2012 Corvette C6 ZR1 Triple-X…
On vit une époque formidable, on dit que plus rien ne se vend, même le vide…, alors que le vide abyssal du pathétique attire pourtant encore divers illuminés !
Vous croyez vraiment que la crise économique a plongé tout le monde dans le même désespoir ?
En êtes-vous certain ?
Allons donc, les salaires continuent d’être payés, les primes et les chômages aussi, même les retraites ne sont pas touchées…, la grande crise c’est simplement l’écroulement des classes moyennes et des petites industries, des petits commerces précaires et des gens qui l’étaient déjà avant, ceux qui ont cru aux pépères-Noël et qui se sont endettés…
Il y a de plus en plus de gens qui hurlent à la crise, qui s’en vont en croisière sur des grands bateaux blancs qui viennent regarder les pauvres qui font des signes sur leur île…, tellement près qu’ils raclent parfois le fond de leur arrogance et coulent, offrant ainsi un grand spectacle aux vrais pauvres qui ne savent même pas se payer une barquette…
Il y a de plus en plus de gens qui partent en vacances dans des grands avions polluants pour aller s’extasier devant la beauté des pauvres d’ailleurs…, qu’ils prennent en photos-souvenirs…, après s’être donné tristement en spectacle de leur réalité en acceptant l’humiliation des fouilles corporelles…
Ce sont les plus sécurisés syndicalistes salariés à vie qui se permettent des grèves inutiles n’emmerdant que les vraies personnes en crise, tellement ils s’hypocrisient dans l’égoïsme de leurs craintes d’avoir tellement exagérés d’avoir cassé les machines de leurs revenus, que les industries délocalisent alors que ces grévistes ne comprennent même pas qu’à force d’avoir acheté moins cher partout en grandes surfaces, ils ont ruiné l’Europe et enrichi la Chine, l’Inde et d’autres pays en meilleur devenir…
Mais…, il reste des artisans qui vivent encore d’espoir et s’imaginent qu’avec quelques gadgets, quelques ajoutes en plastique “Kevlar” et une couche de baratin, ils arriveront tout de même à vendre des illusions.
La Corvette C6 ZR1, baptisée Triple-X par un petit malin (qui a dû également se gonfler le cerveau au botox), vient de faire les frais de ce schéma, pour éviter que cette icône américaine soit déboulonnée de son piédestal médiatique.
Véritable star depuis que la marque existe, ses performances ont été améliorées par la modification des culasses, arbres à cames et soupapes avec ressorts renforcés…, les ratios de compression ont été modifiés, de même que l’alimentation et les échappements.
Le système de refroidissement a subi de nombreuses modifications spéciales permettant d’augmenter sa capacité par quatre…., en outre, le refroidisseur est en-capsulé.
Après un réglage plus fin du moteur celui-ci développe 769 chevaux avec un couple de 910 nm…
Et les amateurs de se réjouir…, tandis que les Ferraristes vont twitter tout le mal qu’ils pensent de celle qu’il voient comme une vedette de pacotille !
On devine leur sourire carnassier, la bave aux lèvres écrire sur les blogs, Facebook et Twitter : Quelle pute prétentieuse !, mais là n’est pas le plus grave, le monde est devenu à ce point fou, que tout est buzz sur le web, à commencer par le vide intersidéral.
Andy Warhol avait prédit quinze minutes de célébrité à n’importe quel gusse…., en ce qui concerne Paris Hilton (la championne toutes catégories) ou, en France, Mickael Vendetta, cette célébrité basée sur du vent ou un subtil alliage de fric et de bêtise, atteint des sommets de stupidité affligeante.
Mais que foutent Lindsay Lohan et Kim Kardashian dans la vie, sinon exhiber leur anatomie aux paparazzi affamés ?
Que proposent-elles d’intéressant, d’original, de créatif ?
La Corvette vend également son image mais elle, au moins, elle roule et offre du plaisir sans devoir se branler devant des images (quoique, je viens de lire qu’au dernier salon de Bruxelles, des mecs s’installaient dans les voitures d’exposition, pour se branler en matant les hôtesses aux longues jambes nues, seins en avant et flottant au vent)….
Mais pourquoi se branler en public devant des gamines ?
Pourquoi cette précipitation ?
Pourquoi ne pas leur laisser le temps de faire leurs dents sur eux, à l’aise… et ensuite… libre à chacun de juger sur le fond.
Le fond ?
On s’en f… dorénavant.
Seul compte la forme.
Tout le monde se prend pour un nouveau Steve Jobs passé maître dans le marketing de produits aux allures d’œuvres d’art…, mais on oublie un peu vite que derrière lui, il y avait une armée d’ingénieurs.
Donnez-nous donc du sens, de l’intériorité, de l’épaisseur… et, please, arrêtez l’onanisme automobile !
Fin d’un monde ?
Devant tout cela, je suis un homme qui perd pied, un homme troublé, ébranlé (et pas branlé), en proie à des visions dantesques où mes visions se chargent d’apocalypse et me rendent fou dans une lente dislocation de mes croyances et de mes acquis.
Crise existentielle ?
Implosion ?
Et si cette Corvette était à nouveau une hallucination paranoïaque parvenant à impliquer les gens dans diverses angoisses, dans des doutes insaisissables, pas seulement eux, mais leur famille aussi, témoins involontaires, non-consentants de leur psychose annonçant un désastre inéluctable ?
Entre fantastique et réalité établie (l’Amérique profonde des petites gens, celle des classes populaires et des prêts bancaires à risque), cette Corvette balance entre folie et prophétie, obsession et drame !
Faites le test, annoncez à vos amis : Je viens de lire le dernier article dans GatsbyOnline.com, sur une Corvette triple X (et pas triple A, que la France avait perdu)…
Regards perplexes assurés.
Pour les non-initiés, lire mes textes à un je-ne-sais-quoi d’effrayant…, peut-être même un petit côté rebutant…, flou, en tout cas.
C’est un exercice extrêmement délicat d’écrire un texte concret et abstrait à la fois qui permet d’aller plus en profondeur avec un plaisir non dissimulé…, les mots portent en eux quelque chose de concret et d’abstrait à la fois, chacun peut se les approprier et voyager à son propre gré.
Si on est sensible à une création, c’est qu’elle est en nous, qu’elle résonne.
Alors sans doute, il y aura toujours des déçus lorsque je raconte une expérience malheureuse, un public-relation hautain, un directeur mou et un public snob…, mais il y a aussi des lieux chaleureux, prêts à accueillir mes émotions littéraires et photographiques, ce qui rassure mes proches sur mon emploi du temps.
Cela paraît simple !
Mais rien n’arrête la passion.
Crise ou prospérité, depuis que l’auto se consomme et se consume en masse, il y a toujours eu une demande pour des modèles à hautes performances issus de la grande série, mais selon des critères et des formes bien différents suivant les continents.
Ainsi, les disparités topographiques de part et d’autre de l’Atlantique nous ont donné des sportives aussi antagonistes que la Shelby GT350 et la R8 Gordini, la muscle car et la GTI.
Cependant, la fascination exercée par la culture yankee durant les “Trente Glorieuses” et les débouchés prometteurs du marché américain ont inspiré aux européens quelques coupés surmotorisés aussi sulfureux que leurs modèles…, de là à déterminer l’archétype de l’euro-muscle car de même qu’il existe une définition du western spaghetti, il reste quelques raccourcis à éviter.
On ne peut comprendre les péniches mollement suspendues d’outre-Atlantique sans avoir à l’esprit la linéarité sans fin d’un réseau routier à l’échelle d’un continent où la limitation de vitesse n’excède pas 70m/ph.
La culture automobile d’un pays est dans sa géographie.
Point de lacets pervers ni de sinuosités alpines pour mettre à mal les suspensions de landau et les pneus à flanc haut sans carcasse radiale !
Pour susciter la frénésie consumériste des plus ardents, la Corvette est fondamentalement subversive et mal élevée, musclée elle est le destrier des mauvais garçons et des justiciers à la limite de la légalité…, elle entre dans la mythologie !
Pas de commentaire superflu, pas d’accompagnement musical dramatisant, juste le hurlement du V8 et la complainte de la gomme.
La postérité retiendra également mon texte désespéré.