2012 Rolls-Royce Phantom, la pornocrate épicurienne…
C’est votre histoire… Imaginez…, ce n’est qu’une succession de scènes de sexe, toujours belles, très sensuelles, minutieusement léchées, terriblement érotiques, extraordinairement jouissives… Vous qui lisez ceci, vous n’êtes plus le beauf qui peine chaque matin à se rendre à son job éreintant dans sa Mégane à crédit…, non…, vous êtes Charles Antoine de Saint-Marc, un milliardaire immédiatement en érection sous sa seule volonté, à presque toutes les heures de la journée et de la nuit…Votre femme n’est pas Gilberte Machin, bouffie après ses multiples fausses couches et 4 enfants dont un déliquant…, mais l’extraordinaire Tiphaine Marie de Beauregard, taille mannequin, aussi riche que belle…, suave, intelligente, sensuelle, sexuelle…, héritière unique de la quatrième fortune mondiale… Vous l’appellez, lui ordonnez ce que vous voulez, y compris ce que vous allez faire ensemble.Elle devra se mettre dans telle position et faire tel geste, puis changer le geste et la position et en changer encore, sans cesse… Puis vous arrivez, nonchalant, dans votre Rolls-Royce Phantom.
Vous la guidez et l’accompagnez, la commandez avec vos mots et vos mains. Vous la touchez, vous vous faites toucher, vous la lèchez, vous vous faites lécher, vous la palpez, la tirez, la malaxez, vous vous enfoncez en elle, la pressez, l’encadrez, la serrez. Vous lui parlez d’elle, de ses seins et de ses fesses…, elle n’en a que pour vous… L’amour, c’est tout le temps. Quand vous la prenez, elle a des orgasmes à répétition, puis, avant de s’endormir, béate, en extase, elle fixe du regard les tomettes de la chambre, les rideaux, l’armoire, vos vêtements, le guide Gault & Millaut avec la page cornée du restaurant où vous êtes allés déjeuner la veille… Elle se laisse ensuite encore porter, tirer, tracter, ouvrir, déplacer…, vous la rassurez, elle ne doit pas s’inquiéter…, cela durera toute la nuit…
Vous êtes infatigable !
Elle vous suce souvent….
Dans votre Phantom où vous écoutez Mozart et Albinoni, elle vous suce…
Pendant un arrêt contre un arbre aussi, elle vous suce…
Puis encore alors que vous conduisez… Vous la pétrissez, vous la triturez…, elle mouille de bonheur…
Vous n’employez jamais de mot vulgaire, mais vous aimeriez la sodomiser…
Vous lui embrassez les seins, les lèvres et voulez qu’elle vous dise : oui. Elle le dit. Vous voulez qu’elle le dise encore, elle le redit… Vous voulez qu’elle soit plus précise : je t’aime Charles Antoine, fuck me… Elle vous dit ça, qu’elle vous aime…, et vous l’enculez…Pauvre crétin…
Vous y croyez, vous êtes milliardaire… et possédez une Rolls-Royce Phantom !
L’amour, le désir et le plaisir superbement entièrement sous contrainte… Charles Antoine n’entend pas seulement jouir du corps de Tiphaine Marie, il entend aussi qu’elle jouisse de lui.., il ne veut pas seulement qu’elle l’aime, mais qu’elle le convoite comme une amante. Puis il la jette, un soir ou un matin, avant la fin prévue de leur semaine ensemble parce qu’elle lui raconte un rêve qui le met en colère. Il dit qu’il ne veut plus la voir, qu’elle a manqué de délicatesse. L’emprise est totale, dans l’amour comme dans le rejet.
Et vous vous réveillez en nage…
Vous n’êtes pas…, vous ne serez jamais Charles Antoine de Saint-Marc…, jamais !
Vous êtes un beauf, le réveil sonne, il est six heures…
Et…
Elle est mastodonte, pachyderme, baleine…
Cauchemar…
Vous vous noyez…, pour surnager vous confondez votre femme avec la Rolls-Royce Phantom de Charles Antoine…
De qui ?
De vous ?
Non…
Les mots ne manquent pas pour qualifier un engin tel qu’une Rolls-Royce Phantom, dont la longueur flirte avec les 6 mètres (5,84 m) et le poids atteint les 2,6 tonnes.
Avec ce genre de joujou, il est conseillé au chauffeur de conduire avec douceur et attention…, le champagne ne peut déborder des flûtes en cristal des passagers.
Installé dans son fauteuil réglable dans tous les sens, Charles Antoine doit composer avec une jante de volant très fine et un tableau de bord façon buffet ancien.
C’est au milieu de meubles Louis XVI qu’il a l’impression de voyager !
Des meubles qui, lorsque la pédale de droite frôle la moquette, semblent catapultés.
Le moteur V12 de 460 chevaux, à la cylindrée mythique de “six-litres-trois-quarts”, n’émet quasiment aucun bruit, tout juste un léger feulement, mais propulse l’anglaise à 100 km/h en 5,8 secondes !
Il est associé à une boîte robotisée ZF à huit rapports, un modèle de douceur, qui dispose d’un mode sport mais n’en a pas l’esprit.
Il n’empêche que l’ensemble moteur-boîte semble imperturbable… et la tenue de route est au diapason : bien campée sur ses galettes de 21 pouces, la Flying Lady profite d’un châssis aussi rigide qu’une Formule 1…
C’est un brin exagéré !
Voyager à bord de la Phantom, c’est un peu comme glisser sur l’asphalte.
L’image est facile et connue, mais Charles Antoine s’y sent comme sur un tapis volant.
La suspension semble parfaire la chaussée et le silence est impressionnant.
Le seul défaut provient du mini bar : les verres s’entrechoquent en émettant un délicieux petit bruit de cristal !
Infernal…
Les rideaux qui permettent de ne pas être vu depuis l’extérieur ne sont pas de simples stores : ce sont de vrais rideaux, épais, commandés électriquement.
Et il y a aussi les parapluies dans les portes ou encore le fameux ciel de pavillon étoilé starlight, composé de plus de 1.600 minuscules morceaux de fibre optique incrustés à la main…
Voilà ce qu’est le raffinement…
450.000 €…, environ…, plus ou moins…, rien ne sert de comparer ni de chercher des concurrentes à la Phantom, il n’y en a pas, c’est une œuvre d’art sur roues…
Ambiance, luxe, raffinement, confort, technologie et performances sont des mots qu’elle conjugue aisément.
Reste son physique décalé et ostentatoire qui parfois déplaît aux beaufs qui ne pourront jamais s’en payer une…, il vaut mieux ne pas commenter…
Que cette réalité vous trouble, c’est un fait…
Lorsqu’on évoque la richesse, on pense aux Rolls-Royce, tout comme lorsqu’on évoque Venise, on pense aux gondoles, à la ville des amoureux voire à une chanson de Sheila et Ringo.
Mais qu’en est-il des requins ?
Après tout, les mangeurs de plaisanciers italiens n’ont-ils pas droit à la même considération que leurs congénères américains ?
Comment…, il n’y a pas de requins à Venise ?
Pouah, n’importe quoi !
Bien sûr qu’il y en a…
Mais si…, Charles Antoine de Saint-Marc, si ça c’est pas une garantie de sérieux…
Toute ressemblance avec un autre milliardaire existant ou ayant existé ne serait que le fruit d’un total mépris.
Voir Venise et mourir de honte.
Au-delà du canevas habituel d’une histoire faisandée, l’intrigue de ce texte s’inspire des classiques de l’aventure, avec notamment quelques éléments rappelant Indiana Jones et la dernière croisade… et ce même si vous ne vous en êtes pas apperçu !
A première vue, on pourrait donc me reprocher un manque d’inspiration et d’originalité…, ce serait aller un peu vite en besogne, vous devriez au contraire louer la remarquable originalité d’un esprit frondeur, anti-conformiste et résolument iconoclaste, qui a su faire preuve d’une grande liberté de vue.
Alléchés par le titre, vous rêviez de visiter Venise, la cité des Doges, ville mythique, capitale du romantisme ?
En réalité, je vous ai fait voyager…
Oh bien sûr tout a été fait pour vous fait croire que l’action se déroulait bel et bien dans le beau linge : je vous ai assommé de musique d’Opéra, balancé quelques remarques sur Venise !
Un stratagème riche en faux raccords de phrases et sous-entendus maladroits insérés à la diable, utilisés à plusieurs reprises et parfois carrément mis en boucle.
Ces effets de mise en scène ne sont pas les seuls artifices visant à nous faire passer une vessie bulgare pour le phare de Murano.
Déjà aux portes du désespoir de me lire, vous venez de franchir ici un nouveau palier, passant de l’abattement à la résignation.
A ce stade-là, vous vous doutez bien que ce ne sont pas de petites critiques sur qui peuvent encore m’atteindre !
Soyez sans crainte, cela fait beaucoup moins mal qu’il n’y paraît.
Deux jours à l’hosto et on n’en reparle plus.
Cette histoire aura au moins le mérite de vous apprendre qu’outre la richesse, la Rolls-Royce Phantom peut aussi symboliser le ridicule.
Il ne vous reste plus qu’à écrire une histoire du même tonneau en vous mettant en scène avec Madame et votre voiture de tous les jours…,, au point où on en est, ça peut difficilement être pire !