2011 Koenigsegg Agera “bathyscaphe”…
Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, ma connaissance de la gastronomie scandinave s’est longtemps limitée à ce qu’on pouvait en apercevoir dans le film Le Festin de Babette, du réalisateur Gabriel Axel.
Je ne fais pas ici référence au passage où les convives dégustent des “cailles en sarcophage” en s’enfilant du clos de Vougeot…, non !
Mais plutôt celui où Babette, alias Stéphane Audran, fait le tour des nécessiteux du village avec sa marmite de “soupe de pain” sous le bras.
“Soupe de pain, c’était dans la version française, parce que dans la VO, c’était du “øllebrød”…, ce qui, en phonétique donne quelque chose comme “euleubreud”...
Ce plat est mythique…
Que mes amis scandinaves inexistants m’accordent leur pardon, mais j’utilise ce nom pour désigner une assiette peu ragoûtante, un plat raté ou un truc aussi immangeable qu’innommable.
Genre “gloubiboulga”, quoi…, pour moi c’est du “euleubreud”…
Je le concède, voilà la cuisine nordique réduite à un cliché difficile à effacer.
Il y a toutefois Ikea et ses boulettes suédoises : les ô combien fameuses “köttbullar” (apparemment, cela se prononce “chetbeular”), par portions de quinze, englouties sans le moindre remords après avoir erré des heures, piégé comme un rat dans un labyrinthe infernal fait de bibliothèques Billy, d’étagères Bestå et de meubles Faktum.
Que celui qui n’a jamais vécu un samedi chez Ikea me jette la première pierre…
Le coût de la vie en Scandinavie y est tellement prohibitif que pas grand monde ne s’y risque, surtout que les mœurs sexuelles locales ne sont plus du tout un rêve libertaire, l’affaire du Big-Boss de Wikileaks, Julian Assange, refroidissant définitivement toutes velléités sexuelles en ce compris l’onanisme…, les sociétés de protection de la nature poursuivant même les pauvres hommes qui feraient pipi sur un arbre, au même titre que s’ils demandaient leur route à une dame en rue…
C’est dire la profondeur de l’abîme que Koenigsegg est appelé à combler auprès des fins gourmets automobiles qui, j’ai la faiblesse de le croire, seront ma foi assez nombreux à se reconnaître, avec leurs variantes personnelles, dans les quelques paragraphes écrits ci-dessus…
Pour ma part, avant d’attaquer la présentation de la dernière née de ce constructeur…, je m’en voudrais de vous laisser sur votre faim, sans partager avec vous la recette du véritable “euleubreud”.
La voici donc : émiettez 500 g de pain de seigle bien noir dans une casserole ; saupoudrez de 2 cuillères à soupe de sucre ; versez 300 ml de bière brune, puis finissez de couvrir le pain avec de l’eau ; couvrez et laissez reposer une nuit ; le lendemain, faites cuire lentement sur feu doux, en remuant pour éviter que la préparation attache : le pain va commencer à ressembler à une pâte ; remuez encore jusqu’à ce que la préparation atteigne la consistance d’un porridge ; servez chaud ou tiède, avec du lait froid, de la crème ou de la crème montée.
Velbekomme…, ça veut dire : bon appétit.
Les amateurs ne seront pas déçus !
Mais je n’en ai pas terminé…
Comment en effet ne pas saliver devant de la raie faisandée cuite dans la graisse de mouton ?
Certes ça pue un peu, mais ça se mange.
On notera en passant, que bon-nombre de scandinaves se nourrissent à peu près exclusivement de plats cuisinés préemballés où l’ingrédient principal est le mouton fumé, des plats réchauffés au four à micro-ondes.
Je sais que “tant qu’on n’a pas goûté, on ne peut pas dire qu’on n’aime pas”, mais tout de même.
Sachant que les scandinaves ne dédaignent pas à l’occasion déguster des testicules de bélier macérés dans du petit-lait, vous comprendrez aisément que lorsque j’ai été invité par Koenigsegg à venir essayer la “p’tit dernière”…, j’ai senti se dresser mes poils plus efficacement qu’avec l’évocation du plus sadique des crimes.
D’où la nécessité pour moi de toujours avoir à portée de main un livre-antidote.
Personnellement, depuis quelques jours, je trimballe dans mon sac “Le Saint James en 65 recettes” de Michel Portos, dans lequel je m’empresse d’aller m’aérer la tête.
J’ y retrouve à l’occasion des plats étranges, comme “la souris d’agneau confite en piperade” ou le “cabillaud des îles” : pour ce dernier, confectionner une marinade avec le jus de 2 citrons verts, 30 g d’oignon ciselé, 1 gousse d’ail râpée, 30 g de gingembre râpé, 30 g de piquillos coupés en petits dés et 3 cl d’huile d’olive ; faites mariner un dos de cabillaud dans un plat creux, puis passez-le au four dans sa marinade à 180ºC pendant 20 minutes ; retirez le poisson de sa marinade et réservez cette dernière ; faites un rougail en mixant 250 g de tomates mondées et épépinées, 60 g d’oignon blanchi, 3 gousses d’ail, 250 g de lait de coco, 25 g de beurre de cacahuètes, 1 cuillère à soupe de jus de citron, 1 cuillère à café de curry, 50 g d’huile d’olive, 1 botte de coriandre et 25 g de gingembre, jusqu’à obtention d’une purée ; incorporez 25 cl de lait dans 250 g de farine, puis ajoutez deux œufs ; roulez des cubes d’ananas dans cette pâte et faites-les frire ; faites frire également 2 bananes plantain, comme des frites ; dressez le poisson surmonté de sa marinade et saupoudré de coriandre fraîche concassée, avec les bananes frites, les acras d’ananas et la sauce rougail…
Dans cette même veine gastronomique, l’artisan scandinave n’a pas mégoté…, avec une cavalerie supérieure à 1.000 chevaux, cette rivale scandinave de la Bugatti Veyron a de sérieux arguments pour faire fondre la glace.
Au “sage” V8 bi-turbo 4.7 de 910 ch et 1.100 Nm de l’Agera classique, déjà capable d’atomiser à peu près tout ce qui roule, l’Agera R répond par une cavalerie portée à 1.115 ch et 1.200 Nm.
Des caractéristiques outrancières, qui gratifient l’engin d’une vitesse maximale stratosphérique de 419 km/h.
Ces performances s’accompagnent d’un accastillage démonstratif, combinant jantes Vortex Generating Rim en forme de turbines et coffre de toit en fibre de carbone.
Dans une tentative désespérée et un peu vaine de sacrifier au politiquement correct, le constructeur suédois propose également une version fonctionnant à l’agrocarburant E85, qui réduit la puissance à 940 ch et 1.100 Nm…
Le cahier des charges des ingénieurs et des designers de Koenigsegg se terminait par un point d’interrogation : “Est-il possible d’améliorer la CCX, l’une des meilleures supercars de tous les temps ?”… Leur réponse : l’Agera (traduction suédoise du verbe “agir”).
Pendant que quelques clients fortunés la rangeront avec bonheur dans leur garage, Koenigsegg pourra se féliciter d’avoir rempli son objectif, l’Agera étant encore meilleure que la CCX.
Saluons d’abord sa ligne “bathyscaphe”, bien que Koenigsegg reconnaisse sans complexe qu’elle résulte davantage d’une évolution que d’une révolution.
Affichant la même largeur à l’avant qu’à l’arrière, l’Agera assure un bon équilibre en virage et un rayon de braquage correct.
Entre autres améliorations techniques, je cite notamment le nouvel aileron arrière aux multiples réglages électroniques installé pour soigner l’appui au sol en toutes circonstances.
Boule de nerfs sans un poil de graisse, la Koenigsegg devient furie sous l’impulsion de son V8…, si vous aimez frissonner en lisant des fiches techniques, lisez ce qui précède mais n’oubliez pas ce qui suit.
L’Agera abat en effet le 0 à 100 km/h en 3’1 secondes, ce qui devrait refroidir plus d’un téméraire (vous ?) qui osera défier la Suédoise, qu’il soit flic ou pilote.
Encore faut-il choisir son camp !
0-100 km/h : 3.1 sec
0-200 km/h : 8.9 sec.
0-200 > 0 km/h : 13.7 sec
Vitesse maximum : 390 km/h (419 en version “R”)
Distance de freinage : 30.5m (100-0 km/h)
Force latérale : 1.6 G
Ration poids/puissance : 1.42 kg/hp
Prix : Plus d’un million d’€uros et quelques plus taxes et divers…