2012 McLaren X1…
L’été est le ventre mou de l’année automobile et ce remake de la Batmobile mâtinée de Panther Six, re-actualisé par McLaren, le rappelle sado-masochistement…, c’est un vrai bonheur pour les adeptes du genre…
Pour autant, il n’est pas dit que ce produit sûrement honnête, quoique…, ne vale pas bien d’autres arnaques sorties en grande pompe récemment….
La folie des grandeurs qui s’empare des nouveaux milliardaires depuis de nombreuses années n’est visiblement pas prête de s’arrêter, après les grandes classiques, même les œuvres de moindre importance se retrouvent phagocytées par la horde des body snatchers...
En effet, lorsque les voitures de McLaren Automotive ne suffisent pas à satisfaire les caprices des grandes fortunes, la branche McLaren Special Operations (MSO) vient à la rescousse…
Selon le directeur du programme, Paul Mackenzie, c’est un client qui avait déjà acheté une McLaren F1… et une Mercedes-Benz SLR McLaren…, qui est venu lui demander que l’usine lui fabrique une automobile sortant des sentiers battus…
Avant d’en arriver là, il a fallu au client bien connu et respecté…, montrer tout de même patte blanche (c’est à dire verser un acompte de deux millions de dollars).
Il raconte : “Ce client voulait une voiture unique, faite selon ses critères. La conversation a commencé avec notre président exécutif Ron Dennis il y a presque trois ans. C’était avant même que la MP4-12C soit lancée. Celle-ci constituait donc une base de discussion idéale et a permis, lors d’un développement conjoint, de conserver toutes les capacités techniques de la MP4-12C. Mais elles ont été enveloppées dans un carrosserie unique qui reflète ses goûts et sa personnalité”…
C’est ainsi que le Directeur du Design de McLaren, Frank Stephenson s’est déplacé en personne pour rencontrer ce client un peu spécial et écouter ses désirs : “Il tenait à associer le potentiel de notre future MP4-12C à ‘un style classique, à l’élégance intemporelle‘”…, raconte-t-il…, “ce qui, je dois bien l’avouer, constituait un défi de taille. Pas facile de respecter les proportions traditionnelles lorsqu’il s’agit d’habiller un châssis à moteur central arrière”…
Le cahier des charges qui s’en est dégagé est celui d’un fin connaisseur (gag !), jugez plutôt.
La X-1-Concept devait selon le premier chapitre dénommé “design”, emprunter des indices à des voitures anciennes : Facel Vega 1961…, Chrysler d’Élégance Ghia 1953…, Buick Electra 1959…, Mercedes-Benz 540K 1939…, Citroën SM 1971… et une remorque Airstream…
Le second chapitre, nommé “tendances”, comportait des photos d’une horloge Jaeger LeCoultre…, d’un stylo Montblanc Thomas Mann…, d’un piano à queue (dont le client appréciait son aspect lisse et brillant)… et aussi le portrait noir & blanc d’Audrey Hepburn…, ainsi qu’une aubergine !
Le troisième chapitre : “architecture”, comportait les images des façades des Musées Guggenheim de New York et de Bilbao…, divers catalogues des caravanes Airstream… et une encyclopédie consacrée aux stylographes….
Non content de cet ensemble hétéroclite se voulant un portrait-robot en inventaire à la Prévert…, ce client décidément très fortuné, a ensuite opposé, au travers d’un concours, les designers de McLaren contre d’autres externes à l’entreprise.
Condition, il fallait à chaque fois réaliser le projet en maquette afin que le client puisse juger en 3D jusque dans les plus infimes détails, la voiture qui allait être l’élue.
Toutes les maquettes furent présentées en un même lieu au client qui aida à en tirer un nouveau “cahier des humeurs“, sorte de collection d’images à partir de laquelle l’équipe des designers pourrait se remettre à l’ouvrage…
En fin de compte, c’est une nouvelle maquette d’un styliste McLaren, Hong Yeo, ressemblant à la Panther Six des années ’70, qui a été choisie et a permis à la suite du programme d’entrer en oeuvre.
La sympathique Panther Six n’est pas restée dans la légende au niveau des meilleures automobiles hors du commun…, il s’agissait avant tout d’une automobile déjantée mêlant prémices de la future irréalité virtuelle, science-fiction acidulée, batmania et aventures picaresques .
Personne n’aurait imaginé que cette antique chose allait s’avérer un modèle idéal pour établir, en 2012, les bases d’un engin estival rafraîchissant quoique sans grande ambition.
C’est exactement ce à quoi s’est atelé le faiseur d’anges mécaniques, artisan responsable des affreuses Mercedes SLR et de l’insipide MP4-12C : utiliser une douzaine de millions de dollars pour bricoler une sorte de super gadget…
Le prix d’un tel joujou peut paraître indécent, mais c’est surtout la manière dont cette voiture est utilisée qui surprend : la technique est identique à la MP4-12C, un comble pour un remake de Batmobile, ce qui ne serait pas si grave s’il n’était aussi un pudding d’idées resucées dans l’ancienne Panther Six…, qui soit écrit en passant, a péniblement atteint 41.400 €uros tout frais et taxes inclus, dans une vente aux enchères organisée à Monaco par Bonhams en mai 2011…
Dans notre monde post-apocalyptique divisé entre empire boursier et tiers-monde surexploité, l’identité visuelle de cette Mclaren X1 n’à qu’une logique de repompage purement “bis”…
C’est d’autant plus dommage que ce refus de la moindre innovation stylistique pèse sur cette voiture plutôt bien figolée, c’est un exploit qui résiste à tous les tripatouillages mentaux et mémoriels d’une société qui passe du coup complètement en retrait.
Cette question du point de vue est le principal problème : beaucoup d’éléments, même sans originalité, auraient pu tirer cette voiture vers le haut.
Ce qui frappe, c’est ce mélange de références rétro et de lignes futuristes qui composent un univers très particulier.
Les roues arrière carénées qui attirent l’oeil avec leurs protections déployantes, sont en réalité anti-fonctionnelles… et il a fallu inventer un nouveau type de charnière afin de pouvoir intervenir techniquement.
Seule la vitre surplombant le moteur en vitrine est la même que la voiture donneuse MP4-12C…, tout le reste diffère pour une bonne raison, c’est que la taille de la voiture change beaucoup avec 10 cm de plus en longueur et 19 cm en largeur.
Faisant largement appel à la fibre de carbone pour la carrosserie, la X-1 l’utilise différemment à l’intérieur avec un tressage ajoutant un fil titane afin d’ajouter un effet 3D.
L’habitacle est tendu de cuir Nappa Harissa Red tandis que les compteurs sont en aluminium revêtus de nickel.
Pas grand-chose d’autre à surveiller pourtant côté mécanique, car le client, ne cédant pas à la fatuité de la course à la puissance (gag !), s’est contenté, sur une voiture de 1.400 kg, du bi-turbo de 625 chevaux d’origine.
Homologuée pour la route, la X-1 a déjà parcouru plus de 1.000 kilomètres d’essais avant d’être totalement redémontée et révisée avant Pebble Beach.
Une chose est sûre, cet article va participer à l’aura de bétise et de prétention qu’elle se tisse déjà…, ce qui devrait lui attribuer, à terme, une valeur de collection digne de celle de la Panther Six…
Une façon pour le milliardaire passionné à l’origine du projet, d’être aussi un investisseur inconscient…, la X-1 présentée à Peeble-Beach à l’occasion du célèbre Concours d’élégance, démontre ainsi que rien n’est impossible….
Reste que cette Mclaren X1 est plus ou moins condamnée à être maltraitée car étant un remake de la Panther Six que tout le monde va s’empresser de réévaluer…, en premier lieu ceux qui ne l’ont pas vue à l’époque…
Il est bon de rappeler que ce produit industriel honnête, qui gagnera probablement en sympathie avec le temps, n’est pas plus neuneu que bien des arnaques qui sortent en grande pompe chaque semaine.
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