Loué soit Georges Barris… et même plus…, allelouia my gode…, pour sa carrière et ses réalisations automobiles pour le cinéma, principalement la Batmobile, même si elle n’est pas tout à fait son oeuvre…
Si Georges Barris a bien été l’artisan du produit Batmobile, la base était en fait un concept-car dévoilé en 1955 par Lincoln : la Futura.
Imaginé en 1954 par William Schmidt designer chez Ford, la Futura sera construite par Ghia qui était à l’époque autre chose qu’un terme définissant une finition pour la gamme Ford…
Le carrossier italien rendait sa copie à temps pour une exposition en Janvier 1955 à Chicago.
La période que l’on pourrait définir comme “futuriste-naïve” présentait nombre de concepts plus proches du délire cartoonesque que de la réelle prospective.
La Lincoln Futura, ses ailerons, sa verrière double et sa bouche béante n’a d’ailleurs pas vraiment convaincu les amateurs d’automobiles, amusés des outrances de l’auto.
Roi de l’exagération de par son métier de faiseur d’autos pour le cinéma, George Barris acquit le show car délaissé de tous, avec l’idée qu’il servirait bien un jour.
La Futura apparut d’abord dans un film en 1959…, puis en 1965, Barris reçut une commande : fabriquer le véhicule principal d’une nouvelle série en gestation : Batman.
Un seul problème : il n’avait que 3 semaines pour fournir l’auto !
Du coup, la Lincoln Futura sera de sortie, légèrement remodelée.
Manifestement elle plut puisque Barris dut en construire 3 autres pour les besoins du tournage.
Ces dernières furent construites sur des chassis de voitures de série.
Re-pensée par George Barris, la Batsmart se veut être une version réduite de la Batmobile originale.
Et franchement, on s’y croirait !
Ailes de chauve-souris, esthétique fun et teinte black : elle a tout de la grande.
Bref, une caisse idéale pour intervenir rapidement quand Gotham City est embouteillée.
Peut-être était-ce Catwoman debout à côté de Georges Barris dans le Hall Nord au SEMA, qui peut savoir, toujours est-il qu’avec la Batsmart Georges resservait les ailes de chauve-souris arrières caractéristiques montées en hauteur, un échappement arrière dopé, ainsi que les “flûtes enchantées“, montées sur le toit et sur les portes verticales.
Un vrai jouet !
40 fanas chanceux se sont portés acquéreurs de la Batsmart pour jouer les Batman-justiciers, dont moi…
C’est en regardant cet engin que je me suis décidé.
J’avais pas mal réfléchi ces derniers temps… et je m’étais rendu compte que trouver une automobile capable d’assurer mon caractère de justicier-exterminateur…, n’était pas si facile, aussi quand j’ai été séduit par les seins et le sourire de la Catwomen de sévices…, ainsi que par la Batsmart…, j’ai baisé l’une et suis parti avec l’autre !
Pour débuter ce nouvel épisode de ma vie, avec cette automobile extraordinaire, il me fallait frapper un grand coup, trucider un con ou une conne m’ayant empoisonné la vie…
Bien sur il y en avait beaucoup, mais qui choisir ?
Les fonctionnaires du Fisc ?
Trop nombreux, pas assez original.
Les fanatiques religieux, particulièrement certains que je ne puis nommer de crainte d’être taxé d’antisémitisme ?
Pareil.
Les fascistes ?
Pareil.
Les hommes politiques ?
Pareil…, quoique la vision de Laurette “O”, ex-ministre de l’injustice, torturée, m’a donné une érection…
En fait il y avait surtout des cons et connes de mauvaise qualité, des comme on en trouve en abondante quantité pour peu que l’on cherche un minimum.
Mais des cons et connes solides, dont le spectacle de la combustion m’inspirerait joie et satisfaction…, déjà moins.
Je ne pouvais, de plus, pas me permettre de faire un choix banal ou mauvais…
Alors j’ai cherché en ma mémoire les personnes dont le souvenir m’était abject, celles dont la disparition serait un soulagement.
Je me suis d’abord orienté vers une solution égoïste, un autodafé qui n’aurait profité qu’à moi-même.
Mais bon, c’était mieux que rien.
Puis finalement, j’ai décidé de faire oeuvre utile, en l’occurrence, la déjà citée : Laurette “O”…, une véritable harpie, une femme horrible, dont la disparition me serait un véritable plaisir, certes, mais qui de plus rendrait service au monde…
Parfait, car rien n’est plus satisfaisant que le sentiment de faire une bonne action n’est-ce pas ?
Je m’étais renseigné, je savais où elle vivait.
Avant de me mettre en route, j’ai fait un dernier inventaire : une barre de fer pour les préliminaires…, de l’adhésif de bricolage (toujours utile)…, un sac à dos…, une chaîne radio cd portable…, quelques compact-discs soigneusement choisis…, des vivres…, des cartes…, un couteau de plongée (en cas de problème)… et évidemment un bidon d’essence.
J’ai mis tout le bazar dans le coffre de la Batsmart, et m’en suis allé sereinement vers l’Est de notre belle contrée.
Le voyage n’était pas court, mais la perspective d’un bon feu me motivait au delà de toute espérance.
Je suis arrivé dans la région cible en début d’après-midi, après un trajet monotone… et j’ai décidé d’agir prudemment.
Trop de beaux projets finissent abruptement faute de patience, ou à cause d’un détail d’apparence inoffensive que l’on a négligé…, il ne faut jamais précipiter les choses…
Je savais que sa maison, ou plutôt sa propriété, était perdue dans la nature.
Je suis allé faire un tour de repérage, prendre mes marques, puis j’ai décidé de passer le reste de la journée à peaufiner mon plan et me reposer un peu avant l’action à venir.
A neuf heures du soir, alors que le voile de ténèbres était tombé sur le pays, je me suis remis en route.
J’ai conduit prudemment, feux éteints, par les petites routes de campagne, un oeil sur la route, un autre sur la carte… et le dernier vérifiant que les cahots, provoqués par la mauvaise qualité des chemins, n’abîment pas mon fragile et inflammable matériel.
Je me suis arrêté à un kilomètre de ma cible, constatant que j’avais dégueulassé et rayé la Batsmart…
Je me suis équipé dans le noir total.
Guidé par la lueur pitoyable d’une boussole fluorescente, avec tout mon bordel sur le dos, j’ai ensuite continué mon chemin.
J’ai pris divers sentiers détournés, désirant de ne pas être repéré… et, seul parmi la nature, j’ai fonçé sur ma proie.
C’est après environ une heure de marche que je me suis rendu compte, qu’en fait, non !
En vérifiant, à la lumière étouffée d’une torche sur mes cartes de randonnée, en conjonction avec de savants calculs et une certaine intuition, j’ai trouvé que je m’étais gourré de sentier.
En revenant sur mes pas, je me suis à nouveau perdu et me suis retrouvé, je ne sais comment, sur une route bitumée de campagne.
Une borne kilométrique perdue sous les herbes m’a confirmé que j’étais tout à fait paumé.
A nouveau j’ai invoqué le pouvoir des cartes… et du me résigner à longer la route pour espérer retrouver ma Batsmart.
Perdu dans mes pensées, j’ai raté l’embranchement clé, ne constatant mon erreur qu’en découvrant que j’allais entrer dans un village quelconque et qui ne me disait absolument rien.
Demi-tour.
Je venais de dépasser le stade le l’exaspération pour rejoindre celui de la morne résignation, mon esprit fonctionnait désormais au ralenti et n’était plus focalisé que sur un seul objectif : retrouver la Batsmart. Finalement, j’y parvins… et m’accordais une pause casse-croûte, un rapide calcul simultané à mes mastications affamées, m’apprenant que j’avais parcouru une quinzaine de kilomètres avec mon sac de dix kilos sur le dos.
A ma montre, il était bientôt une heure du matin.
J’avais encore tout mon temps.
Je suis resté une bonne dizaine de minutes à étudier le chemin à prendre.
Je me suis enfin décidé, à peu près sûr du trajet cette fois-ci… et je me suis motivé d’une mini bouteille de Rhum de 20cl.
Plus fou que jamais, pilotant ma Batsmart tel Batman au mieux de sa forme (version Gerges Clooney), j’ai coupé droit à travers la nature vers ma cible, roulant à travers les champs, au travers les haies, écrasant les arbustes, traversant, sans un regard, plusieurs routes.
Finalement, en moins de dix minutes, la propriété de la conne se dressait devant moi.
J’ai failli éclater d’un rire diabolique, avant de me rappeler que j’essayais d’être discret.
J’ai longé les murs, telle une ombre, avant d’atteindre un endroit parfait pour m’introduire.
Là, le mur était un peu plus bas et un grand pin avait eu la bonne idée de laisser pousser une grosse branche qui naissait près du sol pour passer par dessus l’enceinte.
Malgré mon manque de pratique sportive, j’ai franchi sans encombre l’obstacle et chus dans l’herbe impeccablement taillée.
La phase finale venait de s’enclencher, comme dans les films, avec une musique sourde et entraînante.
Je n’ai pu résister à me faire un petit plaisir en pensant à la Catwomen de sévices service à qui j’avais acheté la Batsmart et que j’avais partiellement (très partiellement) payé en nature…
La photo “parle” d’elle-même, vous comprendrez aisément mon trouble et mes érections réactions…
Bref…, derniers préparatifs…
J’ai mis le cd choisi dans le lecteur transporté dans le sac à dos, prêt à être allumé à tout instant.
A l’aide d’un morceau d’adhésif, j’ai fixé la lampe torche sur ma tête, de manière à ce qu’une fois allumée, le faisceau puissant éclaire face à moi.
Enfin la route était libre, je sentais déjà la victoire.
Incessamment, Madame l’ex-ministre de l’injustice, Laurette “O”, conne de première, allait périr dans les flammes.
Je me suis rapproché dans le silence, guidé par la lumière de la lune, vers le bâtiment au centre du domaine.
Il n’y avait aucune lumière allumée.
Il avait fait chaud dans la journée et une fenêtre était encore entrouverte.
Le passage était étroit, je fis d’abord passer mon lourd paquetage, avant de me faufiler à mon tour.
Je me trouvais maintenant dans une sorte de bureau.
Il y avait un manuscrit en cours.
Parfait, je ne manquerai pas de combustible.
La pièce donnait sur un couloir.
La première porte que j’ouvris fut celle des toilettes, puis -chance- celle d’une chambre, où dormait l’intéressée, dont l’identité me fut rapidement confirmée de par son visage hideux, faussement angélique, répugnant résultat de la chirurgie moderne et des vissicitudes du pouvoir…
Je suis retourné dans le couloir, j’ai allumé ma lampe frontale, j’ai vérifié que la luminosité était au plus fort, puis j’ai allumé la chaîne, volume maximum.
Aussitôt, la puissance sans égale d’un orchestre symphonique éclata… et la bâtisse trembla de la magnificence de l’hymne soviétique.
J’ai bondi dans la chambre, fixant le faisceau vers les yeux de Laurette “O”…, en reprenant, qu’écris-je ?…, en hurlant…, les voix chaudes des choeurs de l’Armée Rouge : “L’internationale sera le genre humain“…
J’étais Batman l’exterminateur, invincible… et Laurette “O”, qui s’était redressée, aveuglée et assourdie par ce son et lumière surprise, à bout portant, semblait avoir du mal à y croire.
Elle a crié : Elio, c’est moi la première ministre, c’est ça, mon amour… ?
Généreux, je lui ai dit : Oui, oui, c’est ça ma poule… et je lui ai fourni une preuve de la réalité bien physique en lui envoyant quelques coups de barre de fer dans les tibias.
Elle ne sembla guère apprécier ce préliminaire… et, de peur qu’elle ne jouisse de saisissement, je suis passé à l’étape suivante.
Je lui ai lié les mains avec la bande adhésive, je l’ai bâillonnée, je l’ai saisie par les cheveux et l’ai traînée jusque dans son salon, immense et luxueux.
Elle s’est retrouvée attachée à une chaise, tandis que je retournais dans son bureau rechercher du papier.
J’ai répandu tout autour d’elle le texte de son prochain discours, toujours en chantant à tue-tête, accompagné par les choeurs de l’Armée Rouge…
C’était magnifique !
En fouillant un peu dans la pièce, outre divers documents confidentiels concernant d’étranges tractations avec des multinationales pharmaceutiques, j’ai découvert le bar…
J’ai emporté une bouteille de rhum -pour la route- et j’ai bu une gorgée de gin, avant de vider le reste de la bouteille sur Laurette “O” qui commençait à se remettre de sa frayeur, à en juger la manière dont elle se débattait et essayait de crier, surtout quand je lui en ai versé un filet sur sa figure sanglante, pour désinfecter…, savourant ma victoire prochaine, narguant ma victime impuissante de coups, assénés avec le marteau et la faucille que j’avais décroché du mur arrière de son bureau…, coups soi-dit en passant (écris entre parenthèse serait plus logique compte-tenu de ma dactylographie actuelle, mais je m’y perd)…, qui la soulagèrent de quelques orteils et d’une oreille, qui auraient très bien pu, une fois empaillés, être accrochés à ma cheminée, à côté du buste de Staline hérité de mon grand-père.
Finalement, c’est au son de “Plaine ma Plaine” que j’ai vidé le bidon d’essence sur elle, mais aussi autour, sur le sol et les meubles, que ça fasse un super feu en lui faisant remarquer qu’il ne contenait pas que de l’essence, mais aussi près de 80% de taxes et accises diverses, un juste retour….
Et enfin, j’ai ouvert la boîte d’allumette.
Sans doute sous le coup de l’émotion, j’ai cassé les quatre premières, mais la cinquième fut la bonne.
D’un geste souple et gracieux, j’ai jeté le bâtonnet en feu sur la flaque de carburant, qui partit d’un joyeux “swooosh” tout à fait réjouissant.
Mais comme le brasier gagnait rapidement le reste de la pièce, je ne me suis pas éternisé… et je suis sorti par la baie vitrée dans l’air nocturne frais et humide.
J’ai éteint la musique… et, à distance respectable, j’ai profité du spectacle magnifique, tandis que ce fut bientôt toute la maison qui partit d’un bon feu.
Sur le chemin du retour, au volant de ma Batsmart, alors même que la propriété avait disparu depuis longtemps, je voyais encore dans le ciel l’aura lumineuse de l’incendie qui, curieusement, ressemblait à une chauve-souris…