2012 Lamborghini Aventador J…
L’Aventador J exposée au salon de Genève 2012 a été dessinée pour rouler à plus de 300 km/h sans pare-brise, un programme pour le moins extrême que Lamborghini réservera en totale exclusivité à un seul de ses clients en contrepartie d’un paiement de 2.200.000 euros plus taxes et divers…
Les journaleux du monde entier en ont écrit des textes de louanges, affirmant que c’était là, le chef-d’oeuvre ultime, le Graal automobile dans toute sa splendeur… et les foules de beaufs de chanter à l’unisson !
Pour ma part, j’ai pleuré.
Nous vivons vraiment une époque incroyable : non contents d’avoir réussi à faire s’effondrer un système qui ne tenait plus qu’à un fil, nos gouvernants tentent aujourd’hui d’en reconstruire un autre encore plus injuste, et cela sous le regard ébahi de tous les peuples du monde, trop abasourdis par les catastrophes qui se déversent en cascades sur toutes nos certitudes conditionnées, pour savoir comment réagir !
On le voit bien, on le sent bien, le monde que nous avons connu est en train de se transformer à une vitesse bien plus incroyable que les pathétiques 300km/h de cette pitrerie délirante issue des cerveaux mégalomaniaques d’Audi-VW-Bentley-Lamborghini & co… et les décisions qui seront prises à l’occasion des évènements que nous traversons actuellement détermineront pour longtemps les conditions d’existence des futures générations.
Car à travers cette crise c’est bien plus que l’avenir du système économique ou celui des Etats qui sont en jeu… et même bien plus que les intérêts des seuls pays riches : c’est le système tout entier qui se trouve remis en cause, l’Histoire de l’humanité toute entière qui sera bouleversée ; c’est-à-dire toutes nos certitudes, tous nos espoirs, toute notre histoire, personnelle et collective qu’il nous faudra remettre en question.
Cette stupidité qu’est la Lamborghini Aventador J, l’est avant tout parce qu’elle n’a rien d’innovant, rien d’utile même dans son délire… elle l’est aussi par le prix demandé…
Plus de deux millions deux cent mille euros, c’est vraiment beaucoup d’argent pour si peu de chose !
Toujours est-il qu’en la voyant, en réfléchissant bien, en pensant au monde, à nous, force est de nous rendre compte que non seulement nous avons fait fausse route jusqu’à maintenant, mais qu’en plus on nous a délibérément trompés, que nous avons été les victimes consentantes d’une sorte de mystification collective…
Tous ceux qui ont bien appris leur leçon, bien écouté ce que les aînés racontaient, qui ont suivi les règles, accepté les limites, tous ceux qui se sont soumis à un système qu’ils croyaient juste et à une idéologie qu’ils croyaient sans faille sont en train de se rendre compte qu’en réalité ils ont été les dindons d’une gigantesque farce : on leur avait promis qu’ils trouveraient du travail, que leurs sacrifices pour acquérir une maison, suivre leurs études, enfin pour “réussir” leur vie “honnêtement” et par leur travail…, mais on leur apporte la crise : une crise qui met en lumière les horreurs d’une mondialisation injuste et mortifère à laquelle ils participaient jusqu’à maintenant “sans le savoir”, et qu’on voudrait bien les voir maintenant assumer “en le sachant”.
Une crise arrivée comme par hasard, imprévue et soi-disant imprévisible…, alors même que tous les opposants critiqués, moqués et ridiculisés pour leur pessimisme persistant la redoutaient bien avant qu’elle ne survienne.
Nous nous sommes faits rouler dans la farine… et nous restons là plantés comme pétrifiés, tels des chats domestiques engraissés par des maîtres inconscients, incapables une fois asservis de se nourrir ou de se défendre seuls.
Hébétés devant notre télévision, ou devant cette Lamborghini Aventador J qu’on nous présente comme “politiquement correcte” et achetable par qui sait se hisser au dessus de la mélée collective…
En résumé, nos valeurs occidentales…, des solutions “clés en main” pour gens dociles afin qu’ils travaillent sans faire de bruit et s’illusionnent qu’un jour ils la posssèderont à force de jouer au Loto ou à l’euromillions…, en attendant bien sagement de savoir ce que nos dirigeants décideront pour nous, tandis qu’ils réfléchissent, eux, à la meilleure manière de conserver le “statut international” de la nation dont ils ont la charge sans perdre leur pouvoir.
Car s’il est bien une certitude dans toute cette histoire, c’est que dans les deux options envisagées pour résoudre la crise, le coût du sauvetage des banques comme de celui des Etats sera pour l’essentiel supporté par le peuple… alors qu’il apparaît tout de même assez clairement, aux vues des évènements récents, que ni les riches ni les puissants ne songent à faire d’autres sacrifices que symboliques… et que ces deux forces se sont mises d’accord au moins sur une chose : c’est que le peuple paiera la casse… ou le manque…
Mais qui du peuple peut se payer une Lamborghini Aventador J à plus de 2.200.000 euros plus taxes et divers ?
Depuis quelques temps, les rumeurs propagées par les créateurs de faux-évènements allaient bon train, Lamborghini préparait une grande surprise pour le salon de Genève.
S’agissait-il du grand SUV qui viendra bientôt compléter la gamme ?
D’une version découvrable de l’Aventador ?
De la remplaçante de la vieillissante Gallardo ?
Le suspens (gag !) a pris fin, au salon de l’auto de Genève, en simultanéité avec Internet ou les photos officielles du concept-car Aventador J ont été révélées… avec quelques heures d’avance sur le timing prévu.
Le J qui se prononce Jota en espagnol, se veut évoquer la P400 J de 1970, une évolution tournée vers la compétition de la légendaire Miura.
Mais la carrosserie radicalement simplifiée dans sa complication…, dépourvue de toit et de pare-brise, rappelle surtout un autre prototype, le Concept S de 2006, qui avait été élaboré sur la base du coupé Gallardo.
Avec l’Aventador J, on retrouve la même approche radicale de la voiture découvrable, notamment un habitacle scindé en deux parties pour former deux cockpits.
Parmi les autres signes distinctifs, un rétroviseur central surélevé façon périscope, un spoiler et un aileron arrière en carbone apparent et encore des roues spécifiques de 20 et 21 pouces de diamètre.
Sous le capot arrière, le V12 de 6,5 l de la LP 700-4 n’évolue pas, mais ses 700 chevaux devraient déjà sérieusement décoiffer les deux passagers de cette soucoupe roulante.
D’ailleurs, Lamborghini précise qu’un équipement de motard, casque et vêtement chaud, est vivement recommandé pour résister aux projections de gravillons et aux intempéries car, allègement oblige, l’engin est naturellement dépourvu de chauffage/climatisation.
C’est dire qu’elle n’a pas coûté très cher à fabriquer… et que le bénéfice de cette affaire est bien plus stupéfiant que l’engin en lui-même… qui est et restera un exemplaire unique, homologué pour un usage routier.
Le peuple n’est qu’un facteur à “maîtriser”… et non pas le souverain qui règne.
Ceux qui règnent, ce sont ceux qui imposent leurs choix…. et cette Aventador J est une des preuves de ce mépris vis à vis du peuple, de ce manque de considération de la part des dirigeants industriels et politiques, que nous supportons tous les jours dans les journaux !
Quand on voit avec quel cynisme on laisse crever les Africains, avec quelle insouciance on laisse les pauvres d’Europe sans soutien, avec quelle force on défait la justice, avec quelle confiance on nous annonce le recul prochain de l’âge de départ en retraite, avec quelle hypocrisie on refuse de considérer le peuple Palestinien, avec quelles méthodes on dirige nos pays, on ne peut que s’inquiéter des choix qui sont pris en notre nom…
Cela fait maintenant plusieurs mois que tous les signaux sont au rouge… et personne ne s’étonne !
Qu’attendons-nous pour réagir, et refuser ce qui nous attend ?
Si le peuple a été si longtemps méprisé, c’est tout simplement parce qu’il n’est pas assez uni, et ne peut être sans cela considéré comme une force.
Nous devons être capables d’ouvrir les yeux pour comprendre et refuser d’accepter le monde injuste dans lequel nous vivons… et auquel nous participons de gré ou de force.
Nous n’avons plus le droit de nous cacher la réalité objective que met en lumière cette crise, à savoir que dans le capitalisme si le malheur des uns fait le bonheur des autres, le bonheur des uns fait aussi le malheur des autres.
Selon les scientifiques, il nous reste cinq milliards d’années avant que le soleil ne réduise notre Terre en poussière d’étoile.
Nostradamus, cependant, a déjà prophétisé l’apocalypse pour le réveillon 2012 alors que Francis Kukyama, entre autres penseurs hégélien, a situé la “fin de l’histoire” à la chute du mur (de Berlin ou d’Israël ?).
Quant au Lamborghiniste fanatique (pléonasme), tout à déjà pris fin pour lui avec l’arrêt de la Miura SV.
Vade retro satanas, en plein apocalypse, comment dès lors daigner vivre ?
L’histoire récente recèle malgré tout quelques compensations acceptables.
Après tout, la mort de Lamborghini, on aurait pu l’annoncer à la mort de Ferrucio et ses tracteurs.
Sauf que l’abâtardissement de la race a commencé à la sortie de la Countach customisée avec ses abominables ajouts de carrosserie.
En industrie comme en physique moléculaire, rien ne se crée, tout se transforme.
Même chez les artisans sclérosés dans leur partis-pris…, on appelle cela le progrès.
De fait, malgré les aléas d’une santé financière précaire et le manque de continuité dans la succession des modèles iconiques, les détenteurs de la licence Lamborghini, pas toujours idiots, ont su vendre une marque exangue aux pontes de VW-Audi.
Au début de la dernière décennie du siècle, après quinze ans de vaches maigres, le catalogue Lamborghini reste assez pléthorique… sans pour autant être l’un des moins attrayants jamais présenté au public.
Malgré que ce soit une Aventador, la bizarerie de la J possède l’expression inquiétante de l’arachnide.
En contournant l’auto, passée l’arche de roue, un axe structurant oblique brusquement, raye le flanc d’une profonde balafre, puis rejoint le vide tel un string remontant trop haut sur des hanches affriolantes.
Horreur, il a fait exactement la même chose de l’autre côté !
On n’a plus connu pareille exacerbation depuis longtemps…
Sulfureuse ?
Assurément, l’habitacle en témoigne.
Les sièges sont comme des cuisses hardies, leur texture crisse sous les caresses sensuelles des branleurs de salons automobiles et brille comme une panoplie d’allumeuse, étendant son empreinte lascive entre les courbes du tableau de bord.
Cette Aventador J, à l’évidence, plaira aux fétichistes, tendance masochiste, car la raideur des assises n’a d’égale que la sècheresse des liaisons aux sol, encore renforcé par d’inflexibles amortisseurs.
Ca va cahoter ferme sur les pavés, cogner dur sur le macadam… et il me revient en tête cette pauvre chansonnette de Gainsbarre période descente aux enfers : “quand j’me trimballe une p’tite poupée dans mon tap’cul, c’est comme si je lui faisais panpan-culcul”.
Ce n’est pourtant pas tant son exceptionnel lyrisme que son hallucinante élasticité que je retiendrais de cet instrument de musique à quatre temps et douze cylindres.
Du couple à labourer le bitume, du couple à rouler à la verticale, du couple à ne plus savoir quoi en faire, ce moteur en regorge, mais s’il peut se conduire quasiment comme un bonasse turbomazout, il répond allegretto vivace à la sollicitation de l’écrase-champignon et c’est l’opéra de Verdi à la première occasion. Que désirer après cela ?
Soixante-dix vierges, son nom dans le bottin-mondain, l’abolition des musiques d’ascenseur… ou avoir les deux millions deux cent mille euros et des poussières, plus taxes et divers ?
Alors bien sûr, l’engin est un jouet pour grand gamin milliardaire, qui ne rouille pas (encore ?) et dont les synchros de boîte ne sont pas en porcelaine, un mythe mité pour passionné progressiste.
On peut aimer ou détester le coup de crayon tout en brutalité, elle ne fait pas dans la fausse modestie.
La roue tourne, les nouvelles nostalgies remplacent les anciennes… mais qu’importe l’ivresse pourvu qu’on ait le flacon !
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