2010 Honda Civic Type R…
Pour les d’jeunes” c’est presque une “Young Timer”…, pour ma part c’est une “ocazz” de 7 ans…
Je suis tombé né-à-né… euhhhh, nez-à-nez sur elle dans un show…, comment résister à une Miss-sexy allongée en petite tenue, dans un intérieur de cuir rouge, les jambes légèrement relevées sur le volant de la sportive japonaise… et, à cette même demoiselle en plein étirage de string !
Tout ce qui vaut que l’on s’attarde sur certains détails…, par amour des accessoires sans doute…, on changerait volontiers nos tapis de sol !
D’ailleurs je ne connais à peu près rien à propos de tout.
Autant prévenir tout de suite, je n’y connais rien en Honda Civic Type R ou pas…
Ce n’est pas une raison pour fermer ma gueule.
Si on laisse la parole à ceux qui savent, ils finiront par croire qu’ils savent… et c’est grave.
Ce matin, j’étais songeur dans le mouvement lent qui ponctue mon petit déjeuner, cette oscillation de biscotte entre le bol de noir et ma tronche enfarinée.
La biscotte, un accessoire essentiel dans le théâtre depuis Michel Serrault.
Le théâtre, je n’y vais jamais, suis trop loin de ça, pas assez confortable, ou presque, c’est à dire que j’y suis allé quelques fois, excusez du peu.
Alors pourquoi cette attention ce matin égale à celle qui m’étreint lorsque j’entends un con sur France Inter ?
“Il faut que tu lises des choses difficiles”, m’avait dit quelqu’un d’autre que moi-même… et il s’était jeté dans la lecture de la poésie et de la philosophie…
Le plaisir d’apprendre par les choses difficiles, la soif inextinguible de comprendre où l’on va, la sensualité de la voix qui s’adresse à l’intelligence…
Il y a des jours comme çà, c’est la foire aux tartignoles, aux jambes de bois, aux bras cassés et aux moignons repliés sous la chemise, aux faux borgnes, aux vrais aveugles, aux nombrils crasseux et aux égos violacés et turgescents.
Autant prévenir, je n’y connais rien…, mais c’est au-delà de l’émotion, un homme qui s’interroge sur tout et rien, c’est un frémissement, c’est une voix qui porte et qui m’interroge sans cesse : qu’est ce que tu fous là ?
C’est comme ça !
Quand je me suis mis en branle (et ce n’est pas sexuel, quoique !), j’avais l’impression d’une profession de mauvaise foi…
On ne sait rien d’avance, pouvais-je savoir, par exemple, que j’allais quelques heures plus tard me retrouver face à une Honda Civic Type R de 2010 ?
Cet engin ahurissant et dessiné comme une lampe design de chez Ikéa matinée d’un tableau de bord inspiré des machines à Café Senseo…, a été conçue par un ingénieur bileux qui, non content d’avoir arrosé les murs de sa merde, devait se réclamer de la paix et de la concorde.
C’est dingue, la merde…, plus on en met sur les murs, plus on est sur qu’il en restera, c’est un axiome.
Mêmes artifices, mêmes diversions, mêmes accents de sincérité enveloppés dans le sirupeux, mêmes intentions désintéressées sur tout ce qui n’est pas convoité ; seule différence, le style…là, pas de mensonge, pas de dérobade, le grand vide intersidéral qui donne à la passion, un je ne sais quoi de primesautier à tendance chasse pêche nature et Monsanto arrosé d’un vinaigre millésimé mais trois étoiles.
La langue de bois officielle des grands constructeurs est le fielleux qui siet aux publicitaires, c’est ce que le patois est aux langues vivantes…, toutes ces “choses” vont bon train, sans complexe.
Si vous n’avez pas besoin d’une auto, élisez moi, genre je traverse sans regarder, je sais prendre des risques…, vive moi, vive la paix et la concorde après que j’ai foutu la merde, amen des ronds points et du saint esprit à volonté.
Bref…, quoi raconter ?
J’ai donc pu ainsi observer la pauvreté là où, selon les schémas les plus classiques, elle s’enracine sans que rien ne puisse la contenir.
Et bien, plutôt que regarder de l’extérieur vers la Honda Civic Type R, j’ai regardé les gens depuis l’intérieur de la Honda Civic Type R…
Mais, je me suis vu dans l’obligation d’entrouvrir les fenêtres, car l’écrivain-journaliste que je suis s’est penché vers la pauvreté de ceux qui croisaient mon chemin.
Ce “test-drive” est dès-lors devenu un voyage au sein d’une humanité différente, d’une humanité privée d’avenir, mettant à nu ce qui constitue le pire des échecs de nos sociétés dites démocratiques.
Point de faux semblants, pas la moindre trace de sentimentalisme…, la pauvreté se révèle, à travers l’addition de ses particularités, dans son universalité.
Les Nations Unies établissent les “dimensions de pauvreté” suivantes : vie brève, illettrisme, exclusion, absence de ressources matérielles.
Cette réflexion n’est pas celle d’un sociologue mais bien d’un écrivain…
Ma propre liste, aisément déductible de la première, comportait celles-ci : invisibilité, difformité, rejet, dépendance, vulnérabilité, douleur, indifférence, aliénation.
Je ne prétends pas savoir (et c’est là une question à laquelle le XXI° siècle devrait s’atteler) quelle proportion de pauvres est en butte à ces phénomènes.
Je peux simplement dire que je l’ai remarquée, cette proportion…, “chez” des gens qui levaient le pouce pour indiquer que la voiture était belle… mais aussi “chez” d’autres personnes qui eux me faisaient un doigt d’honneur pour me signaler que rouler dans une voiture aussi ostentatoire (que dire et qu’écrire alors, si j’avais circulé en Ferrari cabriolet voire en Rolls-Royce Phantom ?)…, était une injure à leur situation…
Ceux-là, comme d’autres, ressentant d’autres choses que de la joie… et l’éprouvant au rythme des caprices de l’existence, allant, jusqu’à s’exclure du monde (douleur et indifférence, invisibilité et difformité).
La voiture était ainsi comme une barrière entre deux mondes qui ne se côtoient que sur le paraître des uns les autres qui ne concordent pas…, les souvenirs de chacun devenant même incohérents.
Communiquer étant, à l’instar d’autres talents, réservé aux riches, les gens qui me faisaient des signes, n’arrivaient pas à me dire ce que je voulais savoir.
Quoi qu’il en soit, voici une catégorisation de plus, attristante et probablement inutile, des dimensions de l’inhumanité que peut dégager un objet roulant qui a été conçu comme un design avant d’être un objet simple ayant la fonction de faire se déplacer les gens…
“A parler tant qu’à faire, à l’écrire tout aussi bien…, le sentir, le ressentir, le vivre et l’exprimer à l’instant même où il se produit, comme une évidence, être surpris par une réaction qu’on attendait sans se douter qu’elle était déjà là, se dire que décidément tout y est, tout y mène qu’on en sortira jamais, même aux jours les plus sombres puisque rien ne change alors que pourtant tout est différent, que rien de ce qui semblait nécessaire ou bien urgent, rien de ce qui alimentait la frustration dans les jours ordinaires, rien de plus, ni moins, juste respirer et ressentir tout autour, l’idée même incongrue, insolente au regard du monde auquel on a adjoint longtemps sa propre plainte, rien n’y fait, juste laisser aller et se laisser surprendre dans un instant, se laisser aller au naturel, plus qu’aspirer au bonheur, le vivre et rire”…, me disait un vieux dragueur impénitent.
Une histoire de bulbe rachidien à la Simenon !
Transposé à cet essai littéraire (et non pas un essai automobile), cela donne : faire du chemin de sa vie un escalier… et tout bien considéré que tout concourt et mène au bonheur, jusqu’à ce moment, comme assis sur le WC d’une soucoupe roulante, en écoutant Chabrol, maintenant mort, rigoler de l’histoire d’un gars dans un restaurant qui s’emmerde à bouloter tout seul son cassoulet, se disant ; putain y’a beaucoup d’haricots…
Aujourd’hui, merde, tout y va, tout y mène, où, je ne sais pas…, tout ce que je sais c’est que j’y vais, un moment de bonheur comme un air de salsa, c’est parti, je vous ai écrit n’importe quoi, n’importe comment, je sais pas comment dire, y’a un truc, un élan, on verra bien demain quand je relirai…, ou bien j’aurai rêvé, ou bien, y’a vraiment un truc et là faut qu’on en cause, à parler tant qu’à faire, à l’écrire tout aussi bien…
Bref…, c’est à ce moment que je me suis dit qu’il ne fallait pas photographier cette putain d’Honda Civic Type R devant un mur ou devant un château, mais dans un décor nu avec une jeune et jolie dans le même appareil…
Tant qu’à faire, autant se branler et baiser qu’écrire des trucs du genre : Sous le capot, Honda a sorti l’artillerie lourde avec un 2.0 de 201 chevaux… Certes à cylindrée égale, la concurrence faisait aussi bien (Golf GTI 200 ch) et même largement mieux (les 240 ch de la Seat Leon Cupra)… en 2010, mais elles étaient toutes aidées en cela par un turbo, tandis que cette nippone ne disposait elle, que d’un bloc atmosphérique pour atteindre ce seuil. Repris de la génération précédente, il profitait néanmoins de quelques modifications visant à offrir une plus grande souplesse d’utilisation au quotidien. Techniquement, cette volonté se traduit par une commande d’ouverture du papillon moteur encore plus rapide et par deux arbres d’équilibrage. Et les résultats ne se font pas attendre, avec seulement 6.6 s pour passer le 0 à 100 km/h et une vitesse maxi de 235 km/h.
Avouez que ça fatigue…
Mais, quand même, au delà de mes humeurs si optimistes que je m’en marre à me décrocher la mâchoire, mon fond de lucidité perverse m’aide à écrire, in-extrémis, ce à quoi vous vous attendiez en débutant la lecture de ce reportage (qui n’en est pas un)…, car, c’est sur le plan des sensations que la Type R surprend.
Et avant tout par sa facilité d’utilisation : en fonction du dosage sur l’accélérateur, elle sait se faire d’une extrême douceur, ou à l’inverse d’une sauvagerie rare.
Une simple pression et l’aiguille du compte-tours s’envole ainsi jusqu’à la zone rouge qui commence à 8.000 tr/min !
Le grand frisson peut alors avoir lieu… et il n’est nullement atténué par les 1.300 kg d’une nippone devenue plus cossue au fil des années.
La Civic R profite également d’une boîte mécanique à six rapports, parfait complément de ce bloc d’exception, malgré un débattement un peu trop important qui ralentit le passage des rapports en conduite sportive.
Définitivement, la Type R revendique ses origines sportives, à l’image des suspensions d’une grande fermeté.
Un peu trop même, ce qui nuit au confort dans un usage quotidien.
En outre, si la direction est plutôt précise, on aurait préféré un train avant un poil plus incisif et rigoureux.
Mais la Type R demeure une voiture facile à conduire, incroyablement agile, et qui offre un “max” de sensations.
Le tout pour un coût globalement maîtrisé.
Voilà, j’y suis arrivé… et tandis qu’un premier ministre chloroforme l’ambiance sur ma radio, seul au volant, je me laisse envahir d’un sentiment de solitude (gag !), de vacuité.. et d’une souffrance à sentir la vie se dérober entre les doigts et filer à toute vitesse, sans que je ne parvienne à réaliser quoique ce soit qui me semblât utile contre la connerie, ou dont j’aurais pu être apaisé… retenir les heures ou bien tripoter les minutes d’une sorte de procès que je me fais chaque soir pour témoigner qu’elles furent… et espérer qu’elles repassent.
J’ai piloté à peu près tout ce qui flotte, roule ou bien plonge, j’ai pris pelle ou pioche, et puis s’est imposé le défi d’un article à en écrire…
J’envisage, pour l’avenir, un cahier à tenir, un cahier magique ou intemporel pour une comptabilité de l’insignifiant et, dans la colonne “ventilation”, me sacrifier d’une aile et sauter deux consonnes pour passer de l’ennui aux contes ordinaires, des petits riens à la minute, aux gouffres des heures qui s’étirent et s’enfoncent dans les pages… et puis, tirer au cordeau entre les lignes.
Le tour serait joué, je m’y noierais, mais j’en ressortirais indemne.
Écrire, décrire, tenter de comprendre, c’est là le but, avant que je ne découvre qu’il n’en est point.
Pas de chemin, pas de but, seul, sans filet, l’éloge de la quête donne l’illusion d’avancer et d’arriver quelque part.
A toujours chercher le nord, on finit par retomber au sud… et pendant ce temps là le ministre dit que c’est pas bien l’automobile, que ça pollue, que les gens roulent trop vite, sont irresponsables…, ça complique, forcément… et moi aussi, rendez vous compte après avoir eu le courage de me lire, que je peux écrire pour ne rien dire, je suis apte pour faire ministre…, parler dans la radio et rouler en limousine avec chauffeur…