (360 km/h en v-max revendiquée et 2,8 secondes pour abattre le 0 à 100 km/h)…
Le monstre planté…, me restait à l’apprécier en action…, enfin, pas non plus en action extrême mais davantage dans une séquence détente, drift et donuts…, puisqu’on m’avait reconnu malgré mon déguisement de 2009…, mais j’ai noté que la production de cette GTR serait limitée à quelques dizaines de pièces, chacune proposée à seulement 142.000 € hors taxes, frais et divers….
Alors pour apprécier ce super coupé sport qui s’animeait, et tanguait virtuellement dans des dérapages quasi incontrolés (elle se lâchait facilement du cul dans la machine simulant la conduite)…, c’est ci-dessous…
Mon odyssée en Savage Rivage GTR à travers le magma cyber-capitaliste dont les tyrannies financières se craquellaient et s’effondraient le temps à peine d’une rotation de la Terre, s’est avérée du temps passé…, pas perdu, mais pas gagné….
Naviguant virtuellement entre faux coups de volant, faux coups de freins et faux coups d’éclat et vrais ratés, observant les beaufs qui faisaient de même (assis, couchés, debout, à quatre pattes, rarement en action) avec ironie et un formalisme fouillis, j’aurais du me sentir golden boy milliardaire “perméable à la lumière visible”, déjà mort peut-être, perdu entre doutes et illusions dans un Monaco très loin de l’ébullition.
J’ai tenté de m’enflammer, d’échapper moi-aussi à la réalité pétrifiée et aliénante, récitant des incantations, susurrant un monologue avec mon égo (en espérant qu’il me réponde), pour lui révéler l’instabilité d’un présent où tout peut s’écrouler en quelques secondes…, bien des gens qui aiment flamber ont plus ou moins conservé cet aspect axiomatique des phrases et des mots, ces non-échanges traduisant la vacuité de leurs rapports déréglés et virtuels.
C’est que mes réflexions résonnaient sur les rues pavées d’or de Monaco, en un écho inanimé, perdant peu à peu leurs pulsations mathématiques, leur hypnotisme désincarné, car proféré trop simplement sur une mise en images qui les banalisaient, les discréditaient, en épuisaient la portée stylistique… alors que tout s’écoulait, s’écroulait et se coulait en une sorte de procession funèbre, de mélopée noire faite de conjonctions et de voitures et bateaux de luxe en polystyrène.
Dommage que Monaco ne soit pas comme Ibiza, ou la nuit, des centaines de gens sont allongés nus au milieu de la rue et se mêlent entre eux pour éprouver leur chair, ressentir leur corps, fusionner leurs membres, avant de faire l’amour…, formule magique qui va tout précipiter, tout révéler d’une société auto-anéantie : voitures sacralisées, désincarnation de la réalité, envies de tout et rien, calculant, absorbant, spéculant, anticipant, réorganisant le monde dans un semblant d’équilibre jusqu’à la rupture…, capharnaüm à l’abandon, usé, hors temps, à l’image de ce que ce sont devenus nos espaces et nos existences.
Eschatologie intime, viscérale, révélant l’agonie inéluctable de nos systèmes influés et d’un homme atomisé…, tant de choses venues et disparues, voilà…
C’est alors que le petit constructeur hollandais Savage Rivale a prétendu, dans cette même cité déchue qu’est Monaco, avoir (enfin) obtenu 3 commandes fermes (deux GTS et une GTR de compétition)…, c’était assez pathétique, car totalement faux !
Je vais pas m’attarder plus encore sur la version RoadYacht cabriolet 4 portes et 4 places déjà présentée ci-avant (je le répète pour que vous ne perdiez rien de ce spectacle gratuit).., donc, je vous quitte avec de très snobs et amusant petits films de promotion tournés dans les environs de Monaco…
Au Mondial de l’auto de Paris 2016 cette 2009 Bewerp Savage Rivale Roadyacht GTS est miraculeusement réapparue sous le nom de GLM G4…, face aux difficultés relatives à la commercialisation du modèle, les Bataves ont finalement jeté l’éponge et vendu le concept au groupe japonais GLM (Green Lord Motors) qui a récupéré le projet, l’engin perdant le toit rétractable du concept initial. La GLM G4 s’est aussi et surtout convertie à l’électrique, avec deux blocs délivrant quelques 540 chevaux, une puissance confortable offrant en théorie des performances “correctes”, puisque GLM annoncait un 0 à 100 km/h en 3.7 secondes et une vitesse max de 250 km/h (couple de 1.000 Nm), avec une autonomie de 400 km en cycle NDEC…, mais, aucune date de commercialisation n’a été évoquée par la firme japonaise…