2012 Rétromoteur Ciney… Le joyeux bric-à-brac !
Le célèbre salon Rétromoteur de Ciney présente chaque année, à ses visiteurs, des véhicules anciens à deux, trois ou quatre roues, parfois de prestige, souvent très ordinaires…, des petits bijoux, façon breloques, de toutes marques mélangés aux pires objets purs toc…, le tout dans l’ambiance d’une petite kermesse provinciale, au milieu des frites, saucisses grillées, beignets et bières sans cols…
C’est la plus grande foire du genre en Belgique, pour professionnels patentés, professionnels non patentés…, vrais et faux particuliers…, Rétromoteur-Ciney, attirant une faune de videurs de greniers et garages, est de la sorte devenu un événement européen, les exposants ne s’y trouvant pas l’objet d’enquètes et tracasseries policières et fiscales…
Cette soupape d’échappatoires inavouables, identique à celle d’une cocotte minute chauffée à blanc par des empêcheurs de tourner en rond…, s’étend sur 35.000m² d’exposition, c’est dire qu’aucun poulet (même de première classe), ne sait y trouver de quoi engraisser son poulailler…
On y trouve des automobiles et des motos plus ou moins en état, des véhicules d’un certain prestige disparu…, ainsi que des pièces détachées de tout soucis d’authenticité…, des accessoires divers…, des gadgets éculés…, mais encore de la documentation, des livres techniques souvent ré-édités, des jouets anciens, des modèles réduits sans valeur et des affiches ré-imprimées.
Pour accueillir au mieux les visiteurs, 4500 places de parking ceinturent le site…, le prix d’entrée est de 12€uros, parking gratuit…
A peine arrivé, m’extrayant de ma voiture, une personne qui venait de se voir attribuer une place de parking à ma gauche, s’est exclamé : “Vous êtes Quelqu’un, je vous ai reconnu, GatsbyOnline c’est super, continuez à écrire vos articles déjantés, c’est un vrai bonheur !”…
D’emblée de jeu, la journée de ce dimanche après-midi du 25 mai 2012 s’avérait formidable…
Après la chute des tours de New York, le monde automobile a suivi le mouvement de crise qui allait enfler jusqu’à l’absurde en 2008…
Les années qui suivirent, furent de plus en plus apocalyptiques, les gens étant perturbés par la peur d’une guerre nucléaire Israël-Iran, l’un et l’autre se distinguant dans les dérives de leurs imaginations délirantes, réussissant l’exploit de modifier notre univers en aboutissant à un débordement de mauvais goût absolument fascinant…, tout en réussissant à amuser vraiment la galerie, résignée à disparaître dans une finalité rapide plutot que dans une paupérisation généralisée…
De quoi mériter de rentrer dans la légende.
La situation en 2012 est donc critique !
L’action, objet de cet article, débute dans un monde de l’automobile ancienne, dévasté en grande partie par ses membres et par divers irresponsables de l’administration chargée des immatriculations, qui proposent des “aménagements” d’immatriculation (comme cette Excalibur Séries V, immatriculée comme Chevrolet Corvette)…, en contre-partie de pots de vin bien remplis ou de sévices services rendus…, un monde également plus proche des casses situées dans les banlieues craignos, que des garages aseptisés des quartiers chics…
Beaucoup d’exposants logent sur place, à l’arrière de leur camionnette ou dans des caravanes bricolées…
Je me suis pneu à pneu déplacé dans cette zone, faisant connaissance avec quelques héros rescapés d’avant-crise économique, dont un aventurier d’affaires louches particulièrement exécrables trainant derrière lui une esclave sexuelle hermaphrodite, une sorte de pétasse dont personne ne voudrait dans la plus vulgaire des boîtes à strip-tease.
Flanqué de deux compères…, une sorte de Capitaine Crochet muni d’une pince mécanique et un borgne louche, Jack Beauregard, qui sévit généralement en région Parisienne, revenait d’avoir fait son shopping automobile dans les pays de l’Est…, à la recherche du dernier espoir pour l’humanité.
En chemin, il avait évidemment été victime de nombreuses chausse-trappes de la part de méchants vendeurs dégénérés, mais avait rencontré en Ukraine son esclave avec laquelle il a entamé une relation évidemment condamnée d’avance par les horreurs du transgenre, la folie des hommes… et tout ça…
On ne change pas une équipe qui gagne !
Poussant l’abnégation jusqu’à aller au-devant d’un viol quasi-certain, pour aider un gars qu’elle connaîssait à peine, cette hermaphrodite au regard de scampi fritti et à la lippe boudeuse (et quelle lippe ! on aurait dit deux tranches de foie de veau).., les lèvres sensuellement entrouvertes (mode poupée gonflable en pleine fellation)…, le visage aussi mobile et expressif qu’un bloc de mozzarelle pas fraîche…, se croyait ainsi obligée de se faire un look psychédélique, croisement entre une Ophélie Winter gonflée à l’hélium, une Sabrina Siani mollassonne… et une poupée gonflable…
Une sorte de poster pour camionneurs animé, quoi !
Continuant mon périple, j’ai été agréablement surpris par l’aspect soigné des voitures exposées à l’intérieur du batiment principal (maintenant équipé de l’air conditionné)…, alors que j’avais été frappé par l’aspect bric-à-brac général des exposants situés à l’extérieur, qui offraient (à prix d’or), de véritables trésors de mauvais goût…, la misère budgétaire allant de pair avec la hideur générale de tout ce qui est exposé, laissant une impression de crasse moite, presque oppressante, comme si tout ou presque avait été trouvé dans des poubelles et containeurs…
Dans le public (et même chez les vendeurs), j’ai pu voir un défilé de tronches et de maquillages pas possibles…, désopilants par la succession de personnages grand-guignolesques en ce compris une dame en cuir noir aussi hargneuse que son maquillage grotesque, croulant sous le ridicule le plus total et cabotinant sans aucune retenue…
J’ai également croisé un sympathique Mexicain, très réjouissant à voir !
Rétromoteur Ciney 2012 est un véritable grenier aux merveilles, accumulant les surprises jusqu’à laisser les visiteurs complètement ravis, l’action ne s’arrête pratiquement jamais, et la rigolade non plus !
Rien ne fonctionne vraiment au premier degré… et pourtant, on finit par se prendre au jeu et suivre avec un vrai intérêt la quête spectaculairement drôle des visiteurs entrant dans une autre dimension, où le bon goût traditionnel n’a plus vraiment cours !
Tous les ingrédients qui avaient fait le succès des précédents “Rétromoteurs” étaient présents, toutefois la foule n’était pas au rendez-vous, il y avait moitié moins de visiteurs et un tiers d’exposants manquaient à l’appel…, il me fallait chercher pourquoi la mayonnaise a cette fois tourné à l’aigre.
Une bonne part tient au décalage entre les intentions affichées, les moyens mis en oeuvre… et le résultat final.
Le désastre ne se limite cependant pas au pataphysique…, Rétromoteur-Ciney, jadis l’un des plus vivaces du genre en Europe, barbote depuis plus de quinze ans dans un marasme dont il tente régulièrement de sortir notamment par l’exposition de voitures de clubs invités pour la galerie….
Morale de l’histoire : un échec pesant pour le monde de l’automobile ancienne, relégué du rang d’exposition de kitscheries.
Mais…, ça reste une promenade des familles, pour les amateurs de curiosités automobiles et pour tous ceux qui aiment rire des prix affichés… dont les prétentions sont faisandées !
Pas la peine d’en rajouter, tout est dit !