2011 Bufori… Un mensonge en cache un autre !
La marque Bufori se prétend originale, créatrice de voitures sportives (la Madison)… et ses communiqués de presse, ses prétentions publiques au dernier salon de Genève, le contenu de son site-web ainsi que ses catalogues, référencent maintenant Bufori comme une marque australienne de voitures sportives et exclusives de grand-luxe (la Geneva)…
Tout est faux…
Bufori est une société Malaisienne, la Geneva est construite sur base de la Chrysler 300 et la Madison était à l’origine un kit-car anglais créé en 1980 par Neville Trickett…
Je vais tenter de démêler le vrai faux du faux vrai…
La marque Bufori fut fondée en 1986 par 3 frères : Gerry, Anthony et George Khouri.
Leur premier véhicule fut assemblé dans le garage-box de Gerry.
Ce n’était pas une voiture qu’ils avaient imaginée, créée, dessinée, fabriquée…
C’était une GP-Madison, un des plus laids Kit-Cars anglais, basé sur une plate-forme de VW-Cox, mû par l’antédiluvien 4 cylindres à plat positionné en porte-à-faux arrière, le tout habillé d’une atroce carrosserie en plastique inspirée d’une Packard de 1930, un soir de fin de beuverie à la bière chaude.
Le vrai père de cette horreur se nommait Neville Trickett un carrossier britannique autoproclamé “designer” qui s’évertuait depuis les années ’60 à concevoir et commercialiser des voitures semblables : GP Buggy, GP Centron, GP LDV, GP Ranchero, GP Kübelwagen, GP Talon, GP Madison Roadster et GP Madison Coupé, GP Spyder…
La GP Madison était absolument grotesque, avec un long capot moteur avant servant de coffre à bagages, une calandre inutile, un coffre arrière à bagages renfermant un moteur flat-four VW-Cox, un châssis plate-forme de VW-Cox, des jantes équipées d’enjoliveurs plastique en faux rayons imitation chrome…, mais 900 fous furieux un peu partout dans le monde, entre 1980 et 1992 ont acheté un kit Madison.
En 1983, Neville Trickett a modifié la carrosserie roadster de la Madison pour en faire un Coupé “Streamliner”… en adaptant une création de YKC sur base d’une Merlin Berlinetta…
L’engin n’eut aucun succès (7 kits vendus), ce qui a poussé Neville à vendre l’ensemble de ces deux concepts (plans, moules, pièces diverses, droits d’utilisation, copyright) à Ground Effect Developments, une carrosserie basée en Angleterre, qui va adapter le bidouillage en polyester sur un châssis “maison” utilisant la base d’une Ford Cortina, le moteur 4 cylindres en ligne de cette voiture étant alors placé à l’avant.
Vendues comme Madison Roadster et Madison Coupé par Madison Sportscar Company, elles furent la continuation de l’œuvre de Neville Trickett…, mais la firme du, quand même, mettre “la clé sous le paillasson” en 1992…
Depuis 1986 les frères Khouri achetaient des kit-cars Madison en Angleterre et les revendaient sous leur marque Bufori située en banlieue de Sydney en Australie.
Mais, comme en 1992 Madison SportsCar Company n’existait plus, les frères Khouri décidèrent de fabriquer eux-mêmes des Madison…
Ils se sont donc contentés de recopier les pièces des dernières Madison , acquises en Angleterre (celles repensées par Ground Effect Developments)… et de s’en attribuer la paternité !
Une Belle affaire !
Pour s’éviter des soucis de propriété du design et de devoir débattre des droits de construction, en 1992, quelques semaines après la disparition de Ground Effect Developments, les 3 frères Khouri ont décidé de déménager en Malaisie, dans les environs de Kuala-Lumpur.
Pourquoi donc aller en Malaisie ?
Là-bas, la main-d’œuvre étant très bon marché, en plus d’une impunité concernant la paternité de la création…, la société Bufori a pu prospérer en engrangeant un maximum de profits !
Actuellement, elle y dispose d’une unité de production pouvant assembler, toujours à la main, jusqu’à 300 véhicules par an…, d’un showroom… et d’une branche vente et distribution qui a permis au constructeur, d’exporter dans le monde entier (Australie, Europe, Amérique du Nord, Moyen Orient).
La firme s’est également essayée à la course avec la BMS R1 (un pompage de la carrosserie de la Porsche 911 moteur arrière, adaptée sur une Holden australienne à moteur avant)… qui participa notamment à la Macau GT cup.
Dernièrement, à l’occasion du salon de Genève, la marque a levé le voile sur sa dernière création, une limousine, la Bufori Geneva.
Pourquoi ce nom ?
Apparemment parce que les frères Khouri sont tombés amoureux de la ville et voulaient ainsi lui rendre hommage et aussi parce que le salon de Genève est le salon le plus luxueux du monde.
En fait, rendez-vous incontournable des constructeurs européens, Genève est aussi l’occasion pour les manufacturiers du monde entier de montrer leur savoir-faire.
Si la Malaisie paraît être un pays de voitures low-cost à la finition quelconque, Bufori, l’honorable constructeur “local”… entend bien prouver le contraire en présentant ainsi sa “Bufori Geneva”, une limousine néo-rétro qui entend concurrencer la Rolls-Royce Phantom…
La marque mélange volontairement les styles et surprend donc immanquablement avec sa Bufori Geneva !
Une berline baroque ? Gracile ? Vintage ? Audacieuse ? Belle ?
A vous de voir !
Ce qui est sûr, c’est que l’on est frappé par l’aspect tourmenté de cette berline !
Aussi tourmenté que le récit inventé de l’histoire “Buforienne”…
C’est sûr, elle ne passera pas inaperçue… et mes révélations non plus…
Les ailes élancées et arrondies tranchent avec le long capot, façon cercueil.
Les portes arrière antagonistes dites “suicides” rappellent (de très loin) les Rolls-Royce Phantom, alors que la poupe fait plutôt référence à certaines Morgan mâtinées d’un remake des épouvantables GP Madison…
Bling-Bling, cette Geneva l’est et notamment par ses nombreuses dorures et autres chromes.
Mais le plus surprenant, c’est incontestablement l’équipement disponible !
Bufori fait dans le high-tech tiers-mondiste de luxe… et affuble sa berline avec des gadgets que l’on ne voit habituellement que dans des européennes de haute volée !
Outre les aides à la conduite traditionnelle, tel le distributeur de la force de freinage en courbe, antipatinage et autres, on retrouve le Cruise-control adaptatif, qui régule la vitesse de la voiture en fonction du véhicule qui précède.
On note aussi la Thermal-Imaging-Night Vision, une caméra nocturne qui repère piétons et objets jusqu’à 300 mètres, ainsi que le Lane-Departure-Warning, qui détecte les bandes de circulation et avertit le conducteur, via une diode lumineuse, lorsqu’un franchissement de ligne se fait de manière non indiquée…
Côté moteur, on trouve sur la Bufori Geneva un V8 Chrysler Hemi de 6.1 litres de cylindrée qui développe 430 chevaux et 569 Nm de couple accouplé à une transmission automatique.
Les performances sont très honnêtes avec le 0 à 100 km/h parcouru en moins de 6 secondes et une vitesse de pointe de 265 km/h.
Si cela ne suffit pas, un compresseur portera la puissance à 560 chevaux et 690 Nm de couple.
Mais la n’est pas l’important qui est plutôt le confort et le luxe.
A mi-chemin entre une Bufori Madison Coupé et une Rolls-Royce Phantom, la Geneva étonne par ses qualités inférieures intérieures.
L’heureux propriétaire s’installe en entrant par une des portières arrière (de son choix !) à ouverture inversée comme les Rolls Royce Phantom.
Il est accueilli dans un véritable salon fait de cuir souple de vaches alpines et de tapis de sol épais et moelleux… avec mini bar, mini réfrigérateur pour garder le champagne au frais, une machine à café Expresso ou encore un set pour thé chinois avec bouilloire électrique, théière, deux tasses et petit évier.
Il peut même utiliser un coffre-fort intégré.
Étant donné que la Bufori Geneva est faite sur mesure, la finition intérieure est adaptée aux désirs des clients, elle se montre généralement opulente.
Parmi les possibilités offertes aux clients on trouve par exemple un “Humidor” pour conserver les cigares ou aussi un système multimédia avec grand écran plasma à l’arrière doté d’une fonction karaoké.
Bufori propose même, en option, une version blindée de sa Geneva .
Vu les possibilités offertes par la liste d’option, les tarifs vont s’échelonner de 220 à 250.000 €uros…, la commercialisation débutera à l’été.
L’Europe pourra bénéficier de quelques exemplaires, je reste dubitatif concernant l’obtention d’un certificat de conformité européen…
A noter que chaque Bufori Geneva passe par 24 phases lors de sa construction et demande au total 6.000 heures de travail et ce grâce aux petites mains Malaisiennes !